Kitâb Al-Fawâid
p. 111-112 Le serviteur n'est pas affligé d'une punition plus grande que le durcissement du coeur et l'éloignement de Dieu. Le Feu a été créé pour fondre le coeur durci - ce coeur qui est le plus éloigné de Dieu parmi les coeurs. Si le coeur durcit, l'oeil devient sec [et ne trouve aucune joie ou tranquillité]. Il y a quatre choses qui, si on transgresse leurs limites, durcissent le coeur : la nourriture, le sommeil, les discours et les relations sexuelles. Un corps affligé par la maladie ne tire aucune nourriture de l'alimentation et de l'eau et de la même façon un coeur de malade ne profite pas de l'avertissement ou de l'exhortation. Quiconque désire purifier son coeur doit préférer Dieu à ses désirs. Le coeur qui s'accroche à ses désirs est voilé de Dieu en fonction de la force de son attachement. Les coeurs sont les navires de Dieu sur Sa terre, c'est pourquoi les plus aimés parmi eux sont ceux qui sont les plus tendres, purs et résistants à l'égarement. [Une référence au hadith : "Vraiment, Dieu a des navires parmi les gens de la terre et les navires de votre Seigneur sont les coeurs de Ses serviteurs pieux et les plus aimés (par Lui) d'entre eux sont les plus doux et les plus tendres"] Les transgresseurs occupent leurs coeurs avec la poursuite de ce monde. Si seulement ils les avaient occupés avec Dieu et la recherche de l'Au-delà, ils auraient réfléchi à la signification de Ses Mots et de Ses Signes qui sont témoins dans la création. Leurs coeurs seraient retournés à leurs propriétaires (dans les poitrines où ils résident) portant une merveilleuse sagesse et des perles de bienfaits. Quand on nourrit le coeur avec le dhikr (rappel), sa soif est étanchée par la contemplation et il est nettoyé de la corruption, il sera témoin de choses remarquables et merveilleuses et sera inspiré par la sagesse. Il n'est pas donné à tout individu doté de science, de sagesse et qui en porte l'habit d'être parmi ses gens. Plutôt les Gens de Science et de Sagesse sont ceux qui ont insufflé la vie dans leurs coeurs en tuant leurs désirs. Quant à celui qui a détruit son coeur et a préféré ses désirs, la science et la sagesse sont privés de sa langue. La destruction du coeur arrive par la possession du sens de la sécurité et la négligence. Le coeur est fortifié par la crainte de Dieu et le dhikr. Si le coeur renonce aux plaisirs de ce monde alors il sera dirigé vers la poursuite du bonheur de l'Au-delà et il sera parmi ceux qui y appellent. Si le coeur se satisfait des plaisirs de ce monde, le bonheur de l'Au-delà cesse d'être poursuivi. Désirer Dieu et Sa rencontre ressemble à une douce brise soufflant sur le coeur, chassant le désir brûlant de ce monde. Quiconque fait que son coeur se précipite vers son Seigneur se trouvera calme et tranquille et quiconque l'envoie parmi les gens sera dérangé et excessivement perturbé. Ceci parce que l'amour de Dieu ne peut jamais entrer dans un coeur qui contient l'amour de ce monde, et ce jusqu'à ce que le chameau ne passe par le chas de l'aiguille. C'est pourquoi le serviteur le plus aimé de Dieu est celui qu'Il place dans Sa soumission, qu'Il choisit pour Son Amour, dont Il purifie l'adoration pour Lui, qui Lui consacre sa vie, sa langue pour Son évocation et ses membres à Son service. Le coeur devient malade comme le corps devient malade et son remède réside dans le repentir et la recherche de la protection du mal. Il devient rouillé comme un miroir devient rouillé et il est poli par le dhikr. Il devient nu comme le corps devient nu et son ornement vient par la taqwa (crainte, piété). Il devient affamé et assoiffé comme le corps devient affamé et assoiffé et sa faim et sa soif sont rassasiés par la science, l'amour, la confiance, le repentir et la soumission à Dieu. p. 120-122 L'aspiration à l'au-delà [al-→hira] ne se réalise que par l'ascétisme [le renoncement de ce bas-monde]. Et une telle rectitude dans l'ascétisme [az-Zuhd] ne se