3-5 : La désapprobation de la colère, du ressentiment et de l'envie
Introduction Sache que la colère est une inflammation qui procède du Feu et qu’au moment de l’emportement de l’homme, une de ses veines est stimulé par le démon. Celui-ci n’a-t-il pas dit à son Seigneur : « Tu m’a créé de feu et tu l’as crée d’argile » (Qurân : 7-12) Or la nature de l’argile inspire la quiétude et la dignité tandis que celle du feu inspire l’attisement, l’inflammation, le mouvement et l’agitation. Du reste, la colère produit comme effets la rancune et l’envie. Et ce qui prouve que la colère est condamnable, c’est que le Prophète - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - a dit à l’homme qui lui a demandé des recommandations, en le répétant à plusieurs reprises : « Ne t’emporte pas ! » Il est rapporté, dans un autre Hadîth, qu’Ibn ‘Omar a posé cette question au Prophète - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - : Qu’est-ce qui peut m’éloigner du courroux de Dieu ? - عز و جل - et qu’il a reçu cette réponse : « Ne t’emporte pas ! » De même, il est rapporté dans le Hadîth qui fait l’unanimité et que transmet Abû Hurayra que l’Envoyé de Dieu - صَلَّى الله عَلَيْهِ وَ سَلَّمَ - a dit : « L’homme très fort n’est pas le champion en lutte mais celui qui est maître de lui-même au moment de la colère ». Par ailleurs ‘Ikrima dit à propos de la Parole de Dieu - عز و جل - sur Yahya (Jean Baptiste) : « Un chef, un chaste(hasur) » (Qurân : 3-39) Que cela signifie : celui qui reste maître de lui-même au moment de l’emportement et qui n’est pas dominé par sa colère. On rapporte également ceci : enseigne-moi une science grâce à laquelle j’accrois ma foi et ma certitude. L’ange lui répondit : ne te mets pas en colère car le démon a plus de pouvoir sur le fils d’Adam quand il est en colère. Aussi, réduis ta colère en la contenant, apaise-la par le calme. Mais prends garde à l’empressement, car lorsque tu t’empresses, tu rates ta chance. Sois également abordable et doux avec le proche et le lointain et ne sois pas obstiné et dur ! On rapporte également qu’Iblîs – Que Dieu le maudisse – a rencontré Mûsâ (Moïse) - عليه السلام -. Il lui dit : Ô Moïse ! Prends garde à l’emportement car je me joue de l’homme trempé en fer comme les enfants qui jouent avec un ballon. Prends garde aux femmes, car je n’ai jamais posé un piège en étant sûr de moi comme lorsque je me sers d’une femme comme piège. Prends garde aussi à l’avarice car je corromps, pour l’homme avare, le bas-monde et la vie future. On disait également : « Evitez la colère car elle affecte la Foi comme le vinaigre affecte le miel ». Du reste, la colère est l’ennemie de la raison. La réalité de la colère réside dans le retournement du sang du cœur pour prendre sa revanche. En effet, lorsque l’homme se met en colère, les flammes de la colère provoquent un attisement qui fait bouillir le sang du cœur, le répand dans les veines et le fait monter dans la partie supérieure du corps telle l’eau bouillonnante qui remonte dans la marmite. D’où la rougeur qui gagne le visage, l’œil et la peau. Tout ceci reflète la couleur de ce qu’il contient intérieurement comme rougeur du sang, de la même manière que le verre reflète la couleur de son contenu. Il faut dire que le sang se dilate lorsqu’on s’emporte contre quelqu’un d’inférieur dont on ressent qu’on a du pouvoir sur lui. Si la colère est dirigé contre quelqu’un de supérieur dont on désespère de pouvoir prendre une revanche contre lui, cela provoque une contraction du sang depuis la surface de la peau vers les cavités du cœur, d’où la tristesse et la pâleur. Si la colère est dirigée contre un associé douteux, le sang oscille entre la dilatation et la contraction, d’où la rougeur, la pâleur et les troubles. C’est dire que la revanche est un combustible pour renforcer la colère. Il faut dire qu’il y a trois types de gens pour ce qui est de la violence de la colère, l’excès, la négligence et la juste mesure ou modération. En effet, l’excès de colère n’est jamais à louer parce qu’il fait déborder l’entendement et la foi de leur ligne et prive l’homme de tout moyen de perception, de réflexion et de choix. Mais la négligence totale en ce domaine est elle aussi blâmable, car l’homme qui en est complètement dépourvue perd toute notion d’esprit, de corps et toute jalousie naturelle. Celui qui a perdu totalement le sens de la colère est incapable de dompter son âme et de lui imposer des exercices spirituels, car ce dressage ne s’obtient que grâce à la domination de la colère sur le désir, lorsque l’homme se met en colère en inclinant vers les désirs vils. Donc, la perte totale de la colère est à blâmer et il convient de trouver une voie médiane entre ces deux attitudes extrêmes. Sache également que, lorsque le feu de la colère s’enflamme et s’attise, il aveugle l’homme et le rend sourd à toute exhortation, parce que la colère remonte jusqu’au cerveau et envahit les foyers de la pensée et il arrive même qu’elle envahisse les foyers de la sensation. Tout devient sombre pour cet homme qui ne parvient plus à voir avec ses yeux ; le monde entier s’assombrit devant lui et son cerveau devient comme une caverne qui a pris feu : son atmosphère est noircie, son enveloppe est brûlante, son espace est rempli de fumée, le cierge qui y brûle est éteint, son sol n’est plus ferme, on y entend aucune parole, on n’y voit aucune forme et rien ne peut éteindre ce feu brûlant. Voila ce que la colère provoque dans le cœur et le cerveau. Il arrive même qu’elle emporte sa victime. Les facteurs provocant la colère et ses remèdes Le fait de contenir sa colère La mansuétude Le pardon et la bienveillance Le ressentiment et l'envie La dépréciation du bas-monde Les causes de la grande propagation de l'envie La réalité du bas-monde et ce qui est blâmable et louable La dépréciation de l'avarice, de l'avidité et de la convoitise Des indications sur l'éloge de l'argent La dépréciation de la convoitise et de l'avidité et l'éloge du contentement Quelques récits sur les hommes généreux La dépréciation de l'avarice Quelques récits sur les avares La vertu de l'altruisme La définition de l'avarice et de la générosité |
|