À Médine
L’ACCUEIL CHALEUREUX La nouvelle du départ du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) de la Mecque se répandit très rapidement. L’attendant impatiemment, certains Ansars se rendaient, après la prière du matin, à l’extérieur de la ville et guettaient son arrivée jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’ombre et que le soleil soit devenu insupportable. Comme c’était l’été et que la chaleur était étouffante, ils s’en retournaient alors chez eux, tristes et déçus. Et puis un jour, le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) arriva enfin. Il arriva à un moment de la journée où les Ansars étaient déjà retournés chez eux, mais un juif, qui l’aperçut, annonça son arrivée. Ils s’empressèrent tous d’aller l’accueillir; ils le trouvèrent se reposant sous un arbre en compagnie d’Abou Bakr, qui était environ du même âge que lui. Plusieurs d’entre eux n’avaient jamais vu le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et ne savaient donc pas lequel des deux il était. Ils s’attroupèrent autour d’eux et c’est à ce moment qu’Abou Bakr comprit leur confusion. Alors il se leva, se tint derrière le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et le protégea du soleil avec un grand morceau de tissu; par ce geste, il dissipa les doutes des gens qui les entouraient. 1 Environ cinq cents Ansars allèrent souhaiter la bienvenue au Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui). Ils l’invitèrent à entrer dans la ville en lui disant: «Avance! Vous êtes tous deux en sécurité et nous t’obéirons!» Alors le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) avança en direction de la ville, suivi de ses compagnons et de la foule venue l’accueillir. Les habitants de Médine se tenaient sur le pas de leur porte, des femmes étaient montées sur leur toit, se demandant entre elles qui et où était le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui). Anas rapporte que jamais, par la suite, il ne fut témoin d’un événement plus heureux. 1 Les gens se pressaient à l’extérieur et on en voyait à leurs fenêtres, à leurs portes et sur les toits de toutes les maisons. Les esclaves et les jeunes garçons criaient, excités: «Allahou Akbar! [Allah est grand!], le Prophète d’Allah est arrivé! Allahou Akbar! [Allah est grand!], le Prophète d’Allah est arrivé!». 2 Bara bin Azib, qui était jeune à ce moment-là, a raconté, plus tard: «Je n’ai jamais vu le peuple de Médine démontrer une joie plus intense et plus débordante que celle qu’il démontra le jour de l’arrivée du Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui); même les filles esclaves criaient que le Prophète venait d’arriver.» Les croyants et croyantes accueillirent le Messager par des exclamations d’Allahou Akbar. Aucune autre clameur ne semblait mieux exprimer le sentiment de joie qui égayait leur cœur. Médine était en liesse, et les jeunes filles de Aus et Khazraj, transportées de joie, se mirent à chanter en chœur3: «À flan de coteau, d’où les caravanes reçoivent de chaleureux adieux, La pleine lune se lève aujourd’hui. Par là où d’habitude nous disons adieu à nos caravanes, Nous devrons donc exprimer notre gratitude. Aussi longtemps que des supplications s’élèveront à Allah, Ô toi, celui qui as été envoyé parmi nous Ordonnes! et nous obéirons!”1 Anas bin Malik n’était pas encore majeur lorsque le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) arriva à Médine. Il assista à cette arrivée et il dit: «Jamais je n’ai connu de jour plus merveilleux et plus mémorable que celui où le Prophète arriva parmi nous.» LA MOSQUÉE DE QOUBA Le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) resta quatre jours à Qouba, où il posa les fondations d’une mosquée. Il quitta Qouba un vendredi; en compagnie d’un clan de Banou Salim bin ‘Auf, il fit la prière du vendredi. Ce fut la première prière du vendredi menée par le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) à Médine. 1 DANS LA MAISON D’ABOU AYYOUB ANSARI Tandis que le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) passait, à dos de chamelle, à travers les rues de la ville, les gens s’attroupaient autour de lui, chacun lui offrant de venir rester chez lui. Ils disaient: «Viens vivre chez nous, où tu trouveras confort, honneur et protection.» À plusieurs reprises, certains allèrent jusqu’à saisir le licou de sa chamelle, mais il dit à chaque fois: «Laissez-la suivre son chemin; elle est guidée par Allah.» Alors que le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) passait par la localité de Bani an-Najjar, les filles esclaves du clan lui récitèrent les versets suivants pour l’accueillir: «Nous sommes les filles de Bani Najjar, quelle chance! Mohammed est notre voisin!» Lorsqu’elle atteignit Bani Malik bin an-Najjar, la chamelle du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) s’agenouilla d’elle-même à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’entrée de la mosquée du Prophète. L’endroit était à l’époque utilisé pour le séchage des dattes et appartenait à deux orphelins, parents éloignés du Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) du