LE PELERINAGE
CHAPITRE PREMIER. -- De l'obligation du pèlerinage; du mérite qu'il y a à le faire. - De ces paroles du Coran : "...Il est du devoir des fidèles, pour quiconque peut s'en acquitter, de faire le pèlerinage à la Demeure sainte. - Celui qui méconnaîtra cette obligation, eh bien, Dieu peut se passer des mondes." (sourate III, verset 91, 92). 1. 'Abdallah ibn 'Abbâs a dit : "El-Fadl était en croupe de l'Envoyé de Dieu. Une femme de Khats'am étant venue, Al-Fadl se mit à la regarder tandis qu'elle le regardait également. Comme le Prophète avait détourné le visage de Al-Fadl d'un autre côté, cette femme dit : "Ô Envoyé de Dieu, l'obligation prescrite par Dieu à Ses adorateurs de faire le pèlerinage s'applique à mon père; mais celui-ci est un vieillard âgé qui est incapable de se tenir sur sa monture. Puis-je faire le pèlerinage à sa place ? - Oui, répondit le Prophète." Ceci se passait lors du pèlerinage d'adieu." CHAPITRE II. - De ces mots du Coran : "...Ils viendront à toi à pied et aussi sur des montures émaciées. Ils arriveront par chaque large et longue route, afin de prendre part aux avantages qu'ils retireront (du pèlerinage)" (sourate XXII, verset 28, 29). - Le mot fedfdf, signifie "large route". 1. Ibn 'Omar a dit : "J'ai vu l'Envoyé de Dieu monter sa chamelle à Dzou-'l-Holaïfa et ensuite prononcer la telbiya (la formule de la telbiya est donnée plus loin, au chapitre XXVI. C'est à partir du moment où on la prononçait que commençait l'ihrâm du pèlerinage ou de la visite pieuse. Cette déclaration avait pour objet de manifester son but pieux.) dès que sa monture se fut redressée et se tint debout." 2. D'après Djâbir ibn 'Abdallah, la telbiya de l'Envoyé de Dieu commença, à Dzou-'l-Holaïfa, dès que sa chamelle se fût relevée sous lui et se tînt debout. Anas et Ibn 'Abbas ont également rapporté ce fait. CHAPITRE III. - Du pèlerinage fait à chameau. - D'après 'Aïcha, le Prophète envoya avec elle son frère 'Abderrahman qui lui fit faire la visite pieuse à partir de El Ten'îm et la fit monter ensuite en croupe sur le bât du chameau. - 'Omar a dit : "Sanglez vos chamelles pour le pèlerinage, car c'est un des deux djihâd (le mot djihâd s'applique à tout acte qui exige un effort considérable et qui expose à des dangers. C'est pourquoi on s'en sert également pour désigner le pèlerinage et la guerre sainte, le pèlerin étant toujours exposé dans les déserts de l'Arabie, à des périls aussi redoutables que ceux de la guerre sainte.)." - Tsomâma ibn 'Abdallah ben Anas a dit : "Anas fit le pèlerinage sur un chameau de bât et cependant ce n'était pas un avare. Il rapporte que le Prophète fit le pèlerinage sur une chamelle qui était une bête de charge." 1. El Qâsim ibn Mohammed rapporte que Aïcha a dit : "Ô Envoyé de Dieu, vous avez fait la visite pieuse et moi je ne l'ai pas faite." - "Ô 'Abderrahman, réplique le Prophète, emmène ta soeur et fais-lui faire la visite pieuse à partir de El Ten'îm." Abderrahman prit sa soeur en croupe sur une chamelle et lui fit faire la visite pieuse. CHAPITRE IV. - Des mérites du pèlerinage pieusement accompli. 1. Abou Hourayra a dit : "On demanda au Prophète quel était l'acte le plus méritoire : "La foi en Dieu et en son Envoyé, répondit-il. - Et ensuite, ajoute-t-on ? - La guerre sainte dans la voie de Dieu. - Et quoi encore après cela, reprit-on. - Un pèlerinage pieusement accompli, répliqua-t-il." 2. D'après 'Aïcha bent Talha, 'Aïcha, la mère des Croyants, a dit : "Ô Envoyé de Dieu, nous voyons que la guerre sainte est l'acte le plus méritoire ; ne pourrions-nous pas faire la guerre sainte ? - Non, répondit-il, mais le djihâd le plus méritoire, c'est un pèlerinage pieusement accompli." 3. Abou Hourayra a dit : "J'ai entendu le Prophète prononcer ces paroles : "Celui qui aura fait le pèlerinage pour Dieu, sans commettre d'actes impudiques, ni de péchés, reviendra tel qu'il était le jour où sa mère l'a mis au monde." CHAPITRE V. De la fixation du moment où commence le pèlerinage et la visite pieuse. 1. Zaïd ibn Djobaïr rapporte qu'il alla trouver 'Abdallah ibn 'Omar qui était campé sous une tente entourée d'un rideau protecteur. "Je lui demandai alors, ajoute-t-il, à partir de quel endroit je devrais me mettre en état de visite pieuse. Il me répondit : "L' Envoyé de Dieu a fixé pour les gens de Nedjd, Qarn ; pour ceux de Médine, Dzou-'l-Holaïfa ; pour ceux de Syrie, El Djohfa." CHAPITRE VI. - De ces paroles du Coran : "Approvisionnez vous ; mais certes, la meilleure provision est la piété." (Sourate II, verset 193). Ibn 'Abbâs a dit : "Les gens du Yémen faisaient le pèlerinage sans se munir de provisions, disant : "Nous comptons sur Dieu (pour cela)." Arrivés à la Mecque, ils demandaient des vivres aux habitants. Ce fut alors que Dieu révéla ce verset : "Approvisionnez vous ; mais certes, la meilleure provision c'est la piété." Ce hadith a été rapporté par Ibn 'Ayaïna, d'après 'Amr, d'après 'Ikrima, sans établir d'une façon complète la chaîne des traditionnistes. CHAPITRE IV. - De l'endroit où les gens de la Mecque doivent faire la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse. 1. Selon Ibn 'Abbâs, le Prophète a fixé la telbiya : pour les gens de Médine, à Dzou-'l-Holaïfa ; pour ceux de Syrie, à El Djohfa ; pour ceux du Nedjd, à Qarn El Menâzil ; pour ceux du Yémen, à Yalamlam. Telles sont les localités indiqués pour ceux qui viennent en pèlerinage ou en visite pieuse de ces pays ou d'autres (situés au delà). Celui qui se trouve en deçà de ces localités fera la telbiya là où il commencera, et, pour les gens de la Mecque, ils la feront à la Mecque même. CHAPITRE VIII. - De l'endroit fixé pour les gens de Médine ; ils ne feront pas la telbiya avant d'être à Dzou-'l-Holaïfa. 1. D'après 'Abdallah ibn 'Omar, l'Envoyé de Dieu a dit : "Les gens de Médine feront la telbiya à Dzou-'l-Holaïfa ; ceux de Syrie à El Djohfa ; ceux du Nedjd, à Qarn." 'Abdallah ajoute qu'il a appris que l'Envoyé de Dieu avait également dit : "Les gens du Yémen, à Yalamlam." CHAPITRE IX. - De l'endroit de la telbiya pour les gens de Syrie. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "L'Envoyé de Dieu a fixé la telbiya : pour les gens de Médine, à Dzou-'l-Holaïfa ; pour ceux de Syrie, à El Djohfa ; pour ceux du Nedjd, à Qarn El Menâzil ; pour ceux du Yémen, à Yalamlam. Telles sont les localités pour ceux qui viennent par là sans être habitants de ces pays et qui veulent faire le pèlerinage ou la visite pieuse. Ceux qui se trouvent en deçà de ces localités feront la telbiya de leur habitation, et ainsi de suite, en se rapprochant, de sorte que les gens de la Mecque la feront à la Mecque même." CHAPITRE X. - De l'endroit de la telbiya pour les gens du Nedjd. 1. 'Omar a dit : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu dire : "L'endroit de la telbiya est : pour les gens de Médine, Dzou-'l-Holaïfa ; pour ceux de Syrie, Mahya'a qui est El Djohfa ; pour les gens du Nedjd, Qarn." On assure, ajoute Ibn 'Omar, mais je ne l'ai pas entendu, que le Prophète dit aussi : "L'endroit de la telbiya, pour les gens du Yémen, c'est Yalamlam." CHAPITRE XI. - De l'endroit de la telbiya pour ceux qui habitent en deçà des localités indiquées. 1. Ibn-'Abbâs rapporte que le Prophète a fixé l'endroit de la telbiya ainsi : pour les gens de Médine, Dzou-'l-Holaïfa ; pour ceux de Syrie, El Djhofa ; pour ceux du Yémen, Yalamlam ; pour ceux du Nedjd, Qarn. Telles sont les localités pour ceux qui viennent par là sans être habitants de ces pays et qui veulent faire le pèlerinage et la visite pieuse. Ceux qui sont en deçà de ces localités feront la telbiya dès leur habitation, en sorte que les gens de la Mecque la feront à la Mecque même. CHAPITRE XII. - De l'endroit de la telbiya pour les gens du Yémen. 1. Selon Ibn 'Abbâs, le Prophète a fixé (la telbiya) : pour les gens de Médine, à Dzou-'l-Holaïfa ; pour les gens de Syrie, à El Djohfa, par ceux du Nedjd, à Qarn El Menâzil ; pour ceux du Yémen, à Yalamlam. Telles sont les localités indiquées pour les habitants de ces contrées, et elles seront les mêmes pour quiconque appartenant à d'autres régions et passant par là, voudra faire le pèlerinage et la visite pieuse. Ceux qui sont en deçà feront la telbiya à leur point de départ, en sorte que pour les gens de la Mecque ce sera à la Mecque même. CHAPITRE XIII. - Dzât-'Irq est (l'endroit de la telbiya) pour les gens de l'Iraq. 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "Lorsque ces deux villes (Bassora et Koufa) furent conquises, les habitants vinrent trouver 'Omar et lui dirent : "Ô prince des Croyants, l'Envoyé de Dieu a fixé la telbiya pour les gens du Nedjd à Qarn, qui est en dehors de notre route ; si nous voulions passer par Qarn, cela nous serait très pénible. - Voyez, leur répondit-il, quelque localité qui se trouve à la même distance (des villes saintes) sur votre route." Et 'Omar fixa Dzât-'Irq." CHAPITRE XIV. - De la prière à Dzou-'l-Holaïfa. 1. D'après 'Abdallah ibn 'Omar, l'Envoyé de Dieu fit agenouiller sa chamelle à El Bathâ, à Dzou-'l-Holaïfa, et fit la prière en cet endroit. 'Abdallah ibn 'Omar agissait de la même façon." CHAPITRE XV. - Du départ du Prophète par la route de Ech Chadjara. 1. D'après 'Abdallah ibn 'Omar, l'Envoyé de Dieu sortait (de Médine) par le chemin de Ech Chadjara et rentrait (dans cette ville) par le chemin de El Mo'arras. (le mot "Mo'arras" désigne un endroit où l'on campe vers la fin de la nuit aux environs d'une ville, afin d'y attendre le jour et de ne pas entrer de nuit dans cette ville. Ce nom commun est devenu ici un nom propre.) Quand l'Envoyé de Dieu partait pour la Mecque, il faisait la prière dans la mosquée de Ech Chadjara ; au retour, il la faisait à Dzou-'l-Holaïfa, dans le fond de la vallée, et y passait la nuit jusqu'au lendemain matin. CHAPITRE XVI. - De ces paroles du Prophète : Al-'Aqîq est une vallée bénie. 1. Ibn 'Abbâs rapporte qu'il entendit 'Omar dire : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu, pendant qu'il était à Ouâdi El 'Aqîq, prononcer ces paroles : "Cette nuit quelqu'un est venu me trouver de la part du Seigneur et m'a dit : "Fais la prière dans cette vallée bénie et dis : "C'est une visite pieuse dans un pèlerinage." 2. 'Abdallah ibn 'Omar rapporte que l'on vit le Prophète camper de nuit dans la vallée de Dzou-'l-Holaïfa, et qu'on lui dit : "Tu es dans une vallée bénie." Mousa ajoute : "Sâlim ibn 'Abdallah ibn 'Omar nous fit agenouiller la sienne, voulant ainsi se trouver au Mo'arras de l'Envoyé de Dieu. Cet endroit est situé en contre-bas de la mosquée bâtie dans le fond de la vallée et se trouve à égale distance de cette mosquée et de la route." CHAPITRE XVII. - Il faut laver trois fois les vêtements parfumés de Khalouq (parfum dans la composition duquel il entre du safran.) 1. 'Atâ rapporte que le père de Safwân ibn Ya'la dit à 'Omar : "Montre-moi le Prophète au moment d'une révélation. - Tandis que, ajoute-t-il, accompagné d'un petit groupe de ses compagnons, le Prophète était à El Dji'râna, un homme vint le trouver et lui dit : "Ô Envoyé de Dieu, que penses-tu d'un homme qui prend l'ihrâm pour une visite pieuse alors qu'il est couvert de parfums ?" Le Prophète se tut un instant, puis, la révélation lui venant, 'Omar fit signe à Ya'la de s'approcher ; Ya'la s'approcha et vit l'Envoyé de Dieu qui était complètement recouvert par un voile. Passant sa tête sous ce voile, Ya'la vit l'Envoyé de Dieu le visage tout rouge et respirant bruyamment. Puis, secouant cet état de torpeur, le Prophète dit : "Où est l'homme qui m'a fait une question au sujet de la visite pieuse ?" Et, cet homme lui ayant été amené, il dit : "Lave-toi trois fois du parfum que tu as sur toi ; débarrasses-toi de ta tunique et agis pour la visite pieuse comme tu agirais s'il s'agissait du pèlerinage." Comme, dit Ibn Djoraïdj, je demandais à 'Atâ si c'était par mesure de propreté qu'il l'avait fait laver trois fois, il me répondit : "Oui". CHAPITRE XVIII. - Des parfums quand on est en état d'ihrâm ; de ce qu'il faut revêtir pour se mettre en état d'ihrâm, de la toilette des cheveux et des onguents. - Ibn 'Abbâs a dit : "L'homme en état d'ihrâm peut respirer des parfums, se regarder dans un miroir et se servir comme remède des choses qu'il mange, huile ou grains. - 'Atâ a dit : "Il est permis d'avoir une bague et de porter une bourse ceinture." - Ibn 'Omar fit la tournée processionnelle, étant en état d'ihrâm et le ventre serré par un taoub. - 'Aïcha ne voyait aucun inconvénient à ce que ceux qui conduisaient sa litière portassent des caleçons. 1. Sa'îd ibn Djobaïr a dit : "Ibn 'Omar s'enduisait le corps d'huile ("non parfumée" ajoute le commentaire.)." Comme je rappelais à Ibrahîm (que Ibn 'Omar interdisait les parfums), il me répondit : "Ne suis pas ses indications, car Al-Aswad m'a rapporté ces mots de 'Aïcha : "Il me semble encore voir briller le parfum sur le côté de la tête de l'Envoyé de Dieu au moment où il était en état d'ihrâm." 2. 'Aïcha, la femme du Prophète, a dit : "Je parfumais l'Envoyé de Dieu pour l'ihrâm quand il voulait se mettre dans cet état et aussi quand il en sortait avant qu'il fît la tournée processionnelle du temple." CHAPITRE XIX. - De celui qui fait la telbiya les cheveux pommadés (mot à mot "feutrés", c'est à dire collés les uns contre les autres, afin d'éviter la vermine.). 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "J'ai entendu le Prophète faire la telbiya ayant les cheveux pommadés." CHAPITRE XX. - De la telbiya auprès de la mosquée de Dzou-'l-Holaïfa. 1. Sâlim ibn 'Abdallah a entendu dire à son père que l'Envoyé de Dieu ne faisait la telbiya qu'à la mosquée, c'est à dire à la mosquée de Dzou-'l-Holaïfa. CHAPITRE XXI. - Des vêtements que ne peut mettre celui qui est en état d'ihrâm. 1. D'après 'Abdallah ibn 'Omar, un homme dit : "Ô Envoyé de Dieu, quels vêtements doit porter celui qui est en état d'ihrâm ? - Qu'il ne porte, répondit l'Envoyé de Dieu, ni chemise, ni turban, ni pantalon, ni burnous, ni bottines. Toutefois que celui qui ne trouverait pas de sandales mette des bottines qu'il coupera au-dessous des chevilles. Ne mettez aucun vêtement qu'aient touché du safran ou du wars." CHAPITRE XXII. - Du fait d'être sur une monture et de se mettre en croupe pendant le pèlerinage. 1. Ibn 'Abbâs rapporte que Osâma fut en croupe de l'Envoyé de Dieu depuis 'Arafa jusqu'à El Mozdalifa, puis qu'à El Mozdalifa, le Prophète prit en croupe El Fadl jusqu'à Mina. Chacun d'eux, ajoute Ibn 'Abbâs, dit que le Prophète ne cessa de faire la telbiya jusqu'au moment où il lança les cailloux de l'Aqaba. CHAPITRE XXIII. - De ce que peut porter la personne en état d'ihrâm en fait de vêtements, manteaux et voiles. - 'Aïcha, étant en état d'ihrâm, porta des vêtements teints avec du carthame (en rouge). Elle a dit qu'elle ne portait pas de voile ni sur la partie inférieure ni sur la partie supérieure du visage, et qu'elle ne revêtait pas de vêtement teint de safran ou de wars. - Djâbir a dit : "Je ne considère pas le carthame comme un parfum." - 'Aïcha ne voyait aucun mal à ce qu'une femme eût des bijoux, un voile noir ou rose et des bottines. - Ibrahîm a dit : "Il n'y a pas de mal à changer de vêtements." 1. 'Abdallah ibn 'Abbâs a dit : "Le Prophète partit de Médine après avoir laissé ses cheveux flottants et s'être enduit d'onguent ; il avait revêtu son voile et son manteau et ses compagnons avaient fait comme lui ; il n'avait défendu de porter de voiles et manteaux que s'ils étaient teints au safran et s'ils déteignaient sur la peau. Le matin, à Dzou-'l-Holaïfa il monta sur sa chamelle et, arrivé à El Baïda, il fit la telbiya ainsi que ses compagnons et mit une guirlande autour du cou de sa victime. Ceci se passait le cinquième avant-dernier jour du mois de Dzoul-'l-qa'da. Le Prophète arriva à la Mecque le 4 du mois de dzou-'l-hiddja. Il fit la tournée processionnelle du temple, la course entre Es-Safa et Al-Merwa ; mais il ne quitta pas l'ihrâm à cause de sa victime dont il avait orné le cou d'une guirlande. Il campa ensuite sur les hauteurs de la Mecque près de Al-Hadjoun et fit la telbiya du pèlerinage. Il ne s'approcha pas de la Ka'ba après la tournée processionnelle autour de ce temple ; il attendit qu'il fût de retour de 'Arafa. Il donna l'ordre à ses compagnons de faire la tournée processionnelle et la course entre Es-Safa et Al-Merwa, puis de tailler leurs cheveux et de quitter l'ihrâm. Cet ordre s'appliqua seulement à ceux qui n'avaient pas de victime au cou de laquelle ils avaient placé une guirlande. Les autres, qui avaient avec eux leurs femmes, purent avoir commerce avec elles ; ils purent se parfumer et se vêtir (à leur guise)." CHAPITRE XXIV. - De celui qui passe la nuit à Dzou-'l-Holaïfa afin de s'y trouver le lendemain matin. - Ceci a été rapporté du Prophète par Ibn 'Omar. 1. Anas ibn Mâlik a dit : "Le Prophète pria quatre rika', à Médine, et deux à Dzou-'l-Holaïfa, où il passa la nuit jusqu'au lendemain matin. Quand il eut enfourché sa chamelle et qu'elle se fut relevée, il fit la telbiya." 2. Selon Anas ibn Mâlik, le Prophète fit à Médine la prière de midi avec quatre rika' ; il fit la prière de l'après midi à Dzou-'l-Holaïfa avec deux rika'. Anas ajoute : "et je crois qu'il y passa la nuit jusqu'au lendemain matin." CHAPITRE XXV. - Du fait d'élever la voix pour la telbiya. 1. Anas a dit : "Le Prophète fit à Médine la prière de midi avec quatre rika' ; il fit celle de l'après midi à Dzou-'l-Holaïfa avec deux rika' et j'entendis le Prophète et ses compagnons criant tous à la fois (pour le pèlerinage et la visite pieuse)." CHAPITRE XXVI. - De la telbiya. 