11 - Pourquoi le Coran n'est pas l'oeuvre de Muhammad | Islamopédie
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1 - Il n'engendre pas. Il n'est pas engendré

2 - Si mes actions sont décrétées par Dieu, pourquoi me juge-t-Il ?

3 - Pourquoi Dieu a-t-Il créé le mal ?

4 - Et quelle est la faute de ceux qui ignorent le Coran ?

5 - Le Paradis et le feu de l'Enfer

6 - La religion est-elle un opium ?

7 - Et la femme ? Qu'est-elle devenue dans l'Islam ?

8 - L'esprit

9 - La conscience

10 - Les rites du pèlerinage sont-ils du paganisme ?

11 - Pourquoi le Coran n'est pas l'oeuvre de Muhammad

12 - Il est impossible que le Coran soit l'oeuvre d'un homme

13 - Le Coran à l'épreuve du doute

14 - La religion et la théorie de l'évolution

15 - À propos de la formule « Il n'y a pas de dieu sauf Dieu »

16 - Kaf-ha-ya-'ayn-sad

17 - Le miracle

18 - Signification de la religion

19 - À nous le bonheur d'ici-bas ! À vous les rêves !
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11 - Pourquoi le Coran n'est pas l'oeuvre de Muhammad
( Accueil > Bibliothèque > Moustapha Mahmoûd > Dialogue avec un ami athée)

Mon ami me dit en choisissant ses mots :

- Je ne voudrais pas t'offusquer, car je sais à quel point tu vénères le Coran. Je suis d'accord avec toi pour reconnaître qu'il s'agit d'un livre d'une valeur inestimable. Mais pourquoi Muhammad n'en serait-il pas l'auteur ? Qu'un homme de sa trempe écrive un livre d'une telle splendeur n'aurait rien de surprenant. Ce serait même beaucoup plus logique que d'affirmer : « C'est Dieu qui l'a révélé en le faisant descendre des cieux sur les hommes ! » Nous n'avons jamais vu Dieu faire quoi que ce soit de semblable. En outre, nous sommes à une époque où il est difficile de convaincre les hommes de l'existence d'un ange, appelé Gabriel, qui aurait apporté des cieux un livre pour le révéler à un être humain.

Je répondis calmement :

- Bien au contraire ! Nous vivons à une époque où il est on ne peut plus facile de croire à l'existence d'anges invisibles et de vérités pouvant être communiquées aux hommes par révélation. On parle aujourd'hui d'ovnis descendant sur la terre en provenance de lointaines planètes. Il existe des cerveaux électroniques pour diriger les usines, des rayons laser qui tuent, des ondes radio qui atteignent leurs objectifs, des images transformées en ondes électromagnétiques captées par un appareil gros comme un paquet de cigarettes, des caméras pour filmer ce qui invisible à l'oeil nu, des appareils pour voir dans les ténèbres... L'homme marche sur la Lune ; des satellites se posent sur Mars...

Il n'est donc plus étrange d'entendre dire que Dieu a mandaté un être invisible, l'un de ses Anges, pour communiquer sa Révélation à un Prophète. L'existence de Gabriel est même devenue une réalité de second rang, moins surprenante que ce que nous voyons et entendons quotidiennement.

Pour quelle raison Muhammad n'est pas, selon nous, l'auteur du Coran ? Voici : dans sa forme morphologique et syntaxique, avec tout son contenu de connaissances scientifiques ou autres, de secrets révélés, de beauté littéraire et de précision du vocabulaire, le Coran dépasse les capacités d'un auteur humain. Si nous ajoutons que Muhammad était analphabète, qu'il n'a jamais fréquenté l'école et qu'il n'a jamais quitté la péninsule Arabique pour se mêler à une autre civilisation, il est impossible d'émettre le moindre doute ou la moindre question à ce sujet.

