3-2 : Les exercices spirituels de l'âme et l'amélioration du caractère | Islamopédie
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1) Les questions du culte et de dévotion

< 1-1 : La science et ses mérites

< 1-2 : La purification et ses secrets, la prière et tout ce qui s'y rapporte

< 1-3 : La zakât (aumône légale), ses secrets et de tout ce qui s'y rapporte

< 1-4 : Le jeûne, ses secrets, ses aspects importants et de tout ce qui s'y rapporte

< 1-5 : Le pèlerinage, ses secrets, ses mérites, ses règles de convenance

< 1-6 : Les règles de convenance pour aborder le Coran munificent et l'évocation de ses mérites

< 1-7 : Les invocations

2) Les coutumes et les habitudes

< 2-1 : Les règles de bienséances concernant le repas et les réceptions

< 2-2 : Le mariage, ses bonnes règles et ce qui s'y rapporte

< 2-3 : Les règles relatives aux moyens d'existence et de l'acquisition des biens

< 2-4 : Les règles de la compagnie, de la fraternité, de la cohabitation avec les créatures

< 2-5 : Le voyage

< 2-6 : La recommandation du bien et de l'interdiction du mal

3) Ce qui est périlleux

< 3-1 : L'explication des merveilles du coeur

< 3-2 : Les exercices spirituels de l'âme et l'amélioration du caractère

< 3-3 : La réduction des deux appétits

< 3-4 : Les dégâts de la langue

< 3-5 : La désapprobation de la colère, du ressentiment et de l'envie

< 3-6 : La dépréciation des honneurs et de la duplicité et leur remède

< 3-7 : La dépréciation de l'orgueil et de la fatuité

< 3-8 : La vanité, ses formes et ses degrés

4) Ce qui sauve

< 4-1 : La repentance, ses conditions, ses principes de base et tout ce qui s’y rapporte

< 4-2 : La patience est de l’action de grâce

< 4-3 : L’espérance et la crainte

< 4-4 : L’ascètisme et la pauvreté

< 4-5 : Le Tawhid, le Tawakkoul et sa vertu

< 4-6 : L’amour, le désir ardent, la familiarité et le contentement

< 4-7 : L’évocation de la tombe
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3-2 : Les exercices spirituels de l'âme et l'amélioration du caractère
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Introduction

Sache que le bon caractère est la qualité des Prophètes (al-anbiya) et des justes (as-sadîqîn) et que les mauvais caractères sont des poisons mortels qui rangent leur auteur dans la cohorte du démon et des maux incurables.

Il convient donc que tu connaisses leurs causes et que tu retrousses tes manches pour y remédier.

Nous allons évoquer ici quelques-unes de ces maladies et la façon de les guérir sans entrer dans les détails, car cela sera développé ailleurs Si Allah - تعالى - le veut.

La vertu du bon caractère et le rejet du mauvais caractère - في فضيلة حسن الخلق وذم سوء الخلق

On a déjà développé quelques aspects de ce thème dans le chapitre consacré aux règles de bienséance relatives à la bonne compagnie.

Sache donc que les gens ont abordé le bon caractère en évoquant ses fruits et non pas sa réalité foncière, sans d'ailleurs envisager tous ses fruits, car chacun en a mentionné que ce qui s'est présenté à son esprit. Mais le dévoilement de la vérité à ce sujet consiste à dire ceci : On associe souvent le bon caractère à la beauté physique. On dit, ainsi, qu'un tel est beau moralement et physiquement, c'est-à-dire qu'il est beau extérieurement et intérieurement, ceci parce que l'homme est constitué d'un corps et d'une âme. Le corps est perçu à l'aide de la vue et l'âme est perçue grâce à la faculté de discernement, et chacun possède sa forme et sa configuration qui peut être soit belle, soit laide. Il reste que l'âme perçue par le discernement a une plus grande valeur que le corps perçu grâce à la faculté visuelle.

Voilà pourquoi Allah - تعالى - a confié beaucoup d'importance à son affaire en disant : { Oui, Je vais créer d'argile un être humain. Lorsque Je l'aurai harmonieusement façonné et que j'aurai insufflé en lui de Mon Esprit... } (Qur'ân : Sâd [38] - 71/72)

Il a indiqué que le corps était composé d'argile et l'esprit ne procède que de Lui - سبحانه وتعالى -.