côté de sa mère. Le Messager descendit de sa chamelle. Abou Ayyoub Khalid bin Zayd, qui appartenait au clan de an-Najjar, s’empressa de décharger la chamelle et transporta chez lui les bagages du Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui). Ce dernier resta donc chez Abou Ayyoub, qui lui montra le plus grand respect et qui fit tout en son pouvoir pour recevoir convenablement cet honorable invité. Il descendit avec sa famille au rez-de-chaussée de sa maison afin de libérer l’étage pour le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), car il lui répugnait grandement de s’installer à l’étage, au-dessus de ce dernier. Mais le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) lui dit: « Ô Abou Ayyoub, il serait plus pratique pour moi-même, comme pour ceux qui viendront me visiter, que je reste au rez-de-chaussée.» Abou Ayyoub Ansari n’était pas très riche, mais il était le plus heureux des hommes d’héberger chez lui le Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), car c’était un grand honneur qu’Allah lui accordait. La gentillesse et le respect avec lesquels il traitait le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) étaient le reflet de sa gratitude envers Allah et envers le Prophète lui-même. Abou Ayyoub raconte: «Nous préparions chaque soir le repas pour le Messager et le lui faisions servir. Les membres de ma famille et moi-même ne mangions que ce qui restait de ces repas. Oumm Ayyoub et moi mangions les parts que le Prophète avait laissées de côté afin d’en partager la bénédiction. Conformément à ce que le Prophète nous avait demandé, il restait au rez-de-chaussée, tandis que nous occupions l’étage. Une fois, nous brisâmes une cruche d’eau et nous nous empressâmes d’éponger l’eau avec l’unique vêtement que nous avions de crainte qu’elle ne coule sur le Messager, ce qui l’aurait incommodé.» 1 CONSTRUCTION DE LA MOSQUÉE DU PROPHÈTE Le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) envoya chercher les deux garçons à qui appartenait le commerce de dattes et leur demanda le prix de leur terrain. Ils répondirent: «Non. Nous t’en ferons cadeau, ô Messager d’Allah!» Le Prophète, cependant, refusa leur offre; il leur paya le prix du terrain et construisit une mosquée à cet endroit. 1 Durant la construction, il transportait lui-même les briques avec les autres musulmans. On rapporte qu’en travaillant, il disait: «Ô Allah! La véritable récompense est celle de l’au-delà. Soit miséricordieux, ô Allah, envers les Ansars et les mouhajirines.»2 Ravis d’entendre le Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) invoquer la miséricorde d’Allah sur eux, les musulmans se mirent à chanter et à remercier Allah à leur tour. Le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) demeura sept mois chez Abou Ayyoub Ansari.3 Pendant ce temps, la construction de la mosquée et des appartements de la famille du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) fut complétée; il alla donc vivre dans sa nouvelle demeure. Les musulmans qui avaient été empêchés d’émigrer par les polythéistes de la Mecque continuèrent d’arriver à Médine jusqu’à ce qu’il ne reste plus, à la Mecque, que ceux qui étaient retenus de force ou qui avaient apostasié. Par ailleurs, il ne restait plus une seule maison, chez les Ansars, dont les habitants n’avaient pas prêté serment d’allégeance à Allah et à Son Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui). 4 LIENS DE FRATERNITÉ ENTRE LES ANSARS ET LES MOUHAJIRINES Le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) établit des liens de fraternité entre les mouhajirines et les Ansars et instaura entre eux l’obligation de s’entraider, de s’assister et d’être bienveillants les uns envers les autres. Chaque Ansari prit sous son aile un frère mouhajir. Certains Ansars allèrent aussi loin que partager avec leur nouveau frère la moitié de toutes leurs possessions sous forme de maisons, de propriétés, de terrains ou de champs cultivables. Tel est l’enthousiasme avec lequel les Ansars partagèrent tout avec leurs frères en islam; ils divisèrent toutes leurs possessions en deux, puis tirèrent au sort pour déterminer la part revenant à chacun. Dans la plupart des cas, ils s’efforcèrent de donner aux mouhajirines la part la plus équitable de leurs biens. Un Ansari pouvait dire à son frère émigré: «Tiens! Je vais diviser tous mes biens en deux parts égales. Et j’ai deux épouses; vois laquelle des deux te plaît le plus et dis-moi son nom; je la divorcerai pour que tu puisses la marier.» Et le mouhajir de répondre: « Qu’Allah vous bénisse, toi et ta famille, de même que tes biens! Dis-moi seulement où se trouve le marché.» Les Ansars étaient des gens magnanimes qui faisaient preuve d’abnégation, tandis que les mouhajirines étaient patients et indépendants. 1 TRAITÉ ENTRE LES MUSULMANS ET LES JUIFS Peu de temps après, le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) fit rédiger un document engageant les mouhajirines et les Ansars à une entente cordiale. Le traité incluait les juifs, ce qui leur garantissait leurs droits et leur imposait certaines obligations. 