Accueil > Bibliothèque > Mouhammad Al-Ghazâli > Problèmes de la femme entre traditions stagnantes et traditions étrangères )Telle était sa valeur Chaque fois que je me penche sur la sîra, ma connaissance de la place de la femme dans la société islamique ne fait que s’améliorer, et notamment, tout ce qui concerne les droits que l’islam lui garantit. La femme avait une personnalité respectée et une empreinte non négligeable ! Dans ce sens, les savants du hadîth relatent que quand le verset 26:214 "Et avertis tes proches parents" fut révélé au Prophète, il grimpa le Mont Safâ et interpela les siens : "Ô enfants de `Abd Al-Muttalib, rachetez-vous auprès de Dieu ! Ô Safiyyah, tante du Messager de Dieu, ô Fâtimah, fille du messager de Dieu, rachetez-vous auprès de Dieu car je ne peux vous prémunir de Lui. Demandez-moi de l’argent autant que vous voulez (mais gérez vous-même votre relation avec Dieu)". Interpeler une femme publiquement et à voix haute offusquerait plus d’un de nos jours. On estime même que le prénom de la femme tout comme sa personne sont une `awrah qu’il convient de cacher ! Et on dit : "qu’est-ce que la femme a à voir dans ces affaires ? Il suffit qu’un homme de sa famille vienne et la tienne informée." Mais l’interpeler de la sorte publiquement, c’est malséant ! Mais, en fait, lors de l’avènement de l’islam, la femme connaissait sa propre valeur et quand elle entendit un guide appeler vers la foi, elle s’empressa de répondre à l’appel. Les historiens rapportent que la soeur de `Omar Ibn Al-Khattâb embrassa l’islam avant lui. Quand il apprit la nouvelle, il ensanglanta son visage et l’agressa cruellement. Mais elle lui répondit : "`Omar, la vérité n’est pas dans ta religion. Pour ma part, j’atteste qu’il n’y a de divinité que Dieu et que Mohammad est le Messager de Dieu !" Par la suite, `Omar embrassa l’islam à son tour !! Puis, des hommes et des femmes embrassèrent la religion de Dieu et prêtèrent serment d’être solidaires de la vérité, de la mettre en pratique et de la défendre. Les rangs se formèrent dans la mosquée du prophète, laquelle accueillait aussi bien les hommes que les femmes. L’Imâm Muslim relate que Umm Hishâm Bint Hârithah Ibn An-Nu`mân dit : "Je n’appris sourate "Qâf wal Qur’ân il-majîd" (sourate 50) que de la bouche même du Prophète - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui - car il la récitait tous les vendredis sur le minbar". En d’autres termes, elle apprit cette sourate en entier par coeur tant elle était concentrée pendant le sermon du vendredi ! D’ailleurs, la sunnah du Messager de Dieu (c’est-à-dire sa tradition ou son habitude) consistait à réciter le Saint Coran pendant ses sermons. Mais cette sunnah est délaissée de nos jours comme l’est la sunnah que constitue la présence de la femme aux prières du vendredi et aux prières en congrégation de façon générale... Ceci ne susciterait-il donc aucune interrogation ni aucun étonnement ? Pour l’anecdote, on relate qu’une femme généreuse et aisée offrait un repas après les prières du vendredi où tout le monde était le bienvenu : Al-Bukhârî relate selon Sahl Ibn Sa`d que : "Une femme parmi les Compagnons possédait une ferme où l’on cultivait des épinards. Chaque vendredi elle arrachait des pieds d’épinard et les mettaient dans un chaudron, puis y rajoutait une poignée de son moulu et en faisait une soupe. A la fin de la prière du vendredi, nous allions vers elle et la saluions puis elle nous donnait à manger. Cétait tellement délicieux que nous attendions les vendredis avec impatience pour manger de sa bonne soupe, sachant qu’elle n’y rajoutait ni viande ni graisse..." Il s’agit là d’une femme croyante agréable à vivre et qui oeuvre avec ce que Dieu lui a octroyé comme bien pour donner un peu de bonheur aux gens ! Si elle se comportait de la sorte de nos jours, les gens coincés le lui reprocheraient ! Et ceux qui ont la fatwa facile diraient : Comment fait-on pour la saluer ? Et comment fait-elle pour répondre ? Et comment reçoit-elle des invités ? etc. Les coutumes des musulmans dans le traitement des femmes ne sont fondées ni sur le Livre ni sur la Sunnah... Il en résulte que les intellectuelles de nos temps se soulèvent contre l’héritage islamique en bloc croyant qu’il est responsable de l’ignorance infligée aux femmes ou de la déconsidération de son estime ou encore de la négation de ses droits matériels et moraux, droits reconnus par la fitra, confirmés par la révélation et concrétisés par l’apogée de notre civilisation mais qui ont disparu avec la propagation des palais et le libertinage Les épouses du Prophète Une rumeur s’est répandue parmi les Européens jusqu’à s’établir chez eux en vérité. Ils disent : « Muhammad avait neuf femmes entre lesquelles il se roulait et se prélassait, repaissant son désir insatiable. Il ne se lassait pas d’une épouse que ses passions s’envolaient déjà pour une autre... » Ils disent également : « Si cela devait seoir à quelqu’un, ce ne serait sûrement pas à une personne appelant à la spiritualité, établissant le lien entre les hommes et le Ciel, et parlant aux gens de Dieu et de la Demeure dernière. Ce désir flambant pour les femmes a une profonde signification. Notre homme est un homme charnel et non un homme spirituel. Nous n’ajoutons pas foi à vos prétentions, vous Musulmans, qui nous parlez de son ascétisme et de sa piété. » Je réponds : Si ce que vous dites est juste, alors la conclusion à laquelle vous avez abouti est vérité. Mais ce que vous avez mentionné n’est rien de plus qu’un travestissement de la réalité relevant plus du mensonge que de la vérité. L’ennemi comme l’ami se rejoignent pour témoigner que l’histoire de Muhammad est autre que ce que vous avez mentionné. Ainsi, il se maria à vingt-cinq ans avec une femme de quarante ans. Il demeura avec elle, seule, pendant près de vingt-huit