Donc, le bon caractère constitue une attitude bien établie de l'âme, d'où procèdent les actes aisément et sans avoir besoin de la pensée et de la réflexion. Si les actes sont beaux, on les appelle des bons caractères, et s'ils sont laids, on les appelle des mauvais caractères.

Mais certains hommes oisifs, qui supportent mal les exercices spirituels, prétendent qu'il est inconcevable de les changer au même titre qu'il est inconcevable de modifier la forme extérieure.

Notre réponse est la suivante : si vraiment les caractères relevant des valeurs de la morale ne pouvaient admettre le changement, les recommandations et les exhortations seraient dépourvues de toute signification.

D'ailleurs, comment peut-on nier la modification des caractères alors que nous constatons que les animaux sauvages peuvent être domestiqués, que le chien apprend, par dressage, à s'arrêter de manger et que la jument apprend à marcher au pas et à être dirigée avec finesse. Toutefois, certaines natures acceptent rapidement qu'on les réforme et les améliore tandis que d'autres, opposent beaucoup de résistance.

Quant à l'imagination de celui qui croit que ce qui relève du caractère et du tempérament ne peut être modifié, sache que le but ne consiste pas à réprimer totalement ces affects, ce qui est recherché à travers les exercices spirituels, c'est de ramener le désir à l'équilibre qui est le juste milieu entre l'excès et la négligence.

Quant à le réprimer totalement, évidemment c'est non. Comment peut-il en être autrement, puisque le désir a été créé pour répondre à une utilité indispensable pour le caractère et le tempérament. En effet, si le désir de manger cessait d'exister, ce serait la perte de l'homme ; si le désir sexuel cessait d'exister, ce serait la fin de la reproduction de l'homme et si l'agressivité cessait d'exister, l'homme ne pourrait plus repousser ce qui le détruit.

Allah - تعالى - a dit : { Violents envers les impies } (Qur'ân : al-Fath [48] - 29)

Or, la violence procède de l'agressivité et de la colère. Du reste, si la colère cessait d'exister, ce serait la fin du jihâd contre les infidèles.

Allah - تعالى - a parlé de { Ceux qui maîtrisent leur colère } (Qur'ân : âl 'Imrân [3] - 134)

et n'a pas parlé de ceux qui ont perdu leur colère.

Il en va de même à propos de l'appétit et du désir de manger : Ce qui est recherché, c'est l'équilibre et le juste milieu et non pas la gloutonnerie et la frugalité.

Allah - تعالى - a dit : { Mangez et buvez ; ne commettez pas d'excès } (Qur'ân : al-A'râf [7] - 31)

Il reste que lorsque le maître spirituel (chaykh) constate, chez son novice (al-murîd), une inclination à la colère (al-ghadab) et à l'appétit (ash-shahwatu), il améliore cela, en exagérant sa critique contre ces deux attitudes pour le ramener à l'équilibre (at-tawassut). D'ailleurs ce qui prouve bien que c'est la modération (al-i’tidâl) et le juste milieu qui sont recherchés à travers la pratique des exercices spirituels, c'est que la générosité est une vertu recommandée légalement. Or, il s'agit d'une attitude de juste milieu entre la parcimonie (at-taqtîr) et le gaspillage (at-tabdhîr).

Allah l'a louée en disant : { Ceux qui, pour leur dépenses, ne sont ni prodigues, ni avares -, car la juste mesure se trouve entre les deux } (Qur'ân : al-Furqân [25] - 67)

Sache que cette modération (al-i’tidâl ) s'obtient parfois grâce à la perfection de la nature originelle (al-fitratu) par don du Créateur - en effet bien des garçons naissent véridiques, généreux et magnanimes -, et parfois elle s'obtient par acquisition (al-iktisâb), grâce à la pratique des exercices spirituels (ar-riyâdatu) qui consistent à amener l'âme à assumer les œuvres qui procurent le bon caractère recherché. Ainsi, celui qui veut acquérir la qualité morale qu'est la générosité se doit d'assumer les actes de don qu'assumé l'homme généreux, pour que cela devienne une seconde nature chez lui.