1 L’APPEL À LA PRIÈRE Après que le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) fut bien installé et que l’islam fut profondément implanté à Médine, il se mit à songer à une façon d’appeler les croyants à la prière. Il n’aimait pas la coutume des juifs et des chrétiens; les premiers allumaient un feu tandis que les seconds faisaient sonner une cloche ou soufflaient dans un cor. Au départ, les musulmans se rendaient d’eux-mêmes à la mosquée à l’heure indiquée, sans qu’il n’y ait eu d’appel le leur rappelant. Tandis que plusieurs suggestions étaient étudiées, Allah guida les musulmans afin qu’ils conçoivent l’appel à la prière. Un certain nombre de compagnons virent cet appel en rêve; cela fut donc approuvé par le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et prescrit comme forme officielle d’appel à la prière. C’est Bilal qui fut chargé, par le Messager, de prononcer cet appel et c’est ainsi qu’il devint connu comme le muezzin du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), ainsi que le leader de tous les autres muezzins qui allaient appeler les gens à la prière jusqu’à la fin des temps. LES MUSULMANS DE PLUS EN PLUS PRÉSENTS À MÉDINE Il n’y avait pas de place pour la tromperie et la duplicité à la Mecque.2 L’islam était dans une situation désespérée et quiconque s’y conformait était persécuté sans merci. De plus, nul n’avait le pouvoir de modifier cette situation et nul ne pouvait s’imaginer tirer quelque avantage que ce fut d’une conversion à l’islam. Devenir musulman signifiait se préparer à avoir la Mecque tout entière contre soi et le plus souvent, risquer sa vie. Seuls ceux qui avaient le courage de leurs convictions avaient assez de force pour supporter l’hostilité de l’ennemi. À la Mecque, il n’y avait pas deux camps de force égale qui se faisaient contrepoids. Le rapport de forces avec les païens de la Mecque est décrit, en ces termes, dans le style élégant du Coran: «Et rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux, opprimés sur terre, craignant de vous faire enlever par des gens.» (Coran, 8:26). Lorsque le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et ses compagnons trouvèrent refuge à Médine, l’islam se mit alors à prospérer. Il fit naître une nouvelle société, une nouvelle fraternité d’hommes et de femmes unis par des perspectives et des aspirations communes, fondées sur les principes islamiques. Le spectacle éblouissant d’une communauté idéale marquait une coupure complète avec le passé; et ce changement était si brusque et radical qu’il engendra chez les plus timorés un enthousiasme de façade pour ce nouvel état de choses. C’était en fait logique, ou plutôt basé sur les instincts naturels de ceux qui ne pouvaient composer avec ce changement révolutionnaire. De plus, l’ostentation hypocrite de la dévotion ne prend de l’ampleur que lorsque deux pouvoirs ou principes contradictoires s’opposent, car les cœurs des indécis et des timorés balancent toujours entre deux camps, adhérant mollement tour à tour à leurs arguments contradictoires. Ils sont toujours irrésolus, hésitants et incapables de prendre une ferme décision. Ils se tiennent souvent avec les membres de l’un des deux camps, leur jurant fidélité et tentant de jouer le jeu, mais ils sont tellement centrés sur leur propre personne et leurs petits intérêts qu’ils ne peuvent se résoudre à maintenir le nouveau cap et à endurer les sacrifices qui, nécessairement, en découlent. La peur sourde que l’autre camp puisse retrouver un jour sa vigueur ne les quitte jamais. De même, ils sont incapables de faire abstraction de leur passé pour céder la place à leurs nouvelles idées et à leurs nouveaux idéaux. Il s’agit d’un état délicat de malhonnêteté, d’infirmité décisionnelle dont le Coran parle en termes clairs: «Il en est parmi les gens qui adorent Allah de façon indécise. S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi le bien de l’ici-bas et de l’au-delà. Telle est la perte évidente!» (Coran, 22:11) La caractéristique de ce groupe est décrite dans un autre verset coranique qui se lit comme suit: «Ils sont indécis entre les croyants et les mécréants, n’appartenant ni aux uns ni aux autres.» (Coran, 4:143) Le chef des hypocrites et des juifs de Médine, issu des rangs de Aus et Khazraj, était ‘Abdoullah bin Oubayy bin Sal’oul. Les deux tribus, épuisées par la bataille de Bouath qu’elles s’étaient livrées cinq ans avant l’arrivée du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) à Médine, avaient accepté de reconnaître ‘Abdoullah bin Oubayy comme leur chef. Au moment où l’islam gagnait du terrain à Médine, on s’occupait déjà des préparatifs en vue de le couronner roi de la ville. Mais lorsqu’il constata que les gens se tournaient en grand nombre et à un rythme effarant vers l’islam, il fut si contrarié qu’il devint totalement dévoré de colère et de ressentiment. Ibn Hisham écrit: Lorsque le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) vint à Médine, le chef d’alors était ‘Abdoullah bin Oubayy Saloul al-‘Aoufi. Personne ne contestait son autorité et jamais Aus et Khazraj ne s’étaient ralliés à un homme (et ils n’allaient jamais le faire de nouveau) comme ils l’avaient fait avec lui, jusqu’à la venue de l’islam… Le peuple d’Abdoullah bin Oubayy avait fabriqué une sorte de diadème pour le couronner et en faire son roi au moment où Allah leur envoya Son Messager. Donc lorsque son peuple le délaissa pour embrasser l’islam et qu’il comprit que le Messager l’avait privé de sa royauté, son cœur s’emplit de haine. Toutefois, comme il vit que les gens l’ayant abandonné étaient fermement décidés à suivre la voie de l’islam, il les imita malgré lui, dissimulant son ressentiment et son inimitié. 