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La critique et l'éloge
Le petit nombre d'erreurs n'efface pas le grand nombre des bonnes actions 'Alî Ibn Abû Tâlib (que Dieu l'agrée) rapporte : Le Messager d'Allah (paix et bénédiction de Dieu sur lui) nous envoya, Abû Murthad, Az-Zoubayr et moi, alors que nous étions à cheval en disant : "Allez jusqu'au verger de Khakh, car il y a une femme faisant partie des mécréants qui détient une lettre de Hâtib Ibn Abû Balta'a, adressée aux mécréants" Quand le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) exhorta les compagnons à dépenser afin d'équiper l'armée pour l'expédition de Al-Ousra un groupe s'empressa d'exécuter cela et il y eut parmi eux 'Othman Ibn 'Affân (que Dieu l'agrée) qui apporta mille dinars et les versèrent aux pieds du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Alors le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) dit : "Aucun acte ne peut nuire à Ibn 'Affân après l'œuvre qu'il vient d'accomplir aujourd'hui". Et le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) le répéta [à plusieurs reprises]". (Ahmad 63/5, At-Tirmidhi 289/5, Al-Hakim 102/3) Sa'îd Ibn Al-Musayyib (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "Il n'y a pas un savant, un noble, ou une personne digne de mérite qui ne possède pas de défaut. Cependant, celui dont les mérites sont plus nombreux que les défauts, ces mérites vont étouffer ses défauts. De même celui dont les défauts sont prépondérants verra ses mérites éclipsés". (Ibn 'Abdelbar dans Al-Jami' 48/2) Soufyân Ath-Thawrî (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "Il n'y a presque personne qui puisse échapper à l'erreur. Si la mémorisation est prédominante chez une personne, alors elle est un Hafizh (personne jouissant d'une grande faculté de mémorisation), et cela même si elle commet des fautes. Cependant, si les erreurs sont dominantes chez une personne, alors elle doit être délaissée". (Al-Kifaya p.174) Ibn 'Abdalbar (que Dieu lui fasse miséricorde) a rapporté de l'un de nos prédécesseurs la parole suivante : "Le savant n'échappe pas à l'erreur. Ainsi, celui qui ne commet que peu d'erreurs et énonce beaucoup de paroles conformes à la vérité est un savant et quiconque commet beaucoup d'erreurs et énonce peu de paroles vraies est un ignorant". (Al-Jami' 48/2) Adh-Dhahabî (que Dieu lui fasse miséricorde) dit dans la biographie de l'imam Ibn Khuzayma (que Dieu lui fasse miséricorde) : "Si nous méprisions toute personne qui commet des erreurs lors d'un de ses ijtihad et l'accusions d'être un innovateur, et cela malgré qu'il ait une foi correcte et qu'il fournisse des efforts pour suivre la vérité, alors peu de gens parmi les imams qui nous échapperaient". (Syar a'lam an-noubala 374/14) Adh-Dhahabî (que Dieu lui fasse miséricorde) a également dit dans la biographie de Qatâda (que Dieu lui fasse miséricorde) : "Qu'Allah pardonne aux semblables de Qatâda qui ont commis une innovation, en ne voulant à travers elle, qu'exalter Le Créateur et Le purifier. Ils firent des efforts, et Allah est certes le Juge Equitable, Miséricordieux envers Ses serviteurs et Il n'est pas questionné à propos de ce qu'Il fait. Certes, le grand savant, lorsque ses bienfaits sont nombreux, que son assiduité à rechercher la vérité est reconnue, qu'il possède une vaste science, une intelligence apparente, et est reconnu pour sa piété et son suivisme (de la Sunnah), ses bévues lui sont pardonnées. Nous ne devons pas le considérer comme un égaré, nous ne devons pas le rejeter et oublier ses bienfaits. Par contre, nous ne devons pas le suivre dans son innovation et sa faute, et nous espérons qu'il se repentira pour cela". (Syar a'lam an-noubala 271/5) Ibn Al-Qayyim (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "Parmi les règles de la Chari'a et de la sagesse, il y a également le fait que si les bonnes œuvres [d'un homme] se multiplient et s'amplifient et qu'il possède en Islam une influence évidente, alors on doit lui accorder une indulgence et un pardon qu'on n'accorde pas à une autre personne. Certes, le péché est une impureté. Cependant, l'impureté ne peut polluer une eau qui atteint la quantité de deux grandes jarres, contrairement à une petite quantité d'eau qui quant à elle ne supporte pas la moindre impureté. Dans le même esprit, il y a la parole du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) à 'Umar : "Que sais-tu ? Il se peut qu'Allah ait considéré des gens ayant participé à la bataille de Badr et ait dit : "Faites ce que vous voulez car Je vous ai pardonné" Ceci est donc la raison qui l'a empêché de tuer celui qui les a espionnés, lui et les musulmans, et qui a commis ce grand péché. Ainsi, le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) donna pour raison sa participation à la bataille de Badr. Ceci montre donc que la punition est fondée, mais son exécution est annulée, car le coupable participa à un événement important. Ainsi, cette faute grave lui est pardonnée parce qu'il a à son compte beaucoup de bonnes œuvres". La critique d'un savant sur son contemporain n'est pas accéptée s'il y a entre eux une inimitée personnelle Ibn 'Abbas (que Dieu l'agrée) a dit : "Apprends la science des savants et ne crois pas aux jugements des uns sur les