1. D'après 'Abdallah ibn 'Omar, la telbiya de l'Envoyé de Dieu consistait en ces mots : "Me voici devant toi, ô mon Dieu ; me voici devant toi, me voici devant toi. Tu n'as pas d'associé. Me voici devant toi (Cette phrase manque dans l'édition de Krehl.) La Louange et la grâce t'appartiennent ainsi que la royauté. Tu n'as pas d'associé." 2. 'Aïcha a dit : "Je sais très bien quelle était la telbiya du Prophète. Il disait : "Me voici devant toi, ô mon Dieu, me voici devant toi, me voici devant toi. Tu n'as pas d'associé. Me voici devant toi. La louange et la grâce t'appartiennent." CHAPITRE XXVII. - Les formules de louange, de glorification et de tekbîr doivent précéder la telbiya lorsqu'on a enfourché sa monture. 1. Anas a dit : "Le Prophète ffit à Médine, alors que nous étions avec lui, la prière de midi avec quatre rika' ; il fit celle de l'après midi à Dzou-'l-Holaïfa avec deux rika', puis il passa la nuit dans cette dernière localité et y resta jusqu'au lendemain matin. Il enfourcha sa monture et, quand celle-ci fut debout, à El Baïda, il loua Dieu, le glorifia, fit le tekbîr, puis la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse. Les fidèles firent également la telbiya pour ces deux choses. Quand nous arrivâmes (à la Mecque), le Prophète ordonna aux fidèles de quitter l'ihrâm et ce ne fut que le jour de l'abreuvement (8 de Dzou-'l-hiddja) qu'ils firent la telbiya du pèlerinage. Le Prophète égorgea de sa main ses victimes debout. L'Envoyé de Dieu, à Médine, égorgea deux béliers blancs tachés de noir. CHAPITRE XXVIII. - De celui qui fait la telbiya quand sa monture est relevée. 1. Ibn 'Omar a dit : "Le Prophète fit la telbiya lorsque sa chamelle fut entièrement relevée et debout." CHAPITRE XXIX. - De la telbiya faite le matin en se tournant du côté de la Qibla à Dzou-'l-Holaïfa. - D'après Nâfi', lorsque Ibn 'Omar avait fait la prière le matin à Dzou-'l-Holaïfa, il donnait l'ordre de lui amener sa chamelle. On la lui amenait ; il l'enfourchait et, quand elle était bien relevée et tournée du côté de la qibla, il faisait la telbiya jusqu'à ce qu'il fût parvenu sur le territoire sacré. Ensuite il cessait de la faire ; puis il se rendait à Dzou-Towa où il passait la nuit jusqu'au lendemain matin. Quand il avait fait la prière du matin il se lavait et prétendait que l'Envoyé de Dieu faisait ainsi. 1. D'après Nâfi', Ibn 'Omar, lorsqu'il allait quitter Médine pour se rendre à la Mecque, s'oignait d'onguents qui n'étaient point parfumés. Il se rendait à la mosquée de Dzou-'l-Holaïfa, y faisait sa prière, enfouchait sa monture et, quand celle-ci était bien relevée et debout, il se mettait en état d'ihrâm. "Ainsi, disait-il, ai-je vu faire l'Envoyé de Dieu". CHAPITRE XXX. - De la telbiya faite en descendant dans la vallée. 1. Modjâhid a dit : "Nous étions chez Ibn 'Abbâs ; on y parlait de l'Antéchrist, et l'on disait qu'il avait le mot "infidèle" écrit entre les deux yeux. "Jamais, dit Ibn 'Abbâs, je n'ai entendu le Prophète énoncer pareille chose ; mais il a dit : "Quant à Moïse, il me semble le voir descendre dans la vallée et faire la telbiya?" CHAPITRE XXXI. - Comment la femme ayant ses menstrues et la nouvelle accouchée doivent faire la telbiya. - (Détails lexicographiques au sujet du verbe ???? [faire la telbiya]). 1. 'Aïcha, la femme du Prophète, a dit : "Nous quittâmes Médine avec le Prophète pour faire le pèlerinage d'adieu. Nous fîmes la telbiya de la visite pieuse, puis le Prophète dit : "Que celui qui a une victime à offrir fasse à la fois la telbiya du pèlerinage et de la visite pieuse, puis qu'il ne quitte l'ihrâm qu'après avoir terminé ces deux cérémonies." "J'arrivai à la Mecque au moment où j'avais mes menstrues. Je ne fis pas la tournée processionnelle du temple, ni la course entre Es-Safa et Al-Merwa. Comme je me plaignais de cela au Prophète, il me dit : "Dénoue tes cheveux, démêle-les avec un peigne et fais la telbiya pour le pèlerinage en laissant de côté la visite pieuse." Je fis ainsi et, quand nous eûmes terminé le pèlerinage, le Prophète m'envoyé avec 'Abderrahman ibn Abou Bakr à Et Ten'îm où je me mis en devoir de faire la visite pieuse. "C'est en cet endroit que commencera ta visite pieuse", m'avait dit le Prophète. "Ceux, ajoute 'Aïcha, qui avaient fait la telbiya pour la visite pieuse, firent la tournée processionnelle du temple et la course entre Es-Safa et Al-Merwa, puis ils quittèrent l'ihrâm, firent une seconde tournée processionnelle lorsqu'ils furent de retour de Mina. Quant à ceux qui avaient fait à la fois la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse, ils ne firent qu'une tournée processionnelle." CHAPITRE XXXII. - De ceux qui, du temps du Prophète, firent la telbiya de la même façon que le Prophète. - C'est Ibn 'Omar qui a rapporté ceci d'après le Prophète. 1. Djâbir a dit : "Le Prophète donna l'ordre à 'Ali de conserver l'état d'ihrâm." Et Djâbir rapporta les paroles de Sorâqa. 2. Anas ibn Mâlik a dit : "Ali était arrivé au Yémen. Le Prophète lui dit : "Pourquoi t'es-tu mis en ihrâm ? - Parce que, répondit-il, le Prophète y est lui même. - Si je n'avais eu une victime à sacrifier, reprit le Prophète, j'aurais déjà quitté l'ihrâm." Suivant Ibn-Djoraïdj, le Prophète aurait dit : "Ô Ali, pourquoi t'es-tu mis en ihrâm ? - Parce que, aurait-il répondu, le Prophète y est lui-même. - Offre une victime, aurait repris le Prophète, et reste comme tu es en ihrâm." 3. Abou Mousa a dit : "Le Prophète m'avait envoyé vers ma tribu dans le Yémen. Au retour, je le trouvai à El Bathâ. "Pourquoi, me dit il, es-tu en ihrâm ? - Parce que, répondis-je, j'ai imité l'exemple du Prophète. - As tu une victime à offrir, reprit-il. - Non, répliquai-je." Alors il me donna l'ordre de faire la tournée processionnelle du temps et la course entre Es Safa et El Merwa. Après cela il m'enjoignit de cesser l'ihrâm. J'allai alors trouver une femme de ma tribu ; elle me peigna - ou, suivant une variante, elle me lava la tête." Devenu Calife, 'Omar dit : "Si nous nous en tenons au Livre de Dieu, il nous ordonne de les achever complètement, car il a dit : "Achevez intégralement le pèlerinage et la visite pieuse en l'honneur de Dieu (sourate II, verset 192)." Et, nous nous en tenons à la pratique du Prophète, on ne doit pas quitter l'ihrâm avant d'avoir égorgé sa victime." CHAPITRE XXXIII. - De ces mots du Coran : "Le pèlerinage a lieu à des mois fixés. Celui qui, à ces époques, accomplira le pèlerinage, devra s'abstenir d'oeuvre de chair, de péchés et de contestations." (sourate II, verset 193). - De ces autres paroles du Coran : "Ils t'interrogent sur les variations de la lune ; dis : "C'est afin de fixer les dates pour les hommes et pour le pèlerinage..." (sourate II, verset 185). - Ibn 'Omar a dit : "Les mois du pèlerinage sont : Chawwâl, Dzou-'l-qa'da et une décade de Dzou-'l-Hiddja." - Ibn 'Abbâs a dit : "La règle est qu'on ne prend l'ihrâm pour le pèlerinage que pendant les mois du pèlerinage." - 'Otsmân réprouvait qu'on prît l'ihrâm à partir du Khorassân ou du Kermân. 1. 'Aïcha a dit : "Nous quittâmes Médine pendant les mois et les jours du pèlerinage et en pratiquant les interdictions du pèlerinage. Nous campâmes à Sarif. Le Prophète se rendit alors vers ses compagnons et leur dit : "Que celui qui n'a pas amené de victime et préfère se contenter de la visite pieuse, le fasse ; mais qu'il n'en soit pas de même pour ceux qui ont amené une victime." Certains compagnons du Prophète optèrent pour la visite pieuse ; d'autres y renoncèrent. Quant à l'Envoyé de Dieu et aux personnages de son entourage qui étaient des gens puissants, et qui avaient amené des victimes, ils ne songeaient pas à faire la visite pieuse. "Alors, ajoute 'Aïcha, l'Envoyé de Dieu entra chez moi et me trouva en larmes : "Pourquoi pleures-tu, sotte que tu es ? me demanda-t-il. - Parce que, répondis je, j'ai entendu ce que tu viens de dire et la visite pieuse m'est interdite. - Dans quel état te trouves-tu donc ? reprit-il. - Je ne fais pas de prière, répliquai-je. - Cela ne te fera aucun tort, ajouta-t-il ; tu es une femme des filles d'Adam et il t'arrive ce que Dieu a décidé pour toutes les femmes. Tiens t'en donc à ton pèlerinage ; il se peut que Dieu t'accorde la visite pieuse." "Nous partîmes pour ce pèlerinage, continue 'Aïcha, et, arrivée à Mina, je me trouvai en état de pureté. Je quittai alors Mina et fis la tournée processionnelle autour du Temple ; puis je partis avec le Prophète en même temps que le dernier groupe des pèlerins. Le Prophète campa à El Mohassab et nous y campâmes aussi. Il appela alors 'Abderrahman ibn Abou Bakr et lui dit : "Emmène ta soeur hors du territoire sacré et qu'elle fasse la telbiya de la visite pieuse ; accomplissez tous deux cette visite et revenez ici où je vous attendrai jusqu'à votre retour." Nous partîmes, et quand j'eus terminé la visite pieuse et achevé la tournée processionnelle, je revins auprès du Prophète au moment du crépuscule. "Avez-vous fait la visite pieuse ? nous demanda-t-il. - Oui, lui répondis-je." Il donna le signal du départ à ses compagnons et les fidèles se mirent en route. Alors le Prophète se dirigea vers Médine." CHAPITRE XXXIV. - De l'accomplissement successif du pèlerinage (quand, durant la même année, on faisait le pèlerinage et la visite pieuse sans rester, dans l'intervalle, en état d'ihrâm, il y avait ???, ce qui est traduit ici par "accomplissement successif" ; si, au contraire, on accomplissait ces deux rites sans quitter l'ihrâm, il y avait ?????, ce qui est traduit par "accomplissement simultané".) et de la visite pieuse ; de leur accomplissement simultané ; de l'accomplissement du seul pèlerinage et de la transformation (c'est à dire de remplacer ou transformer le pèlerinage par la visite pieuse.) du pèlerinage de celui qui n'a pas amené de victime avec lui. 1. 'Aïcha a dit : "Nous partîmes avec le Prophète et nous ne pensions pas qu'il voulût faire autre chose que le pèlerinage. Quand nous fûmes arrivés, nous fîmes la tournée processionnelle du Temple. Alors le Prophète ordonna à tous ceux qui n'avaient pas amené de victime de quitter l'ihrâm. Tous ceux qui n'avaient pas amené de victime quittèrent l'ihrâm, et ses femmes, qui n'en avaient pas amené, firent de même. Comme j'avais mes menstrues, ajouté 'Aïcha, je ne fis pas la tournée processionnelle. Lorsqu'on passa la nuit à El Mohassab je dis : "Ô Envoyé de Dieu, les fidèles vont revenir après avoir accompli pèlerinage et visite pieuse, tandis que moi je n'aurai fait que le pèlerinage. - Tu n'as donc pas fait la tournée processionnelle quand nous sommes arrivés à la Mecque ? demanda le Prophète. - Non, répondis-je. - Eh bien, reprit-il,va avec ton frère jusqu'à Et Ten'îm, fais y la telbiya de la visite pieuse et ensuite je te donne rendez-vous à tel ou tel endroit. "Je ne pense pas, dit Safiyya, que mes menstrues retiennent ici les fidèles (qui se rendaient à Médine). - Femme stérile et de mauvais augure, s'écria le Prophète, n'as-tu donc pas fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice ? - Certes oui, je l'ai faite, répliquai-je." - "Il n'y a aucun mal alors, reprit le Prophète, pars !" 'Aïcha ajoute : "Le Prophète me rencontra au moment où il montait de la Mecque et où j'y descendais, - ou, suivant une variante : "au moment où je montais et où il descendait." 2. 'Aïcha a dit : "L'année du pèlerinage d'adieu, nous quittâmes Médine avec l'Envoyé de Dieu. Certains d'entre nous firent la telbiya de la visite pieuse ; d'autres, celle du pèlerinage et il y en eut qui firent à la fois la telbiya du pèlerinage et celle de la visite pieuse. L'Envoyé de Dieu fit la telbiya du pèlerinage. Quant à ceux qui firent la telbiya pour le pèlerinage seulement ou qui combinèrent le pèlerinage et la visite pieuse ils ne quittèrent l'ihrâm que le jour du sacrifice. 3. Merwân ibn El Hakam a dit : "J'ai eu occasion de voir 'Otsmân et 'Ali. 'Otsmân proscrivait l'accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse et leur accomplissement simultané. Voyant cela, 'Ali fit la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse en disant : "Je ne suis pas de ceux qui, sur le dire d'une seule personne, laissent de côté la règle établie par le Prophète." 4. Ibn 'Abbâs a dit : "(Avant l'islamisme) on estimait qu'il n'y avait pas de plus grande ignominie sur cette terre que de faire la visite pieuse pendant les mois consacrés au pèlerinage ; on appelait Moharrem safar (Le mois de safar dont il est question ici est vraisemblablement le nom du treizième mois de l'année embolistique. Du temps du paganisme, il était sacré et faisait partie des mois du pèlerinage. Le dicton rapporté par Ibn 'Abbâs signifie que la visite pieuse n'avait lieu, avant l'islamisme, qu'après l'expiration des mois sacrés réservés au pèlerinage et après le temps nécessaire à la guérison des chameaux.) et on disait : lorsque les plaies du dos du chameau sont guéries, qu'il n'en reste plus de traces et que safar est terminé, alors ceux qui le désirent peuvent faire la visite pieuse. "Le Prophète et ses compagnons arrivèrent dans la matinée du quatre (de dzou-'l-hiddja en faisant la telbiya du pèlerinage. Le Prophète ayant ordonné qu'il fût transformé en visite pieuse, cela contraria péniblement ses compagnons qui lui dirent : "Dans quelle mesure faut-il quitter l'ihrâm ? - Il faut le quitter complètement, répondit-il." 5. Abou Mousa a dit : "J'allai trouver le Prophète ; il m'enjoignit de quitter l'ihrâm." 6. Ibn 'Omar rapporte que Hafsa, la femme du Prophète, dit : "Ô Envoyé de Dieu, pourquoi les fidèles ont-ils quitté l'ihrâm pour la visite pieuse, alors que toi tu persistes dans l'ihrâm pour cette visite. - J'ai feutré ma tête, répondit-il ; j'ai mis une guirlande au cou de ma victime, je ne puis plus quitter l'ihrâm avant le sacrifice." 7. Abou Djamra Nasr ibn 'Imrân Ed Doba'i a dit : "J'avais résolu le pèlerinage à la suite de la visite pieuse ; des fidèles me l'interdirent. Alors je consultai Ibn 'Abbâs qui m'enjoignit de le faire. Puis je vis en songe un homme qui me disait : "Ton pèlerinage soit pieusement accompli et que ta visite pieuse soit agréée !" Je racontai le fait à Ibn 'Abbâs qui me dit : "Telle est la règle tracée par l'Envoyé de Dieu." Puis il ajouta : "Demeure auprès de moi et je te donnerai une part de mes biens. - Pourquoi te dit-il cela ? demanda Cho'ba. - A cause du songe que j'avais eu, répliqua Abou Djamra." 8. Abou Chihâb a dit : "Je m'étais rendu à la Mecque pour faire le pèlerinage à la suite de la visite pieuse. Nous entrâmes dans cette ville trois jours avant le jour de l'abreuvement. Certains habitants de la Mecque me dirent alors : "Ton pèlerinage maintenant sera mecquois (On dit d'un pèlerinage qu'il est mecquois pour marquer qu'il n'a pas donné grand' peine, les Mecquois n'ayant ni fatigue ni danger à courir pour l'accomplir.)." J'allai trouver aussitôt 'Atâ et lui demandai de décider la question. "Djâbir ibn 'Abdallah, me répondit-il, m'a rapporté qu'il avait fait le pèlerinage avec l'Envoyé de Dieu le jour où il avait emmené une victime. Les fidèles avaient fait la telbiya uniquement pour le pèlerinage." Le Prophète leur dit : "Cessez votre ihrâm en faisant la tournée processionnelle du temple et la course entre Es Safa et El Merwa ; coupez vos cheveux et demeurez libres de vos actions jusqu'au jour de l'abreuvement. Alors faites la telbiya du pèlerinage, considérez ce que vous avez déjà fait comme une visite pieuse. - Comment, répondirent-ils, considérer cela comme une visite pieuse préalable alors que nous lui avons donné le nom de pèlerinage ? - Faites ce que je vous ordonne, répliqua-t-il ; si je n'avais amené une victime j'aurais fait exactement ce que je vous dis de faire. Mais rien de ce qui m'est défendu ne me sera permis tant que la victime ne sera pas parvenue au lieu voulu." Les fidèles exécutèrent l'ordre du Prophète." 9. D'après Sa'îd ibn El Mosayyab, pendant qu'ils étaient à 'Osfân, 'Ali et 'Otsmân furent en désaccord au sujet de l'accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse. "Comment, disait 'Ali, tu veux arriver à interdire ce que l'Envoyé de Dieu ordonnait de faire ?" Alors, voyant cela, 'Ali fit à la fois la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse simultanés. CHAPITRE XXXV. - De celui qui fait la telbiya du pèlerinage en le spécifiant. 1. Djâbir ibn 'Abdallah a dit : "Nous nous mîmes en route avec l'Envoyé de Dieu en disant : "Nous voici à toi pour le pèlerinage (ô mon Dieu), nous voici à toi ! " Mais, sur l'ordre que nous donna l'Envoyé de Dieu nous appliquâmes notre telbiya à une visite pieuse." CHAPITRE XXXVI. - De l'accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse au temps du Prophète. 1. 