1 Toutes ces personnes dont le cœur réprimait des désirs profonds, ou qui briguaient un nom, un pouvoir ou une autorité quelconques furent à la fois désappointées et terriblement irritées du succès de l’islam. Car cette religion unissait les mouhajirines aux Ansars comme deux corps ne possédant qu’une seule et même âme; et leur amour pour le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) était encore plus intense que celui qu’ils ressentaient envers leurs propres parents, enfants ou épouses. Alors la haine et la rancœur envers le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) emplit le cœur de ces gens et ils se mirent à comploter contre les musulmans. C’est ainsi que prit forme, au sein de la société islamique, une coalition d’hypocrites mécontents qui se faisaient passer pour des musulmans. Ils étaient, en réalité, pires que des serpents rampant dans les hautes herbes et en ce sens, ils constituaient plus une menace pour les musulmans que les ennemis déclarés de l’islam. C’est pourquoi le Coran dénonce leur fourberie à plusieurs reprises et met en garde contre leurs secrets desseins. Leurs intrigues ont longtemps constitué une menace à la stabilité de la société islamique et c’est la raison pour laquelle les travaux sur la vie du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) ne peuvent passer leurs activités secrètes sous silence. LES JUIFS COMMENCENT À AFFICHER LEUR HOSTILITÉ Après avoir maintenu une attitude d’indifférence et de neutralité au départ, les juifs se mirent à afficher graduellement leur haine et leur rancœur contre l’islam. Au début, ils adoptèrent une position intermédiaire entre les musulmans, les païens et les tribus arabes de la Mecque et de Médine – on pourrait même dire qu’à ce moment-là, ils penchaient un peu plus vers les musulmans. Les juifs de Médine s’étaient initialement sentis plus proches des musulmans en raison des nombreuses ressemblances entre les deux religions, telles que la prophétie, la croyance dans l’au-delà, l’Unité d’Allah, etc, malgré les différences mineures et en dépit du fait que la vénération excessive de certains prophètes et l’adoption de coutumes païennes à travers leur longue coexistence avec les idolâtres avaient corrompu leur foi originale au monothéisme. 1 Donc, s’ils ne se rangeaient pas du côté des musulmans, on pouvait au moins raisonnablement s’attendre à ce qu’ils demeurent non partisans. Après tout, l’islam témoignait de l’origine divine des écritures et sommait les musulmans de croire à tous les prophètes hébreux. C’est là un dogme fondamental en islam, ainsi exprimé dans le Coran: «Tous ont cru en Allah, en Ses anges, à Ses livres et en Ses messagers (en disant): «Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messagers.» (Coran, 2:285) Si les juifs avaient compris l’esprit conciliant de l’islam, l’histoire de cette religion, et même l’histoire mondiale, auraient certainement été fort différentes. L’islam n’aurait pas eu à faire face aux obstacles qu’il a rencontrés dans la propagation de son message, en particulier dans les premiers temps, et qui résultaient des conflits opposant les premiers musulmans, armés uniquement de leur foi, aux puissants, influents, éduqués et riches juifs de l’époque. L’attitude des juifs pouvait être attribuée à deux choses. La première était leur trait inné qui les poussait à l’envie et à la convoitise, à la bigoterie, à l’étroitesse d’esprit et à la rigidité obstinée. La seconde était leurs croyances erronées, leurs écarts de conduite et leur méchanceté profonde, tous défauts critiqués dans maints passages du Coran et illustrés par un rappel de leurs méfaits passés qui incluent, entre autres, l’opposition à leurs propres prophètes et aux enseignements de ces derniers ou, pire encore, l’assassinat de ces prophètes et leur refus de suivre le droit chemin tout en nourrissant de la rancœur et de mauvaises intentions à l’encontre de ceux qui commandent le bien. De plus, ils parlent d’Allah de façon insouciante, sans prendre garde à leurs propos; ils sont cupides à l’excès, s’adonnent à des pratiques usuraires et à des transactions commerciales impitoyables en dépit de leur interdiction, ils se saisissent des biens d’autrui, ils interpolent les textes de la Torah afin de les conformer à leurs désirs, ils ont une soif insatiable de la vie d’ici-bas et enfin, leur chauvinisme raciste est devenu leur sceau caractéristique. Si le Messager d’Allah n’avait été qu’un chef politique, il aurait essayé de trouver un terrain d’entente avec les juifs, usant