|
Ounays
(Accueil >
Biographies >
Compagnons)
Son nom et sa généalogie
Ounays, frère d'Abou Dharr (que Dieu l'agrée).
Sa mère s'appelait Ramla Bint Waqî'a Al-Ghifâriya.
Il appartenait à la tribu de Waddan.
La fausse accusation d'adultère dans la pèriode pré-islamique
Lors d'une période de grande famine, les chefs de la tribu de Ghifâr se réunirent pour concerter et réfléchir au moyen de faire face à la terrible situation, due à la longue absence de pluie et dans laquelle les bêtes étaient devenues décharnées et maigres, et les provisions et les stocks épuisés. Dans cette réunion, on se demandait : "Pourquoi notre dieu (l'Idole Manât) s'est-il fâché contre nous, alors que nous avons prié pour la descente de la pluie, sacrifié des chameaux en offrande et fait tout notre possible pour gagner sa faveur? La saison de pluie arrive à son terme. Pourtant il n'y a pas trace d'un nuage dans le ciel. Il n'y a eu ni tonnerre ni averse ces temps-ci, ni même une goutte de pluie ou une bruine! Que faut-il penser? Sommes-nous devenus si pervers pour mériter la colère de dieu? Pourquoi se sent-il si en colère contre nous, alors que nous avons offert tant de sacrifices pour lui faire plaisir?"
Les gens se mirent à réfléchir sur le sujet et à échanger leurs point de vue. Ils pensèrent : "L'homme ne peut rien contre la volonté du ciel. Personne ne peut faire venir des nuages et de la pluie du ciel. Seul "Manât"en est capable. C'est pourquoi, nous n'avons d'autre alternative que de sortir, hommes et femmes, pour le pèlerinage, afin de prier et d'implorer le pardon de "Manât". Peut-être nous pardonnera-t-il et fera-t-il descendre la pluie pour que la terre redevienne verte après la période de stérilité, notre pauvreté se transforme en prospérité, notre malheur en bonheur et nos difficultés en aisance et confort.
Aussi toute la tribu commença à préparer une journée de prière et un voyage auprès de Manât. Ceux qui dormaient se réveillèrent et accoururent pour installer les litières sur leurs chameaux. Ounays (le frère d'Abou Dhar) enfourcha lui aussi son chameau pour rejoindre la caravane qui se dirigeait déjà vers les côtes de la mer, Mushalsal et Qadîd qui relient la Mecque et Médine et où se dressait Manât. Ounays cherchant autour de lui son frère et ne le trouvant pas fit s'asseoir son chameau et courut à pied pour voir s'il était resté à la maison. En y arrivant, il cria : "Jundab! Jundab!". Lorsqu'il vit son frère allongé tranquillement sur son lit, il lui dit, étonné :
- N'as-tu pas entendu "l'appel" au voyage?
- Si, mais que dois-je faire lorsque je me sens fatigué et que de plus je n'ai pas envie d'aller en pèlerinage à Manât, répondit Abou Dhar.
- Tais-toi! Demande pardon au dieu. Ne crains-tu pas qu'il t'entende et qu'il envoie sur toi son courroux? le gronda Ounays.
- Mais es-tu sûr que Manât puisse nous entendre et nous voir? lui rétorqua Abou Dhar.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui? Un génie a-t-il eu raison de ton esprit? Ou bien es-tu malade? Viens! Repens-toi. Peut-être dieu acceptera-t-il tes remords, lui dit Ounays.
Voyant Abou Dharr rester dans son lit, son frère le hâta : "Lève-toi. La caravane est partie. La tribu s'éloigne".
Alors que les deux frères discutaient, leur mère arriva. Ils se turent.
- La mère : Mes fils, quelles sont vos opinions?"
- Ounays : A propos de quoi? Mère.
- La mère : A propos de la pluie.
- Ounays : Nous sommes d'accord avec ce que tu suggérerais.
- La mère : Je propose que vous alliez voir votre oncle maternel qui est un homme riche.
- Ounays : D'accord. Comme tu voudras. Que dieu améliore notre condition !
