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La démocratie d’un point de vue islamique
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Préface

Prêter à la démocratie un sens unique et strict, voilà une posture qui n’a rien de scientifique, tout comme il serait injuste de vouloir soumettre tous les peuples de la terre au diktat d’un seul modèle de démocratie imposé par un régime de ce monde. Une telle démarche procède naturellement d’un esprit de tutelle, qui condamne les esprits et les approches conceptuelles au figement et à la sclérose. Tout à l’opposé de cela, la démocratie se veut d’être un système de gouvernement se prêtant aux modulations conceptuelles, aux conjectures théoriques et aux applications les plus larges et les plus ouvertes.

La pensée démocratique est plurielle en ce sens qu’elle couvre plusieurs thèses pouvant servir, chacune, d’échafaudage théorique à un système de gouvernement distinct à plusieurs égards des autres. D’ailleurs, le monde d’aujourd’hui offre un paysage démocratique très contrasté. Si bien qu’en passant d’un pays à l’autre,  le concept de démocratie recouvre des acceptions nouvelles. Dans la même veine, aucune démocratie occidentale n’obéit à un canevas politique exclusif, ni ne souffre d’être le réceptacle passif d’un système inadapté à son identité morale. Tous ces postulats de base ne sont pas sans apporter la preuve que l’univers a été créé sous le signe de la diversité et de la différence.

Tant le droit naturel que l’éthique n’admettent que les sociétés humaines soient sujettes à la mainmise d’une seule matrice de démocratie, arguant en cela de la totale incompatibilité d’une telle pratique avec les lois universelles et les spécificités de la prime nature tel que Dieu les a insufflées à l’ensemble des humains. Le droit positif s’y oppose à son tour car laisser s’instaurer ce type de tendance constituerait une entorse franche aux règles du droit international, qui garantit le droit à la sauvegarde des spécificités culturelles des nations et des peuples et de la diversité culturelle.

Prenant appui sur les données précitées et me prévalant d’une parfaite assimilation de la donne internationale, de ses enjeux et de ses défis, j’ai entrepris d’examiner la question de la démocratie sous toutes les coutures. Je l’ai fait en ayant présent à l’esprit le postulat de base selon lequel la démocratie est un système politique fait de procédures adaptables aux réalités du Monde islamique. Entendue ainsi, la démocratie ne contrevient en rien aux valeurs de Choura (consultation), de justice et de dignité humaine.

De cette analyse minutieuse, j’ai inféré une conclusion qui me semble de la plus haute importance. En effet, la démocratie reste, à mon sens, une option dont il ne faut retenir que les éléments qui ne heurtent pas les valeurs de notre référentiel civilisationnel et les finalités ultimes de notre noble religion. C’est en ces termes que devrait s’énoncer le principe fondateur de l’approche islamique de la démocratie.

Puisse Allah guider nos pas sur la voie qui conduit au bien de l’humanité tout entière.

Dr Abdulaziz Othman Altwaijri

Directeur Général de l’Organisation islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture -ISESCO

Préambule

A la fin du dix neuvième siècle, le vocable "Dostour" (constitution en français) servait à désigner le concept le plus en vogue dans les milieux des intellectuels, des lettrés et des personnes intéressées généralement à la chose publique dans la plupart des pays islamiques. Sa fortune était encore meilleure dans les pays qui virent naître en leur sein des mouvements de réforme et des organes de presse, et s’illustrer de grands penseurs porteurs d’idéaux de la renaissance. En précurseurs qu’ils étaient, ces derniers oeuvraient à disséminer dans leurs sociétés les paradigmes du renouveau, et appelaient de leurs vœux l’initiation de réformes sous la houlette du califat ottoman.

L’appel à la Constitution a été plus retentissant à Istanbul, capitale du Califat, en Égypte, au Cham conçu selon l’acception  géographique de l’époque, et en Inde placée sous domination Ottomane. Il eut également des échos en Perse, l’actuel Iran, qui s’était soustraite, dès le seizième siècle, et sous le règne de la dynastie séfévide, à l’autorité califale. La revendication constitutionnelle, de son nom "al-machroutiyya", se fit encore plus virulente dans l’Iran et la Turquie de la fin du dix-neuvième siècle et du début du vingtième. Même le Maroc du sultan Abdelaziz, fils de Hassan Ier (1894-1908), n’était pas resté à l’abri de ce mouvement qui lui venait d’orient, et plus particulièrement d’Istanbul.

Au départ, l’idée de la Constitution suscita une vive révulsion, que ce soit de la part des classes politiques gouvernantes, de la communauté des oulémas ou des groupuscules qui tenaient en laisse des sociétés plongées pour la majorité dans les limbes de l’ignorance et de la pauvreté. Par groupuscules, on entend les chefs de file des confréries soufies qui avaient un rôle déterminant dans la vie publique et exerçaient une influence certaine sur les gouvernants de l’époque.

