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Khafâf
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C'est le chef de la tribu de Ghiffâr
Sa mise au courant de la conversion d'Abou Dhar (que Dieu l'agrée)
Des jeunes gens qu'Abou Dharr avait invitait à l'Islam arrivèrent chez le chef des Ghifâr et lui dirent : "Nous venons de chez Abou Dhar pour te voir".
Khafâf : Abou Dharr est-il revenu de son voyage à la Mecque?
Un homme répondit : Monsieur! Abou Dharr est retourné pervers. Il ridiculise nos dieux. Il dit qu'un homme a été assigné comme Prophète, dont le devoir est d'appeler les gens à l'adoration du Dieu l'Unique et de leur dispenser des enseignements religieux. Abou Dharr ne se contente pas de reconnaître son Prophète et de garder cela pour lui, mais il prêche constamment chez les masses et les invite à rejoindre ce Prophète et son Dieu".
Lorsque Khafâf entendit ce rapport, il dit : "Il est dommage qu'Abou Dharr abandonne tous les dieux pour propager l'adoration d'un Dieu Unique. C'est très mal et répugnant. Je prévois que cela provoquerait de sérieuses agitations dans notre tribu, causant sa destruction. Ô jeunes hommes! Pas de précipitation! Laissez-moi un peu de temps pour que je puisse réfléchir mûrement sur le cas d'Abou Dhar".
Sa réflexion
Après le départ de ces jeunes gens, Khafâf, le chef de la tribu, se mit à réfléchir et à chercher la raison pour laquelle tous ces jeunes étaient contre Abou Dhar. Il pensa à ce sujet toute la nuit dans son lit. Il était très déconcerté et ne put pas se former une opinion définitive sur la question. Mais dans son esprit, il avait une impression profonde de partager les opinions d'Abou Dhar. Il passa ainsi une nuit blanche, se contentant de fermer et d'ouvrir les yeux. Il se rappela en même temps un discours du philosophe arabe, Qays Ibn Sâ`idah, sur la place du marché. Ce philosophe avait dit que le Créateur de l'Univers est indubitablement Un et qu'IL est le Seul à mériter l'adoration. Il avait corroboré entièrement les points de vue d'Abou Dharr dans son remarquable discours, et avait par ailleurs mentionné que les idées de Warqa' Ibn Nawfal, Zayd Ibn `Amr, `Othmân Ibn Huwâreth et `Abdullâh Ibn Hajach avaient changé et que chacun de ceux-ci avait un penchant pour la foi d'Abou Dhar.
Alors qu'il était plongé dans cette situation embarrassante, un éclair illumina son esprit et il se dit : "En fait, Abou Dharr a raison parce que Qays Ibn Sâ`idah l'a soutenu et je suis sûr que ce dernier ne saurait se tromper ni accepter une fausse croyance. Il faut qu'il y ait indubitablement un réformateur pour ce monde, et qu'il existe un Être qui fait tourner le système de l'univers. Il est évident que nos dieux de pierre et de bois sont à mille lieues d'avoir de telles qualifications. Ô Dieu d'Abou Dhar! Guide-nous, délivre-nous de cette perversion, et remets-nous sur le droit chemin".
La visite des notables de son clan
Les nouvelles du retour d'Abou Dhar, de sa conversion à l'Islam, ainsi que de celle de son frère et de sa mère se répandirent comme une traînée de poudre.
Une fois ces nouvelles répandues, des agitations commencèrent. Des discussions s'engagèrent au terme desquelles on décida d'attirer l'attention des notables de la tribu sur cette affaire. Ces derniers décidèrent de soumettre le problème au chef de la tribu. Tout le monde se dirigea donc vers Khafâf.
Sa conversion
Le chef de la tribu dépêcha immédiatement son esclave chez Abou Dharr pour le faire venir chez lui. En arrivant à destination, l'esclave dit : "Abou Dharr et Ounays sont convoqués chez le chef".
Une fois arrivés à destination ils virent les notables de la tribu, assis en cercle autour du chef. S'adressant à l'assemblée, Abou Dhar salua : "Que la paix soit sur vous".
Les notables furent offusqués par la salutation islamique d'Abou Dhar, et furieux, ils lui dirent : "Qu'est-ce que cette salutation qu'on n'a jamais entendue avant?!".
L'un des notables ajouta : "C'est triste! Nous ne savons pas de quel côté va Abou Dhar".
Un autre reprocha : "Regardez! Il est assis avec son épée. Il n'a pas de respect pour le chef".
Un troisième homme rectifia : "Tu as raison! Mais il est un cavalier de la tribu et les guerriers sont toujours armés.".
Abou Dharr intervint : "Ecoutez-moi! Je vous respecte parce que vous êtes les nobles de la tribu. Nous sommes fiers de vous et nous vous tenons en estime. La salutation que je vous ai adressée est introduite par l'Islam".
Ensuite, Abou Dharr et Ounays prirent place juste devant le chef de la tribu, Khafâf. Celui-ci commença à parler sur un ton correct mais vif : "Ô Abou Dhar! J'ai appris que tu as été amené à adorer Dieu, Qui est Invisible. Les notables de la tribu sont choqués par cette attitude. Ils disent que tu insultes leurs dieux et prétends qu'ils sont des objets dépouillés de toute sagesse. Ô Abou Dhar! Nous te respectons, mais cela ne signifie pas que nous soyons enclins à tolérer qu'on insulte nos dieux. Je te demande de te défaire de tes idées nouvelles et de revenir à ta religion ancestrale, ou à défaut, de m'expliquer ta nouvelle foi afin que je puisse comprendre sa vérité. En retour, je te promets de l'accepter, si tu arrives à nous démontrer qu'elle est raisonnablement meilleure que la nôtre".