Les incrédules de ton espèce qui s'entêtent à prétendre que le Coran a été composé par un homme, Dieu les défie en ces termes :

« Dis : Produisez donc une sourate semblable à ceci

et invoquez qui vous pourrez en dehors de Dieu. » (Coran : 10, 38)

Appelez à l'aide les démons, les anges, les génies de l'humanité, et montrez-moi une sourate semblable à ceci : le défi est toujours lancé et il n'est personne qui ait pu le relever.

Si nous examinons le Coran avec impartialité et objectivité, nous exclurons totalement que Muhammad ait pu en être l'auteur.

S'il en était autrement, Muhammad aurait laissé dans le Coran une trace de ses soucis personnels et de sa tristesse. En une même année, il perdit en effet sa femme Khadîja et son oncle paternel Abû Tâlib, les deux seuls êtres sur lesquels il pouvait s'appuyer en ce monde. Sa douleur fut immense. Or, dans le Coran, aucune mention n'est faite de ces deux êtres chers. Pas le moindre mot. De même, lorsque le Prophète pleure son fils Ibrâhim qui vient de mourir, le Coran reste muet. La personne de Muhammad n'intervient absolument pas.

Qui plus est, les versets coraniques peuvent aller à l'encontre de ce que fait ou pense faire Muhammad. Parfois, c'est une réprimande, comme à propos de cet aveugle dont le Prophète s'était détourné pour s'intéresser aux gens de Quraysh, sa propre tribu :

« Il s'est renfrogné et s'est détourné parce que l'aveugle est venu à lui.

Qui te fera savoir si, peut-être, celui-ci se purifie ou s'il réfléchit de telle sorte que le Rappel

lui soit profitable ? » (Coran : 80, 1-4)

Parfois, c'est un désaveu :

« Il n'appartient pas à un Prophète de faire des captifs

tant que sur, sur la terre, il n'est pas venu à bout des incrédules.

Vous aspirez aux biens de ce monde. Dieu veut, pour vous, la Vie future.

Si une prescription de Dieu n'était pas déjà intervenue,

un terrible châtiment vous aurait atteints à cause des biens dont vous vous êtes emparés. » (Coran : 8, 67-68)

Parfois encore, le Coran ordonne à Muhammad de dire à ses fidèles ce qu'il ne pourrait pas dire s'il parlait de son propre chef :

« Dis : Je ne suis pas un innovateur parmi vos prophètes.

J'ignore ce que l'on fera de moi et de vous. » (Coran : 46, 9)

Il n'existe aucun prophète qui puisse se porter volontaire, de son plein gré, pour dire à ses adeptes : « J'ignore ce que l'on fera de moi et de vous... Je ne détiens, pour vous comme pour moi, ni dommage, ni profit. » La dispersion des adeptes serait inévitable.

Et pourtant, c'est bien ce qui est arrivé à Muhammad. Les Juifs ont utilisé le verset précité comme prétexte pour déclarer : Quelle est l'utilité de ce prophète qui ignore ce que l'on fera de lui et de nous ? Nous n'avons aucun avantage à le suivre.

Si Muhammad avait eu l'initiative du Coran, jamais il n'aurait écrit de tels versets !

Un examen minutieux du style coranique nous prouve qu'il est nouveau et unique en son genre. Dans sa cohésion, sa composition et sa structure, il n'a pas son semblable dans la littérature arabe, qu'elle soit antérieure ou postérieure au Coran, à tel point que l'on peut répartir la langue arabe en trois grandes sections : la poésie, la prose et le Coran. Nous sommes en présence d'une langue qui a sa trame propre, sans être de la prose ou de la poésie.

La musicalité de la poésie repose sur le rythme et la rime. Écoutons, par exemple, le poète Ibn al-Abras al-Asadî :

« Aqfara min ahli-hi Abîd

Fa-laysa yubdî wa lâ yu'îd. »

(«Loin des siens qu'il a abandonnés

Dans son silence, Abîd s'est confiné. »)

La musicalité est due ici à la césure et à la rime sur le "d" prolongé. C'est une musicalité externe, alors que celle du Coran est interne :

« Wa d-duhâ wa l-layli idhâ sajâ. »

(« Par la clarté du jour ! Par la nuit, quand elle s'étend ! » - Coran : 93, 1-2)

Aucune césure, aucune rime dans cette simple expression. Et pourtant, la musique filtre à travers elle, provenant de l'intérieur même de la phrase.