'Imrân a dit : "Au temps du Prophète nous accomplissions successivement le pèlerinage et la visite pieuse, et le Coran s'était prononcé à cet égard. Un homme ('Omar) peut dire là-dessus ce qu'il lui plaît." CHAPITRE XXXVII. - De ces mots du Coran : "Cela s'applique à ceux dont la famille n'est pas dans le voisinage (c'est à dire dont la famille n'est pas établie sur le territoire sacré de la Mecque) du temple sacré" (sourate II, verset 192). - D'après 'Ikrima, Ibn 'Abbâs, interrogé sur l'accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse, répondit : "Les Mohâdjir, les Ansâr et les femmes du Prophète firent ainsi que nous cette (double telbiya) lors du pèlerinage d'adieu. Quand nous arrivâmes à la Mecque, l'Envoyé de Dieu nous dit : "Transformez votre telbiya de pèlerinage en telbiya de visite pieuse ; il n'y aura d'exception que pour ceux qui ont enguirlandé une victime." Nous fîmes la tournée processionnelle et la course entre Es Safa et El Merwa, puis nous rejoignîmes nos femmes et revêtîmes nos vêtements (ordinaires). Le Prophète dit : "Celui qui a "enguirlandé une victime ne quittera pas l'ihrâm avant d'avoir conduit la victime à l'endroit voulu." Dans la soirée du jour de l'a breuvement, il nous donna l'ordre de faire la telbiya du pèlerinage. Quand nous en eûmes accompli les rites nous revînmes, nous fîmes la tournée processionnelle du temple et la course entre Es Safa et El Merwa. Nous avions ainsi accompli intégralement notre pèlerinage, mais nous devions la victime, car il est dit dans le Coran : "Offrez la victime que vos moyens vous permettent. Celui qui ne pourra pas s'en procurer, qu'il jeûne trois jours pendant le pèlerinage et sept jours quand il sera rentré dans ses foyers" (sourate II, verset 192). - Un mouton suffit. On réunit les deux rites dans une même année pour le pèlerinage et la visite pieuse, car Dieu a autorisé ce cumul dans le Coran et le Prophète l'a pratiqué et l'a permis aux fidèles, sauf aux habitants de la Mecque. - Dieu a dit : "Cela s'applique à ceux dont la famille n'est pas dans le voisinage du Temple sacré." - Les mois du pèlerinage qui ont été indiqués par Dieu dans le Coran sont : Chawwâl, dzou-'l-qa'da et dzou-'l-hiddja. - Ce lui qui accomplira successivement le pèlerinage et la visite pieuse durant ces mois, devra une victime ou un jeûne ; il devrai s'abstenir de commerce charnel, de péchés et de contestations." CHAPITRE XXXVIII. - Du fait de se laver quand on entre à la Mecque. 1. Nâfi a dit : "Aussitôt arrivé sur le territoire sacré, Ibn 'Omar cessait de faire la telbiya ; il passait la nuit à Dzou-Towa, y faisait la prière du matin et se lavait. Il racontait que le Prophète agissait exactement ainsi." CHAPITRE XXXIX. - De l'entrée à la Mecque de nuit et de jour. 1. Ibn 'Omar a dit : "Le Prophète passa la nuit à Dzou Towa ; il y resta jusqu'au matin et entra ensuite à la Mecque." Ibn 'Omar faisait de même. CHAPITRE XL. - Par où faut-il entrer à la Mecque. 1. Ibn 'Omar a dit : "L'Envoyé de Dieu entrait à la Mecque par le défilé le plus élevé ; il en sortait par le défilé le plus bas." CHAPITRE XLI. - Par où doit on sortir de la Mecque. 1. D'après Ibn 'Omar l'Envoyé de Dieu entrait à la Mecque par Kadâ en prenant le défilé le plus élevé qui se trouve à El Bathâ ; il en sortait par le défilé le plus bas." 2. D'après 'Aïcha, le Prophète, quand il alla à la Mecque, entra dans cette ville par la partie la plus élevée et en sortit par la partie la plus basse. 3. D'après 'Aïcha, l'année de la prise de la Mecque, l'Envoyé de Dieu entra dans cette ville par Kadâ et en sortit par Koda (El 'Aïni fait remarquer avec raison que le rawi a dû mettre Koda à la place de Kadâ et vis versa.), le point le plus élevé de la Mecque. 4. Hichâm ibn 'Orwa rapporte que son père tenait de 'Aïcha que, l'année de la prise de la Mecque, le Prophète entra dans cette ville par Kadâ, la partie la plus élevée de la Mecque. Hichâm ajoute : "'Orwa entrait par Kadâ et par Koda, le plus souvent par Koda qui était plus rapproché de son campement. 5. D'après Hichâm ibn 'Orwa, l'année de la prise de la Mecque, le Prophète entra dans cette ville par Kadâ, l'endroit le plus élevé de la Mecque. 'Orwa entrait le plus souvent par Koda qui était plus rapproché de son campement. El Bokhâri dit que Kadâ et Koda sont deux noms de localités. CHAPITRE XLII. - De la supériorité de la Mecque et de ses monuments. - De ces mots du Coran : "Souviens-toi que nous avons fait du Temple un but de visite et un asile pour les fidèles. Servez vous de la station d'Abraham comme oratoire. Nous avons enjoint à Abraham et à Ismaël de rendre pur ce temple qui nous est consacré, afin qu'il servît à ceux qui font la tournée processionnelle, à ceux qui se livrent à la piété, aux inclinations et aux prosternations des fidèles...Certes tu es celui qui aime à pardonner et qui est clément." (sourate II, verset 119-122). 1. Djâir ibn 'Abdallah a dit : "Lorsque la Ka'ba fut reconstruire, le Prophète et 'Abbâs s'employèrent à porter des pierres. El 'Abbâs dit au Prophète : "Mets ton voile sur ton cou." Aussitôt, le Prophète tomba sur le sol, ses yeux fixèrent vers le ciel et il dit : "Donne-moi mon voile." 'Abbâs fixa le voile au cou du Prophète." 2. 'Aïcha, la femme du Prophète, rapporte que l'Envoyé de Dieu lui dit : "Ne vois-tu pas que tes gens, en reconstruisant la Ka'ba, n'ont pas suivi entièrement les fondations établies par Abraham ? - Ô Envoyé de Dieu, répondit 'Aïcha, ne vas-tu pas replacer la construction sur les fondations d'Abraham ? - Certes, je le ferais, répliqua-t-il, si je ne craignais que l'infidélité ne se produisît alors parmi tes concitoyens." 'Abdallah, qui rapporte ce hadith, ajoute : "Si 'Aïcha a entendu ces paroles de l'Envoyé de Dieu, je suppose que l'Envoyé de Dieu n'a cessé de toucher (ou d'embrasser) les deux piliers qui suivent le mur d'enceinte de la Ka'ba que parce que le temple n'a pas été exactement rebâti sur les fondations d'Abraham." 3. 'Aïcha a dit : "Je demandai au Prophète si le mur faisait partie du temple. - Oui, répondit-il. - Et alors, repris-je, pourquoi ne lui a-t-on pas fait faire corps avec le temple ? - Parce que, répliqua-t-il, tes concitoyens n'ont pas eu les ressources nécessaires. - Et pourquoi, demandai-je encore, le pas de la porte est-il aussi élevé ? - C'est, répondit-il, que tes concitoyens veulent pouvoir y faire entrer qui il leur plaît et en interdire l'accès à qui ils voudront. Si tes concitoyens n'étaient pas si rapprochés du temps du paganisme et si je ne craignais de les mécontenter, je ferais que le mur fît corps avec le temple et que le seuil de la porte fût au ras du sol. 4. Suivant 'Aïcha, l'Envoyé de Dieu lui dit : "Si tes concitoyens n'avaient renoncé à l'infidélité depuis si peu de temps, je démolirais le temple et le reconstruirais sur les fondations d'Abraham, - les Qoraïchites ayant manqué de fonds suffisants pour cette construction, - et je lui aurais fait une (autre) porte." - Suivant Hichâm ??? signifie "porte de sortie". 5. 'Aïcha rapporte que le Prophète lui dit : "Ô 'Aïcha, si tes concitoyens n'étaient pas si rapprochés de l'époque du paganisme, j'aurais donné l'ordre de démolir le temple, j'y aurais fait entrer tout ce qui est resté en dehors et je l'aurais mis au niveau du sol. J'y aurais mis deux portes : une à l'est, l'autre à l'ouest. Enfin, j'aurais exactement suivi les fondations d'Abraham. Ce sont ces paroles qui ont amené Ibn Ez Zobaïr à démolir la Ka'ba. Yazîd a dit : "J'étais présent quand Ibn Ez Zobaïr fit démolir le temple et le reconstruisit. Il fit faire corps au mur (d'enceinte) avec le reste de l'édifice. J'ai vu les fondations d'Abraham ; elles étaient faites de pierres de la grosseur d'une bosse de chameau." Et comme Djarîr lui disait : "Où étaient ces fondations ?" Yazîd répondit : "Je vais te les montrer." Puis entrant dans l'enceinte, il lui montra d'un geste un endroit en disant : "C'était ici." Djarîr ajoute : "J'estimai la distance des fondations au mur d'enceinte à six coudées ou environ." CHAPITRE XLIII. - De l'excellence du territoire sacré. - De ces mots du Coran : "J'ai reçu seulement l'ordre d'adorer le Seigneur de cette cité, celui qui a rendu son territoire sacré et à qui appartient tout chose. J'ai reçu l'ordre d'être du nombre des Musulmans." (sourate XXVII, verset 93). - De ces paroles du Coran : "...Ne leur avons-nous pas donné un territoire sacré et sûr où, grâce à nous, on leur apporte, pour les nourrir, les fruits de toutes choses. Mais la plupart d'entre eux ne savent pas." (sourate XXVIII, verset 57). 1. D'après Ibn 'Abbâs : Le jour de la prise de la Mecque, l'Envoyé de Dieu dit : "Certes, cette cité a été rendue sacrée par Dieu. Sur son territoire, on ne coupera pas les épines, on n'y poursuivra pas le gibier et on n'y ramassera les objets trouvés que dans le but de faire connaître leur trouvaille (à leurs propriétaires)." CHAPITRE XLIV. - De la transmission par héritage des maisons de la Mecque, de la vente et de l'achat de ces maisons. Du fait que tous ceux qui sont spécialement dans le temple sacré sont égaux, conformément à ces mots du Coran : "Certes à ceux qui sont infidèles, à ceux qui détournent de la voie de Dieu et du temple sacré qu'il a établi pour tous les fidèles, qu'ils y séjournent ou ne fassent qu'y passer, à ceux qui voudraient y faire commettre une iniquité, nous ferons goûter un châtiment douloureux" (sourate XXII, verset 25, 26). [explication des mots 'akif et bâdi] 1. 'Amr ibn 'Otsmân rapporte que Osâma ibn Zaïd dit : "Ô Envoyé de Dieu, où descends-tu à la Mecque ? dans ta maison ? - 'Aqîl nous aurait-il donc laissé des immeubles ou des maisons ? demanda le Prophète. 'Aqîl avait en effet hérité de Abou-Tâlib, lui et son frère, Tâlib, mais ni Dj'afar, ni 'Ali n'avaient rien hérité parce qu'ils étaient musulmans, tandis que 'Aqîl et Tâlib étaient restés infidèles." - 'Omar ibn El Khattâb disait que le croyant n'héritait pas de l'infidèle. Ibn-Chihâb dit qu'on interprétait dans ce sens (c'est à dire que l'expression du Coran traduite ci-dessous par ces mots : "seront tous solidairement unis les uns aux autres" signifie que les fidèles mentionnés dans ce passage hériteront les uns des autres, alors même qu'il n'existerait entre eux aucun lien de parenté naturelle.) ces mots du Coran : "Ceux qui ont cru, qui ont émigré, qui ont exposé leurs biens et leur vie dans la voie de Dieu, ainsi que ceux qui ont donné asile (au Prophète) et ont été ses auxiliaires, seront tous solidairement unis les uns aux autres." (sourate VIII, verset 73). CHAPITRE XLV. - De l'endroit où descendait le Prophète à la Mecque. 1. D'après Abou Hourayra, l'Envoyé de Dieu, lorsqu'il se rendait à la Mecque, disait : "Demain, si Dieu veut, nous descendrons à la descente des Benou-Kinâna, à l'endroit où ils ont échangé des serments contre l'infidélité." 2. Suivant Abou Hourayra, l'Envoyé de Dieu dit pendant qu'il était à Mina, le lendemain du jour du sacrifice : "Demain nous irons nous installer à la descente des Benou Kinâna, à l'endroit où ils ont échangé des serments contre l'infidélité." C'était El Mohassab qu'il entendait indiquer par là. Les Qoraïchites et les Kinâna s'étaient engagés par serments les uns les autres contre les Benou Hâchim et les Benou 'Abd-el-Mottalib - ou les Benou-'l-Mottalib. Ils ne devaient contracter avec eux ni mariage, ni aucune transaction commerciale, tant que ceux-ci ne leur auraient pas livré le Prophète. CHAPITRE XLVI. - De ces mots du Coran : "Souviens-toi lorsque Abraham dit : "Seigneur, fais que ce pays soit sûr et que nous nous abstenions mes enfants et moi d'adorer les idoles... Peut être qu'ils seront reconnaissants." (sourate XIV, versets 38 à 40). 1. Abou Hourayra rapporte que le Prophète a dit : "Celui qui détruira la Ka'ba sera Dzou-'s-Sowaïqataïn (l'homme aux jambes grêles), un abyssin." 2. 'Aïcha a dit : "Le jeûne avait lieu le jour d''Achoura, le (dixième jour de Moharram), avant que le mois de ramadân n'eût été fixé, et ce jour-là on couvrait la Ka'ba d'un voile. Quand Dieu eut prescrit le jeûne du ramadân, l'Envoyé de Dieu dit : "Quiconque voudra jeûner le jour de 'Achoura pourra le faire, mais celui qui préfèrera y renoncer qu'il y renonce." 3. Selon Abou Sa'îd El Khodry, le Prophète a dit : "Qu'on ne manque pas de faire le pèlerinage au temple et de faire la visite pieuse après l'apparition de Gog et Magog." Isnâd différent avec la variante suivante d'après Cho'ba : "L'Heure ne viendra pas avant qu'on ne puisse plus faire le pèlerinage au temple." CHAPITRE XLVIII. - De la housse de la Ka'ba. 1. Abou Wâïl a dit : "J'allai trouver Chaïba - ou suivant un autre isnâd : J'étais assis sur le siège qui se trouve dans la Ka'ba avec Chaïba. - Ce dernier dit : "'Omar, qui occupait un jour cette même place, me dit : "J'ai songé à ne laisser ici ni or, ni argent et à tout distribuer (le trésor de la Ka'ba). - Vos deux prédécesseurs ne l'ont pas fait, répondis-je. - C'était deux grands hommes, reprit-il, je vais donc suivre leur exemple." CHAPITRE XLIX. - De la démolition de la Ka'ba. - D'après 'Aïcha, le Prophète a dit : "Une armée attaquera la Ka'ba, mais tous ses soldats seront engloutis (dans le sol)." 1. D'après Ibn 'Abbâs, le Prophète a dit : "Il me semble voir un nègre aux jambes torses qui en enlève les pierres l'une après l'autre." 2. D'après Abou Hourayra, l'Envoyé de Dieu a dit : "Celui qui détruira la Ka'ba, sera Dzou-'s-Sowaïqataïn, un abyssin." CHAPITRE L. - De ce qui a été dit de la pierre noire. 1. 'Abis ibn Rebi'a rapporte que 'Omar étant allé vers la pierre noire l'embrassa en disant : "Je sais bien que tu n'es qu'une pierre qui ne peut ni nuire, ni être utile ; aussi, si je n'avais vu l'Envoyé de Dieu te baiser, je ne t'aurais jamais embrassée." CHAPITRE LI. - Du fait de fermer la porte du Temple et d'y faire la prière dans n'importe leuquel des endroits du Temple qu'il vous plaît. 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "L'Envoyé de Dieu entra dans le temple (de la Mecque), avec Osâma ibn Zaïd, Bilâl et Otsmân ibn Talha, et, une fois entrés, ils fermèrent la porte sur eux. Quand ils la rouvrirent, je fus le premier à pénétrer dans le temple. J'y rencontrai Bilâl et lui demandai si l'Envoyé de Dieu y avait fait la prière. "Oui, me répondit-il, entre les deux piliers yamanites." CHAPITRE LII. - De la prière dans la Ka'ba. 1. D'après Nâfi, quand Ibn 'Omar entrait dans la Ka'ba, il marchait droit devant lui dès son entrée et, tournant le dos à la porte, il allait vers le mur situé devant lui ; arrivé à environ trois coudées de ce mur, il faisait la prière. Ce faisant, il se proposait d'occuper la place où, au dire de Bilâl, l'Envoyé de Dieu avait prié. Il n'y a aucun inconvénient pour personne à faire la prière dans n'importe quel endroit du temple. CHAPITRE III. - De celui qui n'entre pas dans la Ka'ba. - Ibn 'Omar fit souvent le pèlerinage sans y entrer. 1. 'Abdallah ibn Abou Awfa a dit : "L'Envoyé de Dieu ayant fait la visite pieuse, fit la tournée processionnelle autour du temple ; puis il pria en arrière de la station (d'Abraham) deux rika' ; il était entouré de personnes qui le dérobaient à la vue des fidèles. Un homme m'ayant demandé si l'Envoyé de Dieu était entré dans la Ka'ba, je lui répondis que non." CHAPITRE LIV. - De celui qui dit le tekbîr dans une des parties de la Ka'ba. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Lorsque l'Envoyé de Dieu vint (à la Mecque) il refusa d'entrer dans le temple où il y avait (encore) des idoles. Il donna l'ordre de les enlever. On les enleva ainsi que la statue d'Abraham et celle d'Ismaël qui tenaient dans leurs mains les flèches augurales. Alors l'Envoyé de Dieu s'écria : "Dieu fasse périr les infidèles ! Ne savent-ils donc pas, par Dieu ! que ces deux personnages n'ont jamais cherché à faire usage de ces flèches." Ensuite le Prophète entra dans le temple, fit le Tekbir dans une partie quelconque de l'édifice, mais sans accomplir de prière." CHAPITRE LV. - Comment commença-t-on à prendre l'allure rapide dite ramal (dans la tournée processionnelle). 1. Ibn 'Abbâs a dit : "L'Envoyé de Dieu était venu (à la Mecque) avec ses compagnons. Les polythéistes dirent alors : "Il va vous arriver une troupe de gens que la fièvre de Yatsrib a débilités". Ce fut à ce moment que le Prophète ordonna à ses compagnons de prendre une allure vive pendant les trois tournées processionnelles et de marcher au pas entre les deux piliers yamanites. Ce qui l'empêcha de leur enjoindre de précipiter l'allure pour toutes les tournées, ce fut la compassion qu'il avait pour eux." CHAPITRE LVI. - De l'attouchement de la pierre noire, quand on vient à la Mecque, avant de faire les tournées processionnelles et du fait de précipiter l'allure des trois premières. 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "J'ai vu l'Envoyé de Dieu, quand il vint à la Mecque. Dès qu'il eut touché la pierre (dans ce titre, on trouve assez souvent le mot ???, "pilier" au singulier, pour désigner la "pierre noire".) noire, il commença les tournées processionnelles en précipitant l'allure des trois premières sur les sept (qu'il y avait à faire)." CHAPITRE LVII. - De l'allure vive pendant le pèlerinage et la visite pieuse. 1. Ibn 'Omar a dit : "Le Prophète précipita son allure pendant trois tournées processionnelles, il marcha au pas pendant les quatre autres. Et cela pendant le pèlerinage et la visite pieuse." 2. Aslam rapporte que 'Omar ibn El Khattâb a dit à la pierre noire : "Par Dieu ! ne sais-je pas bien que tu n'es qu'une pierre, ne pouvant ni nuire, ni être utile. Si je n'avais vu l'Envoyé de Dieu te toucher, je ne t'aurais jamais touchée." 'Omar toucha la pierre, puis il dit : "Qu'avons-nous à faire maintenant de l'allure précipitée ? Nous voulions seulement faire une démonstration devant les polythéistes que Dieu a anéantis." Il ajouta toutefois : "Une chose que l'Envoyé a pratiquée, nous ne voulons cesser de la faire." 3. Ibn 'Omar d'après Nâfi' a dit : "Je n'ai jamais cessé de toucher ces deux piliers, qu'il y eût presse ou non, depuis que j'avais vu l'Envoyé de Dieu les toucher lui-même." Et comme 'Obaïd Dieu demandait à Nafo' : "Ibn 'Omar allait-il au pas en faisant ses tournées processionnelles entre ces piliers ? - Il allait simplement au pas, répondit Nâfi', afin d'avoir plus de facilité pour toucher les piliers." CHAPITRE LVIII. - Du fait de toucher la pierre noire avec un bâton recourbé (Il s'agit du bâton recourbé dont on se sert pour guider le chameau quand on est monté sur l'animal.). 