autres". (Ibn 'Abd-lbar dans Jami' Bayan Al-'Ilm wa fadlih 151/2) Ach-Châfi'î (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "Quand un jurisconsulte, questionné à propos d'un rapporteur des hadiths dit : "Abstenez-vous de ses hadiths et ne les acceptez pas, car il commet des erreurs ou parle de ce qu'il n'a pas entendu" s'il dit cela alors qu'il n'existe pas entre lui et cet homme une inimitié, ceci ne fait pas partie des préjudices et l'auteur du témoignage ne doit pas être considéré comme voulant le dénigrer. Sauf s'il existe une inimitié entre les deux auquel cas sa parole est rejetée non pas à cause du témoignage mais en raison de l'inimitié". (Al-Oum 206/6) Mâlik Ibn Dînâr (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "On admet les paroles des savants et des lecteurs en tout, sauf les paroles de certains d'entre eux contre d'autres". (Ibn 'Abdlbar dans son livre Jami' Bayan Al-'Ilm wa fadlih 152/2) Adh-Dhahabî (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "Ahmad Ibn Hanbal a dit : Il a été rapporté à Ibn Abû Dhib que l'Imam Mâlik n'a pas admis le hadith : "Les deux contractants d'une vente ont le droit d'option…" Adh-Dhahabî (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "S'il apparaît évident que des paroles de savants [contre d'autres ont été proférées] par passion et par discrimination, alors on ne les prend pas en compte, et on ne les rapporte pas. C'est la règle qui fut appliquée pour les paroles et les disputes entre les compagnons (que Dieu les agrées). Cependant, ces paroles souvent discontinues et faibles et dont certaines sont mensongères, sont toujours rapportées dans les livres. Alors, il convient de les cacher, de les rendre inexistantes, afin que les cœurs restent purs et se consacrent entièrement à l'amour des compagnons et demander à Allah de les agréer. L'accès à ces paroles doit être interdit au public et à certains savants. Cependant, on peut permettre à un savant juste, dépourvu de passion de lire cela à l'écart, à condition qu'il demande pardon en leur faveur, comme Allah nous l'a appris, car Il dit : {Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : "Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu'à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne met dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru} (59/10) Car ces gens ont de bons antécédents et des œuvres qui expient ce qu'il y a eu entre eux, ils ont un ijtihad qui efface [les péchés] et une adoration purifiante. Et nous ne sommes pas de ceux qui exagèrent les louanges de l'un d'entre eux, et nous ne prétendons pas qu'ils sont infaillibles [...] Ensuite, certains parmi les tabi'în ont parlé contre d'autres, se sont livrés combat et des choses qu'il n'est pas possible d'expliquer se sont passées. Il n'y a donc aucun intérêt à les diffuser. Il est survenu dans les livres d'histoire, et ceux de la récusation et d'agrément, des faits surprenants. Celui qui est doué de raison est celui qui juge sa propre personne, et parmi les caractéristiques du bon musulman, il y a le fait d'abandonner ce qui ne le concerne pas, et [sachez que] la chair des savants est empoisonnée". (Syar a'lam an-noubala 92-93/10) Et il (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit : "On ne prête pas attention aux paroles des savants contre d'autres, surtout s'il te semble que c'est à cause d'une inimitié, de l'appartenance à une école [juridique] ou à cause de l'envie. Et n'en est préservé que celui qu'Allah a protégé; je n'ai pas appris que des gens, de quelque époque que ce soit, qui y ait échappé, hormis les Prophètes et les véridiques, et si j'avais voulu, j'aurais écris à ce sujet des livres". (Mizan Al-I'tidal 111/1) At-Tâj As-Sabkî (que Dieu lui fasse miséricorde) dit : "Méfies-toi, méfies-toi de comprendre leur règle : "La critique prime sur l'agrément" comme étant absolue; mais la vérité est que celui dont l'honorabilité et l'imamat ont été approuvés, que ceux qui font son éloge sont nombreux, que ceux qui le critiquent sont rares et qu'il existe un indice qui indique que la cause de la critique est le fanatisme pour une école [juridique] ou autre, alors cette critique n'est pas prise en considération". (Tabaqat Ach-Chafi'iya 188/1) Il (que Dieu lui fasse miséricorde) dit également : "Nous t'avons enseigné que la critique n'est pas acceptée, même si elle est détaillée vis-à-vis de celui dont les obéissances surpassent les désobéissances, celui dont ceux qui font son éloge sont supérieurs en nombre à ceux qui le dénigrent, celui dont ceux qui l'approuvent sont supérieurs en nombre à ceux qui le critiquent, et s'il existe une concurrence de la vie d'ici-bas comme cela se passe entre des concurrents ou autres ; Ainsi donc, nous n'accordons aucune considération à la parole d'Ath-Thawrî et autres, contre Aboû Hanifa, ni à celle d'Ibn Abû Dhib et autres, contre Mâlik, ni à celle d'Ibn Ma'în contre Ach-Châfi'î et celle de Al-Nasâ'î contre Ahmad Ibn Sâlih et bien d'autres. Si nous avions fait précéder la critique, aucun des imams n'y aurait échappé, car tous les imams ont fait l'objet de dénigrement et ont été la cause de la perdition des damnés [qui leur causent du tort]". (Tabaqat Ach-Chafi'iya 190/1)  |
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