fait voir que de deux véritables manières : La première : Est celle de méditer sur le bas-monde [ad-Dounyâ], sa fin qui prendra terme rapidement, sa futilité cruciale, sa disparition, son imperfection, sa petitesse [par rapport à l'au-delà] et la peine dépensée dans la concurrence de ses intérêts futils, le désir ardent de ses plaisirs [éphémères] et tout ce qui ressemble à cela, tel que les tourments [dûs à ce bas-monde], le trouble [que cette vie cause], au point que celui qui va à la recherche [de ce bas-monde], continue dans cette vie à être insatisfait [peiné], à être quand même attristé lors d'un bénéfice [d'un bien matériel ou autre], et à être accablé lors de sa perte ; Voici l'une de ces manières. La deuxième : Est celle de méditer sur l'au-delà [al-→hira], la venue définitive [de son jour] qui sera certaine, la prolongation [de l'au-delà qui sera constante], son éternité, la grâce de son bien et de sa joie, et de tout ce qu'il y a de différent [de ce bas-monde]. Et cela est tel que ce que Dieu - Subhânahu - a dit : "Alors que l'au-delà est meilleur et plus durable" Alors [que ce bas-monde] a des illusions imparfaites, diminuées et dégradantes. Ainsi, si [la personne] adopte avec conviction ces deux sortes de méditation, elle se doit de préférer ce que son esprit préfère, et renoncer à tout ce à quoi il est indispensable de renoncer [...] Car quiconque désire la vie présente, en la convoitant et en la préférant [à celle de l'au-delà], ne croit [en réalité] que ce qui existe dans l'au-delà [al-→hira] est plus digne, meilleur et plus durable [que ce bas-monde]. Donc, [la personne] qui ne croit pas à une telle vérité est certainement considérée [comme une personne] sans foi, et comme ayant un esprit perverti, et qui n'a pas pu choisir ce qui était meilleur. [...] C'est pourquoi la préférence de ce bas-monde [ad-Douniyah] à celui de l'au-delà, est due soit à la perversion de sa foi [Imân], soit à la perversion de sa raison ['Aql]. Et nombreux sont les effets néfastes de ces deux genres de perversion. Ces conséquences, sont les raisons pour lesquelles le Messager de Dieu (sallallahu 'alayhi wa sallam) et ses compagnons [as-Sahâbah] ont effacé de leurs coeurs [ce bas-monde] en le repoussant, en le délaissant, le négligeant, considérant [ce bas-monde] comme une prison et non pas comme un Paradis. De fait, ce renoncement [az-Zuhd] est un véritable ascétisme [az-Zuhd]. De même, s'il avait préféré ce bas-monde [le Prophète], il aurait pu obtenir tout ce qu'il aimait [de ce bas-monde] , ainsi que tout ce qu'il désirait, il aurait pu l'avoir. Car les clés [Miftah] de ce bas-monde lui avaient été offertes [au Prophète], mais il les a refusés. Il en est ainsi de ses compagnons qui, comblés [de ce bas-monde], l'ont délaissé à la préférence des bénéfices de celui de l'au-delà. [...] Le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) a dit : "Je ne trouve aucun intérêt à ce bas-monde. Certes, j'y suis tel un cavalier qui après avoir terminé sa sieste à l'ombre d'un arbre, repart en délaissant ce dernier." (At-Tirmidhî, Ahmad, al-Hâkim et Ibn Mâdja) Et le Prophète (sallallahu 'alayhi wa sallam) dit également : "Ce bas-monde n'est, en comparaison à celui de l'au-delà, que comme est le doigt de l'un d'entre vous qu'il introduit dans la mer." (Mouslim, At-Tirmidhî et Ibn Mâdja) Et Dieu - Subhânnahu- Créateur des deux mondes a dit : "La vie présente est comparable à une eau que Nous faisons descendre du ciel et qui se mélange à la végétation de la terre dont se nourrissent les hommes et les bêtes. Puis, lorsque la terre prend sa parure et s'embellit, et que ses habitants pensent qu'elle est à leur entière disposition, Notre Ordre lui vient, de nuit ou de jour, c'est alors que Nous la rendrons toute moissonnée, comme si elle n'avait pas été florissante la veille. Ainsi exposons-Nous les preuves pour des gens qui réfléchissent. Dieu appelle à la demeure de la paix et guide qui Il