Et ces autres versets :

« Rabbi innî wahana l-'azmu minnî

Wa-(i)shata'ala r-râ'su shayban wa lam

Akun bi-du'â'ika Rabbi shaqiyyan. »

(« Mon Seigneur ! Mes os sont affaiblis, ma tête a blanchi.

Mon Seigneur ! Jamais en te priant je n'ai été malheureux » - Coran : 19, 4)

« Taha / Mâ anzalnâ 'alayka l'Qur-âna li-tashqâ /

illâ tadhkiratan li-man yakhshâ /

tanzîlan mim-man khalaqa l'arda wa s'samawâti l'-'ulâ /

ar-Rahmân 'alâ l-'arshi(i) stawâ. »

(« Ta.Ha.

Nous n'avons pas fait descendre sur toi le Coran pour te rendre malheureux,

mais comme un Rappel pour quiconque craint Dieu ;

comme une Révélation de Celui qui a créé la terre et les cieux élevés.

Le Miséricordieux se tient en majesté sur le Trône. - Coran : 20, 1-5)

Lorsque les versets prennent le ton de la menace, la phrase semble construite et sculptée dans le roc. Tel un cliquetis de cuivres qui s'entrechoquent, le rythme devient irritant pour l'oreille :

« Innâ arsalnâ 'alay-him rihan sarsaran fî yawmin nahsin mustamirr(in) /

Tanzi'u n-nâsu ka-anna-hum a'jâzu nakhlin munqa'ir(in). »

(« Nous avons déchaîné contre eux un vent mugissant en un jour interminable et funeste.

Ce vent arrachait les hommes comme s'ils avaient été des souches de palmiers déracinés. » - Coran : 54, 19-20)

Des mots comme sarsaran (« mugissant »), munqa'in(in) (« déraciné »), etc. ont la dureté de la pierre.

Lorsque les versets coraniques annoncent une nouvelle fabuleuse, comme la fin du déluge, le style devient haché. On dirait du morse. Les versets entiers ressemblent à des messages télégraphiques très concis dont l'effet est impressionnant :

« Il fut dit : Ô terre ! Absorbe cette eau qui t'appartient ! Ô ciel ! Arrête-toi ! L'eau fut absorbée, l'ordre fut exécuté. » (Coran : 11, 44)

Dans le choix du mot évocateur, la composition et le rythme de la phrase en fonction du sens à donner ou du sentiment à éveiller, le Coran atteint une variété inégalable. Son style est coulant, sans redondance ni affectation.

Poursuivant notre analyse, nous découvrons dans le Coran une très grande précision et une stupéfiante exactitude. La moindre préposition est juste à la place qu'il faut, ni avant, ni après. Il est impossible de remplacer un mot par un autre, ou une préposition par une autre. Chaque mot a été choisi parmi une multitude d'autres, en fonction de critères très précis.

Pour illustrer cette précision extrême, introuvable en aucun autre écrit, remarquons le mot lawâqiha (« chargés de lourds nuages ») dans le verset « Wa arsalnâ r-riyâh lawâqiha » (« Nous avons envoyé les vents chargés de lourds nuages » - Coran : 15, 22). On donnait autrefois à ce mot l'interprétation métaphorique suivante : les vents agitent les nuages et font tomber la pluie qui « féconde » la terre, qui la rend « fertile ». Nous savons aujourd'hui que les vents entraînent les nuages chargés d'électricité positive et qu'ils les projettent à l'intérieur d'autres nuages, chargés d'électricité négative. Cette rencontre produit les éclairs, le tonnerre et la pluie. Selon cette explication, les vents sont à nouveau agents de « fécondation ». Nous savons finalement qu'ils transportent des grains de pollen d'un arbre vers l'autre. Il s'agit alors d'une « fécondation » au sens premier du terme.

