An-Nou'mân Ibn Mouqarrin
Son nom et sa généalogie An-Nou'mân Ibn Mouqarrin Sa rencontre avec le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) et sa conversion La tribu de Mouzayna était installée à quelque distance de Yathrib sur la route caravanière qui la reliait à la Mecque. La nouvelle de l'arrivée du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) à Yathrib se propagea rapidement et parvint très vite à Mouzayna par les membres du clan qui avaient fait l'aller-retour. Une nuit, le chef de la tribu, An-Nou'mân Ibn Mouqarrin, s'assit parmi les aînés et d'autres membres du clan, puis s'adressa à eux: An-Nou'mân était sans nul doute un chef persuasif. Ses paroles produisirent un grand effet sur les membres de son clan. Le matin suivant, ses dix frères et quatre cents cavaliers de Mouzayna étaient prêts à partir avec lui à Yathrib afin de rencontrer le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) et d'embrasser l'islam. Cependant, An-Nou'mân se sentit embarrassé de se rendre auprès du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) avec une suite aussi nombreuse sans rien apporter, ni pour lui ni pour les musulmans. Il n'y avait certes pas grand-chose qu'il put offrir. L'année écoulée avait été une année de sécheresse et de famine pour le clan de Mouzayna. Très peu de bétail et de récoltes y avaient survécu. An-Nou'mân fit tout de même le tour des demeures des hommes de sa tribu afin de rassembler le peu de chèvres et de moutons qu'il restait. Il conduisit ce troupeau à Médine. Puis, en présence du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) , ses hommes et lui-même annoncèrent leur conversion à l'islam. Médine toute entière était émue et enthousiasmée par la venue d'An-Nou'mân et de ses compagnons. Jamais auparavant autant de personnes - une famille de onze frères ainsi que 400 cavaliers - n'avaient embrassé la religion en même temps. Le noble Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui), très heureux, se réjouit grandement de cet événement. Nulle doute que la sincérité de leur effort fut acceptée et louée par Dieu Tout-Puissant lorsqu'Il révéla les paroles suivantes du Coran au Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) : {[Tel autre], parmi les bédouins, croit en Dieu et au Jour dernier et fait de ce qu'il dépense un moyen de se rapprocher de Dieu et de s'attirer les bénédictions du Messager. Effectivement c'est là pour eux un moyen sûr de se rapprocher de Dieu. Dieu les introduira dans Sa grâce. Car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux} (9/99) Sa vie durant la prophétie An-Nou'mân vécut sous la guidée du Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) et participa à toutes les campagnes au cours desquelles il montra sa valeur et son dévouement. Sa vie durant le califat A l'époque d'Abû Bakr (que Dieu l'agrée), lui et le peuple de Mouzayna jouèrent un rôle majeur et louable en mettant un terme à la discorde provoquée par l'apostasie. Pendant le califat de 'Omar al-Faruq (que Dieu l'agrée), An-Nou'mân se distingua particulièrement au cours des combats qui opposèrent les musulmans à l'Empire sassanide. Peu de temps avant la bataille de Qadisiyyah, le commandant des forces musulmanes, Sa'd Ibn Abi Waqqas, envoya une délégation à l'empereur sassanide, Yazdagird. Cette délégation fut conduite par An-Nou'mân Ibn Mouqarrin, dont le principal but était d'inviter l'empereur à l'islam. Lorsque An-Nou'mân et sa délégation atteignirent Ctésiphon, la capitale sassanide, les gens de la ville les regardèrent avec étonnement, non sans mépris. Ils regardèrent avec dédain leur apparence simple, leurs vêtements et leurs chaussures frustes ainsi que la pauvreté d'apparat de leurs montures. Les musulmans ne furent nullement déconcertés par cet accueil et demandèrent à être reçus par Yazdagird. Il leur accorda une audience, convoqua un interprète et lui dit : An-Nou'mân commença par louer et glorifier Dieu (le Très-Haut) et invoquer la paix et la bénédiction sur le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Puis il dit : "Certes Dieu (le Très-Haut) a été bon et miséricordieux envers nous et Il nous a envoyé un Messager pour nous montrer la bonne voie et nous commander de la suivre, pour nous apprendre ce qui est mal et nous l'interdire. Le Messager (paix et bénédiction de Dieu sur lui) nous a promis que si nous répondions à son appel, Dieu (le Très-Haut) nous accorderait ce qui est bon dans ce monde et dans l'autre (dans l'Au-delà). Peu de temps s'est écoulé depuis cette promesse, pourtant Dieu (le Très-Haut) nous a donné l'abondance, alors que nous souffrions des privations et des difficultés, l'honneur au lieu de l'humiliation, la clémence et la fraternité à la place de nos anciennes inimitiés. Le Messager (s) nous a ordonné d'appeler l'humanité à ce qui est meilleur pour elle en commençant par ceux qui sont nos voisins. Ainsi nous vous invitons à embrasser notre religion. C'est une religion qui embellit et favorise tout ce qui est bon et qui déteste et décourage tout ce qui est laid et répréhensible. C'est une religion qui mène les croyants des ténèbres de la tyrannie et de l'incroyance à la lumière et à la justice de la foi. Si vous nous répondez favorablement et si vous acceptez l'islam comme votre religion, notre devoir est de vous remettre le Livre de Dieu (t), le noble Coran et de vous aider à vous conformer à ses principes et de régner selon ses lois. Puis nous nous en irons et nous vous laisserons vous occuper de vos