Pendant toute la période allant de la fin du dix-neuvième siècle jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’idée de la constitution se développait sans se mêler à d’autres doctrines politiques. Cette autonomie, surtout théorique, se maintint en dépit de la poussée croissante du mouvement réformateur dans les pays du Monde islamique. De ce fait, l’appel à la Constitution, en tant que doctrine politique, n’empruntait jamais ses postulats à  d’autres idéologies académiques, politiques ou juridiques, comme l’appel à la démocratie, à la liberté, à la justice, à l’égalité ou aux droits de l’Homme. Sur la base de ce qui précède, il nous est loisible de dire que l’appel à la constitution, qui battit son plein de la fin du dix neuvième siècle jusqu’au premier tiers du vingtième, a connu une fortune comparable à plusieurs égards à celle de l’appel à la démocratie, promis actuellement à une diffusion fulgurante et sans précédent à l’échelle planétaire.     

Dès cette époque-là, la revendication constitutionnelle était née à l’instigation des puissances coloniales occidentales, qui poursuivaient là des desseins occultes étrangers aux intérêts des peuples islamiques. Quel que soit le bien-fondé ou non de l’idée, et sans tenter d’évaluer le bilan de son évolution, nous avons tenu à relever ce fait d’histoire, en le replaçant dans le contexte islamique qui prévalait il y a un siècle et quart. Cet éclairage historique nous aide à mettre en lumière une vérité de premier plan, à savoir le parallèle qu’il est possible d’établir entre l’appel à la constitution lancé à cette époque et l’appel à la démocratie caractéristique des temps présents. Cela nous met, de toute évidence, face à un questionnement méthodologique, qu’il appartient à nous autres chercheurs, penseurs et leaders d’opinion, de poser et d’entourer de tout l’intérêt qu’il mérite. De toutes les facettes de la problématique, quatre nous interpellent plus particulièrement. Il s’agit en l’occurrence de la définition de la démocratie, de la multiplicité des modèles de démocratie, de la délimitation des contours de la démocratie et de l’exposé de certaines applications de la démocratie. Une fois ces facettes éclairées, nous formulerons nos conclusions, qui seront marquées du sceau de l’esprit du juste milieu, de la pondération et de la volonté consciente de bien assimiler la nature des réalités existantes et des contingences.

Le concept de la démocratie

Si l’on s’en tient à son origine étymologique grecque, le mot "démocratie" se compose de deux racines : la première, "demo", veut dire "peuple" et la seconde "cratie" signifie "gouvernement". Par démocratie, on entend alors  le système politique dans lequel le peuple participe de manière directe ou indirecte à la gestion du territoire de l’État. Dans un modèle de démocratie directe, le peuple s’autogouverne, ce qui limite l’applicabilité de ce modèle aux seules petites communautés qui vivent en autarcie. Concernant la démocratie semi- directe, il y est question de faire participer le peuple à l’exercice du pouvoir politique par le biais de représentants, par voie référendaire, au moyen de consultations ou par la pratique de formes d’opposition populaire. Ce modèle porte le nom de "démocratie représentative"(1).

Dans un système démocratique, tout citoyen majeur et honorable a le droit, au même titre que ses semblables, de s’associer à la gestion de la chose publique. Néanmoins, le pouvoir réel n’est détenu que par un nombre limité de personnes qui composent le gouvernement. Cette restriction de nombre s’explique par l’impossibilité de confier la gestion des affaires de l’État à une masse d’individus. En démocratie, le gouvernement est comptable devant les représentants du peuple, qui ont la latitude de l’évincer en cessant de lui témoigner leur confiance. Qu’elle soit appliquée en régime de monarchie constitutionnelle, de république unitaire ou de république fédérale, la démocratie s’articule autour d’un principe de base, qui veut que tous les pouvoirs émanent de la nation(2) .

Dans le premier chapitre de son livre intitulé "la Démocratie en Islam", Al Akkad propose une définition pointue de la démocratie. A la question éponyme du chapitre liminaire "Qu’est-ce que la Démocratie ?", l’auteur apporte la réponse suivante : "Ainsi que tout le monde le sait, le vocable" démocratie", composé de deux radicaux d’origine grecque, signifie" le gouvernement du peuple". Alors, qu’entend-on par "gouvernement du peuple" ou "gouvernement populaire"? Serait-ce un gouvernement à la destinée duquel préside le peuple lui-même ? Ou est-ce un gouvernement qui recueille la faveur du peuple et sa confiance ?"

Poursuivant son raisonnement sur l’essence de la démocratie, Al-Akkad s’exprime en ces termes : "A voir toutes les expériences de pouvoir démocratique qui ont été menées par les gouvernements Grecs et Romains, nous nous rendons à l’évidence qu’il n’a jamais existé et qu’il n’existera jamais de modèle de gouvernement où le peuple, même de la taille ramassée de celui des cités grecques, tiendrait lui-même les rênes du pouvoir. En fait, la démocratie n’acquiert de sens que par son opposition aux concepts qui lui sont antinomiques. Ainsi, la démocratie serait l’antithèse de tout pouvoir de type autocratique, oligarchique, clérical, militaire, ainsi que de tout autre modèle politique où le peuple serait exclu de l’exercice du pouvoir".