Nous voici donc en présence d'un mot qui est exact selon ses acceptions métaphorique, littérale et scientifique, outre son agréable sonorité.

Un autre verset illustrera cette précision dans le choix du mot évocateur :

« Ne dévorez pas à tort vos biens entre vous : n'en faites pas présent [tudlû] aux juges

dans le but de manger injustement une part des biens d'autrui.

Vous le savez parfaitement. » (Coran : 2, 188)

Notons le mot tudlû [« laisser pendre, laisser tomber »]. Bien que le juge, à qui sont remis les biens, soit haut placé, le Coran rétablit la situation. En effet, la main qui reçoit un pot-de-vin, s'agirait-il de la main d'un juge, le reçoit « par-dessous ». D'où l'expression « laisser tomber dans la main des juges » qui traduit avec une éloquence sans pareille la bassesse de celui qui se laisse corrompre.

Dans le verset du jihâd :

« Qu'avez-vous ?

Lorsqu'on vous dit : Élancez-vous sur le Chemin de Dieu,

vous vous êtes appesantis [i-ththâqaltum] sur la terre. » (Coran : 9, 38)

Le Coran emploie le mot (i)ththâqaltum au lieu de tathâqaltum, avec fusion des deux "th" collés l'un à l'autre. Il veut suggérer par là la couardise de ceux qui "collent" au sol et s'y recroquevillent de peur lorsqu'ils sont appelés au combat. La morphologie du mot est donc évocatrice par elle-même.

Le verset relatif au meurtre des enfants pour cause de pauvreté se présente sous deux formes :

« Ne tuez pas vos enfants à cause de votre pauvreté ;

Nous vous accorderons votre subsistance avec la leur. » (Coran : 6, 151)

« Ne tuez pas vos enfants par crainte de la pauvreté ;

Nous leur accorderons leur subsistance avec la vôtre. » (Coran : 17, 31)

La variante entre ces deux versets n'est pas due au hasard. Elle obéit à des raisons précises. Lorsque le meurtre est voulu « à cause de la pauvreté », cela signifie que les parents vivent actuellement dans la pauvreté. D'où « Nous vous accorderons votre subsistance avec la leur. » Lorsque, par contre, le meurtre des enfants est prémédité « par crainte de la pauvreté », cela signifie que les parents prévoient la pauvreté pour l'avenir. D'où l'allusion faite par le Coran aux enfants en premier lieu : « Nous leur accorderons leur subsistance avec la vôtre. » De telles nuances ne pouvaient venir à l'esprit d'un auteur humain.

Qu'un mot précède ou suive un autre, il y a toujours une sagesse sous-jacente. À propos du vol, par exemple, le Coran parle de l'homme en premier lieu, et ensuite de la femme. Pour la débauche, c'est l'inverse. La raison est évidente : dans le vol, l'homme joue un rôle plus actif que la femme, alors que dans la débauche, c'est la femme qui prend l'initiative. Dès qu'elle revêt une mini-jupe et qu'elle s'installe devant son miroir pour se parfumer et se maquiller, elle est prête à prendre au piège l'homme qu'elle attend.

« Frappez la débauchée et le débauché de cent coups de fouet chacun. » (Coran : 24, 2)

« Tranchez la main du voleur et de la voleuse. » (Coran : 5, 38)

En quelque seize endroits, le Coran mentionne le sens de l'ouïe avant celui de la vue :

« Il vous a donné l'ouïe, la vue, des viscères. » (Coran : 16, 78)

« Nous leur avons donné des oreilles, des yeux et des coeurs. » (Coran : 46, 26)

« Entends et vois ce qui leur arrivera. » (Coran : 19, 38)

« Il sera assurément demandé compte de tout : de l'ouïe, de la vue et du coeur. » (Coran : 17, 36)

« Vous ne pouviez vous cacher, au point que ni vos oreilles, ni vos yeux

ne puissent témoigner contre vous. » (Coran : 41, 22)

« Rien n'est impossible à Lui !