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Durant le pèlerinage d'adieu, le Prophète fit la tournée processionnelle sur son chameau et il toucha la pierre noire avec un bâton recourbée." CHAPITRE LIX. - De celui qui ne touche que les deux piliers yamanites. - Abou-'ch-Cha'tsâ a dit : "Et qui donc craindrait de toucher quelque chose du temple. - Mo'âwia touchait tous les piliers et comme Ibn 'Abbâs lui disait : "On ne doit pas toucher ces deux piliers, car nous ne touchions pas ces deux piliers," Mo'âwia répondit : "Il n'y a aucune partie du temple que l'on doive fuir." - Ibn El Zobaïr touchait tous les piliers." 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "Je n'ai jamais vu le Prophète toucher autre chose dans le temple que les deux piliers yamanites." CHAPITRE LX. - Du fait d'embrasser la pierre (noire). 1. Aslam a dit : "J'ai vu 'Omar ibn El Khattâb embrasser la pierre noire en disant : "Si je n'avais vu l'Envoyé de Dieu t'embrasser, je ne t'embrasserais pas." 2. Ez-Zobaïr ibn 'Arabi a dit : "Un homme ayant interrogé Ibn 'Omar au sujet du fait d'embrasser la pierre noire, celui-ci répondit : "J'ai vu l'Envoyé de Dieu la toucher et l'embrasser. - Et, ajouta l'homme, penses-tu qu'il faille le faire quand on est bousculé ou entraîné ? - Va exprimer ce doute dans le Yémen, répliqua Ibn 'Omar ; moi j'ai vu l'Envoyé de Dieu toucher la pierre et l'embrasser." CHAPITRE LXI. - De celui qui, arrivé près de la pierre noire, fait le geste d'y toucher. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Le Prophète fit la tournée processionnelle monté sur un chameau ; chaque fois qu'il passait devant la pierre noire, il faisait le geste d'y toucher." CHAPITRE LXII. - Du Tekbîr auprès de la pierre noire. 1. Ibn-'Abbâs a dit : "Le Prophète fit la tournée processionnelle du temple, monté sur un chameau ; chaque fois qu'il passait devant la pierre noire, il faisait le geste d'y toucher avec ce qu'il tenait à la main et disait le tekbîr." CHAPITRE LXIII. - De celui qui fait la tournée processionnelle du temple en arrivant à la Mecque, avant de rentrer dans sa demeure, puis qui prie deux rika' et part ensuite pour Es Safa. 1. D'après 'Orwa, 'Aïcha rapporte que la première chose que fit le Prophète en arrivant à la Mecque fut de faire ses ablutions ; il fit ensuite la tournée processionnelle ; mais il n'y eut pas de visite pieuse. Abou Bakr et 'Omar firent le pèlerinage de la même façon. "J'ai moi-même, ajouta 'Orwa, fait le pèlerinage avec mon père Ez Zobaïr ; or, la première chose que fit mon père, ce fut la tournée processionnelle. J'ai vu ensuite les Mohâdjir et les Ansar agir de la même façon. Ma mère m'a raconté qu'avec sa soeur, Ez Zobaïr, un tel et un tel, elle fit la telbiya de la visite pieuse ; et tous, quand ils eurent touché la pierre noire, quittèrent l'ihrâm." 2. 'Abdallah ibn 'Omar rapporte que l'Envoyé de Dieu, qu'il fit la tournée processionnelle pour le pèlerinage ou la visite pieuse, commençait, dès son arrivée, à faire à une allure vive les trois premières tournées et allait au pas pour les autres. Il faisait ensuite deux prosternations et la course entre Es Safa et El Merwa. 3. 'Abdallah ibn 'Omar rapporte que le Prophète, quand il faisait les premières tournées processionnelles autour du temple, accélérait son allure pour les trois premières et faisait au pas les quatre autres. Il courait également dans le fond du torrent quand il faisait la tournée entre Es Safa et El Merwa. CHAPITRE LXIV. - De la tournée processionnelle faite par les femmes en même temps que les hommes. 1. Ibn Djoraïdj a dit : "'Atâ m'a raconté que, lorsque Ibn Hichâm interdit aux femmes de processionner avec les hommes, il lui dit : "Comment voudrais-tu leur interdire cela, alors que les femmes du Prophète processionnaient avec les hommes ? - Etait-ce avant la révélation relative au voile (sourate XXXIII, verset 59), lui demandai-je, ou après ? - Certes, par ma vie, répondit-il, j'ai vu pratiquer cela après cette révélation. - Comment, repris-je, pouvaient-elles être mêlées aux hommes ? - Elles n'étaient pas mêlées à eux, répliqua-t-il. 'Aïcha processionnait isolée des hommes sans être mêlée à eux. Une femme lui ayant dit : "Allons ensemble, ô mère des Croyants, toucher la pierre noire", elle répondit : "Vas-y toi-même", et elle refusa d'y aller." "Les femmes venaient au temple voilées pendant la nuit et processionnaient avec les hommes. Mais elles restaient debout en entrant jusqu'à ce qu'elles fussent toutes entrées, et alors on faisait sortir les hommes. "Avec 'Obaïd ibn 'Omaïr, ajoute 'Atâ, j'allai trouver 'Aïcha qui était installée au coeur de la montagne de Tsabîr. - Et, demanda Ibn Djoraïdj, qu'est-ce qui l'abritait ? - Une tente turque, répondit-il ; une portière seule nous séparait d'elle. Je vis qu'elle portait un corsage rose." 2. Omm Salama, femme du Prophète, a dit : "Je me plaignis à l'Envoyé de Dieu de ce que j'étais souffrante. "Processionne derrière les fidèles, me dit-il, et reste sur ta monture." Je processionnai ainsi et, à ce moment, l'Envoyé de Dieu priait (Qastallâni ajoute : "la prière du matin".) sur l'un des côtés du temple et récitait ces mots du Coran : "J'en jure par le Sinaï, par un livre tracé..." (sourate LII, verset 1 et 2). CHAPITRE LXV. - Du fait de parler pendant la tournée processionnelle. 1. D'après Ibn 'Abbâs, pendant qu'il faisait la tournée processionnelle de la Ka'ba le Prophète vit un homme qui avait attaché sa main à celle d'un autre homme au moyen d'une lanière, ou d'une corde, ou de toute autre chose du genre. Le Prophète coupa lui-même cette courroie en disant : "Conduis-le par la main." CHAPITRE LXVI. - Celui qui, durant la tournée processionnelle, voit une lanière ou toute autre chose qu'il réprouve doit la faire disparaître. 1. Suivant Ibn 'Abbâs, le Prophète, ayant vu un homme processionnelle dans la Ka'ba tenu par une bride ou quelque chose d'analogue, coupa ce lien. CHAPITRE LXVII. - On ne peut processionner nu autour du temple. - Un polythéiste ne peut faire le pèlerinage. 1. Abou Hourayra rapporte que Abou Bakr Es Siddîq, au cours du pèlerinage à la tête duquel l'avait placé l'Envoyé de Dieu et qui eut lieu avant le pèlerinage d'adieu, l'envoya, le jour du sacrifice, à la tête d'un groupe de fidèles, annoncer aux gens que, après cette année-là, aucun polythéiste ne ferait le pèlerinage et qu'il ne fallait pas processionner tout nu. CHAPITRE LXVIII. - De celui qui s'arrête au cours de la tournée processionnelle. - 'Atâ a dit que celui qui, pendant la tournée processionnelle, entend le second appel à la prière ou qui a été écarté de sa place doit, aussitôt qu'il a fait la salutation finale, reprendre sa place à l'endroit où il l'a quittée. Une tradition de ce genre est rapportée d'après Ibn 'Omar et 'Abderrahman ibn Abou Bakr. CHAPITRE LXIX. - Le Prophète, à sa septième tournée processionnelle, priait deux rika'. - Nâfi' a dit : "A chaque septième tournée processionnelle, Ibn 'Omar priait deux rika'." - "Comme, dit Isma'îl ibn Omayya, je rappelais à Ez Zohri que 'Atâ se contentait de la prière canonique à la place des deux rika' pour la tournée processionnelle, il me répondit : "La pratique du Prophète est préférable. Le Prophète ne faisait pas une seule tournée processionnelle sans prier deux rika' à la septième." 1. 'Amr a dit : "Nous interrogeâmes Ibn 'Omar pour savoir si l'homme pouvait avoir commerce avec sa femme durant la visite pieuse avant d'avoir fait la course entre Es Safa et El Merwa. Il répondit : "L'Envoyé de Dieu vint à la Mecque ; il fit les sept tournées processionnelles autour du temple, puis il pria deux rika' derrière la station d'Abraham, fit la course entre Es Safa et El Merwa et dit : "Il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre." 'Amr ajoute : "Je questionnai à ce sujet Djâbir ibn 'Abdallah qui me répondit qu'il ne fallait pas s'approcher de sa femme avant d'avoir fait la course entre Es Safa et El Merwa." CHAPITRE LXX. - De celui qui, après la première tournée processionnelle, ne s'approche pas de la Ka'ba et ne fait pas de tournée processionnelle avant de s'être rendu à 'Arafa et d'en être revenu. (Chaque fois qu'on arrive à la Mecque, qu'on soit ou non en état d'ihrâm, il est d'usage de faire une série de tournées processionnelles. Cette pratique est surérogatoire et ne compte ni pour les rites du pèlerinage, ni pour les rites de la visite pieuse. C'est de cette tournée qu'il s'agit ici.). 1. 'Abdallah ibn 'Abbâs a dit : "Le Prophète se rendit à la Mecque ; il fit la tournée processionnelle et la course entre Es Safa et El Merwa ; il ne s'approcha de la Ka'ba, après avoir fait cette première tournée processionnelle, qu'après son retour de 'Arafa." CHAPITRE LXXI. - De celui qui prie les deux rika' de la tournée processionnelle en dehors de la mosquée. - 'Omar les pria hors du territoire sacré. 1. D'après Omm Salam, l'Envoyé de Dieu, étant à la Mecque, allait quitter cette ville, alors que Omm Salama n'avait pas fait la tournée processionnelle du temple et voulait partir également. "Quand le second appel de la prière du matin aura été fait, lui dit l'Envoyé de Dieu, fais la tournée processionnelle sur ton chameau pendant que les fidèles feront leur prière." Omm Salama fit ce qui lui avait été dit et elle ne fit pas sa prière avant d'être partie." CHAPITRE LXXII. - De celui qui prie les deux rika' de la tournée processionnelle derrière la station d'Abraham. 1. 'Amr ibn Dînâr rapporte qu'il a entendu Ibn 'Omar dire ceci : "Le Prophète vint à la Mecque ; il fit sept fois la tournée processionnelle autour du temple ; il pria ensuite deux rika' derrière la station d'Abraham et partit pour Es Safa. Or, il est dit dans le Coran : "Il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre (sourate XXXIII, verset 21)." CHAPITRE LXXIII. - De la tournée processionnelle après la prière du matin et après celle de l'après midi. Ibn 'Omar priait les deux rika' de la tournée processionnelle après la prière du matin, puis il se mit en route et ne pria les deux rika' qu'à Dzou Towa. 1. D'après 'Aïcha, des fidèles qui avaient fait la tournée processionnelle du temple après la prière du matin, s'assirent auprès du prédicateur et, lorsque le soleil se leva, ils firent la prière. 'Aïcha ajoute : "Ils restèrent assis jusqu'au moment où on réprouve de faire la prière et se levèrent alors pour la faire." 2. 'Abdallah a dit : "J'ai entendu le Prophète interdire de faire la prière au moment du lever du soleil et au moment du coucher de cet astre." 3. 'Abdelazîz ibn Rofai' a dit : "J'ai vu 'Abdallah ibn Ez Zobaïr faire la tournée processionnelle après l'aurore et prier ensuite deux rika'." 'Abdelazîz a dit encore : "J'ai vu 'Abdallah ibn Ez Zobaïr prier deux rika' après la prière de l'après midi, et il racontait que 'Aïcha lui avait rapporté que le Prophète n'entrait jamais chez elle sans avoir prié ces deux rika'." CHAPITRE LXXIV. - Le malade fait les tournées processionnelles sur une monture. 1. D'après Ibn 'Abbâs, l'Envoyé de Dieu fit les tournées processionnelles sur un chameau. Chaque fois qu'il passa devant la pierre noire, il fit un geste vers elle avec un objet qu'il tenait à la main et dit le tekbîr. 2. Omm Salama a dit : "Je me plaignis à l'Envoyé de Dieu de ce que j'étais souffrante. Il me dit : "Fais les tournées processionnelles derrière les fidèles tout en restant sur ta monture." "Je fis ainsi les tournées, tandis que l'Envoyé de Dieu priait sur l'un des côtés du temple et récitait ces mots du Coran : "J'en jure par le Sinaï, par un livre tracé" (sourate LII, verset 1 et 2)." CHAPITRE LXXV. - De l'abreuvement des pèlerins. 1. Ibn 'Omar a dit : "El-'Abbâs ibn 'Abdelmottalib demanda à l'Envoyé de Dieu la permission de passer la nuit à la Mecque pendant les nuits de Mina, à cause de ses fonctions d'échanson. L'autorisation lui fut accordée." 2. D'après Ibn 'Abbâs, l'Envoyé de Dieu vint vers la buvette et demanda à boire : "Ô Fadl, dit alors El 'Abbâs, va chez ta mère et apporte à l'Envoyé de Dieu une boisson préparée par elle (Qastallâni ajoute : "J'allais alors vers l'Envoyé de Dieu."). - Donne-moi à boire, dit le Prophète. - Ô Envoyé de Dieu, répondit El 'Abbâs, ils trempent leurs mains dans cette boisson. - Donne-moi à boire, reprit-il." Et il but ; puis il alla au puits de Zemzem où l'on donnait à boire et où on puisait de l'eau. "Travaillez, dit-il, car vous faites là une oeuvre pieuse." Ensuite il ajouta : "Si je ne craignais que vous fussiez débordés (c'est à dire que si le Prophète s'était mis lui-même à puiser de l'eau tous les fidèles auraient voulu l'imiter et la foule eût été si grande que les gens chargés du service de l'abreuvement n'auraient pu remplir leur mission. - Le breuvage offert aux fidèles était fait de raisins secs macérés dans l'eau de Zemzem. - Cette partie du service du temple constituait une charge fort enviée.), je descendrais pour mettre la corde sur ceci." Et, ce disant, il montrait son épaule." CHAPITRE LXXVI. - De ce qui a été dit au sujet de Zemzem. - Anas ibn Mâlik dit que Abou Dzarr lui a rapporté ces paroles de l'Envoyé de Dieu : "Pendant que j'étais à la Mecque, mon plafond s'entr'ouvrit. Gabriel descendit vers moi, m'ouvrit la poitrine et la lava avec de l'eau de Zemzem. Il apporta ensuite un bassin d'or rempli de sagesse et de foi, vida le tout dans ma poitrine qu'il referma. Puis il me prit par la main, me fit monter dans le ciel le plus rapproché et dit au portier du ciel le plus rapproché : "Ouvre. - Qui est là ? demanda le portier." Gabriel répondit. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "J'ai donné à boire de l'eau de Zemzem à l'Envoyé de Dieu. Il la but en restant debout." - 'Ikrima, d'après 'Asîm, a juré que, ce jour-là, le Prophète n'avait pas quitté son chameau. CHAPITRE LXXVII. - De la tournée processionnelle de celui qui accomplit simultanément (le pèlerinage et la visite pieuse). 1. 'Aïcha a dit : "Nous quittâmes Médine avec l'Envoyé de Dieu pour le pèlerinage d'adieu. Nous fîmes la telbiya de la visite pieuse, et ensuite il nous dit : "Que celui qui a amené une victime fasse la telbiya pour le pèlerinage et la visite pieuse et qu'il ne quitte l'ihrâm que lorsqu'il se sera libéré de ces deux rites." "Quand j'arrivai à la Mecque, j'avais mes menstrues. Notre pèlerinage terminé, le Prophète m'envoya avec 'Abderrahman à Et Ten'îm, où je commençai la visite pieuse." Ceux qui avaient fait la telbiya de la visite pieuse firent les tournées processionnelles, puis quittèrent l'ihrâm. Ensuite, ils firent une autre série de tournées quand ils furent de retour à Mina. Quant à ceux qui avaient accompli simultanément le pèlerinage et la visite pieuse, ils ne firent qu'une seule série de tournées processionnelles. 2. D'après Nâfi': "'Abdallah ibn 'Abdallah, le fils d'Ibn 'Omar, entrant chez son père au moment où la monture de celui-ci était arrivée chez lui, lui dit : Je crains que, cette année, il y ait des combats entre les Arabes et qu'ils ne t'empêchent d'arriver au temple sacré. Tu ferais mieux de ne pas partir. - L'Envoyé de Dieu, répondit Ibn 'Omar, se rendant à la Mecque, a trouvé des infidèles de la tribu de Qoraïch qui lui ont barré la route du temple sacré. Si pareille chose m'arrive, je ferai ce qu'a fait l'Envoyé de Dieu, car il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre." Ibn 'Omar ajouta : "Je vous prends à témoin que je m'impose le pèlerinage en même temps que la visite pieuse." Cela dit, il partit et ne fit qu'une seule série de tournées processionnelles pour les deux rites." 3. Nâfi' rapporte que Ibn 'Omar voulut faire le pèlerinage, l'année que El Haddjâdj vint assiéger Ibn Ez Zobaïr. Comme on lui représentait qu'un combat pouvait avoir lieu entre ces gens-là et qu'on craignait qu'il fût empêché de poursuivre sa route, il répondit : "Il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre. Je ferai donc ce qu'a fait l'Envoyé de Dieu. Je vous prends à témoins que je m'impose une visite pieuse." Il partit ensuite et, arrivé aux environs de El Baïda, il dit : "Les conditions du pèlerinage et de la visite pieuse sont identiques. Je vous prends donc à témoins que je m'impose un pèlerinage avec la visite pieuse." Il se procura alors une victime qu'il acheta à Qodaïd. Il ne fit rien de plus ; il ne fit pas de sacrifice, ne pratiqua aucune des choses que l'ihrâm lui interdisait, ne se rasa pas la tête et ne se coupa pas les cheveux avant le jour du sacrifice. A ce moment seulement, il fit le sacrifice, se rase la tête et estima que sa première tournée pro cessionnelle suffisait comme tournée processionnelle du pèlerinage et de la visite pieuse. "C'est ainsi, ajouta Ibn 'Omar, que faisait l'Envoyé de Dieu." CHAPITRE LXXVIII. - De la tournée processionnelle précédée des ablutions. 1. Mohammed ibn 'Abderrahman ibn Naufal El Qorachi ayant interrogé 'Orwa ibn Ez Zobaïr, celui-ci lui répondit : "Le Prophète ayant fait le pèlerinage, 'Aïcha m'a raconté que la première chose qu'il fit à son arrivée à la Mecque, ce furent ses ablutions ; ensuite il fit la tournée processionnelle du temple, mais il n'y eut pas visite pieuse." Abou Bakr, faisant plus tard le pèlerinage, commença tout d'abord par la tournée processionnelle, sans pratiquer ensuite la visite pieuse. 'Omar fit exactement de même. 