Au terme de sa réflexion, Al-Akkad tire une conclusion de premier plan, qui invite à la méditation et qu’il résume ainsi : "Nous en déduisons que la démocratie est loin d’être ce système politique qui donne au peuple le droit de s’autogouverner. Il n’y a aussi aucune vérité à dire que le gouvernement démocratique est celui qui se concilie les grâces du peuple et s’adjuge sa confiance. Il nous faut alors conférer un attribut à la démocratie autre que ceux énoncés ci -haut pour pouvoir la différencier des autres régimes politiques. Cette marque distinctive de la démocratie est à puiser dans la réalité historique, comme le suggèrent les traditions des Anciens".

En plongeant dans l’histoire antique des Grecs et des Romains, Al-Akkad tente de reconstituer la genèse de la démocratie et tire les enseignements que lui livrent les applications historiques de l’archétype démocratique. Avec sa précision et son habileté connues et reconnues, il résume tout cela comme suit : "le système démocratique est né dans la cité grecque de Sparte, et non à Athènes, berceau des philosophes et des intellectuels. La révélation de ce fait est d’une importance capitale car elle permet d’éclairer la nature du système démocratique qui avait émergé à l’époque. Loin d’être une somme de constructions théoriques centrées sur une série de principes et  de vues d’esprit, le canevas démocratique défend une vocation foncièrement pratique qui en fait l’expression pragmatique des impératifs de la réalité".

Il ressort de ces définitions que la pensée démocratique, tant dans sa version ancienne que moderne, n’a jamais été étayée par une quelconque notion de droit humain reconnu à tous les hommes. Elle renvoyait plutôt à des besoins pratiques plus qu’à des principes théoriques ou à des règles morales. Chez les peuples de l’antiquité, elle n’était pas synonyme de l’exercice direct du pouvoir par le peuple, ni du mandat fait à l’un de ses membres pour la gestion de la chose publique. Au fait, la démocratie se concevait comme la négation des autres systèmes politiques qui lui étaient opposés comme la dictature qui concentre l’autorité entre les mains d’un individu ou d’une classe donnée. En vertu de cette conception, la démocratie ne compte plus pour ce système qui accorde au peuple le droit exclusif d’exercer le pouvoir ou d’en être le principal acteur. Au lieu de cela, elle serait fondamentalement  dictée par les impératifs du contexte qui l’a vue naître, sans procéder ni des principes du droit naturel, ni de ceux du droit positif. Pour illustrer cette spécificité de la démocratie, imaginons un oiseau en train de prendre son envol. Il n’est censé devoir cela qu’à sa seule volonté de le faire, tout comme le bédouin qui se déplace librement à travers les pâturages du désert sans avoir besoin ni de l’autorisation d’une loi, ni de celle d’un individu, quel qu’il soit. Toute législation n’octroie de droit qui ne soit déjà dicté par une exigence réelle. Si bien que les droits existent de par leur antériorité à toute législation et à toute action du pouvoir politique" (3) .

Définitions et déterminations conceptuelles mises à part, la démocratie est, par essence, ce mode de gouvernement où les citoyens choisissent souverainement leurs gouvernants, sans que ceux-là ne leur soient imposés, et sans qu’aucun système politique ne leur soit dicté de force. Ils se voient également accorder le droit de demander des comptes aux gouvernants, de les démettre de leurs fonctions ou de les remplacer, s’il s’avère que ces derniers se sont rendus coupables de manquements dans l’exercice de leurs fonctions. En démocratie, les citoyens sont à l’abri de toute contrainte qui les ferait adhérer contre leur gré à des options économiques, sociales, culturelles ou politiques qu’ils ignorent ou qui les rebutent. Ce type de pratique anti- démocratique est d’autant plus inadmissible en démocratie qu’il peut basculer vers l’autre extrémité consistant à soumettre les opposants au pouvoir politique à des exactions allant de la simple exclusion et de la maltraitance à la torture et à la liquidation physique. Tel est le sens profond de la démocratie, qui a donné lieu aux formules d’application les plus variées comme les élections, les référendums, la loi de la majorité, le multipartisme, le droit de la minorité à l’exercice de l’opposition, la liberté de la presse, l’indépendance du pouvoir judiciaire, etc. (4) .

Selon Dr Youssef Al-Quardawi, tout fin connaisseur de la démocratie lui reconnaît sa totale compatibilité avec le référentiel islamique, ainsi que sa capacité à produire plusieurs modalités et canevas d’exécution, qui sont, à ce jour, les meilleures garanties dont un peuple peut disposer pour se protéger contre les dérives autoritaires des tyrans. Néanmoins, la démocratie n’est pas exempte de carences et de déficiences, qui sont naturellement le propre de toute œuvre humaine(5) .