Il est Celui qui entend et qui voit parfaitement. » (Coran : 42, 11)

C'est toujours l'ouïe qui est mentionnée la première. Il est en effet prouvé qu'elle est plus parfaite et plus fine que le regard. Nous entendons les démons ; nous ne les voyons pas... Les Prophètes ont entendu Dieu et Lui ont parlé, mais personne ne l'a jamais vu. C'est par l'audition que Muhammad a reçu la révélation du Coran... Une mère est capable de distinguer les pleurs de son fils perdu dans la foule, même si elle ne peut distinguer son visage... Durant le sommeil, l'homme continue d'entendre : son oreille reste éveillée alors que ses yeux sont endormis. C'est bien connu : l'examen anatomique de l'appareil auditif prouve que celui-ci est beaucoup plus délicat et précis que l'organe de la vue.

Relevons, comme autre exemple, la mention des biens matériels avant les enfants :

« [...] le Jour où ni les richesses, ni les enfants ne seront utiles

sauf pour ceux qui se présenteront à Dieu avec un coeur pur. » (Coran : 26, 88)

« Vos richesses et vos enfants ne sont qu'une tentation,

alors qu'une récompense illimitée se trouve auprès de Dieu. » (Coran : 64, 15)

« Les biens et les enfants des incrédules

ne leur serviront à rien contre Dieu.

Voilà ceux qui seront accueillis dans le Feu

où ils demeureront éternellement. » (Coran : 3, 116)

« Pensent-ils qu'en leur accordant des biens et des enfants,

Nous stimulons leur zèle pour le bien ?

Au contraire, ils n'en ont pas conscience. » (Coran : 23, 55-56)

« Que leurs richesses et leurs enfants ne t'émerveillent pas ;

Dieu ne veut par là que les châtier en cette vie. » (Coran : 9, 55)

« Sachez que la vie de ce monde n'est que jeu, divertissement,

vaine parure, lutte de vanité entre vous,

rivalité dans l'abondance des richesses et des enfants.

Elle est semblable à une ondée :

la végétation qu'elle engendre satisfait les incrédules. » (Coran : 57, 20)

Les exemples identiques abondent. La raison en est que la majorité des gens préfèrent les richesses matérielles aux enfants.

Nous remarquons ensuite, dans la grammaire coranique, une précision qui tient à des nuances très fines. Par exemple, dans le verset :

« Wa in tâ'ifatâni min al-mu'minîna

(i)qtatalû fa-(i)slihû bayna-humâ. »

(« Si deux groupes de croyants se combattent,

rétablissez la paix entre eux. » - Coran : 49, 9)

Dans un cas, l'accord avec le mot tâ'ifatâni (« deux groupes ») est fait au pluriel : (i)qtatalû (« se combattent ») ; dans l'autre, il est fait au duel : fa-(i)slihû bayna-humâ (« rétablissez la paix entre eux deux »). La raison de cette variante est très subtile : durant le combat, les deux groupes s'affrontent et deviennent une collection (un « pluriel ») de bras qui battent les uns contre les autres. Au moment de la trêve, ils se séparent à nouveau en « deux » groupes, chacun envoyant son émissaire. D'où la formulation adoptée dans le verset.

Dans le Coran, même les prépositions et les conjonctions sont placées ou omises pour des raisons très précises, en fonction d'une intention minutieusement formulée. Par exemple, le mot yas'alûna-ka (« ils t'interrogent ») apparaît très souvent dans le Coran :

« Ils t'interrogent au sujet des aumônes.

Dis : Donnez votre superflu. » (Coran : 2, 219)

« Ils t'interrogent au sujet de l'Esprit.

Dis : l'Esprit procède du Commandement de mon Seigneur. » (Coran : 17, 85)

« Ils t'interrogent au sujet des nouvelles lunes.

