Les parents du Prophète (As-Souyouti)
Introduction Les louanges sont à Allah, le Normalisateur de toutes les divergences. Que Sa bénédiction et Sa miséricorde soient sur notre seigneur Muhammad , l'Envoyé, porteur des versets explicites, ainsi que sur sa communauté, ses compagnons et ses nobles épouses [...]. Les Parents du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) seront innocentés et ils n'iront pas en enfer. Telle est l'intime conviction de nombreux savants. Leur conclusion procède de plusieurs analyses. Après l'influence de la philosophie grecque et celle de la mythologie judéo-chrétienne, les vaines polémiques (jidâl) sont, sans aucun doute, l'un des maux les plus néfastes dont la communauté musulmane ait eu à souffrir. C'est très souvent à partir de thèses empruntées à ces deux courants de pensée, et aux affinités religieuses condamnables de leurs initiateurs, que sont nés, en Islam, les principales sectes et mouvances religieuses. De tout temps, les théologiens sunnites ont été confrontés à leurs débats stériles et à leurs arguments controuvés ; lesquels ont fait se perdre de nombreux musulmans sincères dans ce type de controverses inutiles. Le Coran et la Tradition prophétique interdisent formellement d'invoquer Allah en faveur d'une personne, dont il est établi qu'elle est décédée incroyante. Comment peut-on penser que les plus grands spécialistes du Coran, du Hadith et de la jurisprudence, aient pu contre venir à cette interdiction, en faisant bien plus qu'une invocation pour les Parents du Prophète, mais une véritable plaidoirie ! II semble, qu'à l'époque de l'imam as Suyûtî [xve siècle], les gens n'aient argumentés que de la seule thèse mu`tazilite et d'un hadith de Muslim. Cependant, il existe une troisième argumentation, initiée, semble t'il, par l'imam an-Nawawî. Selon ce dernier argument, tous les gens ayant vécus durant la période de la « Fatra » - c'est-à-dire la période comprise entre la venue de `خsâ [Jésus] à celle de Muhammad n'étaient pas dans une totale ignorance, puisque deux Livres avaient précédé le Coran : la Thora et l'ةvangile. Et, que tant que Muhammad n'était pas paru, ces révélations restaient en vigueur. Cet argument est rejeté, avec beaucoup de brio, par l'imam as-Suhaylî, l'une des références privilégiée d'as-Suyûtî, avec Ibn Hajar et Fakhr ad-Dîn ar-Râzî. Néanmoins, il n'est pas fait état des circonstances historiques ayant conduit à l'anathème, prononcé par Allah - Exalté soit-Il -, contre les Juifs et les Chrétiens. Les raisons ayant conduit à la caducité de ce qui subsistait de la Thora et de l'ةvangile, à l'époque des Parents du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) - qu'Allah lui accorde la Grâce et la Paix -, ne figurent pas non plus. Nous avons donc jugé utile de consacrer un appendice à ce sujet à la suite de la thèse d'as-Suyûtî. Le maître a consacré six thèses (risâla), à ce seul sujet. Toutes sont des fatwâs : 1. Mâsâlik al-hunafa fî wâlidayy al-mustafa. 2, At-ta'zim wa-l-minna fi an abaway ar-rasûl fi-l-jânna. Plus concise, elle est principalement consacrée à la Mère du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) - qu'Allah lui accorde la Grâce et la Paix -. Elle est un complément utile à la première, si ce n'est qu'elle est destinée à un publique averti et suffisament instruit des sciences du Hadith, puisque pour l'essentiel il s'agira de l'improbation (jarh) ou l'approbation (ta'dîl) des rapporteurs des hadiths auxquels il se réfère dans ses six ouvrages. 3. Nashr al-`alamayn fi ihyâ al-abawayn ash-sharîfayn. ةgalement très concise, elle porte sur la fiabilité des hadiths et résume certains thèmes abordés dans la première. 4. Ad-durûj al-munîfâ fi-l- abâ ash-sharîfâ. Très concise, elle est un résumé de la première. 5. Al-maqâma as-sundusiyva fi nisbati al-mustafwiya. Son titre indique qu'elle est rédigée en vers (stations). Dans son édition, H. M. Makhlûf la cite sans en donner le texte. 6. As-subul al jaliyya fi-l-abâ al-`illiya. ةgalement très concise elle est un résumé de la première.