De même, celui qui veut la modestie (al-jûd) assume les actes des hommes modestes. Il en va ainsi pour toutes les vertus, car l'accoutumance y est pour quelque chose. De la même manière que celui qui veut devenir écrivain s'adonne à la pratique de l'écriture, celui qui veut obtenir le Fiqh s'adonne à la pratique des Fuqahâ', qui consiste à répéter les leçons jusqu'à ce que la qualité du Fiqh imprègne son cœur. Mais, il ne faut pas rechercher l'effet de tout cela au bout de deux ou trois jours, car l'effet ne s'obtient qu'avec la régularité ; de la même manière qu'en matière de croissance, on n'exige pas l'élévation de la taille au bout de deux ou trois jours. C'est dire que la régularité a ici un grand effet ( ta`thîr ‘adhîm).

Mais, de la même façon qu'on ne doit pas sous-estimer les œuvres pies lorsqu'elles sont peu nombreuses, car leur régularité a de l'effet, on ne doit pas non plus mésestimer les péchés peu nombreux. Le fait de pratiquer les vertus, influence l'âme et change sa nature, le fait de succomber à la paresse devient une seconde nature et prive de tout accès au bien. Du reste, les bonnes valeurs morales peuvent s'acquérir en fréquentant les gens de bien, car le naturel est un voleur qui vole le bien mais aussi le mal.

Je dis pour ma part, que ceci est attesté par la parole du Prophète - صلى الله عليه وآله وسلم - : « L’individu partage la foi de son ami intime. Que chacun de vous regarde avant de choisir son ami intime. ».

Le moyen d'améliorer les caractères - في بيان الطريق إلى تذهيب لأخلاق

Tu sais maintenant que la modération des caractères (al-i'tidâl fî l-akhlâqi) représente la bonne santé de l'âme et que le fait de s'en détourner est un mal et un dépérissement. Sache donc que le soin pour l'âme ressemble à celui qu'on applique au corps. En effet, le corps ne naît pas parfait, mais se perfectionne grâce à l'éducation et à la nutrition, l'âme naît imparfaite, mais prédisposée à recevoir la perfection. Or, sa perfection s'acquiert grâce à la purification, l'amélioration du caractère (tadh-hîb al-akhlâqi) et à l'assimilation du savoir (at-taghdhiya bi l-'ilmi).

Lorsque le corps est en bonne santé, l'intervention du médecin se limite à préserver cette bonne santé, et lorsqu'il est malade, son intervention consiste à lui procurer la santé ; de même pour l'âme lorsqu'elle est pure et dotée d'un bon caractère, il faut s'employer à la préserver et à lui procurer plus de force, et lorsque la perfection lui manque, il faut s'employer à la lui assurer.

La cause qui implique la maladie du corps ne se soigne que par son contraire : Si c'est la chaleur, c'est par le refroidissement, et si c'est le refroidissement, c'est par la chaleur. Les vices de l'âme, qui relèvent de la maladie du cœur, ne peuvent être soignés que par leur contraire. Ainsi, on soigne le mal de l'ignorance par le savoir (marad al-jahli bi l-'ilmi), le mal de l'avarice par la générosité (marad al-bukhli bi l-sakhâ-i), le mal de l'orgueil par la modestie ((marad al-kibri bi t-tawâdu') et le mal de la gloutonnerie par le fait de ne plus consommer ce qu'on désire avec appétit.

Il faut supporter l'amertume du remède et endurer partiellement les privations pour restaurer les corps malades, il faut supporter la lutte spirituelle et l'endurance pour soigner le mal du cœur. Car la maladie du corps prend fin avec la mort, tandis que le mal du cœur est un tourment qui dure pour toujours même après la mort.

Voilà pourquoi, celui qui se charge du soin des âmes des novices et des aspirants ne doit pas les accabler d'entrer de jeu par des exercices spirituels appropriés à une discipline particulière, avant d'avoir connu leurs caractères et leurs maladies, car le remède pour chaque malade n'est pas le même. Ainsi, s'il voit un homme qui ignore la loi religieuse, il la lui enseigne ; s'il voit un homme orgueilleux, il lui impose ce qui incite à la modestie, et s'il voit un coléreux, il lui impose la magnanimité et la mansuétude.