'Otsmân, à qui j'ai vu faire le pèlerinage, commença également par la tournée processionnelle du temple et il n'y eut pas visite pieuse. Mo'âwia et 'Abdallah ibn 'Omar agirent de même. Pour moi, j'ai fait le pèlerinage avec Abou Ez Zobaïr ibn El 'Awwâm qui débuta par la tournée processionnelle du temple sans transformer son pèlerinage en visite pieuse. J'ai vu les Mohâdjir et les Ansar pratiquer de la même façon et ne pas faire de visite pieuse. Le dernier que j'ai vu faire ainsi est Ibn 'Omar, qui n'accomplit pas non plus de visite pieuse. Ibn 'Omar se trouvant parmi eux, ne l'ont-ils donc pas interrogé et (n'ont-ils donc pas su que) personne de ceux qui nous ont précédés n'a jamais commencé autrement en posant le pied (dans la mosquée) que de faire la tournée processionnelle autour du temple. Et ensuite ils ne quittaient point l'ihrâm. J'ai vu ma mère et ma tante maternelle, quand elles arrivaient à la Mecque, ne rien faire avant d'avoir commencé la tournée processionnelle du temple. Ensuite, elles ne quittaient point l'ihrâm. Ma mère m'a raconté qu'elle, sa soeur, Ez Zobaïr, un tel et un tel avaient fait la telbiya de la visite pieuse et que, quand ils eurent touché l a pierre noire, ils quittèrent tous l'ihrâm." CHAPITRE LXXIX. - De l'obligation (de la course) de Es Safa et El Merwa. Elle constitue un des rites prescrits par Dieu. 1. D'après Ez Zohri, Orwa a dit : "Comme je disais à 'Aïcha : "Que penses-tu de ces mots du Coran : "Certes, Es Safa et El Merwa sont parmi les rites prescrits par Dieu. Quiconque fait le pèlerinage au temple sacré ou la visite pieuse ne saurait faire mal en processionnant entre ces deux localités..." (sourate II, verset 153). "Par Dieu, il ne saurait y avoir péché pour personne en ne processionnant pas à Es Safa et El Merwa." - "Ô fils de ma soeur, me répondit-elle, que c'est mal ce que tu dis là ! S'il fallait donner à ce texte l'interprétation que tu donnes, l'idée eut été exprimée ainsi : "Il ne saurait mal faire en ne processionnant pas entre ces deux localités." Mais ce verset a été révélé à l'occasion des Ansârs." "Avant d'être musulmans, ils faisaient la telbiya au nom de Manâ la perverse, divinité qu'ils adoraient à El Mochallal. Ceux qui faisaient cette telbiya estimaient à péché de processionner à Es Safa et à El Merwa. Quand ils furent convertis à l'islamisme, les Ansâr questionnèrent l'Envoyé de Dieu à ce sujet en lui disant : "Ô Envoyé de Dieu, nous regardions comme un péché de processionner à Es Safa et à El Merwa." C'est alors que fut révélé le verset : "Certes, Es Safa et El Merwa sont parmi les rites prescrits par Dieu..." Alors, ajouta 'Aïcha, l'Envoyé de Dieu prescrivit de processionner entre ces deux localités, et personne (dorénavant) ne peut se dispenser de cette procession." "Ensuite, dit Ez Zohri, je racontai la chose à Abou Bakr ibn 'Abderrahman qui me dit : "C'est là un fait exact que je n'avais pas entendu dire. Mais j'avais entendu des hommes de science dire qu'il y avait, en dehors de ceux qu'a mentionnés 'Aïcha, des gens qui faisaient la telbiya au nom de Manâ et processionnaient entre Es Safa et El Merwa. Quand le Coran indiqua la tournée processionnelle autour du temple, sans parler de Es Safa et de El Merwa, ces gens là dirent : "Ô Envoyé de Dieu, nous processionnions autrefois à Es Safa et à El Merwa ; or, Dieu, dans la révélation, vient de prescrire la tournée processionnelle autour du temple sans parler de Es Safa. Serait-ce un péché pour nous de processionner à Es Safa et El Merwa ?" Ce fut alors que descendit le verset : "Certes, Es Safa et El Merwa sont parmi les rites prescrits par Dieu..." Abou Bakr a dit : "J'ai entendu révéler ce verset au sujet de deux groupes : l'un, composé de ceux qui, à l'époque du paganisme, considéraient la procession de Es Safa et de El Merwa comme un péché ; l'autre, de ceux qui processionnaient comme musulmans, parce que Dieu avait prescrit la tournée processionnelle du temple sans parler de Es Safa ni de El Merwa. Ils attendirent que cette prescription fût faite postérieurement à celle de la tournée processionnelle du temple." CHAPITRE LXXX. - De ce qui a été dit au sujet de la course entre Es Safa et El Merwa. - "Cette course, dit Ibn 'Omar, se fait de la maison des Benou 'Abbâd à la ruelle des Benou Abou Hosaïn. 1. Ibn 'Omar a dit : "Quand l'Envoyé de Dieu faisait la série des tournées processionnelles pour la première fois, il accélérait son allure durant les trois premières et marchait au pas durant les quatre autres. Il accélérait également sa marche dans le fond du torrent quand il processionnaient entre Es Safa et El Merwa." Comme 'Obaïd demanda à Nâfi' : "'Abdallah marchait-il au pas quand il arrivait au pilier yamanite ? - Non, répondit Nâfi', à moins que la foule ne fût trop grande auprès du pilier, car il ne voulait pas dépasser le pilier sans le toucher." 2. 'Amr ibn dïnâr a dit : "Nous interrogeâmes Ibn 'Omar sur le cas d'un homme ayant fait la tournée processionnelle du temple pour une visite pieuse sans processionner entre Es Safa et El Merwa. Cet homme peut-il avoir commerce avec sa femme ?" Ibn 'Omar répondit : "Le Prophète arriva à la Mecque ; il fit la tournée processionnelle du temple sept fois ; il pria deux rika' derrière la station d'Abraham et fit sept fois la course entre Es Safa et El Merwa." "Or, "il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre (sourate XXXIII, verset 21)." Comme nous interrogions à ce sujet Djâbir ibn 'Abdallah, il nous répondit : "Que l'on ne s'approche jamais de sa femme avant d'avoir processionné entre Es Safa et El Merwa." 3. 'Amr ibn Dînâr rapporte qu'il a entendu Ibn 'Omar dire : "Le Prophète arriva à la Mecque ; il fit la tournée processionnelle du temple ; il pria deux rika' ; il fit la course entre Es Safa et El Merwa et récita ces mots du Coran : "Il y a pour vous dans l'Envoyé de Dieu un excellent modèle à suivre (sourate XXXIII, verset 21)." 4. 'Âsim rapporte qu'il adressa à Anas ibn Mâlik la question suivante : "Aviez-vous de la répugnance à faire la course entre Es Safa et El Merwa ? - Oui, répondit-il, parce que c'était une coutume du temps du paganisme, et cela dura jusqu'au moment où Dieu révéla ces mots : "Certes, Es Safa et El Merwa sont parmi les rites prescrits par Dieu. Quiconque fait le pèlerinage au temple sacré ou la visite pieuse ne saurait faire mal en processionnant entre ces deux localités (sourate II, verset 153)." 5. Ibn 'Abbâs a dit : "L'Envoyé de Dieu ne fit la tournée processionnelle du temple et la course entre Es Safa et El Merwa que pour montrer sa vigueur aux polythéistes." CHAPITRE LXXXI. - La femme qui a ses menstrues peut accomplir tous les rites, sauf la tournée processionnelle autour du temple. - De celui qui, sans avoir fait ses ablutions, processionne entre Es Safa et El Merwa. 1. 'Aïcha a dit : "J'arrivai à la Mecque au moment où j'avais mes menstrues et ne fis pas les tournées processionnelles autour du temple, non plus que la course entre Es Safa et El Merwa. Comme je m'en plaignis à l'Envoyé de Dieu, il me répondit : "Fais tout ce que feront les pèlerins, sauf les tournées processionnelles du temple que tu ne feras qu'autant que tu seras purifiée." 2. Djâbir ibn 'Abdallah a dit : "Le Prophète fit, ainsi que ses compagnons, la telbiya du pèlerinage. Personne n'avait amené de victime, sauf le Prophète et Talha. 'Ali, qui arrivait du Yémen, avait également une victime avec lui. Je fis la telbiya comme la fit le Prophète, qui ordonna à ses compagnons de la faire pour la visite pieuse, d'accomplir les tournées processionnelles, puis de se tailler les cheveux et de quitter l'ihrâm. Exception fut faite pour ceux qui avaient amené une victime. "Les compagnons du Prophète dirent : "Allons-nous donc nous rendre à Mina, alors que l'un de nous a peut-être sa verge qui dégoutte encore de sperme ?" Quand le Prophète apprit cela, il s'écria : "Si je pouvais intervertir l'ordre des choses, je n'aurais pas amené de victime, et, si je n'avais pas de victime, je quitterais l'ihrâm." "'Aïcha eut ses menstrues. Néanmoins, elle accomplit tous les rites du pèlerinage, sauf toutefois qu'elle ne fit pas la tournée processionnelle autour du temple. Lorsqu'elle fut purifiée de ses menstrues, elle fit la tournée processionnelle, puis elle dit : "Ô Envoyé de Dieu, vous partez, vous autres, avec un pèlerinage et une visite pieuse, tandis que moi je m'en vais après un simple pèlerinage." Aussitôt le Prophète donna l'ordre à 'Abderrahman ibn Abou Bakr d'aller avec elle jusqu'à Et Ten'îm et, là, elle commença la visite pieuse après avoir fait le pèlerinage." 3. Hafsa a dit : "Nous empêchions les femmes bien élevées de sortir. Une femme vint un jour et descendit au Qasr des Benou Khalaf. Elle raconta que sa soeur était mariée à un des compagnons du Prophète qui avait fait douze expéditions avec l'Envoyé de Dieu, et elle ajouta : "Ma soeur a accompagné son mari dans six de ses expéditions. Nous soignions les blessés ; nous veillions sur les malades. "Ma soeur interrogea l'Envoyé de Dieu en ces termes : "Y aurait-il inconvénient à ce que l'une de nous, si elle n'avait pas de voile, n'allât point à la mosquée ? - Qu'elle emprunte un voile à sa voisine, répondit le Prophète, et qu'elle assiste à la bonne oeuvre et à l'invocation des musulmans." "Quand, ajoute Hafsa, Omm-'Atiyya arriva (à Bassora), les femmes la questionnèrent - ou, suivant une variante, nous la questionnâmes - à ce sujet. Or, Omm-'Atiyya, qui ne mentionnait jamais l'Envoyé de Dieu sans dire : "Je donnerais la vie de mon père !", interrogée par nous si elle avait entendu l'Envoyé de Dieu dire telle ou telle chose, répondit : "Oui, je donnerais la vie de mon père ! il a dit : "Que les femmes bien élevées et les jeunes filles de bonne condition - ou les jeunes filles de bonne condition et les femmes bien élevées - ainsi que celles qui ont leurs menstrues, assistent à la bonne oeuvre et à l'invocation des musulmans. Les femmes ayant leurs menstrues se tiendront à part dans l'oratoire." - Les femmes ayant leurs menstrues ? m'écriai-je. - Eh ! bien, reprit-elle, est-ce qu'elles n'assistent pas, à 'Arafa, à telle cérémonie, à telle cérémonie ?" CHAPITRE LXXXII. - De la telbiya faite à El Bathâ et de celle faite ailleurs par le Mecquois et le pèlerin qui se rend à Mina (Par "le pèlerin qui se rend à Mina", il faut entendre celui qui, habitant le territoire de la Mecque, accomplit successivement le pèlerinage et la visite pieuse.). - Interrogé sur la question de savoir quand l'habitant voisin de la Mecque doit faire la telbiya du pèlerinage, 'Atâ répondit : "Ibn 'Omar faisait la telbiya le jour de l'abreuvement après la prière de midi et quand il était installé sur sa monture." - Djâbir a dit : "Nous arrivâmes avec le Prophète et nous quittâmes l'ihrâm jusqu'au jour de l'abreuvement. Alors, tournant le dos à la Mecque, nous fîmes la telbiya du pèlerinage." - D'après Djâbir : "Nous fîmes la telbiya à partir de El Bathâ." - 'Obaïd ibn Djoraïdj dit à Ibn 'Omar : "Quand tu es à la Mecque et que les gens font la telbiya à l'apparition du croissant de la lune, je vois que toi tu attends pour faire la telbiya le jour de l'abreuvement. - J e n'ai pas vu, répondit-il, le Prophète faire la telbiya avant que sa monture ne fût en marche." CHAPITRE LXXXIII. - Où fait-on la prière de midi le jour de l'abreuvement. - 'Abdelaziz ibn Rofaï' a dit : "J'interrogeai Anas ibn Mâlik en lui demandant de me renseigner sur ce qu'il savait de l'endroit où l'Envoyé de Dieu faisait les prières de midi et de l'après-midi le jour de l'abreuvement. Anas me répondit : "A Mina. - Et où, lui demandai-je encore, faisait-il la prière de l'après-midi le jour de la dislocation ? - A El Abtah, me répondit-il." Puis il ajouta : "Fais comme font tes émirs." 1. 'Abdelazîz a dit : "J'allai à Mina le jour de l'abreuvement. Je rencontrai Anas, qui s'en allait monté sur un âne. "Où ce jour-ci, lui dis-je, le Prophète faisait-il la prière de midi ? - Regarde où prient tes émirs, me répondit-il, et fais là ta prière." CHAPITRE LXXXIV. - De la prière à Mina. 1. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "L'Envoyé de Dieu pria à Mina deux rika'. Ainsi firent Abou Bakr, 'Omar et 'Otsmân, ce dernier au début de son Khalifa." 2. Hâritsa ibn Wahb El Khozâ'i a dit : "L'Envoyé de Dieu dirigea la prière à Mina et fit deux rika'. Jamais nous n'avions été aussi nombreux ni aussi fervents que ce jour-là." 3. 'Abdallah a dit : "Je fis la prière avec le Prophète ; elle fut de deux rika' ; je la fis également de deux rika' avec Abou Bakr, de deux rika' avec 'Omar et deux rika' avec Otsmân. Plus tard, vous avez modifié la tradition. Plût au Ciel que, pour ma part, au lieu de quatre rika', je n'en fisse que deux agréées de Dieu." CHAPITRE LXXXV. - Du jeûne le jour de 'Arafa. 1. Omm El Fadl a dit : "Les gens ont émis des doutes au sujet du jeûne du Prophète le jour de 'Arafa. Or, j'ai envoyé ce jour-là à boire au Prophète et il a bu." CHAPITRE LXXXVI. - De la telbiya et du tekbir quand on se rend de Mina à 'Arafa. 1. Mohammed ibn Abou Bakr Ets Tsaqafi rapporte qu'il posa à Anas ibn Mâlik, alors qu'ils allaient tous deux de Mina à 'Arafa, la question suivante : "Comment faisiez-vous en ce jour avec l'Envoyé de Dieu ? - Celui de nous, répondit-il, qui voulait faire la telbiya la faisait sans qu'on y trouvât à redire ; celui de nous qui voulait faire le tekbir le faisait sans qu'on lui adressât de reproches." CHAPITRE LXXXVII. - Du retour pendant la grande chaleur le jour de 'Arafa. 1. Sâlim a dit : "'Abdelmalik écrivit à El Haddjâdj de suivre strictement les instructions de Ibn 'Omar au sujet du pèlerinage. Ibn 'Omar vint (à la Mecque) et j'étais avec lui le jour de 'Arafa lorsque le soleil commença à décliner. Alors Ibn 'Omar se mit à crier près du pavillon de El Haddjâdj. Celui-ci sortit aussitôt : il était vêtu d'un grand voile teint en rouge. "Qu'as-tu, ô Abou 'Abderrahman ? s'écri-t-il. - Il faut partir, répliqua celui-ci, si tu veux suivre la règle prophétique. - A cette heure ? reprit El Haddjâdj. - Oui, reprit-il. - Eh bien, s'écria-t-il, attends que je me passe de l'eau sur la tête et je pars." Ibn 'Omar descendit de sa monture en attendant que El Haddjâdj sortit, puis il se mit en marche entre mon père et moi. Comme je disais à El Haddjâdj : "Si tu veux suivre la règle prophétique, abrège le prône et hâte-toi de finir la prière", il regarda du côté d'Ibn 'Omar, ce que voyant, celui-ci dit : "Il a raison". CHAPITRE LXXXVIII. - Du fait de se tenir droit sur sa monture à 'Arafa. 1. Omm El Fadl bent El Harits rapporte que certaines personnes discutaient auprès d'elle le jour de 'Arafa au sujet du jeûne du Prophète ; les uns disant que le Prophète jeûnait, d'autres assurant qu'il ne jeûnait pas. "Eh ! bien, dit-elle, je lui ai envoyé un bol de lait et il l'a bu debout sur son chameau." CHAPITRE LXXXIX. - De la réunion de deux prières à 'Arafa. - Ibn 'Omar, quand l'heure de la prière avec l'imam était passée, réunissait deux prières ensemble. - Sâlim rapporte que El Haddjadj ibn Youssef, l'année où il vint assiéger Ibn Ez Zobaïr, demanda à 'Abdallah comment il faisait pendant la station à 'Arafa. Sâlim lui répondit : "Si tu veux suivre la règle prophétique, fais par la grande chaleur la prière le jour de 'Arafa." "Il a raison, dit alors 'Abdallah ibn 'Omar, car la règle était de réunir ensemble les prières de midi et de l'après-midi." - "Comme, dit Ibn Chihâb, je demandais à Sâlim si le Prophète agissait ainsi, il me répondit : "Est-ce que, en pareille matière, on suit autre chose que la pratique du Prophète ?" CHAPITRE XC. - De l'abrègement du prône le jour de 'Arafa. 1. Sâlim ibn 'Abdallah rapporte que 'Abdelmalik ibn Merwân écrivit à El Haddjâdj de se laisser diriger par 'Abdallah ibn 'Omar dans le pèlerinage. Lorsque ce fut le jour de 'Arafa, Ibn 'Omar vint - et j'étais avec lui - quand le soleil déclina (c'est à dire peu de temps après midi, au moment de la plus forte chaleur.) et se mit à crier auprès de la tente d'El Haddjâdj : "Où est-il donc ?" El Haddjâdj étant alors sorti, Ibn 'Omar lui dit : "Il faut partir. - Maintenant ? demanda El Haddjâdj ? - Oui, répliqua Ibn 'Omar. - Eh bien, reprit-il, attends que je me passe de l'eau sur la tête." Ibn 'Omar descendit de sa monture et attendit que El Haddjâdj sortit. Puis il se mit en marche entre mon père et moi. Je dis alors à El Haddjâdj : "Si tu veux suivre en ce jour la pratique prophétique, abrège le prône et hâte-toi d'achever la prière." Ibn 'Omar dit : "Il a raison." CHAPITRE XCI. - De la station à 'Arafa. 1. Djobaïr ibn Mot'im a dit : "Un de mes chameaux s'était égaré ; je me mis à sa recherche le jour de 'Arafa. J'aperçus le Prophète qui était debout à 'Arafa. Alors je dis : "Par Dieu, c'est un Homs ! que fait-il donc-là ?" 2. 'Orwa a dit : "Au temps du paganisme les gens faisaient tout nus la tournée processionnelle. Les Homs, et par là on entendait Qoraïch et ses descendants, faisaient seuls exception. Chaque homme des Homs se faisait un mérite de donner des vêtements à des hommes qui les revêtaient pour la tournée processionnelle. Les femmes donnaient également à certaines femmes des vêtements qu'elles revêtaient pour la tournée processionnelle. Ceux à qui les Homs ne donnaient point de vêtements faisaient la tournée processionnelle du temple tout nus. La masse des pèlerins dévalait tumultueusement de 'Arafa, tandis que les Homs pratiquaient la chose de Djam' (c'est un des noms de El Mozdalifa)." "Mon père m'a dit tenir de 'Aïcha que c'est au sujet des Homs que le verset suivant a été révélé : "Puis dévalez par là où les autres dévalent..." (sourate II, verset 195). Les Homs dévalaient autrefois par Djam' ; ils dévalèrent dorénavant par 'Arafât. CHAPITRE XCII. - De l'allure quand on dévale de 'Arafat. 