Aucune révélation n'est parvenue aux parents du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) - que la paix et le salut d'Allah soient sur lui -. Ils sont des gens de la "Fatra" : communauté avant vécu durant la période comprise entre la venue de deux prophètes. Ils n'ont pas adhéré aux convictions religieuses païennes des Arabes, à l'époque du paganisme (al- jahiliya). Aucune preuve attestant qu'ils vouaient un culte aux idoles n'existe. Plusieurs aguments démontrent qu'ils furent des Hanifs, des héritiers spirituels d'Abraham - que la paix et le salut d'Allah soient sur lui -. Il n'est point de sanction avant la venue d'un messager Les Parents du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) sont décédés avant la prophétie [de leurs fils], et il n'est point de sanction avant cela, selon le verset : « et Nous n'avons jamais châtié [personne] avant l'envoi d'un messager. » Sourate 17 : Le voyage nocturne (Al-Isra) verset 15. Nos maîtres parmi les imams ash'ârites, qu'ils soient, partisans de la réflexion scolastique (kalâm), des sciences fondamentales (usûl) ou juristes (fuqahâ) shâfi'îtes, s'accordent à dire que tout individu décédé avant que le message prophétique ne lui soit parvenu n'ira pas en enfer, que l'on ne peut exécuter une personne sans l'avoir préalablement invité à adopter l'Islam et que, si elle est mise à mort sans que cette condition ait été remplie, une expiation et le prix du sang seront dues (1). (1) Kaffâra : Expiation par un jeûne ou en nourrissant un nombre déterminé de pauvres. Diya : Prix du sang. Compensation pécuniaire d'un montant variable selon le rang de la victime et les conditions du décès. Ainsi se sont prononcés l'imam ash-Shâfi'î et la totalité de ses partisans. Certains d'entre eux disent même que la loi du talion doit être appliquée, mais ceci n'est pas exact, car la victime n'est pas musulmane au sens juridique du terme et la loi du talion implique la réciprocité. Cependant, d'autres juristes considèrent que si l'intéressé meurt, il ne sera pas châtié. Pour eux, il est décédé avec les convictions propres à la nature originelle (Fitra). Qui plus est, sans avoir manifesté d'aversion [pour Allah], et sans qu'aucun prophète ne soit venu à lui dont il aurait dénigré la Révélation. Cette argumentation, de notre maître le Sheikh al-Islam Sharaf ad-Dîn al-Munâwî, est la première qui me soit parvenue concernant ce sujet. On demanda au Sheikh [al-Munâwî] si le Père du Prophète était en enfer. Quelqu'un lui dit : « Est-il attesté qu'il était Musulman ? » Stupéfait, le Sheikh rétorqua : « II est décédé pendant la "Fatra" et il n'est point de sanction avant qu'un prophète ne soit suscité. (2) » Le petit-fils d'Ibn al-Jawzî l'a rapporté ainsi d'après plusieurs personnalités dans son livre intitulé Marât az-Zamân. Il rapporte également le commentaire de son grand-père concernant le hadith relatif à la résurrection de la Mère du Prophète et il écrit : « Certains font valoir le verset : « et Nous n'avons jamais châtié avant l'envoi d'un messager » et puisque la Révélation n'est parvenue ni à son Père ni à sa Mère, par conséquent quel est leur péché ? » Al-Ubay se détermina ainsi dans le commentaire du Sahîh Muslim. Je ferai état de son opinion ultérieurement. Concernant les gens ayant vécu pendant la Fatra, il existe des