Mais ce dont l'homme qui impose des exercices spirituels a le plus besoin, c'est la force de la résolution (quwwat al-'azmi). En effet, lorsqu'il devient hésitant, sa réussite n'est plus assurée. C'est pourquoi, lorsqu'il ressent en lui-même l'affaiblissement de sa détermination, il doit s'accrocher à la patience. Et si sa détermination décroît, il doit infliger une punition à son âme pour qu'elle ne récidive pas, comme l'avait fait cet homme qui a dit à son âme : « Tu parles de ce qui ne te concerne pas ! Je vais t'infliger comme punition le jeûne pendant une année. »

Les symptômes du mal du cœur, son retour à la santé et comment l'homme parvient à connaître ses propres défauts - في علامات مرض القلب و عودة إلى الصحة

Sache que chaque membre a été créé pour accomplir un acte particulier. Ainsi, le symptôme de sa maladie réside dans le fait qu'il ne peut plus assurer ce genre d'acte ou qu'il manifeste un certain trouble de fonctionnement : la maladie de la main prive de la force de saisir, la maladie de l'œil prive de la possibilité de voir et la maladie du cœur réside dans le fait qu'il lui devient difficile d'accomplir l'action qui lui est propre et pour laquelle il a été créé, à savoir la science (al-'ilm), la sagesse (al-hikma), la connaissance (al-ma'rifa), l'amour d’Allah - تعالى - (hubb Allahi ta'âlâ) et Son adoration ('ibâdatahu), ainsi que le fait de préférer cela à tout autre désir (shahwa).

Supposons que l'homme ait tout connu sans connaître Allah - سبحانه -, il serait comme s'il n'avait rien connu. Or, le signe de la connaissance, c'est l'amour. Ainsi, celui qui connaît Allah L'aime. Le signe de son amour, c'est qu'il ne Lui préfère rien d'autre parmi les choses aimables. Et celui qui préfère à Allah quelque chose parmi ce qui est aimable, possède un cœur malade, au même titre que l'estomac malade qui préfère la consommation de l'argile à celle du pain, en perdant l'appétit du pain.

Mais la maladie du cœur est subtile et il arrive à celui qui en est atteint de l'ignorer et d'en être insoucieux. S'il la connaît, il lui est souvent difficile d'endurer l'amertume de son remède, car son remède consiste à s'opposer au désir. Et s'il trouve la patience, il ne trouvera pas pour autant le médecin habile pour le soigner. En effet, les médecins ce sont les savants, mais ceux-ci sont aussi victimes de la maladie. Il faut savoir que rarement le médecin malade ne se penche sur son propre mal. C'est pour cette raison que le mal est devenu incurable, que cette science s'est éteinte, que la médecine des cœurs et de leurs maux a été complètement reniée et que les gens se sont adonnées à des œuvres dont l'extérieur est constitué de dévotions et dont l'intérieur n'est qu'habitudes et automatismes. Voilà les symptômes de l'origine du mal.

Quant au rétablissement du cœur et son retour à la santé normale après les soins dispensées, cela consiste à regarder la cause : si le fidèle veut soigner le mal de l'avarice, son remède consiste à donner de l'argent, mais sans excès pour ne pas tomber dans le gaspillage et la dilapidation et ne pas contracter un autre mal. Son cas ressemble à celui qui soigne le refroidissement par une chaleur excessive. Jusqu'à ce que la fièvre s'empare de son corps, et il ne fait qu'introduire un autre mal. C'est pourquoi, il convient de rechercher la modération.

Si tu veux connaître le juste milieu, regarde en toi-même : si l'accumulation et la garde de l'argent t'es plus agréable et plus facile que sa dépense en faveur de ceux qui le méritent, sache que ce qui prédomine chez toi, c'est le vice de l'avarice. Tu dois donc te soigner par les dépenses. Lorsque la dépense en faveur de celui qui la mérite devient pour toi plus agréable et plus aisée que la retenue de l'argent, c'est que tu es gagné par le gaspillage. Tu dois revenir à l'observance de la retenue. Tu ne cesses ainsi de te surveiller et de juger ta morale en fonction de la facilité ou de la difficulté, jusqu'à ce que le rapport de ton cœur à l'argent soit rompu au point qu'il n'incline plus, tantôt vers sa dépense, tantôt vers sa retenue, et qu'il devienne pour toi comme l'eau coulant de sa source : tu ne cherches plus à le retenir lorsque quelqu'un en a besoin ou à le dépenser s'il y a nécessité de le faire. Ainsi tout cœur qui atteint ce stade arrive à Allah sain et sauf au sein de cette station.

Mais le cœur doit être sain et à l'abri de tous les mauvais caractères pour qu'il n'ait plus aucune attache au bas monde et afin que l'âme puisse se couper de ses attraits, s'en détourner et perdre toute nostalgie à ses séductions. Elle peut alors effectuer son retour à son Seigneur comme une âme agréée et apaisée.