veut vers un droit chemin." (10/24-25) Telle est l'information [al-Akhbar] sur la bassesse de ce bas-monde [ad-Douniyah] afin de s'en éloigner, et l'information sur "Dâr as-Salâm" [la maison de la paix], en appelant à y entrer. Et Dieu - Ta'âla dit : "Et propose-leur l'exemple de la vie ici-bas. Elle est semblable à une eau que Nous faisons descendre du ciel ; la végétation de la terre se mélange à elle. Puis elle devient de l'herbe desséchée que les vents dispersent. Dieu est certes Puissant en toutes choses ! Les biens et les enfants sont l'ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes oeuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance." (18/45-46) Et Dieu - Ta'âla dit : "Sachez que la vie présente n'est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l'orgueil entre vous et une rivalité dans l'acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille à une pluie : la végétation qui en vient émerveille les cultivateurs, puis elle se fane et tu la vois donc jaunie ; ensuite elle devient des débris. Et dans l'au-delà, il y a un dur châtiment, et aussi pardon et agrément de Dieu. Et la vie présente n'est que jouissance trompeuse." (57/20) Et Dieu - Ta'âla dit : "On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs ; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près de Dieu qu'il y a bon retour. Dis : "Puis-je vous apprendre quelque chose de meilleur que tout cela ? Pour les pieux, il y a, auprès de leur Seigneur, des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, pour y demeurer éternellement, et aussi, des épouses purifiées, et l'agrément de Dieu." Et Dieu est Clairvoyant sur (Ses) serviteurs." (3/14-15) p. 140 Dix choses qui sont perdues et inutiles : 1) Un savoir ['ilm] qui n'est pas mis en application [à travers les uvres]. 2) Une uvre sans sincérité et sans exemple à suivre. 3) Un argent [biens] que l'on ne dépense pas [en aumône], c'est-à-dire, il n'est utilisé ni pour faire jouir son amasseur dans ce bas-monde [al-dounya], ni pour l'offrir en vue d'une récompense dans l'au-delà [al-âkhira]. 4) Un coeur dépourvu d'amour pour Dieu, du désir ardent de Le rencontrer et d'établir la familiarité avec Lui. 5) Un corps qui ne sert pas à obéir à Dieu et à Le servir. 6) Un amour qui ne s'engage plus à satisfaire au Bien-Aimé et à obéir à Ses ordres. 7) Un temps libre qui n'est pas utilisé pour profiter d'un bien [argent] sur le point d'être gaspillé ou pour gagner une bonne action. 8) Une pensée qui se pose sur des choses inutiles. 9) Un service rendu à celui qui, en échange d'être servi, ne t'approche pas de Dieu et ne t'aide pas à améliorer ta vie présente. 10) Ta crainte et ton espoir dépendant de celui dont le pouvoir est dans la Main de Dieu, qui le prend sous Sa Puissance et qui, par conséquent, n'a pour soi-même, ni malfaisance ni bénéfice, ni il se donne la mort, ni il se fait vivre, ni il se fait ressusciter. Par ailleurs, les plus graves d'entre ces pertes qui sont à l'origine de toutes les autres pertes, c'est la perte du coeur [al-qalb] et celle du temps. La perte du coeur provient de la préférence de ce bas-monde à l'au-delà, et la perte du temps provient du prolongement de l'espoir. Alors, toute la corruption consiste dans l'attachement aux passions et au prolongement de l'espoir, tandis que tout ce qui est conforme, consiste dans le fait de suivre le droit chemin [itibâ' al-huda], et le fait de se préparer au dernier rendez-vous [avec Dieu]. Et c'est à Dieu Seul que l'on implore le secours. On s'étonne de celui qui, une fois devenu besogneux, suit son désir et ses préoccupations, au lieu de demander à Dieu de lui satisfaire ses besoins, de sauver son coeur de la mort, de l'ignorance et de la répugnance, et de le guérir [de la maladie] des plaisirs sensuels et des doutes. Mais toutefois, si le coeur meurt, il cessera de comprendre son péché [dans la désobéissance]. |
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