de tact et de diplomatie, surtout au vu du rôle prépondérant qu’ils jouaient dans la vie politique complexe de Médine. Même s’il n’avait pas réussi à soumettre les juifs, tout chef de nation aurait au moins voulu éviter de se les mettre à dos en masquant son objectif final. Mais en tant que Messager d’Allah, le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) se trouvait dans l’obligation de prêcher le message divin, de proclamer la vérité, d’interdire et de désapprouver le mal. Il avait reçu la responsabilité de transmettre le message d’Allah au monde entier, à toutes les races et nations incluant les juifs et les chrétiens, et de les inviter à embrasser l’islam en dépit des coûts ou des conséquences impliqués. C’était là le chemin suivi par tous les prophètes du passé – leur marque distinctive - un chemin que nul politicien ou leader national n’a jamais suivi. Mais c’était cet aspect que les juifs détestaient le plus, car il portait atteinte aux fondements mêmes de leurs croyances et de leurs opinions, ou plutôt à leur nature et à leur caractère profond, ce qui les rendit hostiles à l’islam et aux musulmans. Ils abandonnèrent la position de neutralité qu’ils avaient adoptée au départ et décidèrent de s’opposer à l’islam de toutes les façons possibles, ouvertement ou en secret. Israel Welphenson, cité ci-dessous, a été franc et direct dans son analyse des raisons qui ont provoqué l’inimitié entre les juifs et les musulmans: Si les enseignements du Prophète avaient été limités à la dénonciation de l’idolâtrie et que les juifs n’avaient pas été sommés de le reconnaître comme prophète, il n’y aurait jamais eu de conflits entre les juifs et les musulmans. Les juifs auraient peut-être alors loué la doctrine du monothéisme prêchée par le Prophète et appuyé ce dernier, avec des hommes et du matériel, dans sa guerre contre l’idolâtrie et dans sa volonté d’effacer une fois pour toutes les croyances polythéistes des terres d’Arabie. Mais les juifs ne l’auraient fait qu’à la condition qu’il les laisse tranquilles, eux et leur religion, et qu’il n’exige pas d’eux une quelconque reconnaissance. Car le tempérament juif n’apprécie pas qu’on essaie de le détourner de sa religion; un juif est, la plupart du temps, incapable de reconnaître un prophète si ce dernier n’appartient pas à Bani Israel. 1 Les juifs devinrent encore plus contrariés et inquiets lorsque certains de leurs rabbins érudits qu’ils tenaient en haute estime, comme ‘Abdallah Salam, embrassèrent l’islam. Jamais ils n’auraient pu imaginer qu’un homme de son statut et de son érudition accepterait cette nouvelle religion. Malheureusement, cela eut pour seul effet de rendre les juifs encore plus agacés et jaloux de l’islam. 2 Bien que les musulmans partageaient la même foi monothéiste qu’eux, l’animosité des juifs envers l‘islam allait bien au-delà de la bravade ou de la formation d’un solide front uni contre eux. Pourtant, si l’on avait demandé aux juifs de se prononcer sur la religion du Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) par opposition au polythéisme de Qouraish, il aurait été logique et raisonnable de s’attendre à ce qu’ils parlent de façon positive de l’islam et de son monothéisme tout en critiquant la profusion d’idoles adorées par les païens de la Mecque. Mais leur animosité envers l’islam leur avait tant fait perdre la tête qu’ils étaient prêts à aller jusqu’à nier cette vérité fondamentale. Une fois, lorsque quelques rabbins étaient allés à la Mecque, les nobles de Qouraish leur demandèrent laquelle des religions, la leur ou celle de Mohammed, était la meilleure selon eux. La réponse des rabbins fut: «Votre religion est meilleure que la sienne et vous êtes certainement mieux guidés qu’eux.»1 Le commentaire du Dr Israel Welphenson, sur cette réponse des rabbins, mérite d’être mentionné ici: Mais tout de même, la chose pour laquelle ils méritaient vraiment le blâme et qui peinera tous ceux qui croient en l’unicité d’Allah, qu’ils soient juifs ou musulmans, est la conversation qui eut lieu entre eux et les païens de Qouraish, au cours de laquelle ils donnèrent la préférence à la religion de Qouraish plutôt qu’à la religion prêchée par le prophète de l’islam.2 Le même auteur poursuit: La tromperie, le mensonge et autres moyens similaires visant à piéger l’ennemi ont été sanctionnés par de nombreuses nations afin d’atteindre certains objectifs militaires en temps de guerre. Mais jamais les juifs n’auraient dû commettre la grave erreur de déclarer de façon aussi catégorique que l’adoration des idoles était préférable au monothéisme islamique, pas même s’ils avaient en même temps la conviction intime que c’était faux. Car Bani Israel avait, au nom de ses ancêtres et pendant des siècles, maintenu haute la bannière de l’unicité d’Allah au milieu de nations païennes, tout en bravant d’innombrables épreuves et souffrances et en endurant toutes sortes de tourments pour ce principe inébranlable de leur foi; ils avaient le devoir impérieux de sacrifier leur vie et tout ce qui leur était cher pour anéantir les idolâtres et les polythéistes. 