Ja'far Ibn Abi Tâlib
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Son nom et sa généalogie
Son nom était Ja'far Ibn Abi Tâlib Ibn 'Abd Al-Mutalib.
Il était surnommé Abou Al-Masâkîn (le père des indigents) parce qu'il s'attachait passionnément aux nécessiteux et les prenait en pitié. Il est aussi cousin du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui).
Son adoption par 'Abbas (que Dieu l'agrée)
Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) dit à son oncle Al-'Abbâs : "Ton frère Abû Tâlib à une famille nombreuse. Comme tu le vois les gens ont été affligés par la terrible sécheresse et souffrent de la famine. Allons trouver Abû Tâlib afin de le soulager un peu des charges de sa famille. Je prendrai un de ses fils et tu pourras en prendre un autre, et nous prendrons soin d'eux". "Ce que tu suggères est certainement sage et louable", répondit Al-'Abbâs, et ils s'en allèrent ensemble trouver Abû Tâlib et lui dirent : "Nous voulons te soulager du fardeau que représente ta famille jusqu'à ce que cette période difficile se soit dissipée". Abû Tâlib acquiesca et dit : " Permettez -moi de garder 'Aqîl (un de ses fils qui était plus âgé que 'Ali) vous pourrez ensuite faire comme bon vous semble". Ce fut ainsi que Mohammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui) prit 'Ali (que Dieu l'agrée) sous sa tutelle, tandis qu'Al-'Abbâs (que Dieu l'agrée) se chargeait de Ja'far (que Dieu l'agrée).
Ja'far (que Dieu l'agrée) demeura chez son oncle Al-'Abbâs jusqu'a ce qu'il devint un jeune homme.
Son mariage
Il épousa Asmâ Bint Umays, une des sœurs de Maymûna (que Dieu l'agrée).
Sa conversion à l'islam
Lui et son épouse furent parmi les premiers à embrasser l'Islam. Il devint Musulman par l'entremise de Abû Bakr As-Siddîq, qu'Allah l'agrée.
Son émigration en Abyssinie
Ja'far alla trouver le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui), et demanda la permission d'accomplir la hijra (émigration) vers la terre d'Abyssinie, pour lui et un petit groupe de compagnons (que Dieu les agrée) y compris son épouse. Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) lui accorda sa permission avec beaucoup de tristesse.
Sa comparution devant le Négus avec les autres musulmans
Quraych délégua 'Amr Ibn Al-'As (que Dieu l'agrée) -avant son ralliement à l'islam- et 'Abdoullah Ibn Abou Rabi'a au Négus.
Les deux hommes étaient chargés de présents rares et de grande valeur, à l'attention du Negus et de ses évêques. En Abyssinie, les deux émissaires de Quraysh remirent d'abord leurs présents aux évêques et dirent à chacun d'entre eux : "Il y a des jeunes personnes malveillantes qui vont et viennent en toute liberté sur les terres du Roi. Ils ont attaqué la religion de leurs ancêtres et ont causé la division au sein de leur peuple. Lorsque nous parlerons d'eux au Roi, conseillez-lui de nous les livrer sans qu'il ne les interroge sur leur religion. Les nobles chefs de leur tribu les connaissent bien et sont mieux informés sur leurs croyances". Les évêques acceptèrent. 'Amr et 'Abd Allâh allèrent ensuite trouver le Negus et lui offrirent des présents qui le remplirent d'admiration. Ils lui dirent : "Ô Roi, un groupe de personnes maléfiques parmi nos jeunes se sont enfuis vers votre royaume. Ils pratiquent une religion que ni vous, ni nous-mêmes ne connaissons. Ils ont renié notre religion et n'ont pas embrassé la vôtre. Les nobles dirigeants de leur peuple (parmi lesquels leurs propres parents et oncles, de leur tribu) nous ont envoyés vers vous afin de solliciter leur extradition. Ils sont mieux informés du mal qu'ils ont cause. Le Negus regarda en direction de ses évêques qui dirent : " Ils disent vrai, Ô Roi. Leur peuple les connait bien mieux et sait ce qu'ils ont fait. Renvoyez-les pour qu'ils soient jugés par les leurs". Le Negus fut plutôt irrité par cette suggestion et dit : "Non. Par Dieu, je ne les livrerai à personne, pas avant de les avoir moi-même interrogés à propos de ce dont on les accuse. Si ces deux hommes disent vrai, alors je vous les livrerai. Si par contre ce n'était pas le cas, alors je les protegerai aussi longtemps qu'ils désirent demeurer sous ma protection".