ans, jusqu’à la mort de cette épouse. Où sont donc ces délices que vous nous décrivez ? Lorsqu’il atteignit l’âge de quarante ans, elle était une vieille femme de cinquante-cinq ans. Et lorsqu’il atteignit l’âge de cinquante-trois ans, elle avait presque soixante-dix ans. Où sont donc ces belles femmes entre les seins desquelles il se promenait, comme vous le prétendez, alors que l’ennemi, avant l’ami, reconnaît qu’il ne connaissait nulle autre fidélité qu’à la vieille dame avec qui il passa toute sa jeunesse ? Puis mourut son épouse Khadîjah dans une année qu’on surnomma l’Année de la Tristesse. Il amena alors chez lui une femme qui avait presque son âge et avec qui il émigra à Médine. Il est vrai qu’au cours des dix dernières années de sa vie, d’autres épouses furent réunies dans sa demeure. Qui sont-elles ? Un groupe de veuves abattues que les circonstances n’avaient pas ménagées. Elles n’étaient réputées ni pour leur beauté ni pour leur jeunesse, exception faite d’une vierge unique, la fille de son ami Abû Bakr, qu’il épousa dans le but de renforcer les liens qui existaient entre eux. Il épousa après elle Hafsah, la fille de son ami `Umar, alors qu’elle n’était pas réputée pour sa beauté. Son mariage avec elle après son veuvage avait pour but de la consoler, de lui apporter l’amour et l’affection dont elle avait besoin. Il épousa également Umm Habîbah, la femme qui avait émigré en Abyssinie. Il ne la vit pas lors de son exil, ce qui ne l’empêcha pas de connaître le degré de foi qui l’animait, et ce, malgré son père qui était alors le chef des idolâtres de la Mecque, et de connaître son attachement à l’Islam, et ce, malgré son époux débauché. Aurait-il dû alors l’abandonner à la tristesse et à la solitude ? Il envoya un messager en Abyssinie pour demander sa main et la soutenir dans son épreuve. Ainsi, à chaque fois que des circonstances fâcheuses s’en prenaient à une femme distinguée, il lui ouvrait ses bras, cependant que son désir pour elle était insignifiant. Les femmes qu’il allait épouser par la suite avaient bien compris cette vérité et elles avaient su que cette condition de vie surpassait la capacité de l’homme moyen. Aussi, certaines d’entre elles lui proposèrent-elles explicitement qu’il les épousât afin de devenir membres de la famille prophétique, se contentant uniquement de cet honneur, et cédant les droits qu’a une femme sur son mari. Le Messager les prit avec lui, répondant à un appel humain dénué de tout instinct charnel. Où se trouverait donc cet instinct alors que sa situation était celle-ci ? Au sujet du maintien de ces épouses qui acceptèrent le Messager malgré les privations qu’elles allaient connaître, de nombreux versets furent révélés, parmi lesquels : « Et si une femme craint de son mari abandon ou indifférence, alors nul grief contre eux s’ils se réconcilient par un compromis quelconque, et la réconciliation est meilleure » [4/128] ou encore « Tu fais attendre qui tu veux d’entre elles, et tu héberges chez toi qui tu veux. Puis il ne t’est fait aucun grief si tu invites chez toi l’une de celles que tu avais écartées. Voilà ce qui est le plus propre à les réjouir, à leur éviter tout chagrin et à leur faire accepter de bon coeur ce que tu leur as donné à toutes. » [33/51] Il ne pouvait agir autrement, car son instinct charnel avait disparu avec ce nombre conséquent d’épouses, nombre que lui imposèrent les circonstances que traversaient certaines Croyantes distinguées. Supposons, pour le plaisir de la controverse, que son attirance pour la beauté constituait le motif l’ayant amené à contracter certains de ses mariages. Serait-ce sous le siège maintenu contre la nouvelle religion et sous les crises étouffantes que subissaient les Musulmans en général et la famille prophétique en particulier que les Croyants et leur Prophète allait connaître le goût du repos ? Que bien dure est la vie des maîtresses de maison lorsque le maître de maison est le père d’une Communauté si importante et le protecteur des opprimés, des réfugiés et de ceux qui, nuit et jour, appellent au secours ! Il donnait à autrui ce qu’il avait, puis se couchait, avec ses épouses, l’estomac vide. Al-Bukhârî et Muslim rapportent que `Â’ishah dit : « Jamais la famille de Muhammad ne se reput de pain d’orge pendant deux jours consécutifs, et ce, jusqu’à la mort du Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui. » D’après Muslim, `Â’ishah dit : « Le Messager de Dieu mourut alors que jamais il ne se reput de pain et d’huile plus d’une fois dans la journée. » D’après At-Tirmidhî, Masrûq dit : « J’entrai chez `Â’ishah et elle m’invita à manger. Elle me dit : « A chaque fois que je suis rassasiée, j’ai envie de pleurer et ne peux me retenir. » D’après Al-Bayhaqî, `Â’ishah dit : « Jamais le Messager de Dieu ne mangea à sasiété plus de trois jours consécutifs. Alors que si nous le voulions, nous nous serions repus. Mais lui préférait donner ce qu’il avait plutôt que de le garder pour soi-même. » D’après At-Tabarânî, `Â’ishah dit : « Il ne restait jamais de pain d’orge sur la table du Messager de Dieu, que la quantité en fût grande ou petite. » Al-Hasan dit : « Le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — consolait lui-même les gens, à tel point qu’il fut amené à raccomoder son caleçon avec du cuir. » Que nombreux étaient alors les indigents frappant à la porte, demandant de quoi se nourrir et de quoi se vêtir ! Les gens pouvaient alors envahir la maison du Prophète longtemps avant la préparation du repas. Ou alors, ils restaient là, assis, longtemps après la fin du repas. Sans conteste, cette attitude importunait le Messager de Dieu — paix et bénédiction sur lui — qui se retrouvait gêné. Une révélation divine allait alors mettre fin à ce laisser-aller et à cette négligence. Dieu révéla : « Ô vous qui croyez ! N’entrez pas dans les demeures