Comme le véritable juste milieu entre les deux extrêmes est très confus et ambigu, ou plutôt, il est plus fin qu'un cheveu et plus aigu qu'une lame d'épée, nul doute que celui qui se maintient fermement sur cette voie droite dans le bas-monde (man istawâ 'alâ hâdha as-sirâti fî d-dounyâ), peut traverser une semblable voie dans la vie future (al-âkhira). Mais comme la rectitude est très difficile, il a été ordonné au serviteur de répéter à plusieurs reprises chaque jour : { Dirige-nous sur la voie droite } (qur'ân : al-Fâtiha [1] - 6)

Il reste que celui qui ne peut pas atteindre cette rectitude doit s'efforcer de s'en rapprocher, car le salut réside dans les œuvres pieuses.

Comme les œuvres pieuses ne procèdent que des bons caractères, chaque serviteur est tenu d'examiner ses propres qualités et son caractère et de s'employer à les soigner les uns après les autres. Celui qui est doué de détermination doit endurer cette affaire, car elle finira par lui devenir agréable comme l'est le sevrage pour l'enfant qui le déteste au début. Pourtant, si après le sevrage, on le remet à l'allaitement il le détestera. C'est dire que celui qui sait que les jours d'une vie sont infimes par rapport à la durée de la vie future, se doit de supporter les difficultés d'un voyage de quelques jours pour jouir d'une félicité éternelle. Comme on dit : C'est au matin qu'on loue le voyage de la nuit.

Sache également que lorsque Allah - تعالى - veut du bien (khayr) pour quelqu'un, Il lui accorde le discernement pour voir ses propres défauts. Ainsi, celui qui possède du discernement (basîra) ses défauts ne lui échappent plus. Ensuite lorsqu'il connaît les défauts, il peut rechercher les soins et les remèdes. Mais le problème c'est que la plupart des gens ignorent leurs défauts. L'un d'eux voit la paille dans l'œil de son frère et ne voit pas la poutre dans son propre œil.

Celui qui veut connaître et soigner ses propres défauts, a quatre voies possibles devant lui :

La première voie consiste à s'asseoir entre les mains d'un maître spirituel (chaykh) qui connaît parfaitement les défauts de l'âme, pour qu'il lui fasse connaître ses propres défauts et les moyens pour y remédier. Mais l'existence d'un tel maître est devenue très rare à notre époque. Ainsi, celui qui tombe sur lui, tombe sur un médecin habile, et il ne convient pas qu'il le quitte.

La deuxième voie consiste à rechercher un ami sincère (sadîq), clairvoyant (basîr) et pieux (mutadayin) pour le préposer comme un surveillant de sa propre âme afin que cet ami l'avertisse contre ce qui est répréhensible et blâmable de ses caractères et ses actes.

Le prince des croyants 'Umar ibn al-Khattâb - رضى الله عنه - a dit : « Qu’Allah prenne en miséricorde un homme qui nous fait cadeau de nos propres défauts ».

De même, en recevant Salmân - رضى الله عنه - il lui a demandé quels étaient ses propres défauts. Salmân - رضى الله عنه - lui répondit : « Tu réunis deux condiments à ta table et tu as deux habits : l'un pour la nuit et l'autre pour le jour ». 'Umar - رضى الله عنه - lui demanda : « Sais-tu autre chose à part cela ». Il répondit par non. 'Umar - رضى الله عنه - lui dit : « Quant à cela je m'en charge ».

'Umar - رضى الله عنه - ne cessait d'interroger Hudhayfa en lui disant : « Est-ce que je fais partie des hypocrites ? » Ceci, parce que celui qui possède un degré élevé en matière de vigilance redouble d'accusation contre lui-même. Mais il devient de plus en plus difficile à notre époque de trouver un ami qui a cette qualité, car rares sont les amis qui renoncent à la complaisance pour parler des défauts ou dénoncer l'envie, car ils se contentent de ce qui est indispensable.

