Des hommes autour du Prophète (Mouhammad Khalid) - رجال حول الرسول
Abou Mousa al-AcharyDans le khalifat d'Omar b. al-Khattab, quand Abou Mousa al-Achâry arriva à al-Baçra pour assumer les fonctions de gouverneur, il réunit les habitants et leur dit ceci: «L'Emir des croyants Omar m'a envoyé pour vous. Je m'attelerai à vous apprendre le livre de Dieu, ainsi que la sounna de votre prophète, et à nettoyer vos rues.» Les gens en furent très étonnés de cet émir qui allait nettoyer
leurs rues. Qu'il leur enseignât le Coran et la sounna du Prophète (ç), cela
leur fut compéhensible. Mais qu'il leur nettoyât leurs rues, cela leur fut une
nouveauté, quelque chose de * * * C'est Abdallah b. Qays, plus connu sous le surnom d'Abou Mousa al-Achâry. Il quitta son pays natal le Yémen et alla à la Mecque, dès qu'il entendit parler d'un prophète apparu dans cette cité, qui appelait au monothéisme. A son arrivée, il prit contact avec le Prophète (ç), apprit de
lui les principes de l'Islam. Puis, il revint chez lui prêcher la parole de
Dieu. Par la suite, il revint trouver le Messager (ç): c'était juste après la
victoire de Khaybar. Son arrivée coïncida avec celle de Jaâfar b. Abou Talib et
ses compagnons qui venaient d'Abyssinie. Abou Mousa n'était pas seul cette fois-là. Il était venu avec
plus de cinquante musulmans, tous des Yêmenites, dont ces deux frères Abou Rouhm
et Abou Barada. Ces arrivants du Yémen, le Messager (ç) les appela les
Achârites. Par la suite, il les qualifia de gens ayant le coeur le plus
sensible. Il avait dit d'eux: «Quand, en expédition, les Achârites voient leurs
viatiques diminuer, ils mettent ce qui leur reste dans un seul tissu puis se le
partagent avec égalité. Ainsi ils font partie de moi et moi d'eux.» * * * Depuis ce jour-là, Abou Mousa, occupa un rang très estimé parmi
les compagnons du Messager (ç), ainsi que parmi les autres musulmans qui
assumèrent la mission d'ambassadeurs de l'Islam dans le monde. * * * En outre, il était pétri de grandes qualités. Non seulement il
était un combattant audacieux sur les champs de bataille, mais aussi un
conciliant ayant un bon coeur, ainsi qu'un savant religieux doté d'un jugement
pertinent. De plus, il brillait en jurisprudence si bien qu'on avait dit: «Les
cadis de cette communauté sont quatre: Omar, Ali, Abou Mousa et Zayd b.
Thabit.» Dans son combat sur les champs de bataille, il était un intrépide soldat pour la cause de Dieu, si bien que le Messager (ç) avait dit de lui: «Le seigneur des cavaliers est bien Abou Mousa.» Pour lui, la vision d'une bataille était toujours claire. Dans la compagne de Perse, par exemple, il parvint à la tête de son armée à amener les Ispahanites à une conciliation qui exigeait d'eux le versement d'un tribut. Mais, comme ce compromis n'était qu'une ruse de la part des
Ispahanites, pour préparer une riposte, Abou Mousa ne se laissa pas tromper par
les apparences. Il sut répondre avec son armée, sans être aucunement surpris par
l'attaque ennemie, et il remporta une éclatante victoire, avant même la fin de
la mi-journée. A Toutstar, contre al-Hourmouzan et son impressionnante armée,
Abou Moussa sut bien diriger les opérations et conduire les combattants
musulmans à la victoire. * * * Ce combattant courageux et intrépide sur les champs de bataille
était cependant un pénitent quand il priait, un pleureur à la voix douce quand
il récitait le Coran. Le Messager (ç) avait dit de lui: «Abou Mousa a été doté
d'une flûte d'entre les flûtes appartenant à la famille de Daoud.» Quant à Omar b. al-Khattab, il l'invitait régulièrement à
réciter le Coran, en lui disant: «0 Abou Mousa, stimule-nous (à nous rappeler
davantage) notre seigneur.» * * * Dans le conflit qui opposa l'imam Ali et Mouâwiya, Abou Mousa
eut une position claire. Il ne prit le parti de personne et se mit à l'écart,
après avoir perdu espoir de les amener à la réconciliation. Par la suite, il
participa au célèbre arbitrage dans le but de mettre un terme final à la guerre
qui déchirait les musulmans. Il y prit part en tant que représentant de l'imam
Ali, tandis que Mouâwiya fut représenté par Amrou b. al-As. Il faut dire que
l'imam Ali l'avait désigné sous la pression d'une grande partie de ses
compagnons qui avait argué de la neutralité d'Abou Mousa dans le
conflit. Dans la rencontre précédant l'arbitrage, Abou Mousa convint avec Amrou b. al-As de destituer l'Imam Ali et Mouâwiya, dans le but commun de désigner un nouveau chef des musulmans. Mais, lors de l'arbitrage devant les musulmans des deux camps, Amrou b. al-As trahit sa parole et dit, après l'intervention d'Abou Mousa: «Ô gens, Abou Mousa a dit ce que vous avez entendu. Il a destitué son compagnon. Quant à moi, j'ai destitué son compagnon comme il l'a destitué, et je maintiens mon compagnon Mouâwiya...» Abou Mousa en fut tellement choqué qu'il adressa en termes très
violents sa colère contre Amrou. Puis, il se retira définitivement et alla
s'installer à la Mecque pour vivre le restant de ses jours. Durant ce dernier
intervalle, il se rappela peut-être que le Messager (ç) l'avait envoyé avec
Mouâdh b. Jabal en mission au Yémen, qu'il était revenu à Médine après la
disparition du Messager (ç) pour participer au grand combat contre Byzance et la
Perse, qu'il avait été nommé gouverneur d'al-Baçra puis d'al-Koufa,
respectivement par le khalife Omar et le khalife Othman. Enfin, dans son dernier souffle, il avait répété cette invocation: «Dieu, tu es le salut et de toi vient le salut.» |
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