du Prophète, à moins qu’invitation ne vous soit faite à un repas, sans être là à attendre sa cuisson. Mais lorsqu’on vous appelle, alors, entrez. Puis, quand vous aurez mangé, dispersez-vous, sans chercher à vous rendre familiers pour causer. Cela faisait de la peine au Prophète, mais il se gênait de vous (congédier), alors que Dieu ne se gêne pas de la vérité. » [33/53]. Les épouses du Prophète — paix et bénédiction sur lui — se dépensèrent longuement avec lui pour être au service de la société, pour assurer l’éducation des Musulmans, pour venir en aide aux faibles et pour recevoir les délégations. Il était ainsi parfaitement anodin que le Prophète se levât à l’aube pour la prière, allât prier dans la mosquée puis revînt chez lui demander s’il y a avait de quoi il eût pu déjeuner. S’il ne trouvait rien, il entreprenait de jeûner. Parfois, il trouvait un peu de vinaigre, ce qui n’était pas pour le déranger outre mesure. Bien au contraire, il prenait avec satisfaction ce qu’il trouvait, s’exclamant : « Quelle excellente nourriture que le vinaigre ! » Tel est le mode de vie que les Européens prétendent être une vie de jouissance avec les femmes et une vie de luxure parmi elles... Où est donc ce monde de délices ? Toutes les biographies ont mentionné comment ces épouses éprouvèrent du chagrin face à cette vie de privations qui était la leur, comment elles se réunirent pour demander le changement de leur mode de vie et comment elles aspirèrent à une vie plus calme et plus heureuse... Lorsqu’elles furent surprises par la réponse tranchante qui leur fut donnée — l’acceptation de cette vie austère ou le divorce -, leur foi reprit pleine possession de leur cœur et elles préférèrent patienter jusqu’à l’au-delà pour goûter aux plaisirs dont elles étaient privées, elles préférèrent vivre sous l’ombrage de la prophétie que se presser vers les plaisirs de ce bas monde éphémère... La famille du Prophète devait vivre comme la famille la plus faible du monde. Ses épouses devaient supporter tout ce que supportaient les Emigrés (Muhâjirûn) qui avaient été expulsés de leurs maisons et de leurs biens, puis qui avaient survécu sur ce qu’on daigna leur offrir. Dieu — Exalté soit-Il — rétribua ces femmes pour tout ce qu’elles avaient donné en les nommant Mères des Croyants — qualificatif qui contient en soi aussi bien une responsabilité qu’un honneur. Existait-il une seule religion, qu’elle soit d’origine céleste ou d’origine terrestre, qui interdît la polygamie ? Ou qui la considérât comme suspecte ? Non ! Bien au contraire, les prophètes de l’Ancien Testament étaient accoutumés à une polygamie illimitée. On rapporte ainsi que Salomon épousa à lui seul trois cents femmes. Par ailleurs, rien dans le Christianisme n’interdit la polygamie. Will Durant évoqua dans son Histoire de la civilisation des péchés répugnants commis par des rabbins et des prêtres. Mais laissons de côté la religion et abordons plutôt la philosophie. Jetons simplement un coup d’œil aux philosophes grecs et à la manière dont vivaient ces maîtres de la pensée antique. Je ne voulais pas mentionner de telles bassesses mais j’ai vu que les calomniateurs qui s’en prenaient à Muhammad étaient aussi insolents que diffamateurs. Je me suis dit : Nul autre moyen que de prendre mon bâton... Mâjid Nasreddîn publia dans le journal jordanien Al-Liwâ’ un article intitulé « Pourquoi les intellectuels sont-ils aussi ébahis par un héritage culturel infesté de perversion sexuelle ? ». Citons de cet article la phrase suivante : « Les philosophes que certains considèrent comme leur modèle à suivre sont des homosexuels et des pervers, fiers de leur homosexualité et tirant orgueil de pouvoir coucher avec de jeunes garçons. » La femme de Socrate détesta celui-ci et prit en dégoût leur vie commune pour la raison que son époux était épris d’un de ses élèves. Platon, qui connut Socrate dans sa jeunesse, décrivit les penchants de son maître dans nombre de ses œuvres. Socrate était célèbre pour ce mal qu’il portait en lui, il était en outre accusé de corrompre les jeunes gens. Aristote prétendit que les homosexuels étaient, à son époque, en nombre équivalent aux hétérosexuels. Il décrivit cela en des termes que nous n’osons pas reproduire ici. La femme-écrivain, auteur du livre Le Sexe dans l’histoire, affirme : « La plupart des sociétés interdirent l’homosexualité, tout du moins l’ignorèrent. Sauf la Grèce, où la prostitution masculine était répandue et où l’on pouvait louer les faveurs des jeunes garçons. » La civilisation occidentale moderne a hérité des Grecs et des Romains une impudicité d’une bassesse honteuse. Néanmoins, et de manière malhonnête, elle ne prête guère attention à ses vices ni à la souillure qui est sienne du matin jusqu’au soir. Malgré tout cela, elle ose encore jaser sur le Prince des Prophètes, celui-là même qui enseigna aux nations la pureté et la chasteté ! Un individu me demanda avec étonnement : "Comment eut lieu le mariage de `Â’ishah, alors qu’elle était très jeune, avec un homme ayant dépassé la cinquantaine ?" Je lui répondis : "Question admissible et normale ! Mais, ton étonnement disparaîtra quand tu apprendras que la main de `Â’ishah avait été demandée par un autre prétendant avant Muhammad !" Bouche bée et les yeux écarquillés, il interrogea : "Comment cela ?" Je dis : Certains historiens relatent que Jubayr Ibn Al-Mut`am Ibn `Adî avait demandé la main de `Â’ishah. Il en parla avec ses propres parents qui acceptèrent dans un premier temps et se rendirent chez Abû Bakr pour sceller le mariage. Seulement, ils craignirent que leur fils n’abandonne la religion de ses ancêtres et se convertisse à l’islam influencé par sa belle-famille. Alors ils se donnèrent un peu de temps et jugèrent bon d’ajourner cette décision... Puis Khawlah Bint Hakîm vint voir Abû Bakr et lui dit que le Prophète - paix et bénédiction sur lui - allait demander la main de `Â’ishah. Abû Bakr se rendit alors chez Mut`am et lui demanda s’il voulait toujours la fiancer à son fils. Mut`am s’en excusa et lui donna carte blanche. Ainsi, Abû Bakr n’était plus tenu par aucune promesse et le mariage de Muhammad et de la fille de Abû Bakr fut scellé ! Il y a des filles qui mûrissent tôt. Un médecin m’a informé que la justice lui avait demandé d’évaluer l’âge d’une fille. Il estima son âge à dix-sept ans puis il s’avéra qu’elle en avait treize d’après son acte de naissance. Lorsque le Prophète consomma son mariage avec `Â’ishah, celle-ci était certainement nubile. Nous ne doutons pas que le premier motif de ce mariage était de renforcer les liens du noble Prophète avec son meilleur ami. C’est la même raison qui le poussa à épouser Hafsah Bint `Umar Ibn Al-Khattâb quand elle perdit son premier mari ! Hafsah n’était pas belle mais ce critère n’empêcha pas le second mariage ni ne motiva le premier ! Il y avait des raisons socio-politiques qui suggéraient le renforcement des liens familiaux d’une part et le soulagement de la détresse d’autre part, raisons qui motivèrent l’établissement de ponts entre le Porteur du Message et des adeptes et des familles épars dont regorgeait la Péninsule arabique à une époque de crise et de troubles... Untel pourrait dire : Admettons que la polygamie était coutumière dans les religions terrestres ou célestes jusqu’à la venue de l’Islam qui lui imposa des restrictions. Pourquoi le Prophète de l’Islam ne respecta-t-il pas le nombre maximal auquel se limitent les musulmans ? Les hadiths authentiques ne relatent-ils pas qu’il ordonna à un homme ayant dix épouses de n’en garder que quatre et de libérer les autres ? Je réponds : Bonne question ! Méditons ensemble la réponse ! Les six femmes divorcées avec cet homme avaient la possibilité de quitter leur foyer pour un autre et de se marier avec un autre homme de leur choix. Aucun homme n’aurait en outre été gêné d’épouser l’une d’elles. En revanche, que feraient les épouses du Messager étant donné que la révélation avait préalablement dit aux musulmans : "Vous ne devez pas faire de la peine au Messager d’Allah, ni jamais vous marier avec ses épouses après lui ; ce serait, auprès d’Allah, un énorme péché" [33/53]. Elles étaient devenues des mères pour les croyants en vertu du verset : "Le Prophète a plus de droit sur les croyants qu’ils n’en ont sur eux- mêmes ; et ses épouses sont leurs mères." [33/6] Or, un musulman ne peut épouser sa mère ! Eût-il été acceptable après tout cela de s’en séparer et de les laisser vivre dans la solitude et le désespoir ? Supposons à tort qu’une telle séparation eût été requise. Serait-ce la récompense divine pour des femmes qui supportèrent avec le Porteur du Message une vie austère et qui connurent avec lui les peines de l’état de siège imposé à sa Communauté ? Elles choisirent de rester en sa compagnie lorsqu’il leur donna le choix de le quitter et refusèrent de retourner dans leurs familles pour vivre dans des foyers où circulaient le beurre et le miel. Leur foi les poussa à rester dans cet environnement fait de prières nocturnes, de jeûne, et de lutte aux côtés du Prophète qui s’érigea pour combattre l’égarement dont le monde s’était empli. Leur récompense après une telle loyauté serait-elle de se débarasser d’elles ? Dieu permit qu’elles restassent et décréta qu’elles seraient les épouses exclusives du Prophète. Une loi spécifique fut émise : "Il ne t’est plus permis désormais de prendre d’autres femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît ; - à l’exception des esclaves que tu possèdes. Et Allah observe toute chose." [33/52] Je demande aux gens qui s’en prennent à Muhammad par le biais de cette prétendue faille dans sa vie : Est-ce un jugement spécial envers ce noble personnage ? Est-ce une tentative de le rabaisser lui en particulier ? Je sais parfaitement que de nombreux vices furent attribués aux Prophètes précédents et que les hommes pieux furent l’objet des pires accusations ! Le Prophète pur, Lot, ne fut-il pas accusé d’inceste avec ses propres filles une fois que le vin lui fit perdre la raison et d’avoir eu des enfants avec elles ? Le Prophète Jacob ne fut-il pas accusé d’avoir usrupé le statut de Prophète à son frère aîné Esaü en trompant leur père aveugle ? Salomon ne fut-il pas accusé de parcourir les rues de Jérusalem à la recherche de l’inconnue bienaimée pour l’emmener dans son lit et ce, en dépit des mille femmes qu’il possédait ? Cette recherche licencieuse s’étale sur plusieurs pages remplies de phrases inconsidérées sous le titre de Cantique des cantiques de Salomon ! Ceux qui sont intéressés peuvent le lire dans l’Ancien Testament... Malgré la folie qui s’était emparé des auteurs de ces pages, les accusés demeurèrent des Prophètes respectés ! Les juifs firent de Salomon un roi et quel roi ! Il est le bâtisseur du Temple qui est censé être reconstruit pour devenir la demeure du Seigneur, afin que se révèle Sa Beauté et qu’Il gouverne le monde entier par l’intermédiaire de Son peuple élu parmi les Enfants d’Israël !! Quant à Muhammad, cet homme connu pour ses jeûnes et ses prières nocturnes tout au long de son existence et qui, à la fin de sa vie, abrita quelques veuves désœuvrées qui vécurent auprès de lui avec le juste nécessaire, se consacrant à Dieu et à la demeure dernière, cet homme est le seul à servir de pâture et à voir les haines à son égard s’hériter de génération en génération, au point que l’OTAN se réunisse pour protéger ses pourfendeurs ! Et qui sont ses pourfendeurs révoltés ? Sont-ils des moines mordus par la dévotion et qui ont tu l’amour des femmes dans leur sang ? Sont-ils de ceux qui tuent leur passion pour obtenir l’agrément de Dieu comme ils le prétendent ? Non, ce sont des individus et des