3 En fait, ce geste de leur part fut suffisamment grave pour mériter une mention dans le Coran: «N’as-tu pas vu ceux à qui une partie du Livre a été donnée ajouter foi à la magie (gibt) et au taghout (idolâtrie), et dire en faveur de ceux qui ne croient pas: «Ceux-là sont mieux guidés sur le chemin que ceux qui croient»?» (Coran, 4:51) CHANGEMENT DE QIBLAH Le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et les musulmans s’étaient, depuis le début, tournés vers Jérusalem pour prier; en d’autres termes, ils avaient fait de Jérusalem leur Qiblah.1 Ils prièrent dans cette direction durant un an et quatre mois après leur émigration à Médine. Tout au fond de lui, le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui), comme les autres musulmans, aurait voulu faire de la Ka’abah la Qiblah des musulmans car le sanctuaire de la Mecque était cher à leur cœur comme il l’avait été pour leurs ancêtres depuis des temps immémoriaux. La Maison d’adoration construite par Ibrahim et Ismael était pour eux la plus sainte de toutes, comparable, dans son caractère sacré, à aucun autre sanctuaire ou temple. L’obligation qui leur avait été imposée de faire face à Jérusalem plutôt qu’à la Ka’abah leur était donc pénible, mais ils demeurèrent obéissants envers leur Seigneur. Leur dévotion était telle qu’aux ordres, ils répondaient toujours: «Nous avons entendu et nous obéissons»2 et «Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!» 3, peu importe leur appréciation ou opinion personnelle en la matière. Par conséquent, lorsque la foi des premiers musulmans eut été mise à l’épreuve et qu’ils eurent réussi le test avec succès, la Qiblah fut changée pour la Ka’abah. «Et Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens, comme le Messager sera témoin à vous. Et Nous n’avions établi la direction (qiblah) vers laquelle tu te tournais que pour savoir qui suit le Messager et qui s’en retourne sur ses talons. C’était un changement difficile, mais pas pour ceux qu’Allah guide.» (Coran, 2:143) Les musulmans obéirent promptement à ce nouvel ordre divin; ils n’étaient que trop heureux de maintenant prier en direction de la Ka’abah, qu’Allah avait choisie comme Qiblah pour tous les musulmans de la terre jusqu’à la fin des temps. 1 LES JUIFS OFFENSENT LES MUSULMANS Que l’islam eût atteint une position enviable à Médine exaspérait les juifs au plus haut point, surtout qu’il continuait de progresser jour après jour. Ils étaient assez intelligents pour comprendre que si la popularité de l’islam restait inchangée pendant quelque temps encore, il leur deviendrait difficile d’affronter leurs ennemis potentiels. Ils décidèrent donc de créer un front contre les musulmans et lancèrent une campagne d’humiliation et de calomnie contre les musulmans qui, de leur côté, n’avaient pas la permission de retourner les «compliments» qu’on leur faisait: ils avaient toujours l’ordre de demeurer patients et tolérants. «Abstenez-vous de combattre, accomplissez la prière» 2 était le code de conduite qui leur était imposé, afin qu’ils apprennent à se détacher du monde et de ses plaisirs, qu’ils fassent preuve d’abnégation et se préparent à se sacrifier pour une cause supérieure, et qu’ils prennent l’habitude d’obéir aux ordres d’Allah. LA PERMISSION DE SE BATTRE Éventuellement, les musulmans furent investis de pouvoir et devinrent assez puissants pour affronter leurs ennemis; c’est alors qu’ils reçurent la permission de se défendre et de se battre. Mais il s’agissait d’une permission et non d’une obligation.1 «Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre, parce que vraiment ils sont lésés; et Allah est certes capable de leur apporter la victoire.» (Coran, 22:39) L’EXPÉDITION DE ABWA ET ‘ABDALLAH BIN JAHSH Conformément aux ordres d’Allah, le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) commença à envoyer des groupes armés faire des descentes chez les tribus ennemies. Le but de ces raids n’était pas de livrer une guerre totale à l’ennemi, mais simplement de l’effrayer en lui montrant ce dont ils étaient capables. Un des premiers raids, mené par ‘Abdallah bin Jahsh, fut à la source d’une révélation descendue par Allah; cet événement démontre que l’islam désapprouve le moindre excès ou la moindre démonstration de tyrannie, même de la part de ses fidèles. L’islam est une religion juste et impartiale, qui ne tient pas compte des personnes ou des parties impliquées lorsqu’il s’agit de prononcer un verdict au sujet d’une affaire donnée. Le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) envoya ‘Abdallah bin Jahsh en expédition en compagnie de huit mouhajirines au cours du mois de Rajab de la deuxième année de l’Hégire. Avant son départ, il lui donna une lettre avec la consigne de ne pas la lire avant d’avoir complété deux jours de voyage et, après l’avoir lue, d’agir conformément aux instructions qu’elle contenait, mais sans forcer aucun de ses compagnons à suivre ses ordres. ‘Abdallah lut la lettre après avoir complété deux jours de trajet. Elle contenait les instructions suivantes: «Après avoir lu cette lettre, dirigez-vous vers l’oasis de Nakhlah, entre la Mecque et