Dis : ce sont, pour les hommes, des indications

qui leur permettent de fixer les époques du Pèlerinage. » (Coran : 2, 1889)

Chaque fois, la réponse commence par qul (« dis »). Mais lorsqu'il est question des montagnes dans le verset : « Ils t'interrogent sur sujet des montagnes. Dis [fa-qul] : mon Seigneur les réduira en poudre » (Coran : 20, 105), la réponse commence par fa-qul au lieu de qul. La raison de cette nuance est la suivante : dans les cas précédents, la question avait été effectivement posée, alors qu'il n'en était pas de même dans le dernier cas, puisque le sort réservé aux montagnes fait partie des inconnues de la Résurrection. Dieu semble affirmer : « S'ils t'interrogent au sujet des montagnes, dis alors [fa-qul]... » L'adjonction du fa est due à une raison précise.

Dans le verset : « Je suis proche en vérité : quand mes serviteurs t'interrogent à mon sujet, je réponds à l'appel de qui m'invoque... » (Coran : 2, 186), le mot qul est omis, car la question porte sur le Moi divin et Dieu est le plus apte à répondre au sujet de Lui-même.

Concernant l'emploi des pronoms personnels « Je » et « Nous », Dieu parle en utilisant le « Nous » lorsqu'est exprimée une Action où sont associés tous les Attributs divins comme la Création, la Révélation, la sauvegarde du Coran, etc.

« Nous avons fait descendre le Rappel ; Nous en sommes le gardien. » (Coran : 15, 9)

« C'est Nous qui vous avons créés.

Si seulement vous reconnaissiez la vérité ! » (Coran : 56, 57)

« Oui, Nous l'avons fait descendre [le Coran]

durant la Nuit du Décret. » (Coran : 97, 1)

« Ne voyez-vous pas comment vous engendrez ?

Est-ce vous qui créez cela, ou bien en sommes-Nous le Créateur ? » (Coran : 56, 58-59)

« Nous les avons créés ; Nous avons fixé solidement leurs jointures ; mais lorsque Nous le voudrons, Nous les remplacerons par des êtres semblables à eux. » (Coran : 76, 28)

Dans les cas précités, le « Nous » traduit un ensemble d'Attributs divins qui sont tous à l'oeuvre dans une intervention grandiose, comme celle de la Création par exemple. Mais lorsque le verset relate un entretien entre Dieu et l'un de ses serviteurs (Moïse, par exemple), c'est le pronom personnel singulier qui est employé :

« Moi, en vérité, je suis Dieu ! Il n'y a de Dieu que Moi. Adore-moi donc ! Observe la prière en invoquant mon Nom ! » (Coran : 20, 14)

Dans ce cas, Dieu dit « Je », car c'est le Moi divin qui parle et l'attention est attirée sur le fait et la proclamation de l'Unicité divine.

Autre exemple de cette extrême précision : deux versets identiques consacrés à la patience. La seule différence tient à l'emploi, dans un cas, de la lettre lam.

Luqmân dit à son fils : « Supporte patiemment ce qui t'arrive : tu feras montre des meilleures dispositions - Inna dhâlika min 'azmi l-umûr. » (Coran : 34, 17)

Et nous lisons dans le second verset : « Mais celui qui est patient et qui pardonne fait montre des meilleures dispositions - Inna dhâlika la-min 'azmi l-umûr. » (Coran : 42, 43)

Le lam de corroboration employé dans le second cas indique une certaine insistance. La patience doit être double lorsqu'elle est exercée dans le cadre d'une hostilité humaine et qu'il est demandé à l'homme de pardonner à son rival. Cette patience est beaucoup plus difficile que celle exigée face au Décret divin qui exclut toute ruse.