La multiplicité des modèles démocratiques

L’existence de plusieurs modèles de démocratie soulève un problème à la fois théorique et pratique. Mais, essayons tout d’abord de connaître ces différents modèles qui peuvent, somme toute, être ramenés au nombre de trois:

a)- la démocratie directe : le peuple édicte lui-même les normes juridiques, exerce les fonctions de l’exécutif par la nomination des agents chargés de mettre en œuvre les textes de loi, et remplit les tâches du pouvoir judiciaire.

b)- la démocratie semi- directe : En vertu de ce modèle, le peuple élit ses représentants et leur assigne la mission d’examiner les questions et les affaires de portée générale, sans pour autant leur accorder la compétence de promulguer les textes de loi. Il désigne le pouvoir exécutif et lui demande des comptes au sujet de son action. Néanmoins, le peuple détient le droit exclusif de statuer sur les questions majeures et ce, par voie référendaire.

c)- la démocratie représentative : Le peuple octroie aux représentants de son choix le plein droit à l’exercice du pouvoir en son nom, les seules limitations à cela étant le respect de la Constitution et la périodicité  des élections (6) .

D’autres formes de démocratie sont teintées d’une charge religieuse, comme celle à la définition de laquelle l’encyclopédie française "Universalis" consacre quatre pages (7) .

Dans les traités de droit et de science politique, la démocratie se définit unanimement comme un système socio- politique qui organise les rapports entre les citoyens et l’Etat autour des principes de l’égalité des citoyens et de leur libre participation à l’élaboration des règles de la vie publique(8). Ouverte à différentes interprétations, cette définition est à géométrie variable en ce sens qu’elle peut intégrer de nouveaux éléments de sens. Il en découle inévitablement une typologie variée de modèles démocratiques, qui tient, en fait, à  deux raisons principales :

A- la diversité est une loi éternelle de la vie humaine. En divisant l’humanité en une infinité de tribus et de peuples Dieu a posé les jalons d’une diversité de cultures, de civilisations, de modes de vie. Même les valeurs qui structurent les croyances des hommes, sont empreintes de diversité, quand bien même elles ont toutes pour source unique l’instance divine.

B- L’impossibilité de concevoir un seul système socio - politique, qui soit valable pour l’ensemble des peuples et des nations de la terre. En effet, une telle approche uniformisante est inconcevable, car elle  pèche par excès d’idéalisme et déclare son inadéquation avec les réalités plurielles des individus et des communautés.

Du fait de sa complexité, la démocratie fait l’objet de plusieurs approches théoriques qui lui prescrivent une grande variété de modalités d’application et de finalités. A cela s’ajoute l’hétérogénéité des contextes sociaux et historiques, générateurs de ces modèles démocratiques, rendant impossible toute tentative visant à figer dans les faits la démocratie dans les limites d’un canevas statique (9).

L’uniformisation tant théorique que pratique de la pensée démocratique plurielle étant impossible, il devient nul et non avenu de vouloir instaurer un seul régime démocratique, qui soit applicable à toutes les communautés humaines. Ni le droit naturel ni la morale ne tolèrent une telle aberration, qui ignore les lois universelles et heurte la nature humaine dans ce qu’elle a d’essentiel.

Les limites de la démocratie

Définir la fonction de la démocratie et délimiter son cadre conceptuel, sont deux préoccupations académiques majeures qui retiennent toute l’attention des jurisconsultes, des politiques, des penseurs et des intellectuels intéressés à la problématique de la chose publique. Pour les aborder proprement, il convient de poser la question suivante : Est-il rigoureusement établi que le système démocratique s’applique invariablement et indistinctement en tout temps et en tout lieu ? Par souci de précision, reformulons-la autrement : La démocratie est-elle l’unique formule qui vaille pour organiser la vie en société et régler les crises et les problèmes ? Pour y répondre d’une manière claire, il convient d’abord de délimiter le champ conceptuel qui englobe la démocratie.

Si, conventionnellement, la démocratie s’apparente à un système théorique, politique et social, un moyen d’action et un cadre pour la gestion des affaires politiques, elle n’en est pas moins l’expression d’une simple idée qui a certainement des limites. Par transitivité, peut-on alors affirmer que la démocratie a des limites ?

Une démocratie absolue se désarrime tout naturellement  de sa composante clé, la liberté, entendue dans sa valeur et sa symbolique les plus larges. Cette perte sémantique  résulte du débordement de la démocratie hors du cadre qui lui a été tracé. Il se produit alors un grave glissement de sens au terme duquel la démocratie se mue quasiment en une dictature qui exerce sur les citoyens l’extrême violence de les priver de la liberté de choisir, de s’exprimer et de jouir pleinement de leurs droits humains. Cette démocratie immodérée, qui n’obéit plus aux normes éthiques et juridiques, les chercheurs ont choisi de l’appeler "dictature élective". Ses effets funestes sont très ostensibles dans le monde d’aujourd’hui, qui souffre d’un dérèglement du système démocratique, générateur de violations systématiques des libertés publiques et des droits humains dans plusieurs régions du monde, notamment dans le monde islamique.