Abou Dharr et Ounays accompagnés de leur mère, se rendirent chez leur oncle. Celui-ci les accueillit avec grande hospitalité. Ils restèrent chez lui pendant longtemps. Le confort et le plaisir y remplacèrent les difficultés et la peine dans lesquelles ils se débattaient jadis. Lorsque les membres de leur tribu apprirent que leur oncle se montrait très bon envers ses deux neveux et qu'il les aimait comme ses propres fils, ils furent pris de jalousie et décidèrent de préparer un plan en vue de le faire se détacher d'eux. Ils réfléchirent ensemble sur les différents moyens de parvenir à leurs desseins perfides, et ils finirent par choisir un homme pour exécuter le plan de leur conspiration. Cet homme alla voir l'oncle d'Abou Dharr et s'assit à ses côtés calmement, la tête baissée. L'oncle d'Abou Dharr lui demanda : "Comment vas-tu?".
L'homme affecta un air triste et dit : "Je suis venu te voir pour une affaire importante. Si je n'avais pas une grande affection et un grand respect pour toi, je ne te dirais rien. Mais ma loyauté m'a obligé à venir pour t'en parler. Je voudrais te réveler ce que tu ignores afin que tu puisses voir toi-même ce qui se passe, car je vois que les faveurs que tu fais à certains sont récompensées par l'ingratitude".
L'oncle d'Abou Dharr sentit que quelque chose allait mal. Il s'inquiéta et dit : "Parle franchement et dis-moi tout".
L'homme dit : "Comment pourrais-je te dire que lorsque tu sors de la maison, ton neveu Ounays, tient compagnie à ta femme et lui parle secrètement. Je ne saurais te dire ce qu'il lui dit".
L'oncle d'Ounays protesta : "C'est une fausse accusation contre lui, et je ne crois pas du tout à ton insinuation".
L'homme répondit : "Nous aussi, nous aurions voulu que ce soit une fausse allégation et une pure calomnie. Mais malheureusement, je suis obligé d'affirmer, que c'est la vérité".
L'oncle d'Ounays lui demanda de lui fournir une preuve à l'appui de cette accusation. L'homme répondit : "Toute la tribu peut en témoigner. Tout le monde l'a vu et a le même sentiment. Si tu le désires, je pourrais te fournir d'innombrables témoignages de ma tribu".
Ayant entendu ces propos, le pauvre oncle commença à penser à son honneur et à son prestige. Il se sentit blessé dans sa dignité. L'homme sortit de chez lui après lui avoir fait cette révélation abjecte qui laissa sur lui l'effet d'une morsure de serpent.
L'oncle d'Ounays était maintenant convaincu de la véracité de l'accusation. Il fit beaucoup d'effort pour garder son sang-froid et son esprit en paix, mais en vain. Il se sentait, jour et nuit, triste, angoissé et comme saisi d'épouvante. Chaque fois que son neveu se trouvait devant lui, il détournait son visage. Un silence pesant régnait sur toute la maison.
Lorsqu'Abou Dharr remarqua les traits de tristesse envahissant le visage de son oncle, il lui demanda : "Cher oncle! Qu'est-ce qui t'est arrivé? J'ai remarqué que tu as changé depuis quelques jours. Tu nous parles très peu, contrairement à l'habitude, et tu as l'air très pensif et dépressif".
L'oncle répondit : "Il n'y a rien d'anormal".
Abou Dharr insista : "Non, il y a certainement quelque chose. Dis-moi s'il te plaît ce qui ne va pas. Peut-être pourrais-je te débarrasser de tes ennuis ou partager une partie de tes angoisses".
L'oncle dit : "Je ne peux pas décrire ce que les hommes de ma tribu m'ont appris".
Abou Dharr revint à la charge : "S'il te plaît, dis-moi ce qu'ils t'ont rapporté".
Son oncle finit par céder : "Ils disent que Ounays rencontre ma femme quand je sors de la maison".
Ayant entendu ces calomnies, Abou Dharr sentit le sang lui monter au visage et devint rouge de colère : "Tu viens de gâcher toutes les faveurs que tu nous as faites. Nous partirons tout de suite et nous ne te reverrons plus jamais".