Oum Salama (que Dieu l'agrée) qui fit partie des émigrants, rapporta : "Puis, le Négus nous invoqua à sa rencontre. Nous nous réunîmes avant d'y aller. Nous dîmes les uns aux autres : "Le roi va vous interroger sur votre religion. Exposez donc clairement ce à quoi vous croyiez et que Ja'far Ibn Abou Tâlib soit exclusivement votre porte-parole". Nous allâmes ensuite voir le Négus qui était entouré de ses patriarches, endossant leurs soutanes, vêtus de leurs calottes et retenant leurs livres entre les mains. Nous trouvâmes chez lui aussi 'Amr Ibn Al-'As et 'Abdoullah Ibn Abou Rabi'a. Quand nous prîmes place, le Négus nous adressa la parole, en disant : "Quelle est donc cette nouvelle religion que vous avez inventée, en abjurant celle de votre tribu, et sans toutefois que vous ne vous convertissiez à la mienne ou à n'importe quelle autre religion bien connue?". Ja'far Ibn Abou Tâlib s'approcha alors de lui et dit : "Ô Roi, nous étions un peuple vivant dans l'ignorance et l'immoralité, adorant des idôles et mangeant la chair des cadvres d'animaux, commettant toutes sortes d'atrocités et de pratiques honteuses, brisant les liens de parenté, manquant aux règles de l'hospitalité, le plus fort d'entre nous exploitant le plus faible. Nous connaissons sa lignée et nous sommes sûrs de sa sincérité, de son honnêteté et de sa dignité. Il nous appelle à vouer un culte exclusif à Dieu l'Unique et à quitter les idoles de pierre que nous adorions avec nos ancêtres. Il nous exhorte à la franchise et nous avertit contre la trahison des dépôts. Il nous prêche aussi d'entretenir nos liens familiaux, de s'attacher au bon voisinage, de s'abstenir des grands péchés et d'arrêter les effusions du sang. Il nous enjoint de ne jamais commettre les turpitudes, ni de faire de faux témoignage, ni de s'accaparer des biens des orphelins, ni de lancer des accusations contre les femmes chastes. Il nous invite à adorer Dieu, l'Unique sans jamais Lui donner d'associé, d'accomplir la prière, de faire l'aumône légale, de jeûner le mois de Ramadan. Nous lui avons donné foi, nous avons cru en lui et nous l'avons suivi en se conformant à ce qui lui a été révélé de la part de Dieu. Nous avons donc considéré comme licite ce qu'il nous l'a déclaré comme tel, et vice-versa. Notre tribu, ô roi, s'était mise à nous agresser. Elle nous avait cruellement persécutés pour nous forcer à abjurer notre foi et nous faire retourner à l'adoration des fétiches. Après tant de traitements injustes, d'accablements et de contraintes pour nous séparer de notre religion. Nous avons, donc, décidé d'émigrer vers ton pays, nous vous avons donné la prédilection et nous avons désiré votre voisinage. Nous souhaitons donc que chez vous nous soyons à l'abri d'injustices nouvelles".
Le Négus dit alors à Ja'far Ibn Abou Tâlib (que Dieu l'agrée) : "Vous avez quelque fragment de ce que Dieu a révélé à ton Prophète?".
Ja'far répondit par l'affirmative et le Négus de lui en ordonner la lecture. Ja'far récita alors : {Kâf, Hâ, Yâ, 'Ayn, Sâd. * C'est un récit de la miséricorde de ton Seigneur envers Son serviteur Zacharie. * Lorsqu'il invoqua son Seigneur d'une invocation secrète, * et dit : "Ô mon Seigneur, mes os sont affaiblis et ma tête s'est enflammée de cheveux blancs. (Cependant), je n'ai jamais été malheureux (déçu) en te priant, ô mon Seigneur} (19/1-4).
