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Le sacrifice dans l'histoire
Dieu — Exalté soit-Il — dit au sujet des deux enfants d'Adam, Abel et Caïn : « Récite-leur encore l'histoire des fils d'Adam, en vérité, lorsque tous deux offrirent une oblation : accueillie de la part de l'un d'eux, elle ne le fut pas de l'autre. » (5/27) Il dit également au sujet des Juifs : « À ceux qui disent : “Dieu a requis de nous pacte de ne croire à aucun envoyé tant qu'il ne nous produirait pas une offrande que dévorât le feu (céleste)” » (3/183) La production d'offrandes fut une pratique courante chez les Juifs pour reconnaître la véracité des prophètes, puis abrogée par Jésus le fils de Marie, conformément au rapport d'Al-Qurtubî. (Tafsîr Al-Qurtubî, volume 4, page 296) Les historiens disent que les oblations consistaient à offrir des animaux, puis cette pratique s'étendit au sacrifice d'êtres humains. Il se peut même que la vision d'Abraham qu'il sacrifiait son fils procède de cette pratique. Le Très-Haut dit : « Quand celui-ci eut l'âge d'aller avec son père, son père lui dit : “Mon fils, je me suis vu en songe en train de t'immoler. Qu'en penses-tu ?” Il dit : “Mon père, fais ce qui t'est ordonné. Tu me trouveras endurant si Dieu veut.” » jusqu'à ce qu'Il dise : « Nous le rachetâmes par un prestigieux sacrifice. » (37/102-107) De même, le sacrifice humain était connu chez les Arabes avant l'avènement de l'islam. On relate que 'Abd Al-Muttalib fit vœu de sacrifier l'un de ses enfants, si Dieu lui en donnait dix. Le tirage au sort désigna son fils 'Abd Allâh, le père du Prophète — paix et bénédictions sur lui —, mais les Quraysh l'empêchèrent de le sacrifier de peur que cette pratique devienne une tradition. Cette affaire se dénoua par le sacrifice de cent chameaux à la place de l'enfant. Al-Hâkim rapporta selon Mu'âwiyah qu'un bédouin s'adressa au Messager — paix et bénédictions sur lui — lui disant : « Ô fils des deux sacrifiés ». Le Prophète sourit et ne s'en offusqua point. Les deux sacrifiés dont il est question sont Ismaël le fils d'Abraham et 'Abd Allâh le fils de 'Abd Al-Muttalib. Dans l'Égypte ancienne, certains notables sacrifiaient leurs épouses et leurs esclaves et l'on brisait les lances et les flèches près de leurs tombes, afin qu'ils aillent dans l'au-delà complètement purifiés sans armes ni courtisans. On enterrait avec eux des miniatures de leurs maisons, de leurs commerces, de leurs serviteurs et de leurs troupeaux. Puis les sacrifices humains disparurent cédant la place au sacrifice des animaux et de poupées faites en croûte de porc ; la pratique légendaire consistant à offrir une jeune vierge en sacrifice au Nil lors des crues est une sorte de sacrifice humain envers les divinités. Ce genre de pratique n'était pas confiné à l'Égypte, on le retrouve dans tous les bassins fluviaux : à Sumer, en Irak, en Chine et en Inde. Puis, au sixième siècle avant Jésus-Christ, Bouddha apparut en Inde et Confucius en Chine, en conséquence de quoi les sacrifices furent limités aux animaux. Les sacrifices humains ne disparurent pas totalement pour autant. À Rome, il y eut une procession humaine sanglante au cours de laquelle Rome sacrifia aux divinités le fleuron de sa jeunesse lorsque Hannibal envahit le Sud de l'Italie et ce, deux siècles et demi avant Jésus-Christ. De même, les Juifs offraient des sacrifices au Dieu « Yahvé » pour remercier et demander pardon lors d'un festival imposant tenu au Temple sous l'égide des prêtres ; le jour du Shabbat — le jour de repos — se tenait un festival spectaculaire à cette fin. Jusqu'au temps de la scission, le Judaïsme était une religion de peur et de terreur où les sacrifices humains avaient cours. Ainsi le Roi Âkhadh (Achazia) sacrifia-t-il son fils à Dieu, puis les prêtres modifièrent le protocole du sacrifice autorisant l'être humain à sacrifier une partie de son corps, par le biais de la circoncision car cela suffisait à satisfaire la Divinité. Enfin, par la bénédiction des prêtres, les sacrifices évoluèrent vers l'offrande d'animaux et de végétaux. La Bible recèle de nombreux récits de sacrifices, comme celui d'Abel et Caïn, ou encore celui où le Roi Jephté offrit sa fille en sacrifice d'holocauste (Le Livre des Juges, 20—40.). La crucifixion du Christ est pour les Chrétiens le sacrifice par excellence et est désignée symboliquement par l'offrande d'un agneau. Les Catholiques et les Orthodoxes utilisent l'ostie, les cierges et les statues en guise d'offrande. Dans l'Arabie anté-islamique, les bestiaux étaient sacrifiés à la Ka'bah et immolés au nom des dieux ; les murs de la Ka'bah étaient parfois badigeonnés du sang des sacrifices. On accrochait des guirlandes au cou des bêtes destinées au sacrifice afin de les distinguer : « Ô les croyants ! Ne profanez ni les rites de Dieu, ni le mois sacré, ni les animaux de sacrifice, ni les guirlandes » (5/2) Le Très-Haut dit : « À chaque communauté Nous avons assigné un lieu rituel afin qu'ils invoquent le nom de Dieu sur la bête de troupeau qu'il leur a attribuée » (22/34) |
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