peuples qui ont bu la coupe des passions jusqu’à la lie et qui n’ont laissé aucune porte du plaisir sans l’avoir enfoncée, sans la moindre déférence ni la moindre gêne. La civilisation européenne s’est distinguée par le fait qu’elle a donné aux foules les plaisirs qui jadis étaient réservés aux rois et aux chefs. Le manant est désormais capable d’avoir des relations avec soixante-dix femmes. Dès qu’il goûte à une nouveauté, il en demande un supplément, aucune tradition ni aucune loi ne l’empêchant de s’adonner à ces bassesses. Et c’est dans ce milieu impur que l’on insulte Muhammad et qu’on le rabaisse ! Quelle est donc cette logique hautement injuste et inéquitable ? L’Islam n’a pas prescrit la polygamie car la polygamie ne se réduit pas à une recherche de plaisir. Elle requiert également que l’on possède des talents éducatifs et que l’on puisse entretenir une famille. Celui qui en est incapable, l’Islam lui recommande de jeûner. Nous adressons aux Européens une question inévitable : Quelle est la meilleure option, la polygamie autorisée par l’islam ou la fornication ? Je demande à toute personne équitable et honnête : Les sociétés européennes se contentent-elles d’une seule femme ou bien la multiplicité des partenaires est-elle une loi tacite à laquelle de nombreuses personnes se soumettent ? Une autre question : Est-ce la nécessité qui pousse à cette polygamie illicite, ou bien est-ce l’excitation et la séduction intentionnelles régnant dans la mixité absolue et les traditions de promiscuité sans fin qui sont derrière ce raz-de-marée de relations pécheresses ? Je conclus ce propos par une question tranchante : L’histoire a-t-elle connu un homme aussi droit, aussi noble, aussi respectueux des interdits, aussi éloigné de toute suspicion que Muhammad ? L’histoire a-t-elle relaté des festins donnés à son domicile, où sont dressés les banquets garnis de bouteilles de vins, d’apéritifs et de digestifs ? En réalité, les joncs de son tapis de sol marquaient son corps quand il se couchait ou s’asseyait et, quand il réussissait à avoir un peu de viande et de pain pour lui et pour ses Compagnons, cela était considéré comme une grande manne dont on aura à rendre compte le Jour de la Résurrection ! Ce Prophète, ce chevalier à la peau rèche, peut-il être accusé d’être de ceux qui baignent dans leurs passions ? Et par qui ? Par ceux qui sont éprouvés par le sida après l’avoir été par la syphilis et autres maladies de la débauche, des excès et de la déchéance ! Wa tâwalatil-ardus-samâ’a safâhataw-wa `ayyaratish-shuhubal-hasâ wal-janâdilu Wa qâlas-suhâ lish-shamsi anti da’îlatuw-wa qâlad-dujâ lis-subhi lawnuka hâ’ilu Fa-yâ mawtu zur innal-hayâta dhamîmataw-wa yâ nafsu jiddî inna dahraki hâzilu Traduction La terre, dans son insolence, se crut plus élevée que le ciel et la caillasse se moqua des météorites ! Alcor (étoile à peine visible de la Grande Ourse) dit au Soleil : "Tu es bien frêle !" et la nuit dit au matin : "Ta couleur est bien pâle !" Ô mort, rends-moi visite car cette vie est méprisable. Et ô âme travaille dur car ton échéance approche. Que font nos femmes ? Parmi les batailles réputées des Arabes, du temps de leur Ignorance première, il en est une du nom de dhû qâr. Les Perses venaient d’envoyer des troupes nombreuses vers la péninsule arabique. Les Arabes durent alors oublier leurs différends internes pour faire face à cette invasion si bien que les tribus lui opposèrent un front uni. L’Histoire relate que le chef arabe Handhalah Ibn Tha`labah ordonna de couper les sangles des palanquins surmontant les chameaux et fit descendre les femmes à terre pour qu’elles marchent derrière les combattants. Puis, il s’écria : "Que chacun de vous se batte pour sa compagne !" Ce cri suffit à attiser la détermination des combattants et à éradiquer tout substrat d’hésitation dans leurs esprits. Les Perses subirent une défaite cuisante et se retirèrent... De même, lors de la bataille de Uhud, les femmes des polythéistes suivirent l’armée mecquoise qui cherchait vengeance de leur précédente défaite lors de la bataille de Badr. Elles incitaient les hommes à la guerre en chantant : Si vous allez de l’avant, nous vous prendrons dans nos bras et étalerons nos beaux draps ! Mais si vous faites volte-face, nous vous quitterons et ne vous témoignerons aucune affection ! Ainsi les femmes jouaient-elles un rôle dans les victoires militaires et étaient au fait des enjeux de la société grands et petits. Ceci se manifesta également au début de la révélation. Abû Lahab, l’oncle du Prophète, œuvrait avec sa femme à démentir le révélation et résister à l’islam avec férocité et rancune ! Cette femme appelait le Prophète "Mudhammam" et non "Muhammad" [antonymes] et disait : mudhammaman abaynâ wa dînahu qalaynâ wa amrahu `asaynâ Traduction : Nous refusons Muhammad, rejetons sa religion et désobéissons à son ordre. Dans cette campagne enragée, elle alla partout dans les réunions de Quraysh insultant, injuriant, propageant la dissension et soutenant la mécréance. Alors, la révélation divine dit à son sujet : "Et sa femme, la porteuse de bois, porte à son coup une corde de fibres" (Sourate 111, Les Flammes, Al-Lahab, versets 4 & 5). En réalité, cette femme faisait partie de la noblesse de Quraysh et n’avait pas pour métier de transporter le bois. Il s’agit d’une métaphore comparant ses efforts à semer la discorde, à répandre les immondices et à raviver les inimités contre l’islam à celui qui apporte du bois pour attiser le feu ! Je me dis : Si l’égarement possède des femmes qui le soutiennent avec autant d’ardeur, et qui adoptent ses causes avec cette force, pourquoi la foi serait-elle privée d’une activité féminine pouvant s’opposer à l’égarement et lui tenir front ? La chute du dernier rempart musulman en Andalousie est due à Ferdinand et Isabelle, un homme et une femme