1. Abou 'Orwa a dit : "Pendant que j'étais assis près de Osâma, on demanda à ce dernier quelle allure prit l'Envoyé de Dieu au pèlerinage d'adieu, lorsqu'il dévala. "Il allait à une allure assez modérée ; mais, quand il se trouvait au large, il précipitait vivement son allure." CHAPITRE XCIII. - De la descente (de monture) entre 'Arafat et Djam'. 1. D'après Osâma ibn Zaïd, le Prophète, quand il dévala de 'Arafat, inclina du côté du ravin. Il satisfit ses besoins naturels et fit ses ablutions. Comme je lui disais : "Ô Envoyé de Dieu, vas-tu faire la prière ?" il me répondit : "La prière (se fera là-bas) devant toi." 2. Nâfi' a dit : 'Abdallah ibn 'Omar faisait ensemble à Djam' les deux prières du coucher du soleil et du soir. Toutefois il passait par le ravin qu'avait pris l'Envoyé de Dieu ; il y entrait, accomplissait ses besoins naturels, faisait ses ablutions, mais ne faisait la prière qu'arrivé à Djam'. 3. Osâma ibn Zaïd a dit : "J'étais en croupe de l'Envoyé de Dieu quand il partit de 'Arafat. Arrivé au ravin, qui est à gauche en deçà de El Mozdalifa, l'Envoyé de Dieu fit agenouiller sa chamelle et urina. Je vins lui verser l'eau des ablutions et il fit une ablution légère. "Tu vas faire la prière ? lui dis-je. - La prière, me répondit-il, se fera là-bas devant toi." L'Envoyé de Dieu enfourcha alors sa monture et, arrivé à El Mozdalifa, il y fit la prière." Ce fut ensuite El Fadl qui monta en croupe de l'Envoyé de Dieu le matin au départ de Djam'. Or, rapporte Karîb, 'Abdallah ibn 'Abbâs m'a raconté tenir de El Fadl que l'Envoyé de Dieu ne cessa de faire la telbiya jusqu'au moment du jet des cailloux. CHAPITRE XCIV. - Le Prophète prescrit le calme au moment du dévalement. Il y invitait les fidèles en faisant un geste avec son fouet. 1. Ibn 'Abbâs rapporte qu'il dévala avec le Prophète le jour de 'Arafa. Entendant derrière lui une violente bousculade et les coups qu'on donnait aux chameaux, le Prophète fit un geste avec son fouet disant : "Ô fidèles, du calme ! la piété ne consiste pas à forcer sa monture." CHAPITRE XCV. - De la réunion des deux prières à El Mozdalifa. 1. Osâma ibn Zaïd a dit : "L'Envoyé de Dieu dévala de 'Arafa ; il descendit dans le ravin, urina et fit une ablution sans l'accomplir intégralement. "Tu vas faire la prière ? lui dis-je. - La prière, me répondit-il, se fera là-bas, devant toi." Arrivé à El Mozdalifa, il fit l'ablution complète et, le second appel à la prière ayant été fait, il fit la prière du coucher du soleil. Ensuite, chacun ayant fait agenouiller sa chamelle à l'endroit qu'il devait occuper, le second appel à la prière (du soir) fut fait et il pria sans avoir fait de prière dans l'intervalle. CHAPITRE XCVI. - De celui qui réunit deux prières sans faire de prière surérogatoire. 1. Ibn 'Omar a di : "A Djam', le Prophète réunit les deux prières du coucher du soleil et du soir, chacune d'elles ayant été l'objet d'un second appel. Entre ces deux prières, pas plus qu'à la suite d'aucune d'elles, il ne fit de prière surérogatoire. 2. Abou Ayyoub El Ansâri rapporte que, à El Mozdalifa, lors du pèlerinage d'adieu, l'Envoyé de Dieu réunit les deux prières du coucher du soleil et du soir. CHAPITRE XCVII. - De celui qui fait le premier et le second appel pour chacune de ces deux prières. 1. 'Abderrahman ibn Yazîd a dit : "'Abdallah fit le pèlerinage et nous arrivâmes à El Mozdalifa au moment du premier appel de la prière du soir ou tout près de ce moment là. 'Abderrahman donna l'ordre à un homme de faire le premier et le second appel de la prière ; il fit la prière du coucher du soleil, pria ensuite deux rika', puis demanda son souper. Il soupa et donna l'ordre à un homme de faire le premier et le second appel à la prière, à ce que je crois. - Ce doute, dit 'Amr n'a pas été formulé, à ce que je sache, par un autre que Zohaïr. - 'Abdallah pria deux rika' pour la prière du soir. Quand l'aurore vint, il dit : "Le Prophète ne faisait pas de prière à cette heure, excepté celle-ci en cet endroit et en ce jour." 'Abdallah ajouta : "Il y a deux prières dont les heures canoniques peuvent être changées : la prière du coucher du soleil quand les fidèles sont arrivés à El Mozdalifa et celle de l'aurore (du matin) quand l'aube a blanchi. J'ai vu, ajouta-t-il, le Prophète agir ainsi. CHAPITRE XCVIII. - De celui qui, la nuit, envoie en avant les faibles de sa famille se tenir à El Mozdalifa et y faire des invocations et qui les envoie quand la lune est couchée. 1. Sâlim a dit : "La nuit, 'Abdallah ibn 'Omar envoyait en avant les faibles de sa famille se tenir sur le monticule sacré de El Mozdalifa et y faire telles prières qu'ils voudraient. Ils revenaient avant que l'imam se tînt debout et que le dévalement commençât ; les uns se rendaient à Mina pour la prière du matin, d'autres n'y arrivaient que plus tard. Aussitôt arrivés, tous jetaient les cailloux. Ibn 'Omar disait que l'Envoyé de Dieu avait admis cette tolérance en faveur de ces gens-là." 2. Ibn 'Abbâs a dit : "Le Prophète m'envoya pendant la nuit veille de Djam'." 3. Ibn 'Abbâs a dit : "Je fus un de ceux que le Prophète envoya de nuit en avant la veille de El Mozdalifa, avec les faibles de sa famille." 4. 'Abdallah, affranchi de Asmâ, rapporte que celle-ci était installée près de El Mozdalifa la nuit veille de Djam'. Elle se leva pour faire la prière et, quand elle eut prié un instant, elle dit : "Mon cher enfant, la lune est-elle couchée ? - Non, répondis-je." Elle pria encore un instant et reprit : "Mon cher enfant, la lune est-elle couchée ? - Oui, répliquai-je." Alors, ajoute Asmâ, on se mit en route et nous partîmes également ; en passant je jetai les cailloux. Arrivée à sa tente, Asmâ fit la prière du matin. "Eh ! lui dis 'Abdallah, il me semble que (pour le jet des cailloux) nous étions encore dans les ténèbres. - Mon cher enfant, répondit-elle, l'Envoyé de Dieu l'a permis aux femmes." 5. 'Aïcha a dit : "Souda avait demandé au Prophète l'autorisation (de partir pour Mina) la nuit veille de El Djam' parce qu'elle était opulente de formes et qu'elle marchait péniblement. Le Prophète lui accorda cette autorisation." 6. 'Aïcha a dit : "Nous étions installés à El Mozdalifa. Souda demanda alors au Prophète l'autorisation de partir pour Mina avant la cohue des fidèles et cela parce qu'elle avait peine à marcher. Cette permission lui ayant été accordée, elle partit avant la bousculade des fidèles. Quant à nous, nous attendîmes le matin et descendîmes avec le Prophète. Si j'avais demandé (et obtenu) du Prophète l'autorisation que lui avait demandée Souda, cela m'aurait causé plus de joie que n'importe quel autre plaisir. CHAPITRE XCIX. - Quand fait-on la prière du matin à Djam' ? 1. 'Abdallah a dit : "Je n'ai jamais vu le Prophète faire aucune prière canonique en dehors des heures fixées, sauf pour deux prières. Il a réuni les deux prières du coucher du soleil et du soir et a fait la prière du matin avant l'heure fixée." 2. 'Abderrahman ibn Yazîd a dit : "Je partis avec 'Abdallah pour la Mecque. Ensuite nous nous rendîmes à Djam' ; là, il fit deux prières, chacune séparément avec son premier et second appel, et il soupa entre les deux prières. Quand l'aube se leva, il fit la prière du matin - les uns disent quand l'aube se leva ; d'autres, avant qu'elle ne se levât. - Ensuite il dit : "Certes, l'Envoyé de Dieu a dit : "Voici deux prières dont j'ai changé les heures en cet endroit : la prière du coucher du soleil et celle du soir. Que les fidèles ne viennent pas à Djam' avant la nuit close et qu'ils fassent la prière du matin à cette heure-ci." Ensuite il se tint debout jusqu'à ce qu'il fit jour et il dit : "Si le prince des croyants dévalait maintenant, il suivrait la pratique prophétique." - Je ne sais pas s'il se servit de l'expression ???? (se hâter) ou ??? (marcher à bonne allure) en parlant de 'Otsmân. - Ensuite 'Abdallah ne cessa de faire la telbiya jusqu'à ce qu'il eut jeté les cailloux de El 'Aqa ba, le jour du sacrifice." CHAPITRE C. - Quand doit-on dévaler de Djam' ? 1. 'Amr ibn Maïmoun a dit : "J'étais présent quand 'Omar fit à Djam' la prière du matin. La prière faite, il resta debout et dit : "Les polythéistes attendaient pour dévaler que le soleil fût levé et ils disaient : "Tsabîr, sois éclairé par le soleil." Le Prophète voulut agir différemment et il dévala avant que le soleil ne fût levé." CHAPITRE CI. - De la telbiya et du Tekbîr le matin du jour du sacrifice, au moment du jet des cailloux à 'Aqara et du fait de se mettre en croupe d'un autre pour le trajet. 1. Selon Ibn 'Abbâs, le Prophète prit en croupe El Fadl, et El Fadl rapporte que le Prophète ne cessa de faire la telbiya jusqu'au moment où il jeta les cailloux. 2. Ibn 'Abbâs rapporte que Osâma monta en croupe de l'Envoyé de Dieu depuis 'Arafa jusqu'à El Mozdalifa. Ensuite le Prophète prit en croupe El Fadl de El Mozdalifa à Mina. Tous deux dirent que le Prophète ne cessa de faire la telbiya jusqu'au moment où il jeta les cailloux à 'Aqaba. CHAPITRE CII. - De ces mots du Coran : "...Celui qui accomplit successivement la visite pieuse et le pèlerinage devra offrir une victime selon ses moyens...habitant la ville du temple sacré..." (sourate II, verset 192). 1. Abou Djamra a dit : "Je questionnai Ibn 'Abbâs au sujet de l'accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse. Il me prescrivit de le faire. Je l'interrogeai ensuite sur la victime. Il me répondit qu'elle pouvait consister en un morceau de viande, une vache, un mouton ou encore en la participation à un sacrifice. Il paraît que certains fidèles réprouvaient l'accomplissement successif des deux rites. Or, pendant mon sommeil, il me sembla voir en songe un homme qui s'écriai : Un pèlerinage pieusement accompli suivi d'une visite pieuse agréée. J'allai trouver Ibn 'Abbâs et lui racontai la chose : "Dieu est grand, me répondit-il, c'est la pratique même d'Abou-'l-Qâsim (Le Prophète Mohamed)." CHAPITRE CIII. - De l'emploi comme monture du chameau-victime. - D'après ces mots du Coran : Le chameau victime, nous en avons fait pour vous un des rites de Dieu. Vous en tirerez des bienfaits. Mentionnez le nom de Dieu sur les victimes au moment où elles seront sur trois pieds. Lorsque leurs flancs auront touché le sol, mangez leur chair et donnez-en à manger au mendiant et au pauvre honteux. C'est ainsi que vous seriez reconnaissants. - Ni leurs chairs, ni leur sang n'iront jusqu'à Dieu, car votre piété seule ira jusqu'à lui. C'est ainsi que nous vous avons soumis ces animaux afin que vous reconnaissiez la grandeur de Dieu à cause de la bonne voie dans laquelle il vous a conduits. Annonce la bonne nouvelle à ceux qui font le bien. (sourate XXII, verset 37 et 38). 1. Selon Abou Hourayra, l'Envoyé de Dieu ayant vu un homme qui conduisait sa victime par le licol, lui dit : "Monte sur ton animal. - C'est une victime, répondit l'homme. - Monte-la, reprit le Prophète. - C'est une victime, répéta l'homme. - Monte-la donc, malheureux ! s'écria le Prophète à la seconde ou à la troisième fois." 2. D'après Anas, le Prophète ayant vu un homme conduisant une victime par le licol, lui cria : Monte-la. - C'est une victime, répondit l'homme. - Monte-la, reprit le Prophète. - C'est une victime, répéta l'homme. - Monte-la, lui dit le Prophète pour la troisième fois." CHAPITRE CIV. - De celui qui mène sa victime par le licol. 1. Ibn 'Omar a dit : "Lors du pèlerinage d'adieu, l'Envoyé de Dieu voulut accomplir successivement la visite pieuse et le pèlerinage. Il avait amené une victime qu'il conduisit par le licol à partir de Dzou-'l-Holaïfa. L'Envoyé de Dieu commença par faire la telbiya de la visite pieuse, puis il fit celle du pèlerinage. Les fidèles, à l'imitation du Prophète, voulurent accomplir successivement la visite pieuse et le pèlerinage. Certains d'entre eux qui avaient des victimes les conduisaient par le licol ; d'autres n'avaient point amené de victime. Arrivé à la Mecque, le Prophète dit aux fidèles : "Ceux d'entre vous qui ont amené des victimes ne seront libérés d'aucune des interdictions de l'ihrâm tant qu'ils n'auront pas achevé leur pèlerinage. Quant à ceux d'entre vous qui n'ont pas amené de victime, qu'ils fassent la tournée processionnelle du temple, la course de Es Safa et El Merwa, puis qu'ils taillent leurs cheveux et quittent l'ihrâm. Ensuite ils feront la telbiya du pèlerinage et celu i qui ne pourra pas se procurer de victime jeûnera trois jours durant le pèlerinage et sept jours quand il rentrera dans ses foyers. Le Prophète fit la tournée processionnelle aussitôt arrivé à la Mecque, et toucha la pierre noire tout au début. Il accéléra son allure pendant les trois premières tournées et marcha au pas durant les quatre autres. La tournée processionnelle autour du temple terminée, il pria deux rika' auprès de la station d'Abraham, fit la salutation finale et partit pour se rendre à Es Safa. Il fit sept fois la course entre Es Safa et El Merwa, mais il ne se libéra d'aucune des interdictions de l'ihrâm avant d'avoir terminé son pèlerinage, d'avoir égorgé sa victime le jour du sacrifice, d'avoir dévalé et fait de nouveau la tournée processionnelle du temple. Alors seulement il s'affranchit de toutes les interdictions de l'ihrâm. Tous les fidèles, qui avaient des victimes et les avaient amenées conduites par le licol, firent ce qu'avait fait l'Envoyé de Dieu. 'Aïcha rapporte ce qui suit au sujet de l'accomplissement successif fait par le Prophète de la visite pieuse et du pèlerinage : Tous les fidèles qui étaient avec le Prophète accomplirent successivement les deux rites. Ceci est conforme à ce qu'a raconté Sâlim d'après Ibn 'Omar au sujet de l'Envoyé de Dieu. CHAPITRE CV. - De celui qui achète sa victime en cours de route. 1. D'après Nâfi', 'Abdallah ibn 'Abdallah ibn 'Omar dit à son père : "Reste à la maison, car je crains que les troubles ne t'empêchent de parvenir au temple de Dieu. - En ce cas, répondit Ibn 'Omar, je ferai ce qu'a fait l'Envoyé de Dieu." Il y a pour vous, ajouta-t-il, dans l'Envoyé de Dieu, un excellent modèle à suivre. Je vous prends à témoins que j'ai pris l'engagement vis à vis de moi-même de faire la visite pieuse et je ferai la telbiya de la visite pieuse de la maison." Ibn 'Omar sortit ensuite et, arrivé à El Baïda, il fit la telbiya du pèlerinage et de la visite pieuse en disant : "En somme le pèlerinage et la visite pieuse ne sont qu'une même chose." Il acheta une victime à Qodaïd, se rendit à la Mecque, fit pour les deux rites une seule tournée processionnelle, mais ne s'affranchit de l'ihrâm que quand il pu s'en affranchir pour les deux rites. CHAPITRE CVI. - De celui qui marque sa victime et lui met une guirlande à Dzou-'l-Holaïfa, puis qui se met en ihrâm. - Nâfi' a dit que Ibn 'Omar, quand il emmenait une victime de Médine, lui mettait une guirlande et la marquait à Dzou-'l-Holaïfa. Pour la marquer il lui entaillait la partie droite de la bosse avec un tranchet pendant qu'elle était agenouillée et tournée du côté de la qibla. 1. El Miswar ibn Makhrama et Merwân ont dit : "A l'époque de El Hodaïbiyya, le Prophète partit de Médine à la tête d'environ cent treize de ses compagnons. Arrivé à Dzou-'l-Holaïfa, le Prophète mit une guirlande à sa victime et la marqua, puis il se mit en ihrâm pour la visite pieuse. 2. 'Aïcha a dit : "Je tressais de ma main les guirlandes pour les victimes du Prophète. Il les leur mettait lui-même autour du cou, il les marquait et les conduisait. Mais ces opérations ne faisaient point que rien de ce qui lui était permis (auparavant) lui fût interdit. CHAPITRE CVII. - De la tresse des guirlandes pour les victimes, chameaux ou boeufs. 1. Suivant Ibn 'Omar, Hafsa a dit au Prophète : "Ô Envoyé de Dieu, pourquoi tous les fidèles ont-ils quitté l'ihrâm alors que toi tu ne l'as pas quitté ? - C'est que moi, répondit-il, j'ai feutré ma tête et mis une guirlande à sa victime et la marqua, puis il se mit en ihrâm pour la visite pieuse. 2. 'Aïcha a dit : "L'Envoyé de Dieu emmenait sa victime de Médine et c'est moi qui tressais les guirlandes de cette victime. Il ne s'abstenait après cela de rien de ce dont on s'abstient dans l'ihrâm. CHAPITRE CVIII. - De la marque du chameau victime. - 'Orwa a dit, d'après El Miswar, que le Prophète mit des guirlandes à sa victime, qu'il la marqua et qu'il prit l'ihrâm de la visite pieuse. 1. 'Aïcha a dit : "Je tressai les guirlandes de la victime du Prophète ; il marqua la victime, lui passa les guirlandes - ou, suivant une variante, je les lui passai - puis il l'envoya au temple de la Mecque. Pour lui, il resta à Médine et ne s'abstint de rien de ce qui lui était permis en temps normal." CHAPITRE CIX. - De celui qui, de sa main, met les guirlandes à sa victime. 1. 'Amra bent 'Abderrahman raconte que Ziyâd ibn Abou Sofyân écrivit à 'Aïcha que 'Abdallah ibn 'Abbâs avait dit : "Celui qui a choisi une victime devra s'abstenir de tout ce dont s'abstient le pèlerin tant que sa victime n'aura pas été égorgée." 'Amra ajoute que 'Aïcha répondit qu'il n'en était pas comme le disait Ibn 'Abbâs. "Moi-même, dit-elle, j'ai tressé de mes mains les guirlandes de la victime de l'Envoyé de Dieu ; l'Envoyé de Dieu les passa de ses mains au cou de la victime qu'il envoya ensuite au temple de la Mecque par les soins de mon père. L'Envoyé de Dieu ne s'interdit rien des choses que Dieu lui avait rendues licites jusqu'au moment où la victime fut égorgée." CHAPITRE CX. - De l'enguirlandement des moutons. 1. 'Aïcha a dit : "Une fois le Prophète choisit pour victimes des moutons." 2. 'Aïcha a dit : "C'est moi qui tressai les guirlandes pour le Prophète ; il les passa lui-même au cou des moutons et demeura dans sa famille vivant de la vie normale." 