hadiths selon lesquels ces gens subiront une épreuve au Jour du Jugement. Certains versets du Coran indiquent qu'ils ne seront pas châtiés. Telle est l'opinion du Hâfiz (3) de son temps, le Sheikh al-Islâm Abû-l-Fadl ibn Hajar al-`Asqalânî. Dans certains de ses livres il écrit : « Concernant les aïeux du Prophète décédés avant sa prophétie, on peut penser qu'il leur sera donné d'obéir comme il convient lors de l'épreuve, eu égard à sa Personne ( FPRIVATE "TYPE=PICT;ALT=" ), afin qu'il s'en réjouisse. » J'ai lu dans son livre al-Isâba : « Selon un nombre considérable de rapporteurs, il est dit en faveur du vieillard n'ayant plus ses facultés, des gens décédés pendant la Fatra, de ceux nés sourds, muets et aveugles, de ceux mentalement déficients à leur naissance ou qui le seraient devenus avant la puberté et de tous ceux que l'on peut leur assimiler, que tous ces gens argumenteront de leur handicap au Jour du Jugement. Chacun dira : "Si j'avais eu ma raison ou pu méditer, j'aurai cru." L'Enfer leur sera alors présenté, il leur sera ordonné : "Entrez !" ہ celui qui aura obéi, ses flammes seront fraîches et salutaires. Quant à celui qui n'aura pas obtempéré, il y sera précipité de force. Tel est le sens [des hadiths] rapportés à ce sujet. Nous avons réuni dans le même chapitre tous ses rapporteurs. Nous espérons que [le grand-père du Prophète] `Abd al-Muttalib et les membres de sa maison seront du nombre des gens de la Fatra, qu'ils obéiront à l'injonction et seront sauvés. Concernant [son oncle paternel] Abû Tâlîb, il est attesté [dans le Sahîh al-Bukhârî] qu'il est ballotté par les flammes, car il a vécu la Révélation et a refusé d'y croire (4). Bien que les récits de l'épreuve soient apparemment un sujet indépendant de celui qui nous préocupe, Je les ai inclu dans mon argumentation, certain que les subtilités qui y sont énoncées n'auront pas échappées à la perspicacité des partisans de la vérité. » (1) Kaffâra : Expiation par un jeûne ou en nourrissant un nombre déterminé de pauvres. Diya : Prix du sang. Compensation pécuniaire d'un montant variable selon le rang de la victime et les conditions du décès. (2).Fatra : C'est-à-dire la période comprise entre la mission de deux prophètes. Ce terme, que nous utiliserons désormais ne doit pas être confondu avec le mot « Fitra » lequel désigne la nature originelle de l'homme. (3).Hâfiz pluriel Huffâz, est le plus haut degré dans la hiérarchie des spécialistes du Hadith. (4) C'est-à-dire qu'il fuit les flammes, lesquelles ne cessent de ke poursuivre, ou bien encore qu'il a les pieds pris dans une mare de feu. Le mot " dahdah " utilisé dans le Hadîth, est aussi synonyme du mirage, donner l'illusion de quelque chose. L'acte de reconnaissance. Arguments démontrant qu'aucun message n'est parvenu aux Parents du Prophète. Propos convergents selon lesquels les Parents du Prophète. répondront favorablement lors de l'épreuve que subiront les gens de la Fatra. L'Islam des ascendants du Prophète. Mon argumentation et celle de l'imam Fakhr ad-Dîn ar-Râzî. Hadiths et traditions attestant qu'il y a toujours eu des gens proclamant l'Unicité d'Allah. Tradition relative à la foi de la Mère du Prophète. Le hadith de Muslim. Les polémistes. La résurrection des Parents du Prophète. L'abstention. Les Juifs Les Chrétiens Les Arabes Conclusion |
|