Une démocratie entourée de garde-fous juridiques stricts est la parade indiquée pour contrer toute dérive absolutiste de la part des gouvernants politiques et enrayer toute velléité d’autoritarisme et toute propension à piétiner la volonté et la dignité humaines. Ainsi, la vie humaine sera prémunie contre toute forme d’excès qui puisse lui être préjudiciable.

Les applications de la démocratie

Dans la critique épistémologique qu’ils font du modèle démocratique et indépendamment de leur affiliation à différentes écoles de pensée politique et juridique, les chercheurs s’accordent à dire que les démocraties contemporaines reposent sur le pouvoir de l’élite et non sur celui du peuple.

Dans les sociétés modernes dépositaires de systèmes politiques d’essence démocratique, la forme de gouvernement la plus achevée se contente de soumettre une majorité consentante à l’autorité de la minorité. C’est là un décalage flagrant qui éloigne la démocratie de son acception classique. N’est-il pas vrai qu’à l’origine, la démocratie se présentait comme un mode de gouvernement conduit par le peuple pour le peuple?  Dorénavant, le principe démocratique s’énonce sous une nouvelle formule qui" fait se substituer une élite du peuple au peuple lui-même pour le gouverner et servir ses intérêts"(10).

De par sa valeur intrinsèque, la démocratie est mise en œuvre de plusieurs façons. Il existe, en effet, plus de quinze modèles démocratiques qui ont cours dans les sociétés modernes. Même au sein de l’Union européenne, le contenu pratique et pragmatique de la démocratie change d’un pays à l’autre, comme l’Angleterre et l’Allemagne. Aux États-unis d’Amérique, la pratique démocratique a des particularités qui n’existent pas en Suisse. En Israël, il existe un semblant de démocratie entretenu par un État colonial, raciste, belliqueux et profanateur du droit international. Parce que ces différences tiennent à l’essence même de la démocratie, toute pratique politique, qui n’en tiendrait pas compte, ne serait rien d’autre qu’une tentative de soumettre le monde entier, et plus particulièrement le monde arabo-musulman, à l’astreinte d’une conception démocratique unique.

Nous sommes en droit de savoir si la critique de la démocratie occidentale nous est permise, tout comme elle l’est pour ses détracteurs occidentaux, et si l’acquiescement béat est la seule attitude qu’il nous est requis d’avoir vis-à-vis de cette démocratie. Sommes-nous tenus à une reproduction mimétique du modèle démocratique, tel qu’il se pratique en Occident, en faisant l’impasse sur les différences qui existeraient entre le contexte d’origine de ce modèle et les sociétés où il est censé s’implanter ? Cette deuxième interrogation laisse entendre qu’il y a une différence entre la portée purement conceptuelle des principes démocratiques (participation, demande de comptes et autres) et les modalités de leur mise en pratique(11).

Il convient de souligner que cet écart entre la théorie et la pratique de la démocratie n’a pas lieu d’être dans les communautés islamiques. En effet, celles-ci n’admettent pas cette dichotomie parce qu’elles appliquent les valeurs de leur religion, qui est faite de justice et de tolérance. En islam, la démocratie, spéciale au demeurant, est une synthèse de principes théoriques et de mécanismes pratiques qui se sont développés depuis les temps de la vie bédouine jusqu’à l’époque des sociétés modernes. En la qualifiant de spéciale, nous ne la confinons pas à une définition réductrice, mais nous entendons par là qu’elle se distingue des autres démocraties tant par la nature de sa genèse et de ses finalités que par l’aptitude de ses lois à déborder sur le cadre local pour embrasser une dimension sinon universelle, du moins humaine. Spéciale, elle l’est aussi grâce à la généralité de ses principes,  qui transcende celle de toute autre démocratie. Née à l’origine d’un droit humain inaliénable, elle veille à le consacrer en tout temps et en tout lieu, tout en s’attachant à responsabiliser l’homme devant son Dieu et sa conscience(12).

En matière de gestion des affaires de la cité et de modalités de mise en pratique de ses finalités, l’islam n’a jamais été réfractaire aux influences exogènes, mais sans pour autant se laisser envahir passivement et sans discernement par elles. Dès lors que l’Ijtihad (effort personnel d’interprétation rationnelle) tient lieu de devoir religieux en islam, il n’en devient que plus contraignant en matière de réflexion sur la pensée démocratique(13).