3. 'Aïcha a dit : "C'est moi qui tressai les guirlandes des moutons pour le Prophète ; il expédia ces moutons et continua à vivre de la vie normale." 4. 'Aïcha a dit : "Je tressais pour les victimes du Prophète, c'est à dire je tressais les guirlandes, avant qu'il ne prît l'ihrâm." CHAPITRE CXI. - Des guirlandes en laine (teinte). 1. La mère des Croyants a dit : "Je tressais les guirlandes des victimes avec de la laine (teinte) que j'avais." CHAPITRE CXII. - Du fait de mettre des chaussures au cou de la victime. 1. Abou Hourayra rapporte que le Prophète vit un homme qui conduisait son chameau victime par le licol. "Monte-le, lui cria-t-il. - C'est un chameau victime, objecta l'homme. - Monte-le, reprit le Prophète." Abou Hourayra ajoute : "Je vis ensuite cet homme monté sur son chameau victime marchant à côté du Prophète, et le chameau avait des chaussures autour du cou." CHAPITRE CXIII. - Du caparaçon sur le chameau victime. - Ibn 'Omar ne fendait le caparaçon qu'à l'endroit de la bosse. Quand il égorgeait se victime il enlevait le caparaçon afin qu'il ne fût pas abîmé par le sang et il faisait don ensuite de ce caparaçon. 1. 'Ali a dit : "L'Envoyé de Dieu me donna l'ordre de faire cadeau du caparaçon du chameau victime qui venait d'être égorgé ainsi que de la peau de l'animal." CHAPITRE CXIV. - De celui qui achète sa victime en cours de route et lui met une guirlande. 1. Nâfi' a dit : "L'année du pèlerinage des Harouriyya, au temps de Ibn Ez Zobaïr, Ibn 'Omar voulut faire le pèlerinage. On lui fit observer que les gens étaient en guerre et qu'il avait à craindre d'être empêché d'arriver à la Mecque. "Il y a pour vous, répondit-il, dans l'Envoyé de Dieu, un excellent modèle à suivre. Donc, je ferai comme lui et je vous prends à témoins que je m'impose la visite pieuse." Arrivé aux environs de El Baïda, il ajouta : "En somme, le pèlerinage et la visite pieuse sont une même chose. Je vous prends à témoins que je veux accomplir successivement le pèlerinage et la visite pieuse." Il emmena une victime enguirlandée qu'il avait achetée (à Qodaïd). Arrivé à la Mecque, il fit la tournée processionnelle du temple, puis la course de Es Safa et de El Merwa, mais rien de plus. Il ne se libéra de rien de ce qu'interdisait l'ihrâm jusqu'au jour du sacrifice. Alors il se rasa la tête et égorgea sa victime, estimant que, par sa première tournée et celle de la visite pieu se. Et il ajouta : "C'est ainsi que faisait le Prophète." CHAPITRE CXV. - De l'homme qui égorge un boeuf au nom de ses femmes sans que celles-ci lui en aient donné mission. 1. 'Amra bent 'Abderrahman rapporte qu'elle a entendu 'Aïcha dire : "Nous partîmes avec l'Envoyé de Dieu, le cinquième avant-dernier jours de Dzou-'l-Qa'da, ne pensant faire que le pèlerinage. Arrivés près de la Mecque, l'Envoyé de Dieu ordonna à tous ceux qui n'avaient pas amené de victime avec eux de quitter l'ihrâm aussitôt qu'ils auraient fait la tournée processionnelle du temple et la course de Es Safa et El Merwa. Le jour du sacrifice on nous apporta un morceau de viande de boeuf. "Qu'est-ce que ceci ? demandai-je." On me répondit que le Prophète avait égorgé ce boeuf au nom de ses femmes." "Comme, dit Yahya, je racontai cela à Al-Qâsim, il me répondit : "Elle t'a bien raconté la chose telle qu'elle s'est passée." CHAPITRE CXVI. - De l'égorgement pratiqué à l'endroit où le fit le Prophète à Mina. 1. Nâfi' rapporte que 'Abdallah égorgeait sa victime à l'endroit où on égorgeait. 'Obaïd Dieu ajoute : "L'endroit où l'Envoyé de Dieu égorgeait." 2. Nâfi' rapporte que Ibn 'Omar expédiait sa victime de Djam' à la fin de la nuit. La victime était introduite à l'endroit où l'Envoyé de Dieu faisait son sacrifice, au milieu des pèlerins, parmi lesquels se trouvaient des hommes libres et des esclaves. CHAPITRE CXVII. - De celui qui égorge de sa main. 1. Au sujet de ce hadith, Anas a dit : "Le Prophète égorgea de sa main sept chameaux victimes debout. A Médine, il immola deux béliers noirs marqués de blanc et ayant de grandes cornes." CHAPITRE CXVIII. - De l'égorgement du chameau debout sur trois pieds. 1. Ziyâd ibn Djobaïr a dit : "J'ai vu Ibn 'Omar aller trouver un homme qui avait fait agenouiller son chameau pour l'égorger, et lui dire : "Fais-le tenir debout sur trois pieds, telle est la pratique établie par Mohammed." CHAPITRE CXIX. - De l'égorgement du chameau victime debout. - Ibn 'Omar a dit : "Telle était la pratique établie par Mohammed." - Ibn 'Abbâs a dit : "Sur trois pieds, debout." 1. Anas a dit : "Le Prophète fit la prière de midi à Médine, et cette prière fut de quatre rika' ; il fit la prière de l'après-midi avec deux rika' à Dzou-'l-Holaïfa, où il passa la nuit. Le lendemain matin, il enfourcha sa chamelle et se mit à faire des actions de grâces et de glorifications. Arrivé en vue de El Baïda il fit la double telbiya. Quand il fut entré à la Mecque il ordonna de quitter l'ihrâm. Le Prophète égorgea de sa propre main sept chameaux victimes debout, et il immola à Médine deux béliers noirs marqués de blanc et ayant de grandes cornes." 2. Selon Anas ibn Mâlik, le Prophète fit la prière de midi à Médine, et la fit de quatre rika'. Il fit la prière de l'après midi avec deux rika', à Dzou-'l-Holaïfa. Suivant un autre isnâd, Anas ajouta : "Puis il passa la nuit et le lendemain il fit la prière du matin. Il enfourcha ensuite sa monture, et, quand elle fut relevée à El Baïda, il fit la telbiya de la visite pieuse et du pèlerinage." CHAPITRE CXX. - On ne donne aucune part de la victime à celui qui la dépèce. 1. 'Abderrahman ibn Abou Laïla rapporte que 'Ali a dit : "Le Prophète m'avait envoyé pour m'occuper des chameaux victimes. Il me donna l'ordre d'en distribuer la chair ; puis il m'enjoignit d'en distribuer d'abord les caparaçons puis les peaux." Suivant un autre isnâd, 'Ali aurait dit : "Le Prophète m'avait ordonné de m'occuper des chameaux victimes et de ne rien donner pour le dépècement de l'animal." CHAPITRE CXXI. - On doit faire aumône des peaux des victimes. 1. 'Abderrahman ibn Abou Laïla rapporte que 'Ali lui a raconté que le Prophète lui avait donné ordre de s'occuper des chameaux victimes, de distribuer les chairs, les peaux, les caparaçons de toutes les victimes, mais de ne rien donner pour leur dépècement. CHAPITRE CXXII. - On doit faire aumône du caparaçon des chameaux victimes. 1. 'Ali a dit à Ibn Abou Laïla : "Le Prophète avait amené cent chameaux victimes. Il m'ordonna de distribuer leurs chairs, ce que je fis ; puis leurs caparaçons, ce que je fis, et enfin leurs peaux, ce que je fis également." CHAPITRE CXXIII. - De ces mots du Coran : "Souviens-toi que lorsque nous avons indiqué à Abraham l'emplacement du temple, nous lui avons dit : Ne m'associe rien dans ton culte, purifie mon temple de l'infidélité ; il est destiné à ceux qui font les tournées processionnelles, à ceux qui observent les attitudes de la prière en se tenant debout, inclinés et prosternés. - Invite les fidèles au pèlerinage ; qu'ils y viennent à pied ou sur des chameaux amaigris par le voyage. Qu'ils accourent par toutes les routes les plus longues, - afin de trouver là divers profits pour eux. Qu'ils mentionnent le nom de Dieu aux jours prescrits sur les animaux dont nous les avons gratifiés. Mangez la chair de ces animaux et nourrissez-en le malheureux, l'indigent. - Ensuite, que les fidèles fassent disparaître leurs souillures, qu'ils accomplissent leurs voeux et qu'ils fassent la tournée processionnelle autour du temple antique. - Ainsi faut-il faire, car celui qui respectera les choses sacrées de Dieu en tro uvera la récompense auprès du Seigneur." (sourate XXII, verset 27 à 31). CHAPITRE CXXIV. - De ce que le pèlerin peut manger, ou distribuer en aumône du chameau victime. - Nâfi' rapporte, d'après Ibn 'Omar, qu'il ne doit pas manger ce qui est offert en expiation de la chasse (sur le territoire sacré), ou en voeux, mais il est permis de manger tout le reste. - 'Atâ a dit : "On peut manger, et distribuer (de ces deux choses) quand il y a accomplissement successif du pèlerinage et de la visite pieuse." 1. Djâbir ibn 'Abdallah a dit : "Nous ne mangions pas de la chair de nos chameaux victimes en dehors des trois jours de Mina. Le Prophète nous autorisa à aller au delà en disant : "Mangez et faites des provisions." Nous mangeâmes et fîmes des provisions." Comme, dit Ibn Djoraïdj, je demandais à 'Atâ si Djâbir avait dit : "Jusqu'à notre arrivée à Médine", il me répondit : "Non". 2. 'Aïcha a dit : "Nous partîmes avec l'Envoyé de Dieu, la cinquième avant-dernière nuit de Dzou-'l-qa'da, ne pensant faire que le pèlerinage. Arrivé près de la Mecque, l'Envoyé de Dieu prescrivit à ceux qui n'avaient pas amené de victimes de cesser l'ihrâm aussitôt après la tournée processionnelle du temple. "Le jour du sacrifice, ajoute 'Aïcha, on nous apporta un morceau de viande de boeuf. "Qu'est-ce que ceci ? demandai-je." On me répondit que le Prophète avait égorgé au de ses femmes." "Quand, dit Yahya, je rapportai ce hadith à El Qâsim, il me dit : "Elle t'a dit la chose telle qu'elle s'est passée." CHAPITRE CXXV. - De l'égorgement fait avant de s'être rasé la tête. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "On questionna le Prophète au sujet de celui qui se fait raser la tête avant d'égorger sa victime, ou au sujet de quelque fait de même genre. "Ce n'est pas un péché, répondit-il, ce n'est pas un péché." 2. D'après Ibn 'Abbâs, un homme dit au Prophète : "J'ai fait la tournée processionnelle avant de jeter les cailloux. - Il n'y a aucun mal à cela, répondit le Prophète. - Je me suis rasé la tête avant d'égorger ma victime, reprit l'homme. - Il n'y a aucun mal à cela, répliqua le Prophète. - J'ai égorgé ma victime avant de lancer les cailloux, ajouta cet homme. - Il n'y a aucun mal à cela", répéta le Prophète. 3. D'après Ibn 'Abbâs, comme on interrogeait le Prophète en lui disant : "J'ai jeté mes cailloux dans l'après midi", il répondit : "Il n'y a aucun mal à cela. - C'est encore que je me suis rasé la tête avant d'égorger ma victime, ajouta la même personne. - Il n'y a aucun mal à cela", reprit le Prophète. 4. Abou Mousa a dit : "J'allai trouver l'Envoyé de Dieu pendant qu'il était à El Bathâ (il s'agit ici d'une localité de la Mecque même). "As-tu fait le pèlerinage ? me demanda-t-il. - Oui, répondis-je. - Quelle telbiya as-tu faite ? ajouta-t-il. - J'ai dit : Me voici à toi, et me suis servi de la formule employée par le Prophète, répliquai-je. - C'est bien, reprit-il ; va, fais la tournée processionnelle du temple et la course de Es Safa et d'El Merwa." Après avoir accompli ces rites, j'allai trouver une femme de Benou Qaïs qui m'épouilla la tête ; après quoi, je fis la telbiya du pèlerinage. C'est ainsi que j'expliquai les rites aux fidèles, jusqu'au Califat de 'Omar. Comme j'en parlais à celui-ci, il me dit : "Si nous nous en tenons au Coran, il nous ordonne d'accomplir intégralement les rites ; mais si nous nous en tenons à la pratique de l'Envoyé de Dieu, celui-ci ne quitta pas l'ihrâm avant que sa victime fût parvenue au lieu où elle devait être immolée." CHAPITRE CXXVI. - De celui qui se feutre la tête au moment de l'ihrâm et qui se rase la tête ensuite. 1. Ibn 'Omar rapporte que Hafsa dit : "Ô Envoyé de Dieu, pourquoi donc les fidèles quittent-ils l'ihrâm de la visite pieuse, tandis que toi tu ne le quittes pas après ta visite pieuse ?" - "C'est, répondit-il, que je me suis feutré la tête et que j'ai mis une guirlande à ma victime ; je ne quitterai l'ihrâm que quand j'aurai immolé ma victime." CHAPITRE CXXVII. - Du fait de se raser ou de se raccourcir les cheveux au moment de quitter l'ihrâm. 1. D'après Nâfi', Ibn 'Omar disait : "L'Envoyé de Dieu se fit raser la tête dans son pèlerinage (d'adieu)." 2. 'Abdallah ibn 'Omar rapporte que l'Envoyé de Dieu dit : "Ô mon Dieu, sois Clément pour ceux qui se rasent la tête." Alors, ses compagnons de dire : "Et ceux qui se taillent les cheveux, ô Envoyé de Dieu ? - Om mon Dieu, reprit le Prophète, sois Clément pour ceux qui se rasent la tête. - Et pour ceux qui se taillent les cheveux, répliquèrent les compagnons. - Et pour ceux qui se taillent les cheveux", dit cette fois le Prophète. Selon El Laïts, le Prophète aurait dit une ou deux fois : "Que Dieu sois Clément pour ceux qui se rasent la tête." D'après 'Obaïd Allah, ce n'est que la quatrième fois que le Prophète aurait ajouté : "Et ceux qui se taillent les cheveux". 3. D'après Abou Hourayra, l'Envoyé de Dieu dit : "Ô mon Dieu, pardonne à ceux qui se rasent la tête. - Et ceux qui se taillent les cheveux ? dirent les compagnons du Prophète. - Ô mon Dieu, pardonne à ceux qui se rasent la tête, reprit le Prophète, - Et ceux qui se taillent les cheveux ? répliquèrent les compagnons. - Ô mon Dieu, répéta le Prophète, pardonne à ceux qui se rasent la tête. - Et à ceux qui se taillent les cheveux ? redirent les compagnons. - Et à ceux qui se taillent les cheveux", finit par dire le Prophète à la troisième fois. 4. 'Abdallah ibn 'Omar a dit : "Le Prophète se fit raser la tête ; ainsi fit un certain groupe de ses compagnons. D'autres se taillèrent les cheveux." 5. Mo'âwia a dit : "Je raccourcis les cheveux du Prophète à l'aide d'une longue et large pointe de flèche." CHAPITRE CXXVIII. - Du fait de se raccourcir les cheveux après la visite pieuse quand elle a été consécutive du pèlerinage. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Quand l'Envoyé de Dieu arriva à la Mecque, il donna ordre à ses compagnons de faire la tournée processionnelle du temple et la course de Es Safa et El Merwa, puis de quitter l'ihrâm et de se raser la tête - ou de se tailler les cheveux." CHAPITRE CXXIX. - De la tournée processionnelle le jour du sacrifice. - D'après 'Aïcha et Ibn 'Abbâs le Prophète retarda jusqu'à la nuit la tournée processionnelle. - D'après Ibn 'Abbâs, le Prophète faisait la tournée processionnelle du temple pendant les jours de Mina. - D'après Ibn 'Omar, le Prophète ne faisait qu'une tournée processionnelle, puis il faisait la sieste et se rendait ensuite à Mina, c'est à dire le jour du sacrifice. 1. Abou Salama ibn 'Abderrahman rapporte que 'Aïcha a dit : "Nous fîmes le pèlerinage avec l'Envoyé de Dieu. Nous fîmes la tournée processionnelle le jour du sacrifice. Safiyya eut à ce moment ses menstrues. Le Prophète voulait avoir avec elle les rapports qu'un mari a avec sa femme ; je lui dis : "Elle a ses menstrues. - Elle va nous retarder, s'écria le Prophète. - Mais, ô Envoyé de Dieu, lui objecta-t-on, elle a fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice. - En route, alors !", s'écria le Prophète. El Qâsim, 'Orwa et El Aswad rappellent, d'après 'Aïcha, que Safiyya avait fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice. CHAPITRE CXXX. - De celui qui jette les cailloux dans l'après midi ou qui se rase la tête avant d'égorger sa victime, soit par oubli, soit par ignorance. 1. D'après Ibn 'Abbâs, comme on parlait au Prophète du retard ou de l'avance de l'égorgement, du fait de se raser la tête et du jet des cailloux, il répondit : "Il n'y a aucun mal à cela." 2. Ibn 'Abbâs a dit : "Le jour du sacrifice, à Mina, on posa au Prophète diverses questions auxquelles il répondit : "Il n'y a aucun mal à cela." Un homme alors l'interrogea en ces termes : "Je me suis fait raser la tête avant d'égorger ma victime. - Il n'y a aucun mal à cela, lui répliqua le Prophète. - Et, ajouta un autre, j'ai jeté les cailloux dans l'après midi. - Il n'y a aucun mal à cela, répéta le Prophète." CHAPITRE CXXXI. - De la décision canonique formulée sur une monture au moment du jet des cailloux. 1. 'Abdallah ibn 'Amr ibn El 'Âs rapporte que, lors de son pèlerinage d'adieu, l'Envoyé de Dieu se tint debout (sur sa monture), et qu'on se mit à l'interroger. Un homme dit : "Sans le savoir, je me suis rasé la tête avant d'égorger ma victime. - Egorge maintenant ta victime, répondit le Prophète ; il n'y a aucun mal à cela." Un autre homme vint et dit : "Sans le savoir, j'ai égorgé ma victime avant de jeter les cailloux. - Jette tes cailloux maintenant, répliqua le Prophète, il n'y a aucun mal à cela." A toutes les questions qui, ce jour-là, lui furent posées sur des choses avancées ou retardées, le Prophète ne répondit que : "Fais ; il n'y a aucun mal à cela." 2. 'Abdallah ibn 'Amr ibn El 'Âs rapporte qu'il assista au prône du Prophète, le jour du sacrifice. Un homme s'avança alors vers le Prophète et lui dit : "Je croyais que telle chose devait avoir lieu avant telle autre." Un autre ensuite vint et dit également : "Je croyais que telle chose devait avoir lieu avant telle autre. Ainsi, je me suis rasé la tête avant d'égorger ma victime ; j'ai égorgé ma victime avant d'avoir jeté les cailloux, et autres choses semblables." Le Prophète dit à chacun d'eux : "Fais, il n'y a aucun mal dans toutes ces choses." Aucune question ne lui fut posée ce jour-là sans qu'il n'y répondit par ces mots : "Fais, il n'y a aucun mal à cela." 3. 'Abdallah ibn 'Amr ibn El 'Âs a dit : "L'Envoyé de Dieu se tint debout sur sa chamelle", et 'Isa ibn Talha ibn 'Obaïd Dieu rapporte la suite du hadith. CHAPITRE CXXXII. - Du prône pendant les jours de Mina. 1. D'après Ibn 'Abbâs, l'Envoyé de Dieu fit le prône aux fidèles le jour du sacrifice et dit : "Ô fidèles, quel jour est celui-ci ? - Un jour sacré, répondirent-ils. - Quel pays est ce pays ? reprit-il. - Un pays sacré, répartirent-ils. - Quel mois est celui-ci ? ajouta-t-il. - Un mois sacré, répliquèrent-ils. - Eh bien, s'écria-t-il, votre sang, votre fortune, votre honneur doivent vous être sacrés comme est sacré ce jour, dans ce pays, et en ce mois." Il répéta ces mots à diverses reprises ; puis il leva la tête et dit : "Ô mon Dieu, ai-je rempli ma mission ? Ô mon Dieu, ai-je rempli ma mission ? - Et, dit Ibn 'Abbâs, j'en jure par Celui qui tient ma vie entre Ses mains, ce fut sa recommandation dernière à son peuple. - Que celui qui est présent en informe celui qui est absent. Après moi ne redevenez point infidèles ; que l'un de vous ne frappe pas le cou d'un autre parmi les siens." 