La même remarque sur l'emploi du lam est à faire en deux versets sur la pluie que Dieu fait tomber et sur les semences qu'Il fait croître :

« Avez-vous considéré l'eau que vous buvez ? Est-ce vous qui l'avez fait descendre des nuages ? Ou bien sommes-Nous celui qui la fait descendre ? Si Nous le voulions, Nous la rendrions saumâtre. » (Coran : 56, 68-69)

« Avez-vous considéré ce que vous cultivez ? Est-ce vous qui ensemencez, ou bien sommes-Nous le semeur ? Si Nous le voulions, Nous le rendrions complètement sec. Law nashâ'u la-ja'alnâ-hu hutâman. » (Coran : 58, 63-65)

Le lam de corroboration est utilisé dans le second cas, car l'insistance est nécessaire. En effet, certains pourraient prétendre qu'il leur possible d'imiter le Créateur en détruisant les semences et en les rendant complètement sèches. Mais nul ne pourrait prétendre qu'il est en son pouvoir de faire tomber des cieux une eau saumâtre. L'affirmation ne nécessite donc pas ici d'être renforcée par le lam.

Nous notons encore la même précision dans la description qu'Abraham fait de son Seigneur :

« Il me fera mourir, puis Il me rendra la vie. » (Coran : 26, 81)

« C'est Lui qui me nourrit et qui me donne à boire – Wa l-ladhî huwa yut'imu-nî wa

yasqî-nî. » (Coran : 26, 79)

Le pronom huwa (« c'est Lui qui... ») est ajouté dans le second verset pour souligner l'Action divine. En effet, n'importe qui pourrait prétendre qu'il peut, lui aussi, donner à manger et à boire à Abraham. Mais personne ne saurait prétendre imiter Dieu dans le fait de faire mourir et de rendre la vie.

La justesse de la langue coranique est à nouveau évidente dans l'exemple qui suit. Lorsque Dieu s'adresse aux Musulmans, Il le fait en ces termes : « Souvenez-vous de Moi, Je me souviendrai de vous. » (Coran : 2, 152) Quant aux Juifs, Il leur dit : « Souvenez-vous des bienfaits dont Je vous ai comblés. » (Coran : 2, 40)

Les Juifs dont il est ici question sont en effet des matérialistes qui ne se souviennent de Dieu que pour ses bienfaits et à cause des avantages qu'ils peuvent retirer de Lui. Les Musulmans ont, quant à eux, un coeur plus limpide. Ils savent ce que signifie se souvenir de Dieu pour Lui-même, sans la recherche du moindre intérêt immédiat.

Dieu dit de même à une certaine élite : « Ô vous, les hommes doués d'intelligence, craignez moi ! » (Coran : 2, 197) Puis Il avertit le commun des mortels de cette façon : « Craignez le Feu qui a pour aliment les hommes et les pierres ! » (Coran : 2, 24) Ces derniers ne comprennent en effet que le langage de la peur. Par contre, les hommes doués d'intelligence ont le privilège de comprendre que Dieu est plus puissant que le feu et qu'Il peut, s'Il le désire, en faire un havre de fraîcheur et de paix.

Dans le discours qu'Iblîs [Satan] tient à son Seigneur, il lui fait le serment suivant : « Par ta Puissance, je les égarerai tous. » (Coran : 38, 82) Iblîs jure donc uniquement par la Puissance divine. Il prouve ainsi sa perspicacité et son savoir. C'est en effet en vertu de sa Puissance que Dieu n'a pas besoin de ses créatures. Que les hommes croient ou non, ils sont libres. Mais quoi qu'il en soit, ils ne porteront nullement préjudice à Dieu. Sa Toute-Puissance le rend indépendant des créatures et de l'univers entier.

Comment Iblîs s'y prendra-t-il pour tenter les humains ?

« Je les guetterai sur ta Voie Droite, puis je les harcèlerai par-devant et par-derrière,

sur leur gauche et sur leur droite. » (Coran : 7, 16-17)

Il mentionne donc quatre directions, mais il omet « par-dessus » et « par-dessous », car le « dessus » signifie la Seigneurie de Dieu, et le « dessous », l'humilité dans l'adoration. Celui qui se tient constamment dans l'humilité face à la Grandeur de son Seigneur est à l'abri des attaques de Satan.