Or, les anciens pieux (As-Salaf) aimaient celui qui attire l'attention sur leurs propres défauts, alors que nous considérons maintenant qu'en général l'homme le plus détestable pour nous est celui qui nous fait voir nos propres défauts. Pourtant, ceci constitue une preuve de la fragilité de la foi, car les mauvais caractères sont semblables aux scorpions. En effet, si un homme nous avertit de la présence d'un scorpion sous les vêtements de l'un de nous, nous lui saurons gré pour son geste et nous nous employons à écraser cette bête. Pourtant, les mauvais caractères et les vices sont plus nuisibles, comme on le sait de toute évidence, que le scorpion.

La troisième voie consiste à tirer profit de ce que disent ses ennemis pour connaître ses propres défauts, car l'œil courroucé dévoile les méfaits. Du reste, un ennemi bagarreur qui rappelle les défauts rapporte plus de profit pour l'homme qu'un ami complaisant qui lui cache ses propres défauts.

La quatrième voie consiste à fréquenter les gens pour chercher à éviter tout ce qui est détestable chez eux.

Les désirs de l'âme - فصل في شهوات النفوس

Nous avons indiqué que les désirs de l'âme n'ont été instaurés que pour une utilité évidente, car sans le désir de manger on ne pourrait plus se nourrir, et sans le désir sexuel, il n'y aurait plus d'espèce humaine. Ce qui est détestable, c'est la futilité des désirs et leur emprise. Mais il y a des gens qui ne comprennent pas cela et se mettent à renoncer à tout ce qui est désiré par l'âme. Car c'est une injustice que de la priver de son droit. En effet, l'âme a son droit, conformément à la parole du Prophète - صلى الله عليه وآله وسلم - : « Ton âme a un droit sur toi ».

Ainsi, ces gens vont jusqu'à dire par exemple : Cela fait tant d'années que je désire telle chose, mais je ne l'ai jamais touchée. Ceci constitue une attitude déviante par rapport au principe de licite, et une opposition à la Sunna de l'Envoyé d’Allah - صلى الله عليه وآله وسلم -.

En effet, il prenait des mets appétissants comme les sucreries, le miel surtout, et bien d'autres choses. Aussi, on ne doit pas prêter grande attention à l'ascète dépourvu de savoir, qui prive totalement son âme de ce qui est désirable, car un tel homme est plus proche de l'injustice que de l'équité.

C'est dire qu'on ne renonce à ce qui est désiré que lorsqu'il y a difficulté pour y accéder, comme par exemple, lorsqu'on ne l'obtient que par des procédés répréhensibles, ou qu'on craint que sa consommation provoque le relâchement de la détermination, ce qui amène l'âme à le priser en permanence ou à s'en accoutumer, ou qu'on y appréhende un surplus de satiété qui engourdit le fidèle et l'empêche d'observer ses actes de dévotion.

Quant à prendre ce qui est désirable à certains moments pour renforcer l'âme, ceci est comparable à la médecine pour le malade. On le loue et on ne le réfute pas, car il est bon d'être doux avec l'âme pour qu'elle ait la force de poursuivre le cheminement.

Les signes du bon caractère - بيان علامات حسن الخلق

Il arrive à l'aspirant de lutter contre son âme charnelle jusqu'à ce qu'elle renonce aux dépravations et aux péchés, puis il croit qu'il a amélioré son caractère et qu'il peut se passer du combat spirituel, alors qu'il n'en est rien. Car le bon caractère résume l'ensemble des qualités des croyants qu’Allah - qu'il soit exalté - décrit en ces termes : { Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi. Et ils placent leur confiance en leur Seigneur Ceux qui accomplissent la Salâ et qui dépensent (dans le sentier d'Allah) de ce que Nous leur avons attribué. Ceux-là sont, en toute vérité les croyants: à eux des degrés (élevés) auprès de leur Seigneur, ainsi qu'un pardon et une dotation généreuse. } (Qur'ân : al-Anfâl [8] - 2;3;4)

{ Ils sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (ou qui jeûnent), qui s'inclinent, qui se prosternent, qui commandent le convenable et interdisent le blâmable et qui observent les lois d'Allah... et fais bonne annonce aux croyants. } (Qur'ân :at-Tawba [9] - 112)

{ Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humbles dans leur Salâ, qui se détournent des futilités, qui s'acquittent de la Zakâ, et qui préservent leurs sexes, (de tout rapport), si ce n'est qu'avec leurs épouses ou les esclaves qu'ils possèdent, car là vraiment, on ne peut les blâmer; alors que ceux qui cherchent au-delà de ces limites sont des transgresseurs; } (Qur'ân : al-Mu°minûn [23] - 1->10)

{ Les serviteurs du Tout Miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s'adressent à eux, disent: "Paix", ... } jusqu'à la fin de la sourate (Qur'ân : al-Furqân — verset 63 et suivants).