propres affaires. Cependant si vous refusez de vous convertir à l'islam, nous vous prélèverons une taxe, la jizya, en échange de laquelle nous vous accorderons notre protection. Si vous refusez de donner la jizya, nous vous déclarerons la guerre". Yazdagird, fâché et furieux après ce qu'il avait entendu, dit non sans dérision : "Je ne connais aucune nation sur terre plus misérable que la vôtre et dont les membres sont si peu nombreux, aussi divisés et dont la condition est plus mauvaise. Nous avions l'habitude de déléguer les affaires vous concernant à nos gouverneurs provinciaux qui exigèrent de vous l'obéissance à notre souveraineté". Un des membres de la délégation de An-Nou'mân répondit vivement à cela. Yazdagird, pris d'une grande colère, s'écria : "Si ce n'était le fait qu'il ne sied pas d'exécuter des ambassadeurs, je vous détruirais jusqu'au dernier. Allez-vous en. Vous n'aurez rien de moi. Et dîtes à votre commandant que j'envoie Rustum contre lui pour vous enterrer, lui et vous tous, dans le fossé d'Al Qadisiyyah". Yazdagird demanda qu'on fit apporter un panier plein de terre et commanda qu'il soit porté en dehors des portes de ville par celui d'entre les musulmans qui était considéré comme le plus noble et ce, en signe d'humiliation. Asim le fils de 'Omar (que Dieu l'agrée) interpréta ceci comme étant un heureux présage et apporta la terre au commandant en chef en lui disant : "Recevez nos félicitations pour la victoire. L'ennemi nous a volontairement livré son territoire". S'ensuivit la bataille de Qadisiyyah. Après quatre jours de rude combat, les forces musulmanes remportèrent la victoire. Elle prépara le terrain aux conquêtes musulmanes des plaines de l'Euphrate et du Tigre. La capitale persane, Ctésiphon, fut prise. Suite à cela de nombreuses contrées furent conquises, tandis que les Perses se retiraient vers le nord. En dépit d'autres défaites et retraites, Yazdagird refusa de se rendre et s'acharna à lever de nouvelles taxes pour attaquer les musulmans et à fomenter des insurrections dans les provinces tombées sous leur contrôle. 'Omar (que Dieu l'agrée) conseilla la modération à ses généraux et leur recommanda ne pas aller trop loin vers l'est. Cependant il reçut des nouvelles d'une mobilisation persane massive d'environ cent mille guerriers contre les musulmans. Il songea à quitter Médine pour faire face lui-même à cette extraordinaire menace. D'éminents musulmans de Médine le lui déconseillèrent vivement et lui suggérèrent à la place de désigner un commandant militaire apte à faire face à cette situation grave. An-Nou'mân obéit aux ordres du Commandeur des Croyants et mobilisa les forces musulmanes. Il envoya en éclaireur un détachement de cavalerie pour une reconnaissance des environs de la ville. Alors qu'ils arrivaient aux abords de Nihawan, les chevaux s'arrêtèrent brusquement et refusèrent d'aller plus loin. Les cavaliers descendirent de leurs montures et découvrirent des clous de fer enfoncés dans les sabots des chevaux. Ils regardèrent autour d'eux et constatèrent que les abords de la ville étaient parsemées de ces clous pour stopper l'avancée de l'armée musulmane. Dès qu'il en fut informé, An-Nou'mân ordonna aux cavaliers de rester là où ils se trouvaient et d'allumer des feux à la tombée de la nuit, afin que l'ennemi les voie. Ils devaient également feindre la peur et faire croire à l'ennemi qu'ils battaient en retraite, afin de le faire sortir et pour qu'il débarrasse les environs de la ville des clous. La ruse fonctionna parfaitement. Quand les Perses virent que l'avant-garde de l'armée musulmane semblait abattue et vaincue, ils envoyèrent des ouvriers pour débarrasser les alentours des clous qu'ils avaient dispersés. Ces ouvriers furent capturés par la cavalerie musulmane qui prit le contrôle des abords de la ville. An-Nou'mân dressa le camp à la lisière de la ville et décida de lancer un assaut déterminant sur elle. Il s'adressa alors à ses soldats : "Je dirai "Dieu est plus grand" à trois reprises. La première fois, préparez-vous (en faisant votre toilette et vos ablutions). La deuxième fois, que chacun d'entre vous prépare ses armes et qu'il s'en revêtît. La troisième fois, j'irai affronter les ennemis de Dieu et vous vous joindrez à moi au combat". Il pria de la sorte : "Que Dieu accorde le martyr à An-Nou'mân en ce jour et qu'Il accorde la victoire aux musulmans". A trois reprises An-Nou'mân cria "Dieu est plus grand". A la troisième reprise, il plongea dans les rangs ennemis et les musulmans se précipitèrent derrière lui. Bien qu'ils se battirent à six contre un, ils infligèrent de terribles pertes aux Perses. Son martyr An-Nou'mân reçut un coup mortel durant la bataille. Son frère prit la bannière de sa main, le recouvrit d'une cape et dissimula sa mort aux autres. Les forces musulmanes remportèrent la victoire. Les Perses ne purent jamais se relever de cette bataille que les historiens musulmans qualifièrent de "Victoire des victoires". Une fois la bataille terminée, les soldats victorieux réclamèrent leur vaillant commandant. Son frère souleva la cape et dit : "Voici votre commandant. Dieu -lui a accordé la victoire et l'a béni en le faisant martyr". On fit parvenir la nouvelle à 'Omar (que Dieu l'agrée) à Médine. Un Compagnon, qui se trouvait avec lui, rapporte : "J'ai vu 'Omar (que Dieu l'agrée), quand il apprit la mort de An-Nou'mân Ibn Mouqarrin, il mit sa tête dans ses mains et se mit à pleurer". |
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