Des hommes autour du Prophète (Mouhammad Khalid) - رجال حول الرسول
Abdallah Ibn MessaoudAbdallah b. Masaoud crut au Prophète (ç) bien avant que
celui-ci ne prît la maison d'al-Arqam comme lieu de réunion. Il est l'un des six
premiers musulmans, mais aussi un rapporteur des hadiths. Ainsi, en parlant de
sa première rencontre avec le Prophète (ç), il dit: «J'étais un jeune garçon
travaillant comme berger au service de Ouqba b. Abou Mouâyt, quand le Prophète
(ç) et Abou Bakr vinrent à moi, pour me dire: «Jeune homme, as-tu un peu de lait
à boire?» je leur dis: «On m'a confié ce troupeau, donc je ne peux pas vous
donner à boire.» Le Prophète (ç) me dit: «As-tu une brebis qui ne donne pas de
lait, non encore saillie par le mâle?» Je lui dis: «Oui.» Puis, je l'apportai.
Le Prophète (ç) la prit, essuya le pis puis invoqua Dieu, si bien que le lait
afflua dans le pis. Alors, Abou Bakr alla apporter une pierre en forme de creux.
Le Prophète (ç) y tira du lait puis donna à boire à Abou Bakr et à moi aussi.
Ensuite, il dit au pis: «Contracte-toi.» Le pis se Après cela, j'allai trouver le Prophète (ç) et je lui dis de
m'apprendre ce discours-là...» * * * Ce jour-là, Ibn Masaoud ne savait pas qu'il allait croire en la
mission du Prophète (ç) et devenir le premier musulman qui réciterait à voix
haute le Coran devant les notables polythéistes qui ne croyaient pas leurs yeux
et leurs oreilles. Oui, ce pauvre berger qui vivait de son salaire osa se
présenter devant l'assemblée des notables de Qouraych, alors assis près de la
Kaâba, pour leur faire entendre des versets coraniques. Pour preuve, voici le
témoignage d'az-Zoubayr b. al-Awam: «Abdallah b. Masaoud est le premier, après
le Messager (ç) à faire entendre le Coran à la Mecque. Un jour, les compagnons
du Messager (ç) se sont dit: «Par Dieu, les Qouraych n'ont pas encore entendu le
Coran se réciter à eux... Y a-t-il quelqu'un qui va le leur faire entendre?»
Abdallah b. Masaoud a dit: «Moi, je le ferai.» Ils ont dit: «On craint pour toi
leur réaction. On veut plutôt quelqu'un qui peut être défendu par son clan ...»
Il a dit: «Laissez-moi. Dieu va me protéger d'eux.» Après quoi, Ibn Masaoud s'en alla en plein jour à la station d'Abraham, où il récita Au nom de Dieu, le tout miséricorde, le miséricordieux * Le tout miséricorde! * Il enseigna le Coran *ayant créé l'homme * Il lui enseigna de s'exprimer clairement * Le soleil et la lune au calcul obéissent * la pousse végétale et l'arbre se prosternent (s. 55, v. 1-2-3-4-5-6). Les notables qui étaient assis tout près dans leur cercle se sont levés et se sont mis à le frapper, pendant que lui récitait... Quand il est retourné à ses compagnons, ces derniers ont dit: «Voilà ce que nous avons craint pour toi ,» Il leur a alors dit: «Si vous voulez, je recommencerai cela demain.» * * * Ibn Masaoud était un pauvre, sans fortune et sans rang social. Mais sa conversion bouleversa sa vie, si bien qu'il devint l'un des plus éminents savants de la communauté musulmane. «J'ai appris de la bouche du Messager (ç) soixante-dix sourates, dit-il, et personne n'a pu faire comme moi.» C'est comme, si Dieu avait voulu le récompenser pour ce qu'il avait fait à la station d'Abraham. Dieu l'avait en effet doté du don de bien réciter le Coran et de comprendre correctement le sens des versets. Le Prophète (ç) conseillait toujours à ses compagnons d'écouter et de réciter la récitation d'Ibn Masaoud. Un jour, le Prophète (ç) appela Ibn Masaoud et lui demanda de
lui faire un récitation. Le compagnon, étonné, dit: «Moi je te fais une
récitation, alors que c'est sur toi que le Coran est descendu, ô Messager de