Ils quittèrent ainsi leur oncle et s'établirent à "Batn Marwa", près de la Mecque. C'est là qu'Abou Dharr découvrit l'apparition du Prophète dans la ville de la Mecque. Il s'intéressa vivement à cet événement et voulut absolument en savoir plus.
La rencontre avec le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) (-13 H)
Abou Dharr demanda à son frère Ounays d'aller à la Mecque et de trouver des renseignements sur le Prophète. Il ui dit : "Va à la Mecque et essaie de trouver cet homme. Il affirme qu'il reçoit des révélations du Ciel. Quel est le mode de sa conversation? Vois s'il est sincère ou non dans ses paroles".
Ounays entreprit le voyage. Après avoir traversé différentes stations, il arriva à la Mecque et se dirigea vers la Ka'ba pour accomplir les rites de pèlerinage. Lorsqu'il sortit de la Ka'ba, il vit un attroupement. Il demanda à un homme qu'il croisa : "Qu'est-ce qu'il y a là?".
L'homme répondit : "Un apostat qui appelle les gens à une nouvelle foi".
Dès que Ounays entendit ceci, il accourut vers le lieu de rassemblement. Une fois sur place, il vit un homme dire : "Louanges à Dieu! Je fais Ses louanges et Lui demande secours. Je crois en Lui, je dépends de Lui et j'atteste qu'il n'y a de Dieu, en dehors de Lui, IL est sans partenaire".
Selon le récit d'al-Subaytî, Ounays entendit cet homme proclamer : "Ô gens! Je vous ai apporté les bénédictions de ce monde et de l'autre monde. Dites qu'il n'y a pas de dieu, sauf Dieu pour que vous soyez délivrés. Je suis le Messager de Dieu et je suis envoyé pour vous. Je vous mets en garde contre la punition du Jour du Jugement. Rappelez-vous que personne ne sera sauvé, en dehors de ceux qui se présentent devant Dieu avec un coeur humble. Ni les riches ne vous seront d'aucun secours, ni vos enfants ne pourront rien pour vous. Craignez Dieu, IL sera bon envers vous. Ô gens! Ecoutez-moi! Je dis clairement que vos ancêtres avaient dévié du droit chemin en adorant ces idoles et vous aussi vous êtes en train de suivre leurs traces. Rappelez-vous que ces idoles ne peuvent ni vous nuire ni vous être utiles. Elles ne peuvent ni vous arrêter ni vous guider".
Ounays fut étonné par le discours éloquent du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui), mais il fut aussi surpris d'entendre les gens autour de lui tenir différents propos contre le Messager de Dieu.
Celui-ci ayant entendu ces attaques, dit : "Les Prophètes ne mentent pas. Je jure par Dieu en dehors Duquel il n'y a pas de dieu, que j'ai été envoyé pour vous comme Messager. Par Dieu vous mourrez comme si vous dormiez et vous serez ressuscités comme si vous vous réveilliez. Vous serez rappelés par Dieu pour rendre des comptes sur vos actes. Après quoi, vous entrerez éternellement, selon le verdict, en Enfer ou au Paradis".
Le retour dans sa tribu
Puis, il enfourcha son chameau et repartit. Il continua à penser à Mohammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui), le Prophète de Dieu, tout au long du voyage, et à se rappeler son discours jusqu'à ce qu'il rejoignît Abou Dhar.
Dès que ce dernier le vit, il lui demanda avec enthousiasme et impatience : "Qu'as-tu vu à la Mecque?"
"J'ai vu un homme, rapportait Ounays, qui appelait les gens à la noblesse de caractère. Ce qu'il dit n'est pas de la poésie.
- "Que disent les gens à son sujet" ? demanda Abou Dhar.
- "Ils disent qu'il est magicien, voyant et poète".
- "Ma curiosité n'est point satisfaite. J'ai besoin d'en savoir plus sur la mission de ce Prophète. Veux-tu prendre soin de ma famille pendant mon absence"?
- "Oui. Mais prends garde aux Mecquois".