Donc, celui qui a des difficultés à reconnaître son état, doit soumettre son cas à ces versets. Car la présence de toutes ces qualités est un signe du bon caractère, et leur absence est un signe du mauvais caractère. De même, la présence de quelques unes, au détriment du bien d'autres, est une indication de la présence de quelques caractères à l'exclusion de bien d'autres. Donc, le fidèle doit s'employer à préserver ce qu'il trouve déjà présent et à acquérir ce qui lui manque.

Du reste, l'Envoyé d’Allah — que Dieu lui accorde la grâce et la paix - a réservé plusieurs qualités aux croyants, par lesquelles il faisait allusion aux bons caractères.

En effet, il est rapporté dans les deux Recueils Authentiques (Sahîhayn), d'après le Hadîth transmis par Anas que le Prophète - que Dieu lui accorde la grâce et la paix — a dit : « Par Celui qui détient le sort de mon âme ! Le serviteur ne croit pas tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aimerait pour lui-même ».

Il est rapporté également dans ces deux Recueils, d'après le Hadîth transmis par Abû Hurayra que le Prophète — que Dieu lui accorde la grâce et la paix — a dit : « Celui qui croit en Allah et au Jour Dernier se doit d'honorer son hôte. Celui qui croit en Dieu et au Jour Dernier ne doit pas nuire à son voisin. Celui qui croit en Allah et au Jour Dernier, se doit de dire du bien ou de garder le silence ».

Il est dit dans un autre Hadîth : « De tous les croyants celui qui a une Foi parfaite est celui-là même qui a le meilleur caractère ».

Le bon caractère consiste aussi à supporter la gêne et les nuisances. En effet, il est rapporté dans les deux Recueils Authentiques (Sahîhayn), qu'un arabe bédouin avait tiré le manteau du Prophète - que Dieu lui accorde la grâce et la paix — si brutalement que son col a marqué le cou de l'Envoyé d’Allah — que Dieu lui accorde la grâce et la paix — puis il lui a dit : « ô Muhammad ! Ordonne qu'on me donne de l'argent d’Allah qui est dans tes mains ». L'Envoyé d’Allah — que Dieu lui accorde la grâce et la paix - se retourna, puis sourit et ordonna qu'on lui en donne.

De même lorsque les gens de son peuple lui causaient une gêne, il disait : « Mon Dieu ! Pardonne aux gens de mon peuple car ils ne savent pas. »

De son côté, Uways al-Qarani disait aux enfants qui lui lançaient des pierres : « ô mes frères ! S'il le faut et qu'il ne peut en être autrement, jetez sur moi des cailloux sans blesser mon pied et m'empêcher de prier. »

De même, Ibrâhîm ibn Adham était sorti au désert où il a croisé un soldat qui lui demanda où se trouvaient les agglomérations. Ibrâhîm lui indiqua un cimetière. Le soldat lui porta un coup à la tête et le blessa. Lorsqu'il sut que c'était Ibrâhîm, il se mit à embrasser sa main et son pied. Mais Ibrâhîm a dit ensuite : lorsqu'il a frappé ma tête, j'ai demandé à Allah de lui accorder le Paradis, parce que je savais que je serais récompensé pour les coups que j'ai reçu. Aussi, je n'ai pas voulu que ma part à son égard soit le bien et que la sienne à mon égard soit le mal.

De même, quelqu'un a traversé une ruelle où on a versé sur lui de la cendre à partir d'une terrasse. Ses compagnons se mirent à parler et à crier mais il a dit : « Celui qui mérite l'Enfer et à qui on offre de la cendre en guise de réconciliation, se doit de maîtriser sa colère et de ne pas s'emporter ».

Il s'agit d'âmes domptées par les exercices spirituels d'où la tempérance de leurs caractères et l'épuration de leurs intérieurs de tous les résidus de la fraude et de la trahison, ce qui leur procure l'agrément des arrêts du destin. Donc, celui qui ne trouve pas en lui-même quelques unes de ces marques découvertes chez ces gens, se doit de poursuivre les exercices spirituels pour y arriver, car il n'est pas encore arrivé.

L'éducation des enfants en bas âge

Les exigences de la pratique des exercices spirituels




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