Dieu. - C'est que j'aime l'entendre de quelqu'un d'autre, dit le Messager
(ç).» En outre, Ibn Masaoud était pétri de grandes qualités, si bien que ses compagnons l'ont immortalisé par leurs témoignages. Omar b. al-Khattab: «Il est plein de science (religieuse).» Abou Mousa al-Achâry: «Ne m'interrogez sur aucune chose aussi longtemps que ce savant est parmi vous.» Ali b. Abou Talib: «Il a récité le Coran, si bien qu'il en a observé la chose licite et la chose interdite; il est savant en religion, connaissant de la sunna.» Par ailleurs, il était très proche du Prophète (ç). Abou Mousa
al-Achâry avait dit de lui: «J'ai vu le Prophète (ç), ainsi qu'Ibn Masaoud qui
était comme un membre de sa famille.» Quant au Prophète (ç), il avait dit de
lui: «Si j'avais à désigner un émir sans la consultation des musulmans, je
désignerais Ibn Oum Abd.» De plus, il avait la permission de frapper à
la «Il lui était permis d'entrer chez le Prophète, quand cela ne l'était pas permis pour nous.» En outre, Ibn Masaoud, était d'une grande humilité et vouait un grand respect au Prophète (ç), malgré la fréquentation quasi-permante. Bien après la disparition du Prophète (ç), quand il commençait à rapporter un hadith, il se mettait à trembler de peur qu'il n'oubliât quelque passage du hadith. Alqama b. Qays dit: «Chaque jeudi soir, Abdallah b. Masaoud communiquait des hadiths du Prophète (ç), et plus d'une fois je l'entendais dire. «Le Messager de Dieu a dit.;.», appuyé sur sa canne qui tremblait.» * * * Sa vie était une vie de militant. Il ne se sépara jamais du
Prophète (ç), il participa à toutes les batailles et à de nombreuses
expéditions. Le khalife Omar b. al-Khattab le chargea de Trésor public de Koufa.
Plus tard, quand le khalife Othman b. Affan décida de le démettre de ses
fonctions, il dit aux habitants de Koufa, qui voulaient le garder: «Je dois lui
obéir. Et puis, il va y avoir des troubles, alors je ne veux pas être le premier
qui ouvrira leurs portes.» Bien sûr, il eut des divergences avec le khalife Othman, si bien que son salaire fut suspendu. Mais il ne dit aucun mal sur lui. Bien plutôt, il prit sa défense et mit en garde les gens, quand il vit les signes de la révolte. En outre, il était doté d'une sagesse pénétrante. Il avait dit, entre autres: «La meilleure des richesses est celle de l'âme; le meilleur viatique est le fait de se prémunir, le plus mauvais égarement est celui du coeur; la plus grave des fautes est le mensonge; le plus mauvais gain est l'usure; manger le bien de l'orphelin est le plus mauvais manger; celui qui pardonne, Dieu lui pardonne.» * * * Ibn Masaoud vécut assez pour assister à l'ouverture des premières portes des deux grands empires de l'époque, ainsi qu'à l'affluence des richesses, auxquelles d'ailleurs il n'attachait aucune importance. Il ne désira rien de cet ici-bas. Son seul voeu était celui-là qui refaisait surface à chaque fois qu'il se rappelait une nuit bien particulière. «Par une nuit, disait-il, lors de l'expédition de Tabouk, j'ai vu une torche à côté du lieu où nous avons campé. Je suis allé vers elle, pour voir. Là, j'ai vu le Messager (ç), Abou Bakr et Omar en train d'enterrer Abdallah dhou l-Bijaday al-Mouzni. Le Messager (ç), qui était dans la tombe, disait: «Faites approcher votre frère...» Quand Abou Bakr et Omar ont rapproché le corps, le Messager (ç) l'a pris et l'a mis dans la tombe, puis il a dit: «Mon Dieu! je suis satisfait de lui. Sois satisfait de lui.» Ah! si j'étais l'occupant de cette tombe-lâ !» |
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