Ja'far ayant terminé une partie de la sourate, le Négus se mit à pleurer au point d'avoir mouiller sa barbe de ses larmes, tel fut aussi l'état de ses patriarches qui mouillèrent leurs livres des larmes de leurs yeux sous l'émotion qui les gagnait par les paroles de Dieu. Le Négus s'adressa alors à nous, en disant : "Certes, ce qu'a été révélé à votre Prophète et ce qu'a été révélé à Jésus, émanent de la même source de Lumière". Puis, il se tourna vers 'Amr et son compagnon et leur dit : "Allez-vous-en! Par Dieu! Je ne les vous remettrai jamais". (Ibn Ishâq)
'Amr et Ja'far en face-à-face
Oum Salama poursuivit son récit et dit : "Quand nous sortîmes de chez le Négus, 'Amr Ibn Al-'As se mit à nous menacer en disant à son compagnon : "Par Dieu! Je viendrai demain voir le roi et je lui raconterai ce que soulèvera sa colère contre eux et rendra son cœur plein de haine à leur détriment. Je l'inciterai à les exterminer jusqu'au bout". 'Abdoullah Ibn Abou Rabi'a lui répondit : "Ne le faites pas, ô 'Amr. Ils sont nos parents, même s'ils se sont opposés à notre religion".
- "Laissez-cela à part, dit 'Amr, par Dieu! Je l'informerai de tout ce qui les mettra dans une situation périlleuse. Par Dieu! Je lui dirai qu'ils prétendaient que Jésus, fils de Marie n'est qu'un serviteur". (Ibn Ishâq)
La deuxième apparution devant le Négus
Le lendemain, 'Amr se rendit auprès du Roi et lui dit : "Ô Roi, ces gens à qui vous avez accordé l'asile et que vous protégez disent des choses terribles à propos de Jésus le fils de Marie. Il serait un esclave Envoyez donc les chercher, et demandez-leur en quels termes ils parlent de Jésus".
Ayant eu connaissance de ceci, nous fûmes extrêmement accablés et chagrinés. Les uns disent aux autres : "Qu'est-ce que vous direz au sujet de Jésus, fils de Marie si le roi vous pose la question à son sujet?". Nous répondîmes : "Par Dieu! Nous ne dirons à son sujet que ce que Dieu a révélé à son sujet. Nous ne trahirons d'un pouce ce que fut révélé à notre Prophète. Advienne que pourra". Nous nous mîmes d'accord pour laisser la parole à Ja'far Ibn Abi Tâlib encore une fois.
Une fois chez le Négus, nous trouvâmes chez lui ses patriarches dans un état typiquement semblable à celui de la dernière fois. Nous y trouvâmes aussi 'Amr Ibn Al-'As et son compagnon. Le Négus commença le premier à parler et nous dit : "Que dites-vous au sujet de Jésus, fils de Marie?".
Ja'far répondit : "Nous disons à son sujet ce qu'a été révélé à notre Prophète Muhammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui)".
Le Négus demanda : "Et qu'est ce qu'il en dit?".
- "Il dit qu'il est le serviteur de Dieu et de Son envoyé, Son esprit et Sa parole qu'Il a envoyé à la Vierge Marie".
Dès que le Négus eut entendu les paroles de Ja'far, il tapa la terre de sa main, en disant : "Par Dieu! Il n'y a point de différence entre ce que le fils de Marie avait dit et ce qu'a été révélé à votre Prophète". Au grand scandale des patriarches, ils s'éloignèrent du Négus qui leur dit : "Même si vous vous éloignez de moi!". Puis, il se tourna vers les musulmans et leur dit : "Allez-vous-en vous êtes en sécurité! Quiconque vous adresse une parole obscène sera assujetti à une amende. Et quiconque vous agresse, sera puni. Par Dieu! Je préfère votre sécurité à la possession d'un mont d'or". Puis, il regarda 'Amr et son compagnon et dit : "Rendez à ces deux hommes-là leurs cadeaux. Je n'en ai point besoin".
Oum Salama (que Dieu l'agrée) reprit : "Consternés et déçus, 'Amr et son compagnon partirent. Quant à nous, nous passâmes un séjour parfait chez le Négus qui fut le plus généreux des hommes". (Ibn Ishâq)
Les années en Abyssinie
Ja'far (que Dieu l'agrée) et Asmâ, son épouse passèrent dix années en Abyssinie qui devint leur deuxième patrie. Asmâ y donna naissance à trois enfants qu'ils nommèrent 'Abd Allâh, Mohammad et 'Awn. Leur second enfant fut probablement le premier enfant dans l'histoire de la communauté musulmane à être appelé Mohammad, du nom du noble Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui).