Abou Dharr répondit : "Ô, Chef de notre tribu! Nous te respectons et t'honorons, quoi que tu dises. Mais en même temps, nous voudrions t'expliquer que Dieu, l'Unique, que nous avons décidé d'adorer et en Qui nous croyons, est Celui-la même qui a créé le ciel et la terre, Qui donne subsistance à toutes les créatures, Qui contrôle la vie de tous objets animés et Dont le Pouvoir est illimité. Les idoles que nous adorions jusqu'à maintenant ont été fabriquées avec nos mains et à l'aide de nos ciseaux et marteaux. Est-il raisonnable de penser que celui que nous avons fabriqué avec nos mains puisse être notre créateur, notre nourricier et l'auditeur de nos prières? L'homme est le plus noble de toute la création. Comment sa dignité permet-elle qu'il incline la tête devant une pierre? Chef! Pense, s'il te plaît, sans passion à ce que je dis. Ces idoles n'ont pas le pouvoir même de se protéger de leurs ennemis. Ecoute-moi, Ô Chef! Un jour je suis allé auprès de Manât et je lui ai offert un verre de lait. Alors que j'étais encore là, un renard est venu. Il but le lait et urina sur Manât. Cet incident eut un grand effet sur moi, et je me suis dit comment un dieu peut être à ce point sans défense! Cela m'a montré clairement que Manât ne saurait être un dieu. Je suis sûr que tout homme raisonnable pensera que le Créateur du ciel est supérieur au ciel, et que le Fondateur de la terre est meilleur que la terre. Conformément à ce raisonnement, les idoles ne peuvent être meilleures que nous, et n'étant pas supérieures à nous, il est insensé pour nous de les adorer. Ô Chef! Je suis arrivé à la vérité que Dieu l'Unique est le Créateur et le Nourricier de tout l'Univers, et que Mouhammad al-Mustafâ qui a été envoyé à la Mecque est Son Messager. Mouhammad (paix et bénédiction de Dieu sur lui) possède de telles hautes qualités que personne dans le monde ne peut l'égaler. Les Quraych qui sont ses pires ennemis admettent sa sincérité, sa véracité et ses qualités. Bien qu'ils sachent parfaitement que Mouhammad est contre leurs dieux et leur religion, ils l'ont surnommé al-Sâdiq al-Amîn (le Véridique, le Sincère), comme je viens de l'apprendre dernièrement. Ecoutez! La lumière rayonne de son visage et la sagesse découle de ses mots".
Dès qu'Abou Dharr termina son discours, un vacarme s'éleva de partout. "Quel gentil discours fait Abou Dhar, là! Nos dieux sont donc des sourds-muets! Abou Dhar a insulté notre foi et humilié nos dieux".
Quelques-uns dans l'assistance prirent la défense d'Abou Dhar : "Nos amis! Ne dites pas de bêtises. Nous disons sincèrement que tout ce qu'Abou Dharr a dit nous semble juste, et la raison nous commande d'accepter la vérité. Nous sommes sûrs que nous ne pouvons avoir meilleure guidance que celle qu'Abou Dharr nous a apportée".
Une autre voix s'éleva : "L'Arabie a besoin d'un réformateur et personne ne s'avère être meilleur réformateur que celui que nous a présenté Abou Dhar".
Une autre voix encore approuva : "Le discours d'Abou Dharr est très raisonnable".
Puis une voix très forte s'éleva, perçant les tympans des oreilles : "Ô Abou Dhar! J'atteste qu'il n'y a de dieu que Dieu et que Mouhammad est Son Messager!".
Constatant ces différentes opinions, Khafâf, le chef de la tribu, après mûre réflexion, leva la tête et dit : "Chers hommes de la tribu! Ecoutez-moi bien attentivement! Vous avez entendu tout ce qu'Abou Dharr a dit. Il est de notre devoir de réfléchir à son discours très soigneusement et de voir quelle part de vérité il contient. La précipitation est déconseillée. Il serait insensé de rejeter les suggestions de quelqu'un avant de les avoir examinées. Mes amis! Vous êtes conscients de la confusion dans laquelle nous sommes plongés et des crimes dans lesquels nous sommes impliqués. Les riches exploitent les pauvres et il n'y a pas de limites aux péchés et au mal que nous commettons. Je suis arrivé à la conclusion que je doive accepter et épouser ce qu'Abou Dhar dit. Maintenant, il vous appartient de former votre opinion vous-mêmes. Ecoutez-moi tous : J'atteste qu'il n'y a de dieu que Dieu et j'atteste que Mouhammad est Son Messager".
Dès que Khafâf prononça la prestation de foi, il y eut ut un déchaînement de voix au sein de la tribu : "Khafâf est devenu Musulman. Khafâf a embrassé l'Islam".
A peine Khafâf était-il devenu Musulman, la condition de la tribu changea complètement. La plupart de ses membres se convertirent à l'Islam, et les autres attendaient de connaître l'Islam de la bouche du Saint Prophète lors de son arrivée à Médine.

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