Sa conversion puis le prêche à sa mère (-13 H)
Abou Dharr raconte après sa conversion : "Je quittai la ville (La Mecque) et retournai vers mon clan. Mon frère m'interrogea : "Qu'as-tu fait ?"
Je lui expliquais que j'étais devenu musulman et je croyais désormais à la vérité des enseignements de Mouhammad. Il me répondit : "Je ne suis pas opposé à ta religion. De fait, je suis moi aussi musulman et croyant".
Tous deux, nous allâmes chez notre mère afin de l'inviter à l'Islam. Sa réponse fut : "Je n'ai rien contre votre religion. J'accepte également l'Islam".
La convocation chez le chef de la tribu Khafâf (que Dieu l'agrée)
Le chef de la tribu averti de sa conversion et celle d'Abou dhar dépêcha son esclave chez eux; en arrivant à destination, l'esclave dit : "Abou Dharr et Ounays sont convoqués chez le chef".
Abou Dharr l'informa qu'il pesait justement aller le voir. Après le départ de l'esclave, Abou Dharr s'arma de son épée et dit à son frère : "Allons voir Khafâf".
Ounays observa : "Frère! J'ai entendu de mauvaises choses sur toi par les gens. Je crains que cette rencontre soit inopportune. Quelque chose d'imprévu peut se produire".
Abou Dharr lui répondit : "Non! Cela n'arrivera pas. Je connais Khafâf très bien. C'est un homme sage. Dieu l'a doué de raison. Il est le plus intelligent de toute notre tribu".
Les deux frères sortirent et se dirigèrent vers la résidence de Khafâf en discutant.
Le prêche de son frère au chef et aux notables
Une fois arrivés à destination ils virent les notables de la tribu, assis en cercle autour du chef. S'adressant à l'assemblée, Abou Dhar salua : "Que la paix soit sur vous".
Les notables furent offusqués par la salutation islamique d'Abou Dhar, et furieux, ils lui dirent : "Qu'est-ce que cette salutation qu'on n'a jamais entendue avant?!".
L'un des notables ajouta : "C'est triste! Nous ne savons pas de quel côté va Abou Dhar".
Un autre reprocha : "Regardez! Il est assis avec son épée. Il n'a pas de respect pour le chef".
Un troisième homme rectifia : "Tu as raison! Mais il est un cavalier de la tribu et les guerriers sont toujours armés.".
Abou Dharr intervint : "Ecoutez-moi! Je vous respecte parce que vous êtes les nobles de la tribu. Nous sommes fiers de vous et nous vous tenons en estime. La salutation que je vous ai adressée est introduite par l'Islam".
Ensuite, Abou Dharr et Ounays prirent place juste devant le chef de la tribu, Khafâf. Celui-ci commença à parler sur un ton correct mais vif : "Ô Abou Dhar! J'ai appris que tu as été amené à adorer Dieu, Qui est Invisible. Les notables de la tribu sont choqués par cette attitude. Ils disent que tu insultes leurs dieux et prétends qu'ils sont des objets dépouillés de toute sagesse. Ô Abou Dhar! Nous te respectons, mais cela ne signifie pas que nous soyons enclins à tolérer qu'on insulte nos dieux. Je te demande de te défaire de tes idées nouvelles et de revenir à ta religion ancestrale, ou à défaut, de m'expliquer ta nouvelle foi afin que je puisse comprendre sa vérité. En retour, je te promets de l'accepter, si tu arrives à nous démontrer qu'elle est raisonnablement meilleure que la nôtre".