Son retour vers Médine (7 H)
En l'an 7 de l'hégire, Ja'far et sa famille quittèrent l'Abyssinie avec un groupe de Musulmans et partirent pour Medine. Lorsqu'ils arrivèrent à destination, le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) revenait de la victorieuse conquête de Khaybar. Il était tellement heureux de retrouver Ja'far qu'il dit : "je ne sais ce qui me rend le plus heureux, la conquête de Khaybar ou la venue de Ja'far".
Sa mort
Le séjour de Ja'far à Médine ne fut pas long. Au début de la huitième année de l'Hégire, le Prophète mobilisa une armée pour affronter les forces Byzantines en Syrie, car un de ses émissaries, envoyé en paix, fut lâchement tué par un gouverneur Byzantin. Il nomma Zayd Ibn Haritha commandant en chef de cette armée, et donna les instructions suivantes : "Si Zayd est blessé ou tué, le commandement reviendra à Ja'far. Si Ja'far est blessé ou tué, alors votre commandant sera 'Abd Allâh Ibn Rawâha. Si 'Abd Allâh est tué, il appartiendra alors aux musulmans de choisir leur commandant".
Ja'far Ibn Abî Tâlib (que Dieu l'agrée) succéda aux commandes après le martyr de Zayd. Enfourchant son cheval dont la robe était d'un roux flamboyant, il s'infiltra dans les rangs Byzantins. Il éperonna son cheval et s'écria : "Comme le Paradis est merveilleux lorsque l'on s'en rapproche ! Comme ses breuvages sont délicieux et désalterants ! Le châtiment envers les Byzantins est tout près !".
Ja'far (que Dieu l'agrée) continua à se battre héroïquement et finit par être tué.
Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) fut excessivement chagriné par cette nouvelle.
Asmâ Bint Oumays raconta : "Lorsque le Messager d'Allah (paix et bénédiction de Dieu sur lui) s'approcha de chez nous, je vis son noble visage endeuillé par un voile de tristesse. Je devins inquiète. Mais je n'osai pas l'interroger au sujet de Ja'far (que Dieu l'agrée) de peur d'apprendre des nouvelles déplaisantes. Il nous salua et demanda : "Où sont les enfants de Ja'far ?". Je les appelai et ils vinrent l'entourer joyeusement, le sollicitant de toute part. Il se pencha et les enlaça, cependant que des larmes débordaient de ses yeux. "Ô messager d'Allah" demandais-je, "Pourquoi pleures-tu ? As-tu appris quelque chose à propos de Ja'far et ses deux compagnons ?". "Oui," répondit-il. "Ce sont des martyres, à présent". Les sourires et rires s'éffacèrent des visages des petits enfants lorsqu'ils entendirent leur mère pleurer et gémir. Des femmes se rassemblèrent autour d'Asmâ. "Ô Asmâ," dit le Prophète, "Ne dit rien de blâmable et ne frappe pas ta poitrine". Ensuite il pria Allah de protéger la famille de Ja'far (que Dieu l'agrée) et de lui accorder la subsistance, et leur assura qu'il avait atteint le Paradis. Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) quitta la maison d'Asmâ et se rendit chez sa fille Fâtima (que Dieu l'agrée) qui pleurait également. Il lui dit : "Pour ce qui est de Ja'far (que Dieu l'agrée), tu peux pleurer jusqu'à la mort. Prépare donc à manger pour sa famille, car aujourd'hui ils sont accablés par le chagrin".
Sa déscription physique
Ja'far ressemblait beaucoup au Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui).
Les éloges à son sujet
Abû Hurayra (que Dieu l'agrée) disait de lui : "Le meilleur des hommes envers nous autres nécessiteux était Ja'far (que Dieu l'agrée). Il passait devant nous en rentrant chez lui, et nous donnait ce qu'il avait comme nourriture. Et s'il n'avait plus de nourriture , alors il nous envoyait un pot contenant du beurre et rien d'autre. Nous l'ouvrions et en léchions le fond, jusqu'à le rendre propre".
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