Ta’if. Installez-y vos tentes, espionnez les allées et venues de Qouraish et faites-nous parvenir les renseignements.» Après avoir lu la lettre, ‘Abdallah bin Jahsh dit: «Nous avons entendu et nous obéissons». Puis il dit à ses compagnons: «Le Messager d’Allah m’a ordonné de m’installer à l’oasis située sur la route entre la Mecque et Ta’if et d’espionner les allées et venues de Qouraish afin de l’en informer. Mais il m’a aussi demandé de ne forcer aucun d’entre vous à me suivre. Quiconque souhaite mourir en martyr peut me suivre; et quiconque souhaite retourner en arrière peut le faire aussi, car je dois me conformer aux instructions du Prophète.» Puis il partit en direction de l’oasis, suivi de tous ses compagnons, aucun n’ayant souhaité rompre les rangs. Le groupe parvint à l’oasis, où il campa. Peu de temps après, une caravane de Qouraish passa non loin d’eux. ‘Amr bin al-Hadrami en faisait partie. Lorsque les gens de Qouraish virent le groupe qui campait près d’eux, ils prirent peur; mais lorsqu’ils virent parmi eux ‘Oukkasha, dont la tête était rasée, leurs soupçons s’apaisèrent car ils en conclurent qu’il s’agissait d’un groupe de pèlerins. Ils dirent: «Rien à craindre d’eux: ce sont des pèlerins.» 1. Cela se passait le dernier jour de Rajab. 2 Les musulmans se consultèrent et décidèrent que s’ils laissaient les gens de Qouraish tranquilles cette nuit-là, ces derniers les précéderaient au sanctuaire sacré et leur en bloqueraient l’entrée; mais d’un autre coté, s’ils leur livraient bataille, ils ouvriraient les hostilités durant le mois sacré. Au début, ils étaient hésitants, mais ils finirent par se décider; ils allaient tuer le plus de Qouraishites possible et piller autant de leurs biens qu’ils le pourraient. Waqid bin ‘Abdallah at-Tamimi envoya la première flèche, qui tua ‘Amr bin al-Hadrami sur le coup, tandis que ses compagnons capturèrent deux Qouraishites. ‘Abdallah bin Jahsh et ses compagnons retournèrent à Médine avec leurs captifs. Lorsqu’ils arrivèrent, le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) leur dit: «Je ne vous ai pas demandé de vous battre pendant le mois sacré, pas plus que de piller les caravanes et capturer les gens.» Et il refusa net de prendre quoi que soit du butin rapporté par le groupe. Cette réaction tourmenta les membres du petit groupe qui furent saisis d’une appréhension terrible d’être damnés pour leur geste. Les reproches qu’ils reçurent d’autres musulmans firent grandir encore leur sentiment de crainte. De leur côté, les Qouraishites criaient à qui voulaient l’entendreque «Mohammed a permis la guerre et le meurtre durant un mois sacré!». C’est à ce moment que le verset suivant fut révélé à Mohammed (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui): «Ils t’interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois sacrés. Dis: «Y combattre est un péché grave, mais plus grave encore auprès d’Allah est de faire obstacle au sentier d’Allah, d’être impie envers Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d’expulser de là ses habitants. La persécution est plus grave que le meurtre.» «Allah a été équitable envers Ses amis comme envers Ses ennemis», écrit Ibn Qayyim dans Zad al-Ma’ad, «car Il n’a pas approuvé le péché de la guerre durant le mois sacré, commis par Ses pieux et dévoués serviteurs. Au contraire, Il l’a considéré comme un acte de transgression grave. Mais Il rappelle également aux idolâtres qu’ils se sont rendus coupables de péchés plus graves encore par les persécutions auxquelles ils se sont adonné dans la ville sacrée de la Mecque; et pour cela, ils méritent encore plus le blâme et le châtiment. Puisque, cependant, les serviteurs d’Allah s’étaient rendus coupables d’imprudence, ou avaient commis une erreur, Allah leur donne l’espoir d’être pardonnés grâce à leur foi dans l’unicité d’Allah, à leur soumission envers Lui, à leur migration avec le Messager (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) et de leurs efforts et sacrifices dans la voie d’Allah. 1 L’expédition de Abwa, aussi connue sous le nom de Bouwat, qui eut lieu par la suite fut la première à être menée par le Prophète (paix et bénédictions d’Allah soient sur lui) lui-même, mais elle ne mena à aucun combat. Plus tard, d’autres groupes furent envoyés par le Messager. LE JEÛNE DEVIENT OBLIGATOIRE Petit à petit, les musulmans en vinrent à considérer la prière comme un symbole de leur religion et elle finit par prendre une place très chère dans leur cœur. C’est au cours de la deuxième année de l’Hégire qu’Allah leur ordonna le jeûne. 1 «Ô les croyants! On vous a prescrit as-Siyam (le jeûne) comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous. Ainsi atteindrez-vous la piété.» (Coran, 2:183) Dans un autre verset, le Coran dit aussi: «Le mois de Ramadan, au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc, quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne. » (Coran, 2:185) 1 Ibn Hisham, vol. I, p. 492 1 Ibn Kathir, vol. II, p. 256, Ahmad bin Hanbal, rapporté par Anas bin Malik. 