Abou Dharr répondit : "O, Chef de notre tribu! Nous te respectons et t'honorons, quoi que tu dises. Mais en même temps, nous voudrions t'expliquer que Dieu, l'Unique, que nous avons décidé d'adorer et en Qui nous croyons, est Celui-là même qui a créé le ciel et la terre, Qui donne subsistance à toutes les créatures, Qui contrôle la vie de tous objets animés et Dont le Pouvoir est illimité. Les idoles que nous adorions jusqu'à maintenant ont été fabriquées avec nos mains et à l'aide de nos ciseaux et marteaux. Est-il raisonnable de penser que celui que nous avons fabriqué avec nos mains puisse être notre créateur, notre nourricier et l'auditeur de nos prières? L'homme est le plus noble de toute la création. Comment sa dignité permet-elle qu'il incline la tête devant une pierre? Chef! Pense, s'il te plaît, sans passion à ce que je dis. Ces idoles n'ont pas le pouvoir même de se protéger de leurs ennemis. Ecoute-moi, Ô Chef! Un jour je suis allé auprès de Manât et je lui ai offert un verre de lait. Alors que j'étais encore là, un renard est venu. Il but le lait et urina sur Manât. Cet incident eut un grand effet sur moi, et je me suis dit comment un dieu peut être à ce point sans défense! Cela m'a montré clairement que Manât ne saurait être un dieu. Je suis sûr que tout homme raisonnable pensera que le Créateur du ciel est supérieur au ciel, et que le Fondateur de la terre est meilleur que la terre. Conformément à ce raisonnement, les idoles ne peuvent être meilleures que nous, et n'étant pas supérieures à nous, il est insensé pour nous de les adorer. Ô Chef! Je suis arrivé à la vérité que Dieu l'Unique est le Créateur et le Nourricier de tout l'Univers, et que Mouhammad al-Mustafâ qui a été envoyé à la Mecque est Son Messager. Mouhammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui) possède de telles hautes qualités que personne dans le monde ne peut l'égaler. Les Quraych qui sont ses pires ennemis admettent sa sincérité, sa véracité et ses qualités. Bien qu'ils sachent parfaitement que Mouhammad est contre leurs dieux et leur religion, ils l'ont surnommé al-Sâdiq al-Amîn (le Véridique, le Sincère), comme je viens de l'apprendre dernièrement. ةcoutez! La lumière rayonne de son visage et la sagesse découle de ses mots".
Dès qu'Abou Dharr termina son discours, un vacarme s'éleva de partout. "Quel gentil discours fait Abou Dhar, là! Nos dieux sont donc des sourds-muets! Abou Dhar a insulté notre foi et humilié nos dieux".
Quelques-uns dans l'assistance prirent la défense d'Abou Dhar : "Nos amis! Ne dites pas de bêtises. Nous disons sincèrement que tout ce qu'Abou Dharr a dit nous semble juste, et la raison nous commande d'accepter la vérité. Nous sommes sûrs que nous ne pouvons avoir meilleure guidance que celle qu'Abou Dharr nous a apportée".
Une autre voix s'éleva : "L'Arabie a besoin d'un réformateur et personne ne s'avère être meilleur réformateur que celui que nous a présenté Abou Dhar".
Une autre voix encore approuva : "Le discours d'Abou Dharr est très raisonnable".
Puis une voix très forte s'éleva, perçant les tympans des oreilles : "Ô Abou Dhar! J'atteste qu'il n'y a de dieu que Dieu et que Mouhammad est Son Messager!".
Constatant ces différentes opinions, Khafâf, le chef de la tribu, après mûre réflexion, leva la tête et dit : "Chers hommes de la tribu! Ecoutez-moi bien attentivement! Vous avez entendu tout ce qu'Abou Dharr a dit. Il est de notre devoir de réfléchir à son discours très soigneusement et de voir quelle part de vérité il contient. La précipitation est déconseillée. Il serait insensé de rejeter les suggestions de quelqu'un avant de les avoir examinées. Mes amis! Vous êtes conscients de la confusion dans laquelle nous sommes plongés et des crimes dans lesquels nous sommes impliqués. Les riches exploitent les pauvres et il n'y a pas de limites aux péchés et au mal que nous commettons. Je suis arrivé à la conclusion que je doive accepter et épouser ce qu'Abou Dhar dit. Maintenant, il vous appartient de former votre opinion vous-mêmes. Ecoutez-moi tous : J'atteste qu'il n'y a de dieu que Dieu et j'atteste que Mouhammad est Son Messager".
Le début de l'émigration des musulmans vers Médine
Ounays apporta à son frère Abou Dharr ces bonnes nouvelles et lui dit : "L'Islam s'est répandu à Médine. Les Aws et les Khazraj ont embrassé l'Islam!".