qui s’épaulèrent pour mettre à terre l’étandard du monothéisme ! Or, il y a des milliers et des milliers de femmes musulmanes capables de servir la foi comme ces mécréantes ont pu servir l’égarement. Pourquoi les empêche-t-on de se rendre utiles ? L’année dernière, la femme du candidat démocrate aux élections présidentielles aux Etats-Unis déploya des efforts colossaux pour soutenir son époux au point que sa victoire semblait acquise. Etant donné qu’elle était juive, on pensa que la maîtresse de la Maison Blanche sera l’alliée d’Israël ! Mais Dieu voulut que la victoire soit républicaine. Cette femme sombra alors dans une dépression et chercha refuge dans l’alcool au point d’être admise à l’hôpital pour cause d’alcoolisme. Je m’étonnai : Quelle dévouement à la tâche ! Quelle implication ! Pourquoi nos femmes n’œuvrent pas au service des valeurs islamiques avec autant de zèle ? Qui les en empêche ? En vérité, seuls des gens qui ignorent ce qu’est l’islam les en empêchent. Combien est-ce magnifique lorsque les époux s’épaulent et s’entraident dans la réalisation des valeurs nobles et de la belle éthique ! Sa`d Ibn Nâshib était un homme au tempérament violent et à la parole dure, ce qui déplut à son épouse. Celle-ci lui reprocha son agressivité et la dureté de son verbe ! Il dit en guise de plaidoyer pour son passé et expliquant la réalité de ce qu’il était : Umm `Amr me reproche mon agressivité et ma dureté mais elle (en) ignore (les raisons) ! Je lui dis : le noble aussi patient soit-il fait face bien malgré lui à des circonstances bien amères. Je ne manifeste aucune rudesse envers ceux qui sont doux avec moi. Je suis seulement rebelle à toute coercition ! Ceci est une belle excuse mais l’essentiel dans cette histoire c’est le conseil prodigué par l’épouse à son mari et son souci pour son bien et sa santé ! Un autre homme était si généreux qu’il faisait don d’un chameau entier au mendiant qui demandait l’aumône. Il disait à son épouse : "Prépare une corde au mendiant afin qu’il conduise le chameau que je lui donne" et lui interdisait de lui faire de reproche : Ne me blâme pas pour ma générosité et prépare une corde pour chaque chameau lorsque viendra son acquéreur Je ne connais guère de meilleure fortune que les chameaux[...] Son épouse, Laylâ, lui fit une réponse lourde de sens aux yeux des généreux et des nobles : Je prêtai serment, ô fils de Qahfân, par Celui qui garantit la subsistance dans la vallée aussi bien que dans la montagne. Je n’aurai de cesse de préparer des cordes tant que les chameaux marcheront sur leurs pattes. Sois donc généreux et ne refuse rien aux nécessiteux, j’ai pour eux des mors et les griefs ont cessé. Ces exemples de la société arabe première illustrent les vertus de l’altruisme et de la bienfaisance qui s’étaient répandues en son sein et qui préservaient son équilibre. La famille était la source de sa stabilité et de son intégrité, ce qui n’étonne guère puisque la famille forte est le support de la société forte et le premier garant de ses valeurs... Puis, l’islam vint encourager la femme à dépenser généreusement de l’argent du foyer - sans tomber dans l’excès préjudiciable évidemment. Ainsi rapporte-t-on de la part de la Mère des Croyants Aïshah que le Messager de Dieu dit : "Lorsque la femme fait l’aumône de l’argent de son mari, elle en récolte la rétribution ; une rétribution égale revient à son mari. Elle est rétribuée pour sa générosité et lui pour son apport. Il en est de même de l’intendant sans que cela ne réduise leur rétribution respective." Asmâ’, la fille d’Abû Bakr le Véridique, rapporte avoir dit au Messager : "Ô Messager d’Allâh, je ne possède pas d’argent bien à moi si ce n’est ce que rapporte Az-Zubayr - c’est-à-dire l’argent qu’il ramène à la maison - y a-t-il un quelconque mal à ce que j’en fasse l’aumône ?" Il répondit : "Fais l’aumône autant que tu peux et ne restreins pas tes dons afin qu’Allâh ne restreigne pas Ses Dons envers toi." Nous nous interrogeons sur la famille arabe aujourd’hui : A-t-elle gardé les traditions de générosité et de dépense en faveur des nécessiteux et des œuvres caritatives ? Ou bien a-t-elle été gagnée par les traditions qui lui viennent d’occident et qui sont fondées sur l’individualisme et l’avarice ? Les hommes peuvent-ils toujours lever leur nez avec fierté d’être les protecteurs de leur honneur et les défenseurs de leurs familles ou bien ont-ils été infiltrés par la froideur des traditions européennes et américaines au point de donner naissance à une nouvelle génération arborant une logique différente ? Je constate aujourd’hui que les femmes tirent une fierté de posséder des dizaines de robes et d’être en accord avec la dernière mode, sans parler de toutes les sortes de maquillages, d’accessoires, de divertisssements et de moyens de séduction... Du temps de l’Ignorance arabe, nous avions des valeurs plus nobles dont Hâtim At-Tâ’î trace les contours en s’adressant à son épouse : Lorsque tu sers le repas, cherche quelqu’un pour en manger car je n’en mangerai jamais seul ! Trouve un frère, ou un voisin, car je crains la médisance dans ma postérité. Je suis certes le serviteur de l’invité aussi longtemps qu’il restera et c’est bien le seul trait de servitude que je porte en moi ! Que c’est beau que les époux soient tous deux des poètes ou des savants ou qu’ils soient tous deux généreux ou courageux ! Ainsi, lorsque l’un d’eux est sujet à un doute passager ou à une suspicion malheureuse, son conjoint vole à ses côtés, l’épaule et le guide vers la bonne voie. Une femme qui vaut mille hommes De nombreuses générations de savants d’Al-Azhar diplômés de la faculté des fondements de la religion sont redevables moralement et matériellement à une femme généreuse qui jadis dédia son argent à Allâh et fit construire des institutions dont le bien abonde depuis des dizaines