Si d’aucuns voient en la Choura (la consultation) une alternative à la démocratie, la doctrine islamique authentique, celle qui se veut objective et pénétrante, récuse toute concordance ou discordance absolue entre ces deux systèmes. En retour, elle les met en parallèle pour donner la juste mesure de leurs points de convergence et de divergence(14).

Concernant le choix libre des gouvernants par des procédés honnêtes et réguliers, l’islam voit en cela une exigence politique et sociale légitime, et établit en conséquence les principes religieux, les normes éthiques et les règles générales qui l’encadrent. Cette disposition juridico- religieuse a été établie du fait de  l’absence même de détails spécifiques dans les textes scripturaires, à propos des modalités de gouvernement. En effet, ce vide juridique se conçoit en soi même comme une incitation faite à la Oumma ou à ses membres qualifiés pour le faire, de réfléchir aux mécanismes destinés à l’organisation des différents aspects de leur vie courante, qu’ils soient politiques, sociaux ou autres(15).

Cela concorde avec la vision qu’Ibn Quayyim Al-Jouziyyah avait exposée en ces termes : "Dieu a envoyé Ses Prophètes et révélé Ses Livres pour permettre aux gens d’établir les principes de la justice et du bon droit. Partout où il en sera ainsi, c’est là où s’exprimeront la loi de Dieu et Sa religion" (16).

Une lecture approfondie des applications anciennes et modernes de la démocratie nous enseigne que toute approche de la démocratie ne se résume pas à une simple réappropriation, moyennant quelques ajustements, des modalités d’application comme les élections, la séparation des pouvoirs et l’organisation des partis. Il s’agit avant tout d’appliquer une méthode à la fois innovante et critique pour cerner l’idéologie qui sous-tend la matrice originelle de la démocratie contemporaine, datant du dix-huitième siècle. Si la démocratie se pratique à travers une série de règles politiques comme la prise de décisions par l’application de la loi de la majorité, la représentation populaire, l’approbation par les citoyens des politiques et la prépondérance de l’État de droit, elle n’en couvre pas moins un ensemble de valeurs éthiques et morales comme la justice, la liberté et l’égalité (17). Ces mêmes valeurs, on les retrouve dans le substrat de la morale islamique venue sortir les hommes des ténèbres de la tyrannie et de l’oppression pour éclairer leur vie des lumières de la justice, de l’équité et du respect de la dignité humaine.

Il ne nous faut pas perdre de vue que la démocratie traverse une crise aigue en Occident. En effet, à Washington comme à Londres, les élites politiques libérales au pouvoir ne laissent pas de violer, manu militari, l’un après l’autre, tous les principes fondateurs de l’idéal démocratique. Il n’y aurait donc aucune exagération à dire que la démocratie n’a jamais été aussi durement malmenée qu’elle ne l’est en ce moment même”(18).

En conclusion, nous tenons à préciser que la démocratie a deux aspects : l’un, philosophique, s’oppose franchement à l’islam alors que l’autre, formel, peut constituer une source d’inspiration pour les musulmans qui pourront en tirer des enseignements utiles et enrichir de la sorte leur expérience (19).

La démocratie : un choix ou une obligation ?

Au terme de l’examen objectif et serein auquel nous avons soumis la philosophie et les mécanismes de la démocratie, nous pouvons inférer  que celle-ci se définit comme un système d’action politique, économique et social, autrement dit un cadre d’action et un moyen d’organisation des affaires du pouvoir. Son efficacité a été éprouvée au fil des expériences humaines, au même titre que sa validité, son adaptation à la vie des sociétés humaines contemporaines et sa capacité à servir les intérêts des individus, des États et des gouvernements. Il n’est nul besoin de rappeler qu’un moyen d’action n’a de valeur que par rapport à son efficacité à servir les objectifs pour lesquels il a été déployé. C’est le cas pour n’importe quel cadre d’action, dont l’opportunité se mesure à l’aune de son rendement et de son impact sur la société.

Nous avons jugé utile, à ce propos, de revenir sur des écrits littéraires du Dr Taha Hussein, qui n’ont jamais été publiés dans ses œuvres. Nous nous intéressons plus particulièrement à une conférence sur la démocratie et la vie sociale qu’il avait délivrée en 1942 à l’université américaine du Caire. L’écrivain égyptien y affirme que la démocratie n’est pas un fonds sans forme, ni un exemplaire unique, mais plutôt l’expression pratique des aspirations d’une large fraction du peuple à la justice, la liberté, les moyens de subsistance et la sécurité (20).

Par conséquent, une vraie démocratie se doit de devenir un credo moral commun à l’ensemble des citoyens. En d’autres termes, chaque citoyen, même dans ses moments de retraite personnelle et soustrait à tous les regards, doit continuer à porter au plus profond de son for intérieur l’intime conviction qu’il est l’égal de ses concitoyens en termes d’obligations et de droits. Il est également tenu d’éviter toute forme d’égoïsme qui l’inciterait à vouloir s’accaparer indûment un droit à l’exclusive de ses compatriotes. Il a également l’obligation de ne pas tromper ses concitoyens, en leur déclarant solennellement, mais faussement, son attachement à l’égalité alors qu’il n’aurait  que mépris et dédain pour cette valeur. Une démocratie authentique se nourrit exclusivement de l’observation stricte de ces règles éthiques(21),que l’islam appelle à respecter et s’attache à inculquer aux hommes.