Abou Dharr annonça : "Le Messager de Dieu ira très bientôt les rejoindre et émigrera à Medine".
Ounays regarda, d'un air surpris, son frère et lui demanda : "T'a-t-on déjà apporté cette information?".
Abou Dharr répondit : "Non, Pas plus que je ne savais rien jusqu'à ton arrivée, de la conversion des habitants de Yathrib (Médine) à l'Islam".
- Ounays : Mais alors, comment sais-tu que le Messager de Dieu émigrera à Yathrib?
- Abou Dhar : Il m'avait dit, le jour même où je l'avais vu pour la première fois, qu'il irait à une ville de dattiers, et je pense que cette ville est Yathrib. Le Prophète avait dit la vérité.
- Ounays : Est-il possible que sa tribu (les Quraych) le laisse partir avec les Musulmans sans penser qu'il reviendrait avec une armée pour l'attaquer?
- Abou Dhar : Les Quraych pourraient le laisser ou ne pas le laisser partir, peu importe. Mais lui en tout cas, il émigrera bientôt à cette ville. Evidemment, Seul Dieu sait quand et comment cela arrivera.
La mise au courant de l'émigration de son frère Abou Dharr (que Dieu l'agrée)
Après la bataille d'al-Ahzâb, un verset coranique fut révélé qui conduisit Abou Dhar à partir pour Médine. En effet, un jour, alors qu'il faisait les récitations de l'après-prière du Maghrib dans la mosquée de sa ville, il entendit un homme réciter le verset : "Ô vous les Croyants! Vous indiquerai-Je un marché qui vous sauvera d'un châtiment douloureux?" (61/10). Ayant réfléchi sur la signification de ce verset, il fut soucieux du Jihâd (Guerre Sainte), et il dit à Ounays : "Je partirai à Yathrib demain".
- Ounays : C'est bien! Vas-y. Que Dieu t'y conduise sain et sauf! Mais dis-moi quand comptes- tu revenir?
- Abou Dhar : Je ne reviendrai pas. Je consacrerai le reste de ma vie au service du Saint Prophète.
- Ounays : Ô frère! Tu es devenu un vrai croyant et la foi semble avoir pénétré ton coeur et ton âme. Ta tribu et les tiens ont énormément besoin de toi ici. Ton départ représentera une grande perte pour nous. Je crois donc que tu devrais renoncer à ton projet de partir pour Médine, et passer ta vie avec nous.
- Abou Dhar : Le Saint Prophète est meilleur que les gens d'ici. J'ai déjà manqué trop à de devoirs : Le Saint Prophète a livré la Bataille de Badr, et je n'ai pas pu y assister. Il a combattu à Ouhoud et je n'ai pas pu l'y joindre. Il s'est engagé dans la Campagne d'al-Ahzâb et je n'ai pas pu être à ses côtés. Jusqu'à quand devrais-je être au service de ma tribu en me privant des bénédictions découlant du martyr? Ce que j'ai fait jusqu'à maintenant est largement suffisant. A présent, je ne suis pas disposé à renoncer, même l'espace d'une fraction de seconde, à mon idée de partir pour Yathrib.
- Ounays : A mon avis, tu devrais rester chez toi comme d'habitude. Le Saint Prophète t'appellera lui-même lorsqu'il aura besoin de toi. Réfléchis! Il y avait beaucoup de personnes qui étaient dans leurs maisons et qui sont parties vers Médine lorsque le Saint Prophète les a appelées.
- Abou Dhar : Le délai d'attente est écoulé. Même si le Prophète ne m' appelle pas, j'ai quand même une obligation dont je dois m'acquitter, et cela sans attendre que l'on m'y convie. Je n'attendrai plus, j'irai sans invitation.
- Ounays : D'accord! Mais pas de précipitation. Prends les provisions nécessaires pour le voyage.
- Abou Dhar : Je n'ai besoin d'aucune provision. Quelques morceaux de pain sec me suffiront. Abou Dharr abandonna ainsi terre et maison pour gagner Médine.

|
|