2. Ibn 'Abbâs a dit : "J'ai entendu l'Envoyé de Dieu faire le prône à 'Arafât." 3. Abou Bakra a dit : "Le jour du sacrifice, l'Envoyé de Dieu nous fit le prône et dit : "Savez-vous quel jours est celui-ci ? - Dieu et Son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, répondîmes-nous." Le Prophète se tut, si bien que nous crûmes qu'il allait désigner ce jour sous un autre nom que son nom accoutumé ; puis il dit : "N'est-ce pas le jour du sacrifice ? - Oui, répliquâmes-nous. - Et quel mois est celui-ci ? reprit-il. - Dieu et Son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, répétâmes-nous." Le Prophète se tut encore, si bien que nous crûmes qu'il allait désigner ce mois sous un autre nom que son nom accoutumé. "N'est-ce pas dzou-'l-hiddja ? reprit-il. - "Certes oui, répondîmes-nous. - Et quel pays est celui-ci ? demanda-t-il. - Dieu et Son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, répondîmes-nous." Il se tut, si bien que nous crûmes qu'il allait désigner ce pays sous un autre nom que son nom accoutumé. "N'est-ce pas le pays sacré ? ajouta-t-il. - Oui, répondîmes-n ous. - Eh bien, s'écria-t-il, votre sang et votre fortune doivent vous être aussi sacrés que ce jour dans ce pays-ci, et cela jusqu'au moment où vous irez rejoindre le Seigneur. Ai-je rempli ma mission ? - Oui, s'écrièrent les fidèles. - Ô mon Dieu, reprit-il, sois témoin de cette affirmation. Que celui qui est présent la fasse parvenir à celui qui est absent. Souvent, celui à qui l'on rapporte une chose la retient mieux que celui qui l'a entendue. Quand je ne serai plus là, ne redevenez pas infidèles. Que pas un de vous ne frappe le cou d'un des vôtres." 4. D'après Ibn 'Omar, étant à Mina, le Prophète dit : "Savez-vous quel jour est celui-ci ? - Dieu et son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, répondirent les fidèles. - C'est un jour sacré, répondit-il. Et savez vous quel pays est celui-ci ? - Dieu et son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, répondit-on. - C'est un pays sacré, répéta-t-il. Et savez-vous quel mois est celui-ci ? - Dieu et son Envoyé en savent plus que personne à ce sujet, s'écria-t-on. - C'est un mois sacré, dit-il. Dieu a rendu votre sang, votre fortune et votre honneur aussi sacrés pour vous que ce jour-ci, dans ce mois-ci, en ce pays-ci." Nâfi' rapporte, d'après Ibn 'Omar, que le jour du sacrifice, dans le pèlerinage où il prononça des paroles, le Prophète se tint debout au milieu des djamarât (les trois endroits d'où l'on jette les cailloux sont ainsi nommés) et dit : "Ceci est le jour du grand pèlerinage." Et c'est alors qu'il commença à dire : "Ô mon Dieu, sois témoin." Il fit alors ses adieux aux fidèles, et ce pèlerinage fut dit : pèlerinage d'adieu. CHAPITRE CXXXIII. - Est-il permis aux membres de la Sicâya (c'est à dire des personnes chargées d'abreuver les fidèles au puits de Zemzem.) ou à d'autres personnes de passer la nuit à la Mecque, pendant les jours de Mina. 1. Ibn 'Omar rapporte que El 'Abbâs ayant demandé au Prophète l'autorisation, pendant les jours de Mina, de passer la nuit à la Mecque à cause de ses fonctions de sâqi (échanson), le Prophète l'y autorisa. CHAPITRE CXXXIV. - Du jet des cailloux. - Djâbir a dit : "Le jour du sacrifice, le Prophète jeta les cailloux dans la matinée. Les trois jours suivants (ceux qu'on nomme ???? ???????) il les jeta après midi." 1. Wabara a dit : "Comme je demandais à Ibn 'Omar à quel moment il fallait jeter les cailloux, il me répondit : "Jette-les en même temps que l'imam." Puis, comme je renouvelais ma question, il ajouta : "Nous attendions, pour les jeter, le moment où le soleil commençait à décliner." CHAPITRE CXXXV. - Du jet des cailloux du fond de la vallée. 1. 'Abderrahmân ibn Yazîd ayant rapporté que 'Abdallah jetait les cailloux du fond de la vallée, dit à ce dernier : "Ô Abou Abderrahmân, il y a des gens qui les jettent du haut de la vallée. - Par celui qui seul est Dieu, répondit-il, ceci est l'endroit d'où les jetait à qui Dieu a révélé la sourate de la Vache." CHAPITRE CXXXVI. - Le jet des pierres se fait avec sept cailloux. (chaque fois). - Ainsi l'a rapporte Ibn 'Omar d'après le Prophète. 1. 'Abderrahmân ibn Yazîd rapporte que 'Abdallah, arrivé à El Djamra el Kobra (El 'Aqaba), se plaça de façon à avoir le temple à sa gauche et Mina à sa droite, et lança sept cailloux. Et, ajouta-t-il, c'est ce que lança celui à qui a été révélée la sourate de la Vache. CHAPITRE CXXXVII. - De celui qui lance les cailloux à El 'Aqaba en ayant le temple à sa gauche. 1. 'Abderrahmân ibn Yazîd rapporte qu'il fit le pèlerinage avec Ibn Mas'oud et qu'il vit ce dernier lancer sept cailloux à El Djamra el Kobra, en se plaçant de façon à avoir le temple à sa gauche et Mina à sa droite, et qu'il ajoute : "Ceci est l'endroit où se plaçait celui à qui a été révélé la sourate de la Vache." CHAPITRE CXXXVIII. - On fait le tekbîr en lançant chaque caillou. - Ainsi l'a dit, d'après le Prophète, Ibn 'Omar. 1. El A'mach a dit : "J'ai entendu El Haddjâdj, étant en chaire, dire : "La sourate dans laquelle il est parlé de la Vache ; celle dans laquelle il est parlé de la famille d'Imrân et celle dans laquelle il est parlé des Femmes (au lieu de dire simplement : la sourate la Vache, de la famille d'Imrân, etc.)." Comme je rappelais ces paroles à Ibrahîm, il me répondit que 'Abderrahmân ibn Yazîd lui avait rapporté qu'il était avec Ibn Mas'oud lorsque celui-ci jeta les cailloux à El 'Aqaba. Il s'avança vers le fond du torrent et, arrivé en face de l'arbre, il s'y adossa et lança sept cailloux en faisant le tekbîr à chaque caillou. Puis il ajouta : "C'est ici, j'en jure par celui qui seul est Dieu, que se tenait celui à qui a été révélée la sourate de la Vache." CHAPITRE CXXXIX. - De celui qui jette les cailloux à 'Aqaba, sans s'y arrêter. - Rapporté par Ibn 'Omar, d'après le Prophète. CHAPITRE CXL. - Quand on fait les deux jets de cailloux on reste debout, faisant face à la qibla, et on gagne la partie plane (du fond du torrent). 1. Sâlim rapporte que, pour la station la plus rapprochée, Ibn 'Omar lançait les cailloux au nombre de sept et qu'après le jet de chaque caillou, il faisait le tekbîr. Ensuite il s'avançait jusqu'à la partie plane du fond du torrent et se tenait debout faisant face à la qibla. Il restait longtemps debout, faisant des invocations et élevant les mains, puis il faisait le jet de la station médiane. Alors il passait à gauche et, arrivé à la partie plane du fond du torrent, il se tenait debout, tourné vers la qibla, faisant des invocations et élevant les mains. Il restait ainsi longtemps, puis lançait les cailloux à El 'Aqaba du fond du torrent, mais il ne s'y arrêtait pas et s'en allait en disant : "Ainsi ai-je vu faire le Prophète." CHAPITRE CXLI. - Du fait d'élever les mains lors du jet de cailloux à la station la plus proche et à la station médiane. 1. Sâlim ibn 'Abdallah rapporte que 'Abdallah ibn 'Omar lançait ses cailloux à la station la plus proche, au nombre de sept, qu'il faisait le tekbîr après le jet de chaque caillou, puis qu'il s'avançait jusqu'à la partie plane du fond du torrent et qu'il s'y tenait longuement debout, le visage tournée vers la qibla ; il faisait des invocations, levait les mains et faisait ensuite le jet des cailloux à la station médiane, de la même façon que la première fois. Il prenait ensuite sur la gauche, gagnait la partie plane du fond du torrent, se tenant encore longuement debout, le visage tournée vers la qibla, faisant des invocations et élevant les mains. Ensuite, il jetait les cailloux à El 'Aqaba du fond du torrent, mais ne s'y arrêtait pas. "Ainsi, disait-il, ai-je vu faire le Prophète." CHAPITRE CXLII. - De l'invocation au moment des deux jets de pierres. 1. Ez Zohri rapporte que, quand il faisait le premier jet de pierres à la station qui suit la mosquée de Mina, l'Envoyé de Dieu lançait sept cailloux, faisant le tekbîr chaque fois qu'il lançait un caillou. Il s'avançait ensuite devant cet endroit, s'y arrêtait la face tournée du côté de la qibla, élevant les mains et faisant des invocations. Il prolongeait la durée de sa station, puis il se rendait à la seconde station, y jetait sept cailloux, faisant le tekbîr chaque fois qu'il avait lancé un caillou. Il descendait ensuite en prenant sur la gauche dans la partie contiguë au torrent, s'arrêtait debout, tournait son visage du côté de la qibla, élevant les mains et faisant des invocations, puis il allait à l'endroit qui se trouve à El 'Aqaba, y jetait sept cailloux, faisant le tekbîr après chaque caillou et partait sans s'arrêter en cet endroit." CHAPITRE CXLIII. - Du fait de se parfumer après le jet des cailloux et de se raser la tête avant la tournée processionnelle. 1. 'Aïcha a dit : "Je parfumais l'Envoyé de Dieu de mes deux mains que voici quand il prenait l'ihrâm et qu'il le quittait avant de faire la tournée processionnelle." Ce disant, elle étendait ses deux mains. CHAPITRE CXLIV. - De la tournée processionnelle d'adieu. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Les fidèles reçurent l'ordre de terminer la cérémonie du pèlerinage par une tournée autour du temple. Toutefois, cette mesure ne fut pas imposée aux femmes ayant leurs menstrues." 2. Anas ibn Mâlik rapporte que le Prophète fit les prières de midi, de l'après-midi, du coucher et du soir ; puis il fit un somme à El Mohassab. Ensuite il se rendit au temple sur sa monture et fit la tournée processionnelle. CHAPITRE CXLV. - De la femme qui a ses menstrues après avoir fait la tournée processionnelle. 1. D'après 'Aïcha, Safiyya bent Hoyayy, femme du Prophète, eut ses menstrues. On annonça la chose à l'Envoyé de Dieu qui dit : "Est-ce qu'elle va nous retenir ici, celle-là ? - Elle a déjà fait la tournée processionnelle, fit-on observer. - Alors, non, s'écria le Prophète." 2. 'Ikrima rapporte que les gens de M2dine questionnèrent Ibn 'Abbâs au sujet d'une femme qui avait fait la tournée processionnelle et avait ensuite ses menstrues. "Elle peut partir, répondit-il. - Nous n'accepterons pas votre opinion, répliquèrent-ils, pour renoncer à celle de Zaïd. - Eh bien, reprit-il, quand vous arriverez à Médine informez-vous là bas." Arrivés à Médine, ces gens posèrent la question à diverses personnes. Parmi celles qu'ils interrogèrent se trouvait Omm Solaïm qui rappela le hadith de Safiyya. 3. Ibn 'Abbâs a dit : "On tolère que la femme qui a ses menstrues quitte la Mecque quand elle a fait au préalable la tournée processionnelle. J'ai entendu, ajouta-t-il, Ibn 'Omar dire qu'elle ne devrait pas partir, puis, plus tard, je l'ai entendu dire que le Prophète tolérait la chose." 4. 'Aïcha a dit : "Nous partîmes avec le Prophète, ne pensant faire que le pèlerinage. Le Prophète, arrivé à la Mecque, fit la tournée processionnelle du temple, celle d'Es Safa et El Merwa, mais ne quitta pas l'ihrâm après cela. Il avait amené une victime. Tous ceux qui étaient avec lui, ses femmes et ses compagnons firent également la tournée processionnelle. Ceux qui n'avaient pas amené de victimes quittèrent alors l'ihrâm." 'Aïcha, qui avait eu ses menstrues dit : "Nous accomplîmes tous nos rites du pèlerinage." Puis, quand vint la nuit El Hasba, la veille de la dislocation, elle dit : "Ô Envoyé de Dieu, tous ceux qui t'accompagnent, sauf moi, vont revenir après avoir fait le pèlerinage et la visite pieuse. - N'as-tu donc pas fait la tournée processionnelle du temple depuis que nous sommes arrivés à la Mecque ? me demanda-t-il. - Certes, non (l'expression employée ici prête à l'ambiguïté et pourrait se traduire par "oui"), répondis-je. - Eh ! bien, reprit-il, va avec ton frère jusqu'à Et Ten'îm, fais la telbiya de la visite pieuse et je te donne rendez-vous à tel et tel endroit." Je partis avec 'Abderrahmân pour Et Ten'îm et je fis la telbiya de la visite pieuse. Safiyya bent Hoyayy ayant alors eu ses menstrues, le Prophète s'écria : "Femme stérile et sans cheveux, tu vas nous retenir ici ? N'as-tu pas fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice ? - Je l'ai faite, répondit-elle ! - Alors cela va bien, pars." Je rencontrai le Prophète pendant qu'il montait avec les gens de la Mecque, tandis que moi je descendais, - ou je montais alors qu'il descendait, suivant une variante." CHAPITRE CXLVI. - De celui qui, le jour de la dislocation, fait la prière de l'après-midi à Et Abtah. 1. 'Abdelaziz ibn Rofaï' a dit : J'interrogeai Anas ibn Mâlik, le priant de me dire certaines choses qu'il savait sur le Prophète. "Où, lui demandai-je, fit-il la prière de midi le jour de l'abreuvement ? Il me répondit : "à Mina. - Où fit-il la prière de l'après-midi le jour de la dislocation ? repris-je. - A El Abtah", me répondit-il, puis il ajouta : "Fais comme font tes émirs." 2. Anas ibn Mâlik rapporte que le Prophète fit les prières de midi, de l'après-midi, du coucher du soleil et du soir, puis qu'il fit un somme à El Mohassab. Ensuite il se rendit sur sa monture au temple et fit la tournée processionnelle. CHAPITRE CXLVII. - El Mohassab. 1. 'Aïcha a dit : "C'était un endroit où campait le Prophète afin qu'il lui fût aisé de partir (pour Médine)." 'Aïcha voulait désigner ainsi El Abtah. 2. Ibn 'Abbâs a dit : "Le Tahsîb (ce mot, dérivé de El Hasba, signie "l'action de se rendre à El Hasba". Ibn 'Abbâs a voulu dire que ce mot n'a aucun rapport avec le sens de la racine ???.) ne signifie rien ; il s'agit seulement d'un endroit où campait le Prophète." CHAPITRE CXLVIII. - Du campement à Dzou-Towa, avant d'entrer à la Mecque et du campement à El Bathâ qui est à Dzou-'l-Holaïfa au retour de la Mecque. 1. Nâfi' rapporte que Ibn 'Omar passait la nuit à Dzou Towa entre les deux défilés ; puis il s'engageait dans le défilé qui domine la Mecque. Quand il venait faisant le pèlerinage et la visite pieuse, il ne faisait agenouiller sa chamelle qu'auprès de la porte de la Mosquée. Il entrait ensuite dans la Mosquée, allait à la pierre noire et commençait de là sa tournée processionnelle ; il la faisait sept fois, trois fois à une allure accélérée et quatre fois au pas. Il s'en allait après cela, faisait la prière avec deux prosternations et, avant de rentrer à son gîte, il partait faire la course de Es Safa et El Merwa. Quand il revenait de faire le pèlerinage et la visite pieuse, il faisait agenouille sa chamelle à El Bathâ, qui se trouve à Dzou-'l-Holaïfa et où le Prophète faisait agenouiller sa monture. 2. Khâlid ibn El Hârits a dit : "Comme on interrogeait 'Obaïd Dieu sur El Mohassab, il rapporta que Nâfi' avait dit que l'Envoyé de Dieu y campa ainsi que 'Omar et Ibn 'Omar. D'après Nâfi', Ibn 'Omar y faisait, c'est à dire à El Mohassab, les prières de midi, de l'après-midi - et je crois qu'il ajouta du coucher du soleil ; - quant à celle du soir, Nâfi' n'avait à ce sujet aucun doute ; puis le Prophète dormait un somme. Ibn 'Omar rapporte cela du Prophète. CHAPITRE CXLIX. - De celui qui campe à Dzou Towa au retour de la Mecque. - Nâfi' rapporte que Ibn 'Omar, quand il allait à la Mecque, passait la nuit à Dzou Towa et le lendemain matin il entrait à la Mecque. Après la dislocation il passait à Dzou Towa, y passait la nuit et y restait jusqu'au lendemain matin. Il rapportait que le Prophète agissait ainsi. CHAPITRE CL. - Du commerce pendant les jours de fête (du pèlerinage) et des transactions sur les foires du paganisme. 1. Ibn 'Abbâs a dit : "Dzou-'l-Madjâz et 'Okâdz étaient les endroits où, du temps du paganisme avaient lieu les foires. Quand vint l'Islamisme on éprouvait quelque répugnance à aller dans ces endroits, lorsque ce verset fut révélé : "Il n'y a aucun mal pour vous à ce que vous désiriez obtenir quelque avantage (matériel) du Seigneur (sourate II, verset 194) pendant les fêtes du pèlerinage." CHAPITRE CLI. - Du départ à la fin de la nuit à El Mohassab. 1. 'Aïcha a dit : Safiyya ayant eu ses menstrues la nuit de la dislocation, elle dit : "Je crains bien de retarder votre départ." - "Cette femme stérile et sans cheveux a-t-elle fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice, demande le Prophète ? - Oui, lui répondit-on. - Eh bien, reprit-il, qu'elle parte !" Suivant un autre isnâd, 'Aïcha a dit : "Nous partîmes avec l'Envoyé de Dieu, ne pensant faire que le pèlerinage. Quand nous fûmes arrivés, le Prophète nous ordonna de quitter l'ihrâm. La nuit veille de la dislocation, Safiyya bent Hoyayy eut ses menstrues. "Cette femme sans cheveux et stérile va, je le crains, nous retenir ici", s'écria le Prophète. Puis s'adressant à Safiyya : "As-tu au moins fait la tournée processionnelle le jour du sacrifice ? - Oui, répondit-elle. - Alors pars, répliqua-t-il. Comme ajoute 'Aïcha, je dis alors : "Ô Envoyé de Dieu, certes moi je n'ai pas quitté l'ihrâm. - Eh bien, alors, dit-il, fais la visite pieuse à partir de Et Ten'îm." Le frère d''Aïcha partit avec elle ; 'Aïcha ajoute : "Nous rencontrâmes le Prophète, qui était en route, à la fin de la nuit ; il m'avait dit : "Je te donne rendez-vous à tel et tel endroit", ce qui eut lieu en effet." |
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