Ce que la démocratie a d’essentiel, c’est cette capacité de se développer en permanence sans qu’aucune visée ultime ne vienne limiter l’étendue de son avancée imparable. Et pour cause, la démocratie est, avant tout, une quête incessante des idéaux nobles, que les hommes poursuivent inlassablement sans jamais pouvoir les atteindre pleinement. Cela n’est d’ailleurs possible que si c’est là l’essence même du destin des hommes(22).

En admettant le caractère foncièrement dynamique de la démocratie et son aptitude à évoluer en phase avec les conjonctures, nous nous déroberons à l’embarras dans lequel certaines parties internationales, notamment le pôle dominant de la politique internationale, veulent nous mettre. Comment cela ? Celles-ci tendent, effectivement, à prescrire aux autres nations, y compris celles du monde islamique, le scénario démocratique de leur choix, passant outre la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, qui établit pourtant le droit à la différence et reconnaît les spécificités culturelles et civilisationnelles des nations et des peuples.

L’importance des citations tirées de la conférence du Dr Taha Hussein sur la démocratie tient à deux raisons. Primo, l’auteur cité est un spécialiste de la littérature et de l’histoire grecques. A ce titre, et de retour de ses études à la Sorbonne, il a d’abord officié à l’université comme professeur d’histoire grecque à la faculté des lettres. Secundo, cette conférence a été donnée dans le contexte de la deuxième guerre mondiale et à l’université américaine précisément. C’était une période d’effervescence intellectuelle et culturelle qui allait donner lieu à de profondes mutations.

A tout égard, il ne peut y avoir d’équivoque sur le fait que le contenu socio- politique de la démocratie est compatible avec la conception islamique du bon système politique de gouvernement et de gestion des affaires publiques. Dans le document d’Alexandrie, on peut lire ce qui suit : "la démocratie est ce système qui érige la liberté en valeur fondamentale suprême. Elle est l’aboutissement de la quête qui doit mener à la souveraineté réelle des peuples, permettant à ceux-ci de s’autogouverner par le biais du multipartisme politique garantissant le principe de l’alternance. Elle garantit à tous le respect des droits de penser, de s’organiser et d’exprimer librement ses opinions "(23).

S’il nous fallait ajouter une dernière précision, nous dirions alors que la liberté, quoique valeur suprême, ne doit pas, en islam, porter préjudice aux dogmes de la religion, considérés comme autant d’impératifs incontournables dans la matrice religieuse. La littérature politique contemporaine les désigne par des vocables du genre "règles sacro-saintes" ou encore "principes généraux", lorsqu’ils sont inscrits dans le texte de la Constitution.

Partant de là, la démocratie, système de gouvernement non statique et évolutif, doit se conformer à des normes destinées à contrôler ses mécanismes de fonctionnement. Ces normes doivent traduire la volonté souveraine de la société libre qui met en application le modèle démocratique, de sorte que celui-ci ne soit pas imposé sous le coup de la contrainte. De fait, les peuples ne sont pas tenus d’abdiquer devant "la toute-puissance terrifiante" de cette menace démocratique, -si tant est que l’expression est heureuse-, mais font valoir plutôt  leurs spécificités culturelles et leur identité civilisationnelle.

Un autre axiome nous amène à dire que la pensée islamique et la philosophie de la démocratie occidentale ne s’assignent pas les mêmes objectifs. En effet, si le système occidental ne ménage aucune place aux principes religieux dans son corps de doctrine et en fait plutôt une compétence exclusive de l’Église, et s’il laisse les questions éthiques à la discrétion des individus et de la conscience collective, l’islam préconise, en revanche, une autre approche qui charge les gouvernants de veiller aux affaires spirituelles et morales, autant qu’aux affaires liées à l’exercice du pouvoir temporel (24).

En dépit de cette divergence de fond, il n’est pas exclu que la Choura islamique et la démocratie occidentale puissent coexister en bonne intelligence dans le contexte d’une mondialisation aux dimensions tentaculaires. Par ailleurs, le monde arabe est submergé par une impressionnante poussée du credo matérialiste qui crée immanquablement un état de vide spirituel. Cette cohabitation est rendue possible grâce aux valeurs que les deux systèmes ont en partage, notamment l’égalité devant la loi en termes d’obligations et de droits et la garantie d’un ensemble de droits et libertés publiques . Ceci dit, les deux systèmes divergent une fois de plus sur l’origine et la signification de ces valeurs. Si la démocratie occidentale les puise dans la conscience et le référentiel collectifs autant que dans les matrices de la justice et du droit naturel, la pensée islamique les classe tantôt au nombre des obligations communautaires, tantôt au nombre des obligations personnelles. Certaines renvoient parfois à des droits de Dieu alors que d’autres sont tout bonnement des droits humains. Il est une troisième catégorie qui les met dans la marge commune aux droits divins et humains (25).