2 Boukhari, chapitre sur la migration du Prophète. Rapporté par Abou Bakr. 3 Boukhari, chapitre sur la migration du Prophète. Rapporté par Abou Bakr. 1 Ibn Qayyim a soulevé un point relativement à ces vers. Il affirme que le coteau «Thaniyatoul Wid’a» auquel il est fait allusion ne se trouve pas sur la route nord-sud allant de la Mecque à Médine, mais plutôt sur la route menant en Syrie à partir de Médine. Il est par conséquent d’avis que ces vers ont été récités à l’occasion du retour triomphant de Tabouk du Messager. Boukhari fait aussi mention de cet endroit lorsqu’il relate cette expédition. Par ailleurs, presque tous les biographes, incluant les plus anciens, relatent que ces vers furent récités lors de la première venue du Prophète à Médine. Le présent auteur s’est renseigné auprès d’habitants de Médine qui lui ont dit qu’une personne venant de la Mecque peut aussi emprunter la route menant en Syrie. Il est tout à fait possible que, vu les conditions dans lesquelles le Prophète eut à émigrer à Médine, il ait préféré emprunter l’autre trajet. Soulignons également que «Thaniyatoul Wid’a» n’était pas un nom donné à un endroit bien précis de Médine. Sur le chemin menant à la Mecque se trouve une colline similaire qui descend en pente jusqu’au Wadi Aqiq, entourée par des plaines de tous côtés. C’était une aire de plaisance de Médine, à l’époque, où les gens se rassemblaient les soirs d’été. Il est également probable que ces vers fassent allusion à cette aire car c’était aussi un endroit où l’on souhaitait bon voyage aux caravanes partant pour la Mecque. (Athar al-Madina al-Mounawwara, 3e édition, p. 160). Les vers en question contiennent eux-mêmes la preuve qu’ils furent chantés lors de l’arrivée du Prophète à Médine. Le dernier vers indique clairement qu’ils ont été chantés au moment où les habitants de Médine aperçurent le Prophète parmi eux pour la première fois. Même s’ils avaient été récités lors de son retour de l’expédition de Tabouk, comme le relatent d’authentiques ahadith, cela signifie tout simplement qu’ils ont été récités à nouveau à cette occasion, puisque les chants populaires sont souvent répétés lors de réjouissances. 1 Ad-Darimi, rapporté par Anas. 1 Ibn Is’haq, rapporté par Abou Ayyoub Ansari, Ibn Kathir, vol. II, p. 277. 1 Boukhari, chapitre sur l’arrivée du Prophète et de ses compagnons à Médine. 2 Ibn Kathir, vol. II, p. 251 3 Ibid, p. 279 4 Ibn Hisham, vol. I, pp. 499-500 1 Boukhari: voir la conversation entre ‘Abdour Rahman bin Aouf et S’ad bin Rabi dans la section traitant de «Fraternité établie par le Prophète entre les Mouhajirines et les Ansars.» 1 Ibn Hisham, vol. I, p. 501. 2 La majorité des exégètes du Coran sont d’avis que les versets coraniques qui font mention des hypocrites furent révélés à Médine. Un verset de la sourah at-Tawbah (le repentir) (9:101) se rapporte spécifiquement aux hypocrites qui vivaient parmi le peuple de Médine. 1 Ibn Hisham, vol. I, pp. 277-8 (traduction: A. Guillaume) 1 Voir le chapitre «L’époque de l’ignorance». 1 Al-Yahoud fi Balad il-‘Arab, p. 123. 2 Le nombre de juifs qui acceptèrent l’islam et qui eurent l’honneur de jouir de la compagnie du Prophète étaient au nombre de 39. Certains d’entre eux appartiennent à la catégorie des compagnons éminents, tel que le mentionnent certaines biographies comme Tabaqat-I-Sahabah, Al-Isabah, Al-Isti’ab, Ousd al-Ghabah, etc. Voir aussi Ahl-I-Kitab Sahabah wa Tabi’yeen par Moujib Oullah Nadwi, duquel est tiré le nombre de juifs convertis à l’islam cité ci-dessus. 1 Ibn Hisham, vol. II, p. 214. C’est à cette occasion que le verset 4:51 du Coran fut révélé par Allah. 2 Al Yahoud fi Balad il-Arab, p. 142. 3 ibid., 1 Litt.:ce qui se situe à l’opposé. La direction dans laquelle tous les musulmans doivent se tourner pour prier, qu’ils soient chez eux ou en public, i.e. la Ka’abah. 2 Coran, 24:51 3 Coran, 3:7 1 Voir Sihah Sittah et le verset coranique relatant le changement de qiblah. 2 Coran, 4:77. 1 Voir Zad al-Ma’ad, vol. I, p. 314. 1 Les Arabes préféraient accomplir la ‘Oumra durant le mois de Rajab. 2 Rajab était le premier des quatre mois considérés comme sacrés, au cours desquels il était interdit de se battre. Les trois autres mois étaient Dhoul Q’adah, Dhoul Hijjah et Mouharram. Les Arabes respectaient cette coutume durant l’ère pré-islamique ainsi que dans les débuts de l’islam. (Voir Coran 9: 36) Mais tous les docteurs en loi islamique s’entendent pour dire que cette interdiction a été abrogée par des révélations subséquentes (Coran 9: 5, 36). On demanda à Said bin Al-Mousayyab si les musulmans avaient la permission de combattre les mécréants durant les mois sacrés. Il répondit: «Oui, ce fut le cas des guerres déclenchées par les premiers musulmans car il n’existe aucun exemple, dans l’histoire, où les hostilités auraient été suspendues durant le mois de Rajab ou durant les trois mois de Dhoul Q’adah, Dhoul Hijjah et Mouharram. Les musulmans n’ont jamais quitté le champ de bataille durant ces mois.» 1 Zad al-Ma’ad, vol. I, p. 341 1 Ibn Hisham, vol. I, pp. 591-606. Voir également le chapitre sur le jeûne dans les Quatre piliers de l’islam, par le même auteur. |
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