Iblîs indique en outre que son poste préféré pour accomplir sa basse besogne de tentateur est la Voie Droite, le chemin du bien, le tapis de prière... Celui qui délaisse la prière, l'ivrogne et le querelleur n'ont pas besoin d'Iblîs pour être induits en erreur. Ils se suffisent à eux-mêmes. Ce sont des loques humaines. Iblîs est un voleur rusé qui n'aime pas perdre son temps à rôder autour de maisons en ruines.

Dans le Coran, il est fait mention du pardon et de la miséricorde avant le châtiment et la colère.

Dès la première sourate, Dieu est présenté comme « le Miséricordieux » avant d'être « le Roi du Jour du Jugement ». Il est constamment dit de Lui qu'Il réserve son pardon et son châtiment à qui Il veut.

Le pardon divin précède donc son châtiment. Sauf en deux endroits.

Tout d'abord dans un verset relatif à l'ablation de la main du voleur (« Il punit qui Il veut, Il pardonne à qui Il veut » - Coran : 5, 40) parce que cette sanction représente un châtiment temporel qui sera suivi d'un pardon dans l'Au-delà.

Ensuite, dans les paroles de Jésus le Jour de la Résurrection, à propos des infidèles qui l'auront adoré en délaissant Dieu : « Si tu les châties... ils sont vraiment tes serviteurs. Si tu leur pardonnes... Tu es, en vérité, le Puissant, le Juste. » (Coran : 5, 118)

Outre le fait qu'Il cite le châtiment avant le pardon, Jésus ne dit pas : « Tu es, en vérité, le Miséricordieux qui pardonne par bienveillance », étant donné l'extrême gravité de la faute commise.

Notre dernier exemple est la manière dont le Coran parle du temps. Dans la bouche du Créateur, le futur est mentionné comme étant du passé, notamment à propos de ce qui arrivera le Jour de la Résurrection :

« On soufflera dans la trompette. » (Coran : 18, 99)

« Le ciel se fendra et sera béant, ce Jour-là. » (Coran : 69, 16)

« Le Feu apparaîtra à ceux qui s'étaient égarés. » (Coran : 26, 91)

« Ils seront présentés en rangs devant ton Seigneur. » (Coran : 18, 48)

Tous les faits, présents et futurs, se sont déjà produits dans la Science divine. Pour Dieu, il n'existe aucun temps qui Lui cache le futur. Dieu est au-dessus du temps et de l'espace. C'est pourquoi nous rencontrons parfois certaines expressions coraniques qui utilisent simultanément deux temps différents et apparemment contradictoires :

« L'Ordre de Dieu arrive ! Ne cherchez pas à hâter sa venue. » (Coran : 16, 1)

L'Ordre est déjà survenu. Il appartient au passé. Et pourtant, Dieu s'adresse aux hommes en leur demandant de ne pas chercher à hâter sa venue, comme s'il s'agissait d'un événement futur. L'explication est la suivante : l'événement s'est déjà produit dans la Science divine, mais pas encore dans celle des hommes. Il n'y a aucune contradiction en cela, mais uniquement la preuve que la langue coranique est méticuleuse et extrêmement précise. Elle est porteuse de significations lointaines et cachées qu'elle exprime avec la plus grande précision.

Une scrupuleuse exactitude dans l'expression, le choix des mots et l'emploi des prépositions (aucune ne manque, aucune n'est superflue, chacune est à la place qui lui revient) : ces qualités, illustrées par nos exemples, n'existent en aucun ouvrage écrit par l'homme. Nous ne les trouvons que dans le Coran.

Le Coran fait par ailleurs parfois allusion à des vérités d'ordre scientifique. Nous aborderons ce vaste sujet dans le chapitre qui suit.




Mots clés


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Coran chouraym houdhayfi boukhari khawarij

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