Grâce à une appréhension pointue de la conjoncture internationale et de son lot de changements et de variables, ainsi que de la nature profonde des défis contemporains, nous en concluons  que la démocratie est un système politique qui est de nature à s’adapter au contexte des pays islamiques, sans que cela ne vienne heurter les valeurs de la choura, de la justice, de l’égalité et de la dignité humaine.

Cela dit, la démocratie reste une option politique dont il nous faut retenir que les composantes qui sont compatibles avec notre référentiel civilisationnel et les finalités dernières de notre religion. Nous ne devons pas non plus accepter qu’on nous impose quelque modèle de démocratie que ce soit, car une telle pratique, outre son total mépris des droits et usages internationaux, est un acte de coercition qui réprime la liberté souveraine des peuples et piétine leur identité.

NOTES

(1) Ahmed ATIYYAT ALLAH, "Al-Qamous assiyassi" (le dictionnaire politique), p. 547, Dar Annahda al-arabiyya,  troisième édition, le Caire, 1968.

(2) Ibid., p. 548.

(3) "Addimoquratiyya fil islam" (la démocratie en islam), in "l’Encyclopédie islamique d’Abbas Mahmoud Al-Akkad", vol 4, pp. 691-697, Dar al-kitab al-arabi, Beyrouth, 1971.

(4) Dr Youssef Al-Quaradaoui, "Min fiqh addawla fil islam" (de la jurisprudence de l’Etat en islam), p. 132, Dar achchorouq, le Caire, 1998.

(5) Ibid., pp.132-137.

(6) "Mawsouat assiyassa" (encyclopédie de la politique), vol II, p. 752, la fondation arabe pour les  études, Beyrouth, 1981.

(7) Encyclopaedia Universalis, vol V, pp. 414-417. Cette encyclopédie a consacré dix pages à l’entrée "Démocratie", dont des chapitres sont intitulés" de la démocratie en tant que devoir" et "de la démocratie en tant que mode de gouvernement ".

(8) "Mawssouat assiyassa" (Encyclopédie de la politique), vol II, p. 751, la Fondation arabe pour les Etudes, Beyrouth, 1981.

(9) Ibid., p. 751.

(10) Dr Ibrahim IBRACH, "Addimoquratiyya bayn alamiyyat Al-fikra wa khossoussiyat attatbik" (la démocratie entre universalité et spécificité d’application), p. 19, Manchourat Azzamane, Rabat, 2001.

(11)  Fahmi HOWAYDI, "Al-Islam wa Dimoquratiyya" (l’Islam et la démocratie), p. 101, Centre Al-ahram pour la traduction et l’édition, le Caire, 1993.

(12) Abbas Mahmoud Al-Akkad, op. cit., pp. 813-814.

(13) Dr Mohammed IMARA, “Maarakat al-mostalahat bayn al-gharb wal islam” (la guerre des termes entre Occident et Islam), p. 123, Nahdat Misr li tibaaa wa nachr wa tawzie, le Caire, 1997.

(14) Ibid., p. 123.

(15)  Ibid., p. 251.

(16)  Cf. “Annidham assiyassi li addawlati al-islamiyya” (du régime politique de l’Etat islamique), du Dr Mohammed Salim Al-Awwa, p. 140, Dar Achchorouq, le Caire, 1989.

(17) Iliya HARIQ, "Addimoqratiyya wa tahadiyyat al-hadatha bayna           achcharqui wal gharb" (la démocratie et les défis de la modernité entre        orient et occident), p. 29, Dr Assaqui, Beyrouth, 2001.

(18) Dr Azzam ATTAMIMI, "Man dha ladhi yorido mithla hadhihi             addimoquratiyya?" (Qui veut donc ce type de démocratie ?), journal "Al-Qods Al-Arabi", numéro 4688, 19-20 juin 2004, p. 18.

(19) Ibid.

(20) Nabil FARAJ, "Taha HUSSEIN, Wathaiq adabiyya" (Ecrits littéraires), p. 281, (Kitab al-hilal), numéro 638, février, le Caire, 2004.

(21)  Ibid., p. 304.

(22) Ibid., p. 297.

(23)  Un document issu de la conférence sur "les questions de la réforme  arabe : théorie et pratique", 12-14 mars, Bibliothèque d’Alexandrie, Egypte, 2004.

(24) Dr Sofi ABOUTALEB, "Achchoura wa dimoquratiyya" (Choura et démocratie), résumé de l’étude publié dans le journal "Achcharq al-awsat), numéro 9336, 20 juin 2004.

(25) Ibid.




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