3-3 : La réduction des deux appétits
L'appétit naturel et l'appétit sexuel L’appétit naturel du ventre est l’un des plus graves éléments destructeurs. C’est a cause de lui qu’Adam (as) a été expulsé du Paradis. C’est de l’appétit du ventre que procèdent l’appétit sexuel et le désir de l’argent ainsi que bien d’autres vices qui proviennent de la fougue de la satiété. Il est rapporté dans le Hadîth que le Prophète - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - a dit : « Le croyant mange avec un seul intestin et l’impie mange avec sept intestins ». Il est dit dans un autre Hadîth : « Jamais le fils d’Adam n’a rempli de mal un récipient comme son ventre. Pourtant quelques bouchées suffisent au fils d’Adam pour se maintenir. S’il ne peut en être autrement, qu’il réserve un tiers pour sa nourriture, un tiers pour sa boisson et un tiers pour sa respiration ». De son côté ‘Uqba al-Rassi rapporte ceci : « Je suis entré chez al-Hasan pendant qu’il mangeait. Il m’a dit : viens. J’ai répondu : j’ai mangé jusqu’à ce que je n’en puisse plus. Il dit alors : Gloire a Dieu ! le musulman peut-il manger jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus ? » Certains ascètes ont exagéré en matière de privation de nourriture et d’endurance a supporter la faim. Or, nous avons indiqué ailleurs la déficience de leur attitude. Il reste que l’équité en matière de nourriture consiste à s’arrêter de manger alors qu’il reste encore un peu d’appétit pour la nourriture. Car, en fin de compte, la position idéale est celle décrite par la parole du Prophète - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - : « Un tiers pour sa nourriture, un tiers pour sa boisson et un tiers pour sa respiration ». Ainsi, la nourriture prise modérément procure la santé au corps et lui évite des maladies. Ceci consiste, pour s’arrêter de manger alors qu’il a encore de l’appétit. Mais s’en priver et ne prendre en permanence que de petites quantités de nourritures, amoindrit les forces. En effet, certaines personnes ont réduit leur nourriture jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus assurer les obligations rituelles. Elles ont cru, par ignorance, que c’était une vertu alors qu’il n’en est rien. Car celui qui loue la faim fait allusion à l’état intermédiaire que nous avons évoqué. La voie de l’exercice spirituel en matière de réduction de l’appétit naturel du ventre pour celui qui a l’habitude de manger en permanence jusqu’à l’assouvissement, consiste à réduire sa nourriture pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’il atteigne la juste mesure, car les meilleures choses sont celles qui sont médianes. Ainsi, il convient de prendre des quantités modérées de nourriture qui n’empêchent pas l’accomplissement des actes de dévotion et qui permettent au fidèle de garder ses forces, de sorte qu’il ne ressent ni la faim ni la satiété. Ceci permet d’avoir un corps sain, de rassembler l’énergie spirituelle et d’avoir des pensées claires. S’il mange trop, cela favorise chez lui trop de sommeil et l’engourdissement de son esprit, parce que les humeurs remontent en grande quantité dans le cerveau pour voiler les sièges de la pensées et du dhikr et risquent de provoquer bien d’autres maux. Mais que celui qui renonce à un objet désiré prenne garde de succomber au vice de la duplicité. Il y a avait un saint qui achetait des mets appétissant, il les accrochait dans sa maison bien qu’il y ait renoncé, pour cacher son ascèse et son renoncement. Voila la vraie ascèse qui l’œuvre des justes. Celui qui l’accomplit impose par deux fois la coupe de la patience à son âme. Or la deuxième est encore plus amère. Pour ce qui est de l’appétit sexuel, sache que ce désir a été imposé à l’être humain en raison de deux avantages : l’un pour préserver l’espèce et l’autre pour goûter un plaisir qui lui permet de mesurer le plaisir de la vie future. Car on n’aspire pas grandement à quelque chose dont ne perçoit pas le genre par le goût et la saveur. Toutefois, si on ne ramène pas ce désir effréné à la modération, il risque d’apporter bien des fléaux et d’épreuves. Sans cela, les femmes ne seraient pas les filets de Chaytân. Du reste, il est rapporté, dans le Hadîth, que le Prophète - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - a dit : « Je n’ai rien laissé chez les hommes après moi de source de discorde plus dommageable que celle des femmes ». De même un saint a dit : si un homme me confie en dépôt le Trésor public je pense que je m’acquitterai convenablement de ma charge. Mais s’il me confie une heure une femme noire en tête à tête, je crains de la confier à mon âme charnelle. D’ailleurs l’excès dans l’assouvissement de ce désir peut amener l’homme à concentrer toute son énergie sur le plaisir de jouir des femmes, ce qui le détourne de la vie future et le plonge dans les vices et les débauches. Cela peut même fait vraiment honte. Du reste beaucoup de gens éprouvent un amour éperdu pour l’argent, la réputation, les jeux de bridge, d’échec, de la guitare, etc.… C’est que ces choses s’emparent des cœurs qui ne peuvent plus s’en passer. Certes, il est plus facile de s’en prémunir au cours des débuts, car lorsqu’on y succombe totalement, le remède devient de plus en plus difficile et inefficace. Cela s’apparente au cas de l’homme qui retient les rennes de la monture au moment où elle se diriger vers une porte dans laquelle elle veut pénétrer : combien il est facile de l’empêcher d’y pénétrer en retenant les rennes. Quant à celui qui n’y remédie qu’une fois le désir enraciné en lui, son cas est semblable à l’homme qui laisse la monture entrer et passer par la porte et qui lui tient ensuite la queue pour la tirer en arrière. Combien est différente la situation dans ces cas ! |
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