d’années et cela durera jusqu’au terme fixé par la volonté divine. Je fus l’un des gens qui profitèrent de ce don abondant. En effet, je m’inscrivis à cette faculté il y a un demi-siècle ou plus et j’y suivis les enseignements de la bouche de grands savants d’Al-Azhar et des leaders de la pensée islamique qui avaient l’opportunité d’enseigner dans les salles du bâtiment construit par la Khâzindârah en annexe de sa grande mosquée prestigieuse ! Les études étaient inaugurées au début de l’année par une cérémonie mouvementée dans la grande mosquée où nous écoutions aux recommandations de quérir le savoir pour l’agrément d’Allâh et non pas pour un intérêt de ce monde ni un prestige espéré, nous rappelant les Imâms des sciences islamiques et leur jihâd pour éduquer les peuples et protéger la vérité... Puis, chacun de nous regagnait sa classe pensant au vers d’Abû Al-`Alâ’ décrivant un juriste hanafite : Il dépensa sa vie dans la dévotion, quêtant le savoir par la recherche de son fondement et avec grand soin ! Mais qui est la Khâzindârah qui fit construire notre faculté ? On n’en sait rien ! Les milieux dans lesquels nous vivions dans le passé avaient convenu de taire les noms des femmes et l’on ne pouvait divulguer le nom de la mère ni celui de l’épouse ! Les croyants ne pouvaient tomber dans un tel écueil. Sait-on jamais si le nom est une `awrah au même titre que la voix !! La religion est-elle à l’origine de ce sentiment ? Non car au début de la noble mission prophétique, le saint Prophète s’écria du haut du Mont Safâ - comme nous le vîmes précédemment - interpelant Safiyyah Bent `Abd Al-Muttalib et Fâtimah Bent Mohammad et les exhortant à la connaissance de Dieu et à la foi en Lui seul ! La mention des noms des femmes n’était ni honteux ni ne suscitait de charivari ! La religiosité corrompue peut éloigner de la fitrah autant, sinon plus, que ce que perpètrent les viles ignorances. Après cette digression, revenons à la faculté et à la mosquée de la Khâzindârah. La faculté était consacrée aux études conduisant au diplôme supérieur. Les études plus poussées se faisaient au sein de cercles à l’intérieur même de la mosquée, des cercles réduits par nature. Je me rappelle encore l’image de Sheikh Amîn Khattâb, le président adjoint de l’assemblée legislative d’Egypte, pendant ses cours de `ilal al-hadîth. Il était - qu’Allâh lui fasse miséricorde - un homme aux larmes abondantes et extrêmement pieux entouré par ses étudiants recueillis comme dans une prière ! Vu que le nombre d’étudiants avait beaucoup augmenté, le besoin de s’installer dans un local plus spacieux se fit sentir. Et là j’entendis quelqu’un annoncer : On va annexer le bâtiment de l’orphelinat à celui de la faculté. Je ne saisis pas tout de suite de quoi il s’agissait. Puis, je compris que cette dame généreuse avait fait construire un orphelinat pour abriter les orphelins, les nourrir et les vêtir et avait consacré à cet effet une partie de sa fortune à la hauteur des besoins des nécessiteux ! Pour une raison quelconque ce testament n’avait pas été appliqué ! L’un ironisa : "Il n’y avait peut-être pas d’orphelins !" Je sentis alors qu’une foule d’objectifs nobles se perdaient dans le désordre de l’exécution, les défauts de l’administration et la perte de la relation avec Allâh... Les donateurs firent beaucoup alors que les gens chargés de la mise en oeuvre manquèrent à leur mission et la trahirent... Et, comme les épreuves des uns font le bonheur des autres, nous emménageâmes dans l’orphelinat vide et suivîmes nos cours dans ses salles vides. Je suis convaincu que cette dame qui rendit ce service recevra son entière rétribution sans le moindre iota en moins car elle fit tout ce qui était en son pouvoir et se rapprocha de Dieu autant que faire se peut... Ce qu’autrui fit de son legs les inquiétera eux le jour dernier : "le jour où tout âme retrouvera tout le bien qu’elle avait accompli et aurait souhaité être séparée de très loin du mal qu’elle avait commis" Alors que nous recevions les cours dans le bâtiment de la Khâzindârah, nous commençâmes à entendre les bruits de construction d’un grand bâtiment et nous demandâmes ce que cela pouvait être. On nous répondit : l’hôpital de la Khâzindârah ! A vrai dire, je fis des invocations du plus profond de mon coeur pour cette femme pieuse ! Elle construit un institut, une mosquée, un orphelinat et un hôpital ? Elle répand le savoir, protège le culte, élève les orphelins et soigne les malades ? Quel coeur pur résidait dans la poitrine de cette femme qui fit à Dieu un prêt honorable et épargna auprès de lui de quoi avoir un visage grâcieux "le jour où tu vois les croyants et les croyantes, leur lumière se répandant entre leurs mains et à leurs droites. Bonne nouvelle à vous que ces jardins sous lesquels s’écoulent les fleuves". En réalité, les femmes pieuses sont nombreuses dans notre histoire. Elles ne furent avares ni de leur argent ni de leur temps sur la voie de Dieu. Elle accomplirent en silence des oeuvres dont beaucoup seraient incapables. Les chercheurs dans les entrailles de l’histoire pourront trouver des noms dissimulés et privés de renommée et ayant mérité auprès de Dieu un rang élevé que personne d’autre n’atteindrait... Un jour, nous apprîmes que la moitié de la grande mosquée allait être réquisitionnée pour l’agrandissement de la rue de Shubrâ. Ceci eut lieu dans l’ère républicaine du temps de monsieur `Abd Al-Latîf Al-Baghdâdî. Les foules sentirent que le culte de Dieu était piétiné et que l’illustre mosquée allait être démembrée et disparaître. Les masses de musulmans tonnèrent que la mort leur était préférable et décidèrent de périr pour sauver la mosquée. J’étais à l’époque fonctionnaire au ministère des awqâf [legs]. Je me rendis au bureau de Sheikh Al-Bâqûrî pour avoir des nouvelles. L’homme avait la mine déconfite et triste. Il percevait l’agression sur la mosquée comme une agression sur sa personne et sur l’islam à la fois et fut réconforté par la réaction des foules et la tension de la situation... Finalement, le président `Abd An-Nâsir empêcha la démolition de la mosquée et se mit à l’abri de la colère du public et des poussières épaisses qui auraient noirci le visage des révolutionnaires ! En revanche, l’hôpital construit par cette dame de grande qualité au service des musulmans fut transféré par un décrêt de la présidence de la révolution du cercle islamique à un cercle plus étendu. `Abd An-Nâsir le mit au service de toutes les religions c’est-à-dire pour servir les religieux et les non-religieux comme les communistes et les existentialistes etc. On visait ainsi à priver l’islam d’institutions propres qui octroient le réconfort pour ses adeptes et préservent son présent et son avenir. Ceci se réalisa avec l’hôpital et l’orphelinat. Quant au bâtiment de la faculté, il fut utilisé pour les études des sciences du Coran et la mosquée demeura une destination pour les gens même si ses murs et ses meubles étaient dans un piteux état et que sa beauté s’était éteinte et n’était plus que souvenir. Qu’Allâh fasse miséricorde à la Khâzindârah qui confia sa fortune à Allâh et fit le jihâd sur sa voie en fournissant des soins aux malades, de la nourriture aux affamés, du savoir pour ceux qui le quiérissent. Puisse-t-Il inspirer les hommes et les femmes de suivre son exemple. Deux femmes exceptionnelles La Mère des Croyants Khadîjah était une femme très clairvoyante. Elle connaissait parfaitement le caractère des hommes. Elle savait reconnaître un métal précieux et ne se laissait pas tromper par une fausse peinture ! Il se peut que son travail dans le commerce ait formé chez elle cette capacité car les commerçants sont parmi les meilleurs connaisseurs de la psychologie humaine ! Au cours de son travail dans le commerce, elle fit la connaissance de Muhammad - que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui - et le demanda en mariage. Muhammad n’était pas inconnu des Arabes. La noblesse de son comportement faisait l’unanimité et lui valait beaucoup d’admiration. Et il arrive souvent que la noblesse du coeur tout comme la luminosité du visage soient une base pour l’appréciation générale et une chose qui fait l’unanimité. Mais, après son mariage, Khadîjah eut une meilleure connaissance de son homme et réalisa le niveau de perfection qu’il avait atteint ! Ainsi lorsqu’il lui raconta ce qui lui était arrivé dans la caverne de Hirâ’, elle préjugea du futur en connaissance de son passé. Elle jura alors qu’un homme comme lui ne peut s’égarer et qu’il était impossible que Dieu délaisse un homme à qui il a octroyé tant de noblesse et d’honneur. Elle dit : "Par Allâh, Allâh ne te déshonorera jamais. Tu es toujours véridique dans ton discours. Tu entretiens tes liens de parenté. Tu voles au secours du faible. Tu donnes au nécessiteux. Tu es hospitalier avec ton invité. Tu prêtes main forte dans les causes justes et tu restitues les dépôts." Dieu ne déshonore pas un tel homme ni dans ce monde ni dans l’au-delà ! Un tel homme est immunisé contre les attaques du diable. "Tu n’as aucun pouvoir sur Mes serviteurs et Dieu suffit comme Assistant"... Khadîjah faisait partie de la haute société de Quraysh c’est-à-dire le sommet de la société arabe. Elle était également la première femme à croire en sa mission. Mais l’islam est une religion universelle destinée à toutes les catégories sociales. Si le cœur des riches y trouvent un attrait, les masses défavorisées l’embrassent et en attendent beaucoup de bonheur. Les maîtres et les esclaves y occupent la même place. Ainsi Abû Bakr, l’homme fortuné, embrassa cette religion tout comme Bilâl l’esclave affranchi. Et cUmar, le majestueux, de renchérir à leur sujet : "Notre maître Abû Bakr a affranchi notre maître (Bilâl)" !! Il n’y a aucune caste dans cette religion mais il y règne plutôt une fraternité générale. Si Khadîjah était la première croyante et faisait partie des grandes maisons de Quraysh, la première femme ayant reçu l’honneur du martyr fut Sumayyah la mère de `Ammâr, elle qui vient d’une maison opprimée sans beaucoup de valeur. Les épreuves que Dieu fait subir à Ses serviteurs sont très variées. Il éprouve par la célébrité et par l’anonymat, par la fortune et par la pauvreté, par la santé et par la maladie et ce qui compte c’est la fin. On relate que `Uthmân, qui était un homme influent à Quraysh, dit : "Alors que je marchais dans le désert en compagnie du Messager de Dieu, nous vîmes `Ammâr, son père et sa mère en train d’être torturés sous le soleil ardent afin qu’ils abandonnent l’islam ! Le père de `Ammâr dit au Prophète : Ô Messager de Dieu, est-ce pour l’éternité ? (cette torture) Il lui répondit : Patience, ô famille de Yâsir ! Dieu, pardonne aux Yâsir, et tu leur as a en effet pardonné !" Ensuite, les chefs de la jâhiliyya vinrent jouir du spectacle de la torture. Parmi eux, il y avait Abû Jahl qui s’irrita à la vue du courage de la femme et son endurance face à l’épreuve. Alors, il déchiqueta son utérus d’un coup de lance mortel planté dans son bas ventre. Elle fut ainsi le premier martyr tombé pour l’islam... Puis, le châtiment divin se fit attendre longtemps jusqu’au jour de la bataille de Badr. Le petit pharaon sortit alors pour combattre les croyants et c’est là que le destin lui envoya deux adolescents musulmans le combattre jusqu’à ce qu’ils eurent triomphé de lui ! "Nous vous envoyâmes un messager, témoin de vos actes, comme nous envoyâmes un messager à Pharaon. Mais Pharaon désobéit au messager alors Nous Nous en saisîmes terriblement." J’éprouve une énorme admiration pour la première croyante de l’islam et pour la première femme martyr. |
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